de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mercredi 30 décembre 2015

195- 1995 à 2005



Le patriarche de Constantinople visita la France du 2 au 9 novembre 1995, pour le centenaire de la cathédrale Saint Stéphane.

Afin d'organiser au mieux cette visite, le métropolite Jérémie fit confiance à un prêtre, qui disait arriver de l'archevêché des Amériques. Ce prêtre réserva les meilleurs hôtels et les plus grands restaurants, assurant le métropolite que, grâce à ses contacts, tout serait pris en charge par des bienfaiteurs états-uniens.

Mais il mit également à contribution de nombreux fidèles, dans toute la France. Pascal Ladias lui remit ainsi un chèque de 3000 francs, afin d'assister aux festivités qui seraient organisées, et de participer aux frais engagés. Ce prêtre récolta des sommes colossales.

Mais il s'avéra être un escroc assez doué. Aucune somme d'argent n'arriva jamais d'Amériques. Pire : les sommes qu'il avait récoltées disparurent des comptes de la métropole orthodoxe grecque peu avant l'arrivée du Patriarche, accompagnant leur nouveau propriétaire dans un lointain Eldorado.

Jérémie en fut très affecté. Ses comptes étaient vidés, et il se retrouvait à devoir payer les fastueuses commandes passées. Il perdit une vingtaine de kilos presque aussi rapidement qu'il avait perdu plusieurs millions de francs. Cela plongea les finances de la métropole dans une crise aiguë qui n'est toujours pas résorbée.


La Communauté hellénique de Lyon était restée sans AG depuis le 23 février 1990. Elle tint la suivante six ans plus tard, le 28 janvier 1996, sous la présidence du père Athanase Iskos, et sous le contrôle de 2 scrutateurs : Dimitrios Liapis et Antoinette Vaporis-Hatchadourian.

Le père Athanase Iskos revint sur les nombreux travaux qui avaient été conduits durant les 5 années précédentes : pose d'un sol en marbre dans l'église et sur le parvis, les fresques ornaient désormais les murs, ainsi que le revêtement des murs extérieurs par des pierres. Un don avait été consenti à cette fin, et c'est pour l'accepter que le docteur Ladias avait sollicité l'arrêté du préfet un an et demi plus tôt.

Monsieur Constantin Xanthos, élu pour la première fois le 16 décembre 1973,  s'éleva contre une disposition prévoyant l'abolition des procurations. L'AG refusa à l'unanimité (sic) sa proposition. Il ne pouvait pas y avoir unanimité, puisque monsieur Xanthos était opposé à la mesure... Mais, comme en 1990, des règles plus restrictives, visant à mieux contrôler le déroulement des AG, étaient instaurées progressivement.

Monsieur Dobral demanda si l'église faisait du social. Ce à quoi le père Athanase répondit qu'elle était présente auprès de ses membres en difficultés, économiquement et spirituellement. Nous retrouvons dans cette question les aspirations des Grecs qui avaient créé une Union Philanthropique avant même de créer une église, et qui avaient à cœur de ne pas voir l'une faire disparaître l'autre à ses seuls intérêts.

Le docteur Pascal Ladias fut réélu et se vit confier à nouveau le poste de président. Furent également réélus Nicolas Angeloudis, Despina (Alice) Balabanoglou, Georges Papadopoulos, Achille et Spiros Sarantellis. Fut également élu monsieur Cléon Papageorgiou, époux de la sœur de Despina. Il fut nommé au poste de vice-président.

Il n'y eut que 80 votants ce jour-là, du fait de la fin des procurations. Et ce n'était malheureusement que le début de l'atrophie qui gagnait le fonctionnement de l'association.


En mars 2002, Alice Balabanoglou demanda au préfet quelles informations étaient nécessaires pour renouveler l'arrêté de reconnaissance cultuelle de l'association. Suite à son information, elle lui communiqua les éléments nécessaires, qui étaient les mêmes que ceux produits en 1994. Le 29 juillet 2002, le préfet délivra l'arrêté de reconnaissance cultuelle, qui resterait valable jusqu'au 31 décembre 2007.

A cette époque, le docteur Pascal Ladias tomba malade et se trouva dans l'incapacité d'assumer sa présidence. Il fut pourtant invité à ne pas quitter son poste. Alice allait tout gérer, et son beau-frère, vice-président, allait assurer la représentation qui incombait au président. Pascal Ladias servirait seulement à signer les documents, bien que sa maladie l'empêchât de comprendre ce qu'il signait.


Le métropolite Jérémie sera puni par là où il avait péché. Il avait voulu la modification des statuts de la Communauté hellénique de Lyon, le 23 janvier 1990, afin de centraliser les pouvoirs entre les mains du clergé, par défiance envers les laïcs, qui avaient pourtant tout construit. C'était le clergé qui avait causé sa chute en vidant les comptes de la métropole. Le métropolite Jérémie allait être muté en Suisse le 20 janvier 2003, en laissant un trou dans la caisse de plus de six millions d'euros, en partie lié à la visite du patriarche Bartholoméos de 1995.
 
Ce n'était bien évidemment pas un limogeage officiel, mais une promotion. Il quitta la métropole de France, exarque pour l'Espagne et le Portugal, pour devenir métropolite des quelques fidèles épars qui résidaient en Suisse (que les fidèles suisses veuillent bien me pardonner cette comparaison peu élogieuse, destinée à marquer un contraste plus qu'une réalité !). Il reste exilé depuis ce jour et n'a plus de responsabilités.
 
Ce fut monseigneur Emmanuel Adamakis qui fut nommé pour le remplacer. Une charge harassante l'attendait, qui allait nécessiter quelques moments de repos... Officiellement, Emmanuel remplaçait Jérémie pour avoir un poste qui lui permette de représenter le Patriarche de Constantinople auprès des instances de l'Union Européenne, à Bruxelles.

Officieusement, les huissiers avaient posé des scellés sur les biens de la métropole, en vue de leur saisie. Le métropolite était allé solliciter l'aide du gouvernement grec qui, pour éviter une humiliation médiatique, paya la moitié de la somme réclamée, soit environ trois millions d'euros, laissant à la métropole le soin de trouver une solution pour le reste de sa dette. Le sort de Jérémie était scellé dans cet accord qui avait temporairement sauvé la métropole de la faillite.


Après trente ans passés comme trésorier général de l'association, l'action de Georges Pappadopoulos fut  contestée sans ménagement par Alice Balabanoglou, qui exigea un contrôle stricte des livres de comptes dont il avait la charge. Ce contrôle laissa apparaître certains éléments contestables qui furent utilisés pour mettre le trésorier à l'écart. Alice le fit remplacer par son beau-frère, Cléon Papageorgiou, qui cumulerait désormais les rôles de vice-président et de trésorier.


L'Athénée avait construit et inauguré un immeuble entier à l'angle des rues du Père Chevrier et Élie Rochette, à Lyon 7ème, destiné à loger des étudiants. À peine terminé, l'association allait s'engager dans la construction d'un second immeuble : une maison médicalisée pour personnes âgées dépendantes.

L'Athénée pose la première pierre de cet immeuble début juin 2004. Il sera inauguré le 14 décembre 2005. Le financement fut assuré par une convention entre la D.A.S.S., le Conseil Général et le groupe Hermès Santé. La métropole de Paris était garante du crédit. La SCI Electra en était propriétaire. L'association L'Athénée avait créé la SCI Electra, dont elle détenait les parts, afin de pouvoir plus facilement construire le bâtiment d'un point de vue juridique.

Monseigneur Emmanuel Adamakis était présent le jour de l'inauguration, ainsi que de nombreuses personnalités lyonnaises. Mais voilà, le père Athanase n'y était pas...

Il n'avait appris la tenue de cette cérémonie que quelques jours plus tôt. Lui qui était vice-président et avait participé au projet depuis sa conception n'était qu'un invité de la dernière heure, et indésirable. La cérémonie avait été organisée un mercredi, où il donnait des cours de grec aux enfants, afin de lui manifester qu'il n'était pas le bienvenu. Alice avait même invité, pour célébrer la bénédiction, le prêtre d'un monastère orthodoxe de la région, alors que ce rôle incombait au père Athanase.

Lyon - résidence Atlantis pour personnes âgées - L'Athénée


L'amertume et l'incompréhension étaient difficiles à digérer. Un antagonisme était né entre Despina Balabanoglou et le père Athanase. Elle était un État dans l’État ! Elle tirait toutes les ficelles et supervisait chaque décision. Le père Athanase étouffait et avait commencé à s'opposer à Alice sur le rôle que devait avoir Cléon Papageorgiou (beau-frère d'Alice) au sein du conseil.

Alice voulait que Cléon remplace Pascal Ladias, malade, à la présidence de la Communauté hellénique de Lyon, tout en continuant à en contrôler la trésorerie, tandis qu'elle se maintiendrait au secrétariat. Elle s'assurait ainsi le contrôle de tous les postes décisionnaires. Le père Athanase ne pouvait pas accepter ce noyautage systématique qui le réduisait au rôle de simple exécutant interchangeable qu'Alice commençait à évincer, comme elle avait évincé Georges Pappadopoulos.

Il y avait dix ans que personne n'avait organisé d'AG pour la Communauté hellénique, et le père Athanase en convoqua une aussitôt. Il fallait s'attendre à un grand nettoyage...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire