de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mercredi 30 décembre 2015

195- 1995 à 2005



Le patriarche de Constantinople visita la France du 2 au 9 novembre 1995, pour le centenaire de la cathédrale Saint Stéphane.

Afin d'organiser au mieux cette visite, le métropolite Jérémie fit confiance à un prêtre, qui disait arriver de l'archevêché des Amériques. Ce prêtre réserva les meilleurs hôtels et les plus grands restaurants, assurant le métropolite que, grâce à ses contacts, tout serait pris en charge par des bienfaiteurs états-uniens.

Mais il mit également à contribution de nombreux fidèles, dans toute la France. Pascal Ladias lui remit ainsi un chèque de 3000 francs, afin d'assister aux festivités qui seraient organisées, et de participer aux frais engagés. Ce prêtre récolta des sommes colossales.

Mais il s'avéra être un escroc assez doué. Aucune somme d'argent n'arriva jamais d'Amériques. Pire : les sommes qu'il avait récoltées disparurent des comptes de la métropole orthodoxe grecque peu avant l'arrivée du Patriarche, accompagnant leur nouveau propriétaire dans un lointain Eldorado.

Jérémie en fut très affecté. Ses comptes étaient vidés, et il se retrouvait à devoir payer les fastueuses commandes passées. Il perdit une vingtaine de kilos presque aussi rapidement qu'il avait perdu plusieurs millions de francs. Cela plongea les finances de la métropole dans une crise aiguë qui n'est toujours pas résorbée.


La Communauté hellénique de Lyon était restée sans AG depuis le 23 février 1990. Elle tint la suivante six ans plus tard, le 28 janvier 1996, sous la présidence du père Athanase Iskos, et sous le contrôle de 2 scrutateurs : Dimitrios Liapis et Antoinette Vaporis-Hatchadourian.

Le père Athanase Iskos revint sur les nombreux travaux qui avaient été conduits durant les 5 années précédentes : pose d'un sol en marbre dans l'église et sur le parvis, les fresques ornaient désormais les murs, ainsi que le revêtement des murs extérieurs par des pierres. Un don avait été consenti à cette fin, et c'est pour l'accepter que le docteur Ladias avait sollicité l'arrêté du préfet un an et demi plus tôt.

Monsieur Constantin Xanthos, élu pour la première fois le 16 décembre 1973,  s'éleva contre une disposition prévoyant l'abolition des procurations. L'AG refusa à l'unanimité (sic) sa proposition. Il ne pouvait pas y avoir unanimité, puisque monsieur Xanthos était opposé à la mesure... Mais, comme en 1990, des règles plus restrictives, visant à mieux contrôler le déroulement des AG, étaient instaurées progressivement.

Monsieur Dobral demanda si l'église faisait du social. Ce à quoi le père Athanase répondit qu'elle était présente auprès de ses membres en difficultés, économiquement et spirituellement. Nous retrouvons dans cette question les aspirations des Grecs qui avaient créé une Union Philanthropique avant même de créer une église, et qui avaient à cœur de ne pas voir l'une faire disparaître l'autre à ses seuls intérêts.

Le docteur Pascal Ladias fut réélu et se vit confier à nouveau le poste de président. Furent également réélus Nicolas Angeloudis, Despina (Alice) Balabanoglou, Georges Papadopoulos, Achille et Spiros Sarantellis. Fut également élu monsieur Cléon Papageorgiou, époux de la sœur de Despina. Il fut nommé au poste de vice-président.

Il n'y eut que 80 votants ce jour-là, du fait de la fin des procurations. Et ce n'était malheureusement que le début de l'atrophie qui gagnait le fonctionnement de l'association.


En mars 2002, Alice Balabanoglou demanda au préfet quelles informations étaient nécessaires pour renouveler l'arrêté de reconnaissance cultuelle de l'association. Suite à son information, elle lui communiqua les éléments nécessaires, qui étaient les mêmes que ceux produits en 1994. Le 29 juillet 2002, le préfet délivra l'arrêté de reconnaissance cultuelle, qui resterait valable jusqu'au 31 décembre 2007.

A cette époque, le docteur Pascal Ladias tomba malade et se trouva dans l'incapacité d'assumer sa présidence. Il fut pourtant invité à ne pas quitter son poste. Alice allait tout gérer, et son beau-frère, vice-président, allait assurer la représentation qui incombait au président. Pascal Ladias servirait seulement à signer les documents, bien que sa maladie l'empêchât de comprendre ce qu'il signait.


Le métropolite Jérémie sera puni par là où il avait péché. Il avait voulu la modification des statuts de la Communauté hellénique de Lyon, le 23 janvier 1990, afin de centraliser les pouvoirs entre les mains du clergé, par défiance envers les laïcs, qui avaient pourtant tout construit. C'était le clergé qui avait causé sa chute en vidant les comptes de la métropole. Le métropolite Jérémie allait être muté en Suisse le 20 janvier 2003, en laissant un trou dans la caisse de plus de six millions d'euros, en partie lié à la visite du patriarche Bartholoméos de 1995.
 
Ce n'était bien évidemment pas un limogeage officiel, mais une promotion. Il quitta la métropole de France, exarque pour l'Espagne et le Portugal, pour devenir métropolite des quelques fidèles épars qui résidaient en Suisse (que les fidèles suisses veuillent bien me pardonner cette comparaison peu élogieuse, destinée à marquer un contraste plus qu'une réalité !). Il reste exilé depuis ce jour et n'a plus de responsabilités.
 
Ce fut monseigneur Emmanuel Adamakis qui fut nommé pour le remplacer. Une charge harassante l'attendait, qui allait nécessiter quelques moments de repos... Officiellement, Emmanuel remplaçait Jérémie pour avoir un poste qui lui permette de représenter le Patriarche de Constantinople auprès des instances de l'Union Européenne, à Bruxelles.

Officieusement, les huissiers avaient posé des scellés sur les biens de la métropole, en vue de leur saisie. Le métropolite était allé solliciter l'aide du gouvernement grec qui, pour éviter une humiliation médiatique, paya la moitié de la somme réclamée, soit environ trois millions d'euros, laissant à la métropole le soin de trouver une solution pour le reste de sa dette. Le sort de Jérémie était scellé dans cet accord qui avait temporairement sauvé la métropole de la faillite.


Après trente ans passés comme trésorier général de l'association, l'action de Georges Pappadopoulos fut  contestée sans ménagement par Alice Balabanoglou, qui exigea un contrôle stricte des livres de comptes dont il avait la charge. Ce contrôle laissa apparaître certains éléments contestables qui furent utilisés pour mettre le trésorier à l'écart. Alice le fit remplacer par son beau-frère, Cléon Papageorgiou, qui cumulerait désormais les rôles de vice-président et de trésorier.


L'Athénée avait construit et inauguré un immeuble entier à l'angle des rues du Père Chevrier et Élie Rochette, à Lyon 7ème, destiné à loger des étudiants. À peine terminé, l'association allait s'engager dans la construction d'un second immeuble : une maison médicalisée pour personnes âgées dépendantes.

L'Athénée pose la première pierre de cet immeuble début juin 2004. Il sera inauguré le 14 décembre 2005. Le financement fut assuré par une convention entre la D.A.S.S., le Conseil Général et le groupe Hermès Santé. La métropole de Paris était garante du crédit. La SCI Electra en était propriétaire. L'association L'Athénée avait créé la SCI Electra, dont elle détenait les parts, afin de pouvoir plus facilement construire le bâtiment d'un point de vue juridique.

Monseigneur Emmanuel Adamakis était présent le jour de l'inauguration, ainsi que de nombreuses personnalités lyonnaises. Mais voilà, le père Athanase n'y était pas...

Il n'avait appris la tenue de cette cérémonie que quelques jours plus tôt. Lui qui était vice-président et avait participé au projet depuis sa conception n'était qu'un invité de la dernière heure, et indésirable. La cérémonie avait été organisée un mercredi, où il donnait des cours de grec aux enfants, afin de lui manifester qu'il n'était pas le bienvenu. Alice avait même invité, pour célébrer la bénédiction, le prêtre d'un monastère orthodoxe de la région, alors que ce rôle incombait au père Athanase.

Lyon - résidence Atlantis pour personnes âgées - L'Athénée


L'amertume et l'incompréhension étaient difficiles à digérer. Un antagonisme était né entre Despina Balabanoglou et le père Athanase. Elle était un État dans l’État ! Elle tirait toutes les ficelles et supervisait chaque décision. Le père Athanase étouffait et avait commencé à s'opposer à Alice sur le rôle que devait avoir Cléon Papageorgiou (beau-frère d'Alice) au sein du conseil.

Alice voulait que Cléon remplace Pascal Ladias, malade, à la présidence de la Communauté hellénique de Lyon, tout en continuant à en contrôler la trésorerie, tandis qu'elle se maintiendrait au secrétariat. Elle s'assurait ainsi le contrôle de tous les postes décisionnaires. Le père Athanase ne pouvait pas accepter ce noyautage systématique qui le réduisait au rôle de simple exécutant interchangeable qu'Alice commençait à évincer, comme elle avait évincé Georges Pappadopoulos.

Il y avait dix ans que personne n'avait organisé d'AG pour la Communauté hellénique, et le père Athanase en convoqua une aussitôt. Il fallait s'attendre à un grand nettoyage...

samedi 26 décembre 2015

194- 1991 à 1994



Le 19 avril 1993, le métropolite Mélétios mourut, après avoir mené une vie digne et avoir été apprécié de tous.

église orthodoxe grecque de Lyon - Monseigneur Mélétios et le père Vlassios


Le mercredi 8 juin 1994, à 19h, fut créée l'association L'Athénée. Celle-ci fonctionnera en cercle très fermé comme avait pu l'être l'Association Cultuelle Hellénique Orthodoxe de Lyon, qui avait construit l'église et en avait été propriétaire, avant de fusionner avec L'Annonciation.

Nous retrouvons, dans les membres du premier bureau, monsieur Paraskos Caligeorgis, né à Kos, en Grèce, exerçant la profession de métropolite Jérémie. Il y avait également le père Athanase Iskos, Michel Psyroukis, Despina et Jeanne Balabanoglou, deux sœurs, Dimitri Balderanis, Achille Zinopoulos et son fils Frédéric.

Les statuts de L'Athénée fixent que le métropolite orthodoxe grec est membre de droit.

Son but est de promouvoir l'Hellénisme, notamment en participant à tout projet éducatif ou social d'inspiration Grec-Orthodoxe, en vue de gérer, soutenir toutes œuvres de bienfaisance, de secours, d'entraide, de solidarité, en faveur de l'enfance, ou de personnes âgées ou isolées ayant besoin de réconfort, d'une présence fraternelle ou d'une aide matérielle.

Son siège est au 115 rue Vendôme, à Lyon 6ème.

Ses moyens sont la création et la gestion de :
- maisons de repos, de convalescence et de retraite ;
- maisons d'enfants à caractère sanitaire, social ;
- foyers d'accueil ;
- centre de formation spirituelle, intellectuelle et morale ;
- maisons d'étudiants ;
- école ;
- centres culturels.

Les objectifs sont d'emblée très ambitieux, puisque l'association vise à la construction d'immeubles entiers.

Tout est prévu pour que l'association reste en circuit fermé. Pour en devenir membre, il faut être présenté par deux membres de l'association et agréé par le conseil d'administration ou son bureau.

La radiation est également prononcée par le conseil d'administration pour non-paiement de la cotisation ou pour motif grave, l'intéressé ayant été préalablement invité, par lettre recommandée, à se présenter devant le bureau du conseil pour fournir ses explications.

Cette clause ne fait que reproduire l'état du droit, qui veut que les droits de la défense s'appliquent aux associations, et que l'on ne peut en conséquence exclure quelqu'un sans l'avoir convoqué et lui avoir laissé la possibilité de se justifier devant ses accusateurs.

L'article 10 des statuts fixe que la durée des fonctions des membres du conseil d'administration est illimitée. Son article 11 prévoit que ledit conseil est sous la présidence du chef de l'église orthodoxe grecque en France. Il est composé de 8 membres. Lors des votes, en cas d'égalité des voix, celle du président compte double. Le président bénéficie de pouvoirs étendus. Le bureau est considéré comme légitime si le président siège avec deux membres.

D'une certaine manière, L'Athénée reprenait à son compte l'action de l'Union Philanthropique de 1921, qui avait été progressivement abandonnée aux seuls intérêts du fonctionnement de l’Église. La différence principale étant que son but était plus humaniste que philanthropique. Il ne s'agissait pas d'aider gratuitement des personnes dans le besoin, mais de construire des bâtiments qui aideraient la vie de ceux qui en auraient l'usage, moyennant finances.

L'Athénée ne s'interdisait ni la vente des prestations qu'elle allait mettre à disposition des personnes, ni d'avoir des bénéfices sur ces prestations. Bénéfices dont il était entendu qu'ils serviraient au rayonnement de l’Église orthodoxe.

Cette association distincte de la Communauté hellénique de Lyon fut créée pour diverses raisons. La première était que la Communauté hellénique bénéficiait du statut d'association cultuelle et, à ce titre, se voyait interdire toute action qui n'était pas strictement cultuelle, ainsi que tous revenus autres que provenant du culte (loi de 1905). La seconde était la volonté de préserver les biens acquis de la Communauté hellénique de Lyon. Il ne fallait pas que, si une mauvaise gestion venait à compromettre l'équilibre financier des constructions envisagées, cela entraîne la faillite et la saisie de l'église et de ses annexes.

Une autre raison était la volonté de garder un contrôle étroit sur les biens à construire. Ce contrôle était plus difficile à exercer dans le cadre d'une association cultuelle, qui ne peut refuser à une personne exerçant le culte et payant sa cotisation (dans le cas où elle serait obligatoire) d'y adhérer. L'Athénée prévoyait toutes les mesures nécessaires pour restreindre la possibilité d'en devenir membre.

L'Athénée ne se fixait pas de telles ambitions sans projet précis. Elle allait s'atteler, dès sa création, à la réalisation de ses projets.

Lyon résidence Athénée pour étudiants



Le docteur Pascal Ladias, lui, bien que président de la Communauté hellénique, ne fit pas partie de cette association. Il estimait que ce n'était pas le rôle de la Communauté d'entreprendre des constructions immobilières, et avait un apriori très négatif sur cette nouvelle association.


Le 17 octobre 1994, le docteur Ladias écrivit au préfet afin de lui demander de prendre un arrêté de reconnaissance du statut cultuel de la Communauté Hellénique de Lyon. Cet arrêté était obligatoire si l'on voulait qu'une association cultuelle soit reconnue comme telle par la préfecture. Il était valable 5 ans et permettait de bénéficier d'avantages fiscaux sur les donations et les legs, suivant les dispositions des articles 200-3 et 238 bis 2 du Code Général des Impôts.

Le préfet répondit le 4 novembre pour demander une liste de pièces indispensables à la prise de son arrêté : la liste des membres du conseil, 3 années de bilans comptables conformes aux règles prévues par l'article 19 de la loi de 1905, une liste de 25 personnes majeures (pour les villes de plus de 20 000 habitants), ainsi que la copie des statuts.

Le docteur Pascal Ladias renvoya son dossier le 15 novembre.

Pour qu'une association se voie accorder un statut cultuel, elle doit respecter les articles 18 à 22 de la loi de 1905. Concrètement, ses statuts ne doivent l'autoriser à rien d'autre que l'exercice d'un culte. De même ses ressources ne peuvent venir que du culte, et n'avoir pour finalité que son bon exercice.

Vu le Code général des Impôts, vu la loi du 1er juillet 1901, vu la loi du 9 décembre 1905, vu la loi n° 87-571 du 23 juillet 1987, vu la loi n° 66-388 du 13 juin 1966, vu la demande présentée, vu les statuts et les pièces financières, sur la proposition du Secrétaire Général de la Préfecture du Rhône, le préfet prit un arrête reconnaissant à la Communauté hellénique de Lyon et des environs - Association cultuelle orthodoxe l'Annonciation la qualité d'association cultuelle, lui permettant de bénéficier des avantages fiscaux sur les dons et legs. C'était le 22 décembre.

Même s'il y avait les mêmes personnes au sein des conseils de L'Athénée et de la Communauté hellénique de Lyon, les dons faits à la Communauté hellénique de Lyon, bénéficiant d'avantages fiscaux, ne pourraient sous aucun prétexte servir aux projets de L'Athénée.

jeudi 24 décembre 2015

193- 1990



Madame Tsangarakis avait engagé un recours, en 1982, afin de demander l'annulation de la donation faite par son oncle défunt à la Communauté hellénique de Lyon. Le tribunal lui avait donné raison en reconnaissant que la donation avait été établie dans des conditions totalement irrégulières. Le jugement avait été confirmé en appel en 1986. Le métropolite Jérémie était resté deux ans en refusant de rembourser les sommes que le tribunal lui intimait de rendre.
 
Le 30 octobre 1988, monseigneur Jérémie était venu à Lyon pour la commémoration de la fête nationale grecque. Il avait alors rencontré madame Tsangarakis, chez elle, pour ne pas lui rembourser cet argent. Mais c'était avant qu'il aurait dû se rappeler qu'il était un évêque, et non un administrateur de société. Ce contact n'eût pas l'effet escompté et il dut payer.

Il y a des hommes qui n'apprennent rien de leurs échecs et Jérémie en faisait partie. Il venait de subir un revers judiciaire pour avoir tenté de s'accaparer irrégulièrement les biens d'un homme mourant, mais continuait à convoiter les biens de la Communauté hellénique de Lyon.
 
Il voulut unifier les statuts de toutes les associations françaises qui dépendaient de lui et proposa que les statuts de Lyon fussent changés. C'était du moins la version officielle présentée car, dans les faits, il allait revenir aux heures sombres de L'Annonciation, en asservissant l'association au joug de l’Église.

Le père Athanase Iskos accepta la requête du métropolite et convoqua une assemblée générale extraordinaire afin de modifier les statuts.

Métropolite Jérémie Calligiorgis


L'AG eût lieu le 23 février 1990. Depuis 1921, les AG avaient toujours eu lieu le dimanche, pour permettre à un maximum de fidèles d'être présents. Celle-ci était la première à se tenir un vendredi soir, laissant planer un doute sur sa réelle légitimité.

La première modification sera de donner à l'association le qualificatif de « paroisse ». Terme que l'on retrouvera à toutes les pages. Paroisse qui s'intégrera dans l'Union directrice des Associations Cultuelles Orthodoxes Grecques pour la France.

Monseigneur Mélétios avait, dans les faits, supprimé la cotisation pour être membre de la Communauté hellénique de Lyon, lors de l'AG du 19 décembre 1954. Les nouveaux statuts allaient tenter d'en réintroduire le principe à l'article 5 : La cotisation annuelle sera fixée par le Conseil d'Administration lors de sa première réunion. Malgré cette modification, le conseil gardera l'usage antérieur, et ne fixera pas de cotisation lors de cette fameuse première réunion.

Le clergé poussa également pour mettre fin au statu-quo qui existait entre ceux qui voyaient l'association comme uniquement cultuelle et ceux qui tenaient à ne pas dissocier le cultuel et le culturel. Dans un geste d'ouverture, monseigneur Mélétios avait transformé le nom, le faisant passer d'Association Cultuelle Église Orthodoxe Grecque d'Orient - l'Annonciation de Notre-Dame à Communauté Hellénique de Lyon et des environs - association cultuelle orthodoxe « L'Annonciation ». Le nom fut raccourci en 1990 pour devenir Association cultuelle orthodoxe grecque.

Cependant, l'en-tête des documents de l'association était resté le même, et la déclaration adressée au préfet ne faisait pas mention du changement de nom. Si bien que la préfecture délivra le récépissé sans tenir compte de cette modification, qui resta lettre morte.

Les paroissiens sont membres de droit, ce qui, là encore, est une évolution restrictive. Monseigneur Mélétios, lui, en son temps, avait voulu que toute personne, grecque ou d'origine, présente à l'AG, puisse se revendiquer de l'association et voter, sans qu'il ait à justifier de son appartenance à l'église orthodoxe, faisant annuler toute clause des statuts qui pouvait empêcher de revendiquer cette appartenance légitime à l'association.

Un article est également ajouté, dans les nouveaux statuts, afin de fixer les conditions de la perte des droits de membres. L'une des clauses prévues est l'opposition au pouvoir canonique du Métropolite. Celui-ci obtient le droit de pourvoir aux postes vacants du conseil d'administration.

Il faudrait désormais être paroissien pour être membre de l'association, et être à jour de ses obligations annuelles de communion et de confession (art. 4 § C). D'où de telles obligations pouvaient-elles bien venir ?

Il faut se plonger dans le code de droit canonique de l’Église catholique et les archives du Vatican pour lire, au canon 920, que tout fidèle, après avoir été initié à la très sainte Eucharistie, est tenu par l'obligation de recevoir la sainte communion au moins une fois l'an.

Les règles de l’Église orthodoxe en la matière se résument, quant à elles, au canon 80 du 6ème concile œcuménique, dit de Constantinople II, en 553, qui décrète que, sans raison grave, on ne peut rester plus de trois semaines loin de l'église, sous peine d'être déposé si le négligent est prêtre, ou privé de communion s'il est laïc.

De même, pour la confession, ce sont les textes du Vatican qui fixent que tous les fidèles qui ont atteint l'âge de discernement sont tenus fidèlement de confesser leurs péchés mortels au moins une fois par an. Ou encore ici : L'âge de discernement, tant pour la confession que pour la communion, est l'âge où l'enfant commence à raisonner, à savoir autour de la septième année, soit avant ou après. À partir de ce moment commence l'obligation de satisfaire à la fois au précepte de la confession et de la communion.

Par une décision mal inspirée, monseigneur Jérémie faisait donc inclure une clause à nos statuts disant que l'on ne pourrait pas être membre de la paroisse orthodoxe si l'on ne respectait pas le canon 920 du code de droit canonique du Vatican, et autres textes papaux, faisant fi des règles de sa propre Église.

J'imagine bien Nicolas Angeloudis voter cette clause sans se poser la moindre question....


La liste des revenus possibles de l'association ne change pas. Mais il faut dire qu'ils sont fixés par l'article 19 de la loi de 1905, qui ne tolère pas d'exception à cette liste, sous peine de perdre le statut cultuel de l'association.

Depuis 1929, l'AG ne pouvait se tenir valablement sans la moitié des membres plus un. Il ne faut désormais plus que le quart des membres pour statuer.

Le nombre de membres du conseil était passé de 15 à 19 lors de l'AG du 16 décembre 1973. Le conseil sera réduit pour revenir à 15 en 1990.

Les statuts de 1954 prévoyaient que les comptes de l'association seraient présentés tous les ans, mais uniquement au métropolite. Ceux de 1990 tenteront de fixer à trois ans le délai entre lesquels les comptes sont présentés à l'AG. Mais la préfecture refusa ce point (ou peut-être ne fit-elle que souligner le problème qu'il posait), car l'article 19 de la loi de 1905 prévoit que, peu importe ce que disent les statuts, les comptes sont présentés tous les ans devant l'AG. Ne pas le respecter rendait impossible la reconnaissance cultuelle de l'association.

Le « trois » fut effacé avec du blanc par l'un des membres du conseil. Les statuts furent acceptés sous cette forme, si bien que l'AG devait désormais se réunir tous les ans, comme durant les 15 premières années de la vie de l'Union Philanthropique et de L'Annonciation.

Depuis 1929, les statuts décrivaient le graphisme du sceau de l'association : son nom inscrit dans un cercle, la date de création au bas du cercle et, au centre, le dessin de l'Annonciation. Mais les statuts précisaient que ce sceau ne pouvait pas être utilisé en France. Les statuts de 1990 abolirent cette clause, mais l'usage de ne pas l'utiliser sur les documents officiels perdura, car la loi sur la laïcité, elle, n'avait pas changé.


Cette nouvelle version des statuts se voulait plus rigoureuse au niveau du droit. Elle restait dans l'esprit très proche des différents statuts qui avaient prévalu de 1929 à 1954. Mais il manquait cette bienveillance paternelle que les fondateurs de l'Union Philanthropique avaient voulu faire exister, et que monseigneur Mélétios avait su réinsuffler le 19 décembre 1954. En ceci, nous assistions là à une régression.