de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

lundi 30 janvier 2012

14- Protéger les enfants



Avant toute chose, je tiens à rectifier une erreur dans mon précédent message. L'information qui disait que l'évêque serait là était erronée. L'évêque vient dimanche prochain pour la fête de la paroisse du père Antoine Callot. Nous reparlerons plus en détail de la réunion d'hier dans le prochain message.

Un lecteur catholique de ce blog, en réaction à l'un des aspects du dernier message, m'a envoyé un lien pour me dire quelle est la position de l’Église Catholique sur le prix des sacrements. C'est très bien expliqué. On peut y lire : Faut-il payer pour baptiser son enfant ? Le coût d'un baptême d'un petit enfant est gratuit, comme tous les actes religieux. Faire payer est interdit, c'est un péché de simonie. Mais à l'occasion de cette cérémonie, c'est l'habitude de faire une offrande à la paroisse qui a fait la cérémonie. Le montant de cette offrande dépend des moyens de chacun, mais se situe généralement entre 40 et 100€. Rien n'est imposé, mais il faut aider les paroisses pour qu'elles puissent vivre et régler les frais. Le coût d'un baptême ce n'est pas le coût du sacrement qui est gratuit, mais le coût des frais de secrétariat, d'éclairage et de chauffage qu'entraîne la cérémonie. L'offrande est faite à la paroisse et non au prêtre.

Je dirais que c'est exactement la position de l’Église Orthodoxe. Ce qui est plus surprenant, c'est que ce ne soit pas celle de monseigneur Emmanuel. Lorsque j'ai fait baptiser mon fils ainé, je n'avais pas d'argent et je n'ai rien donné à l'église. Pour le cadet, la situation n'était pas la même et j'ai donné 1000 euros. Personne dans le comité ou dans le clergé ne m'avait fait de remarques quand je n'ai rien donné ; il n'y a eu qu'un humble " merci " quand j'ai donné. Et c'est ça qui est normal car peu importe ce que je donne ou non : le baptême est le même pour tous. Donner à une église n'est pas un problème. Le problème est qu'une paroisse fixe une grille tarifaire pour dispenser les sacrements.

Je connais le mode de vie des moines et des moniales pour l'avoir partagé. Bien qu'ayant choisi de suivre une autre voie, j'ai le plus grand respect pour ce qu'ils font et je suis sûr que leurs prières portent une grande part des péchés du monde. Le soir de la visite du Patriarche Œcuménique à Lyon, il y a trois ans, j'ai su que des sœurs qui venaient de Minsk, en Biélorussie, étaient à Lyon et ne savaient pas où loger. Je les ai hébergées. Nous avions une amie commune qui nous avait mis en relation. Nous le sommes restés depuis.

Lorsque le père Nicolas a fait ces dessins, je ne savais quoi en penser, tellement l'impression de malaise était palpable. Aussi Caroline a eu l'idée de les soumettre à un père spirituel. Il ne s'agissait pas d'en faire une expertise médicale, mais bien d'avoir l'avis d'un spirituel. Caroline a naturellement pensé au père Andréï, père spirituel du monastère Sainte Élisabeth, à Minsk. Le père Andréï jouit d'une réputation de sainteté, son monastère comporte plus de 100 moniales qui travaillent pour beaucoup dans le plus grand hôpital psychiatrique d’Europe qui jouxte le monastère. Le père Andréï est aumônier dans cet hôpital psychiatrique.

Pour ne pas influencer ce Père, nous lui avons fait parvenir les originaux des dessins par S., notre amie commune. S. n'a pas ouvert l'enveloppe et ne savait rien de celui qui les avait dessinés. S. est fille spirituelle du père Andréï et va le voir régulièrement. En février 2010, lors de l'une de ses visites, elle a expliqué notre demande au Père et lui a demandé quel conseil il pouvait nous donner. Le Père Andréï a ouvert l'enveloppe et est resté préoccupé. Il a dit : Ça relève de la psychiatrie. Puis il est resté silencieux avant d'ajouter : Maintenant, ce qui compte, c'est de protéger les enfants. Et enfin il a ajouté que nous ne devions pas hésiter à le contacter si nous avions besoin. Je n'ai plus emmené mes enfants à l'église grecque depuis ce jour. S. ne parle pas le russe. Elle est donc toujours accompagnée d'une traductrice qui parle couramment le français quand elle voit le père Andréï.

Lorsque j'avais écrit à monseigneur Emmanuel pour lui parler des problèmes de la paroisse de Lyon, je commençais ma lettre par la présentation de ces dessins. La Métropole les a occultés dans l'Enquête évoquée dans le message 5, estimant qu'ils n'étaient pas liés à une faute quelconque. Pourtant, quelques temps après, quelqu'un a téléphoné à Minsk. Il a eu au téléphone la sœur qui avait servi de traductrice. Celle-ci a eu peur en voyant qu'on lui posait des questions sur sa traduction et a nié les propos du père Andréï. Elle s'en est ouverte à S. lors d'une visite ultérieure et S., offusquée que les propos de son père spirituel soient niés, me l'a rapporté. J'ai donc invité monseigneur Emmanuel à chercher une confirmation directement auprès du père spirituel, et non pas auprès de la traductrice. Il ne l'a jamais fait.

De mon côté, j'ai récemment écrit au monastère pour demander si la sœur pouvait me confirmer la teneur des propos du père Andréï et, dans la négative, si j'avais la bénédiction pour téléphoner au père Andréï directement avec ma propre traductrice, comme le père Andréï me l'avait proposé. La sœur m'a répondu que le seul point qu'elle ne pouvait pas confirmer était que le Père avait dit qu'on pouvait lui téléphoner et qu'il était préférable de lui écrire si nous avions besoin. Je reproduis ici l'échange écrit que nous avons eu avec cette sœur. S'il le faut, je passerai mes prochaines vacances à Minsk pour voir le père Andréï sans intermédiaire. Pour l'instant, j'en reste à ce qui m'a été rapporté : Ça relève de la psychiatrie, puis, après un silence : Maintenant, ce qui compte, c'est de protéger les enfants.

Je rappelle que nous sommes dans une association cultuelle et que la tradition cultuelle grecque orthodoxe que nous visons par nos statuts prévoit de suivre les conseils des Pères. Que le père Andréï est l'équivalent du père Païssios ou du père Porphyrios. Que sa phrase a trouvé tout son sens quand le père Nicolas a chassé Caroline devant les enfants de l'école grecque, faisant peu de cas de leurs pleurs. Et qu'il n'avait pas davantage de considération devant les 150 enfants venus pour la semaine de l'unité quand c'est moi qu'il a mis dehors avec violence.

Saint Paul recommande d'être obéissant, comme le Christ a été obéissant au Père jusqu'à la mort. L'obéissance est la vertu principale qui sert à organiser la vie et les règles à l'intérieur d'un monastère. Elle est reprise au sein de la hiérarchie ecclésiastique comme base dans les relations. Mais le Christ n'est pas obéissant parce qu'il est soumis au Père. S'il était soumis, il ne serait pas Dieu. Il est obéissant parce qu'il aime le Père. L'obéissance chrétienne est une manifestation de l'amour qui cherche toujours le bien de celui qu'on aime par-delà sa propre volonté. Monseigneur, quand je vois que vous suscitez la peur même chez une sœur à plusieurs milliers de kilomètres, que cette peur vous masque la vérité, que cette vérité ne vous intéresse pas car vous n'allez pas au-delà des apparences qui vous suffisent, alors je ne peux m'empêcher de penser que vous ne serez à la ressemblance du Christ que le jour où c'est l'amour que vous susciterez chez vos interlocuteurs au lieu de la peur, suivant ce que nous enseigne saint Jean quand il dit que Dieu est amour et que l'amour chasse la crainte (1Jn 4, 18).

samedi 28 janvier 2012

13- Statuts



La première réunion du comité de la paroisse depuis presque un an aura lieu dimanche. Malgré toutes les décisions qui ont été présentées comme prises à l'unanimité du comité ces derniers mois, cette première réunion qui convoque valablement tous les membres du conseil fera date. Elle semble si exceptionnelle que monseigneur Emmanuel nous fera même l'honneur de sa visite pour y assister. Elle aura pour thème " les problèmes ". Reste à savoir si les problèmes visés concernent les problèmes de fond, ou ceux qui découlent de la liberté d'expression sur internet. Si ce sont les problèmes de fond qui intéressent l'évêque, peut-être aura-t-il la bonne idée de rappeler la police, comme dimanche dernier. De cette façon, il pourra demander aux policiers s'il est vrai qu'ils ont dit à certains membres de la communauté : Ça nous étonnait tellement qu'un père nous appelle pour chasser quelqu'un qu'on a regardé le dossier de ce père avant de venir. Ça nous étonnerait qu'il reste longtemps ici, celui-là ! Peut-être diront-ils alors : Ça nous étonnait tellement qu'un évêque nous appelle, qu'on a regardé son dossier avant de venir...

Je salue le Conseil Mondial des Églises (World Council of Churches), à Genève, qui m'a fait l'honneur de visiter mon blog, même si la durée de leur connexion laisse supposer qu'il ne s'agissait que de courtoisie et non d'examen des documents présentés. Je rassure mes internautes anonymes : mis à part quelques institutionnels, les statistiques ne donnent qu'une vague indication de lieu des différentes connexions. Les statistiques fonctionnent un peu comme l'annuaire inversé, quand on essaie de savoir quel est le numéro qui vient de nous appeler, la plupart du temps on ne trouve pas.

Lorsque j'ai vu le dernier bulletin de l'Annonce Orthodoxe de la communauté, avec une cotisation à 50 euros pour être membre, j'ai aussitôt réalisé que le plan de modification des statuts avait franchi une étape importante. Seulement, pour modifier des statuts, il ne suffit pas d'exclure presque tout le monde du droit de vote, comme nous l'avons vu dans le message 12 ; il faut aussi respecter certaines règles de droit administratif. Je suis donc allé à la Préfecture pour demander une copie de nos statuts. N'importe qui peut le faire. Il suffit d'entrer par la rue de Bonnel, d'aller à l'accueil, de laisser sa carte d'identité contre un badge visiteur et de se rendre au bureau 401. Là, vous pouvez demander n'importe quelle version de n'importe quels statuts d'associations.

Lors de la dernière assemblée générale, présidée par monseigneur Emmanuel, celui-ci avait demandé un vote pour modifier les statuts. L'assemblée générale avait refusé de voter car la question n'était pas à l'ordre du jour, et les modifications souhaitées n'étaient pas connues. L'assemblée a par contre validé de simplement changer les noms des responsables religieux mentionnés dans les statuts. Je n'étais donc pas étonné de voir que deux versions des statuts de la communauté hellénique de Lyon étaient enregistrées.

Vous trouverez ici la version originelle de nos statuts, et ici la version signée du 26 février 2011, soit 6 jours après que l'Assemblée Générale eut refusé de modifier les statuts. Vous pourrez constater que deux points ont été changés discrètement :
- dans l'alinéa 3 du point f de l'article 3, le président signataire des nouveaux statuts prévoit d'octroyer au clergé, c'est-à-dire à lui-même, des gratifications en plus des seuls traitements auxquels il pouvait jusque-là prétendre ;
- l'un des axiomes de la chimie est de considérer que, dans la nature, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme (Lavoisier, repris du Grec Anaxagore). Dans le même alinéa 3, l'argent qui servait aux traitements des employés ne sert plus que si besoin à leur salaire.
De cette façon, l'argent qui servait à payer les traitements honoraires du clergé et employés de l'association sert maintenant à payer les gratifications et traitements du clergé et, si besoin, du ou des employés de l'association.
- le 1er § de l'article 14 a également été transformé pour que l'assemblée générale, qui se réunissait pour voter les modifications des statuts, ne se réunisse plus que pour proposer des modifications qui seront validées par l'évêque.

Mais, me direz-vous, en quoi est-ce que ça peut nous gêner que l'évêque change les statuts ?

Je répondrai qu'il est impossible de dire si c'est gênant ou pas tant que l'on ne connaît pas les modifications proposées. Il y a certainement des modifications qui seraient bonnes. Mais déjà, avant de se pencher sur le fond, il faut que la forme de ce que nous faisons soit conforme à la législation française. Sinon quelle image donnons-nous ? Des modifications arbitraires rendent nulles toutes décisions qui pourraient en découler, tout comme fixer une cotisation sans respecter les règles prévues rend nul l'exclusion souhaitée des membres.

En second lieu, c'est humiliant pour les familles qui ont tout construit, durant soixante ans, sans que l'évêque ne mette jamais un sou, d'accepter d'être exclus du fonctionnement de l'association et d'en perdre la gestion. D'autant que les statuts actuels laissent un rôle central au pouvoir canonique de l'évêque.

Ensuite, ce qui me gêne, c'est le fait d'avoir mis une grille tarifaire sur les sacrements. C'est une hérésie condamnée par l’Église, comme nous l'avons vu dans un article précédent, et nous ne pouvons pas prétendre faire partie de cette Église en reproduisant les hérésies qu'elle a condamnées. Quel rapport avec les statuts modifiés ? Si on facture 200 euros un baptême, cet argent va dans les caisses de l'association. Mais si le clergé a droit à des gratifications, alors le président, qui est aussi actuellement le clergé, peut décider quelle part il laisse dans les caisses de l'association et quelle part il garde pour lui-même.

Bien évidemment, il ne peut pas tout prendre, parce que l'évêque demande 5% de tous les revenus de la paroisse. C'est compréhensible si l'on considère la mission qui est celle de l'évêque. Ça l'est moins si celui-ci autorise de vendre les sacrements pour augmenter la part qui lui revient.

jeudi 26 janvier 2012

12- Père Athanase



Je n'ai envoyé le lien de mon blog qu'à quelques personnes, il y a 12 jours. A cet instant, il y a eu 1400 connexions en provenance de 13 pays différents. Si la Norvège est certainement un moteur de recherche, si l'Autriche est certainement monseigneur Arsénios, si je suppose que les Suisses sont neutres sur ce qui est rapporté, que les Français sont divisés même s'ils sont contents d'être en tête, je salue les Belges, les Allemands, les Russes, les Biélorusses, les Anglais, les Martiniquais, les deux pays que je ne citerai pas par discrétion, ainsi que les très nombreux Grecs.

Il y a eu, à Lyon, un déchirement tragique autour d'un projet qui était pourtant remarquable. Des personnes de bonne volonté ont mis en œuvre leurs efforts, ont acheté les  terrains  qui  étaient  en  face  de  l'église,  et  ont  construit  dessus  deux  grands immeubles : un foyer pour étudiants et une maison de retraite médicalisée. Pour ne pas avoir à risquer de perdre l'église dans cette opération financière, une association autre que la paroisse a été créée et a géré ce projet immobilier. La métropole était garante des crédits bancaires et le métropolite Emmanuel président d'honneur. Quelques années après, les crédits continuent à être remboursés, le personnel médical est payé, et il y a déjà, si j'en crois ce qui m'a été rapporté, plus de deux millions d'euros de bénéfices générés qui attendaient les décisions de justice pour savoir s'ils allaient dans les poches des membres de la SCI ou dans les caisses de l'association.

Des problèmes de personnes sont apparus, ce qui a conduit certains, en toute légalité, à transformer cette association en SCI (société civile immobilière). Exit le métropolite et la métropole, qui n'ont pas leur place dans la nouvelle SCI, mais qui restent cependant toujours garants des crédits restants. Monseigneur Emmanuel a été furieux et a engagé un procès. Je n'ai aucun élément du dossier pour savoir quels sont les tenants et aboutissants réels de cette affaire. Je sais juste que le métropolite a perdu en première instance, et perdu en appel. La venue du père Nicolas Kakavelakis à Lyon est en très grande partie liée à ce contentieux immobilier, l'évêque espérant toujours récupérer ce que la justice lui a refusé. Le père Athanase étant brouillé avec Alice depuis ce contentieux, son départ arrive à point pour " changer la tête " et tenter de renouer avec elle.

Chacun est responsable de ses erreurs et personne n'en est exempt. Mais le Christ pardonne, sous réserve que l'on reconnaisse ses erreurs, dans l'accomplissement de cette parole de David : Un cœur broyé et humilié, Dieu ne le méprise point (Ps. 50). Dans tous les discours officiels qui ont eu lieu le 12 septembre 2010, jour du départ du père Athanase, je n'ai retenu qu'une seule parole qui m'a sorti de la léthargie dans laquelle je me trouvais à ce moment-là. Une seule qui semblait décalée pour tous ceux qui l'entendaient et qui était pourtant une sorte d'aboutissement de la vie chrétienne. C'est le père Athanase qui l'a prononcée : Je demande pardon à tous ceux que j'ai offensés. Au moment où tout le monde était là pour le féliciter, c'est ce qu'il a trouvé de plus important à dire.

Cette parole s'adressait bien sûr, en premier lieu, à Alice, et aussi à tous ceux qui auraient pu être offensés par quelque chose qu'il aurait faite. L'accomplissement de cette phrase, si elle est dite avec sincérité, se trouve quand la personne offensée fait la même démarche. Quand le père Athanase préparait ses bagages, quelqu'un qui venait avec l'intention de l'aider l'a surpris en train de pleurer. Au-delà des sourires d'une cérémonie d'adieu, laisser la communauté était un vrai déchirement pour lui car c'était l’œuvre de sa vie. S'il est vrai que l'on reconnaît un arbre à ses fruits, alors on ne peut que constater qu'il a laissé une église pleine et rayonnante. 

Le comité de la paroisse, qui gère les affaires de l'église, n'a jamais cru bon de mettre une cotisation pour être membre de la communauté. Cette cotisation, prévue par l'article 5 des statuts, est définie par le comité lors de la réunion qui suit l'assemblée générale. Sans cotisation, tous ceux qui fréquentent la paroisse sont membres et peuvent donc voter pour élire le comité lors de l'assemblée générale. Mais si les membres du comité fixent une cotisation, sous réserve qu'elle soit fixée en respectant les modalités prévues par les statuts, alors seuls les membres à jour de leur cotisation peuvent voter. 

Quand le père Nicolas venait manger à la maison, j'ai beaucoup discuté avec lui. Il m'expliquait que la volonté de l'évêque était très clairement de reprendre en main les biens de la paroisse pour ne pas risquer de les perdre comme il avait perdu la maison de retraite et le foyer d'étudiants. Pour cela, le seul moyen est de changer les statuts. Mais comment changer les statuts si la liste des membres n'est pas à jour, que des milliers d'orthodoxes de la région lyonnaise ont le droit de vote, et que le quorum des 2/3 des membres présents, obligatoire pour une modification, ne sera jamais atteint ? La seule solution est d'imposer une cotisation, et cette cotisation doit être élevée. Le but d'une cotisation élevée n'est pas d'avoir beaucoup d'argent rapidement et facilement. C'est de réduire le nombre de votants au maximum.

Qui va payer 50 euros de cotisation ? 10 personnes ? 50 ? Admettons 50 personnes. On passe de plusieurs milliers de votants potentiels à 50. Sur les 50, il sait à peu près sur combien il peut compter. S'il sait qu'il a la majorité, il est tranquille pour modifier les statuts. S'il voit qu'il lui manque 10 personnes, il fait adhérer 10 personnes sûres, quitte à payer lui-même les 500 euros des cotisations correspondantes. Quoi de plus rentable que de récupérer tous les biens d'une communauté pour 500 euros maxi ? 

Et puis, s'il veut bloquer l'adhésion de quelqu'un, il lui suffit d'invoquer l'article 4 des statuts, comme il l'a fait pour moi. Donc même dans ce cas-là il peut économiser une partie des 500 euros. Comment je le sais ? C'est moi qui lui ai expliqué comment faire avant de m’apercevoir que je me faisais manipuler.

Sur la dernière page du bulletin n°22 de l'Annonce Orthodoxe apparaît une cotisation de 50 euros. Tout lien avec l'exemple cité deux paragraphes plus haut est purement fortuit...

Cette cotisation a été fixée par quatre ou cinq membres du comité, en violation de plusieurs articles des statuts : l'article 5 qui précise les modalités pour fixer la cotisation ; l'article 9 qui dit que tous les membres du comité doivent être convoqués avant une réunion ; le même article 9 qui dit qu'une réunion n'est pas valide si au moins la moitié de ses membres n'est présente ou représentée. Donc, dans la dernière Annonce Orthodoxe, 4 personnes ont, discrètement, retiré le droit de vote à 2000 autres, en toute illégalité, l'air de rien...

Le comité doit être conscient qu'il représente ces 2000 personnes, et pas seulement l'évêque. Il ne doit pas accepter ce qui se passe. C'est la responsabilité qu'ils ont endossée lorsqu'ils ont présenté leur candidature pour être élus. Qui peut retirer de la gloire de tout ceci ? Celui qui a gardé 2000 personnes, ou celui qui les chasse par une manipulation ? Celui qui a fait que chacun était content de contribuer à la transformation de l'église, ou celui qui veut s'approprier leur travail ?

Nous verrons dans le prochain message les différentes répercussions qu'il y a eues quand j'ai fait remarquer au père Nicolas qu'il avait falsifié les statuts de la communauté auprès de la préfecture.

mardi 24 janvier 2012

11- Ouvrir les yeux



Je constate de grosses erreurs depuis que toute cette affaire a commencé. L'une d'elle a été lorsque le père Nicolas a dit à Caroline de choisir entre lui, prêtre, et moi. Dans une église, on ne choisit pas entre des personnes, mais on essaye simplement de suivre l’Évangile : il y a des choses que l'on peut accepter et d'autres non. Petit à petit, le père a renouvelé cette question à de nombreuses personnes. Tout à l'heure encore, quelqu'un m'a dit qu'il était pour moi et je me suis fâché. Il n'y a pas deux camps, avec ceux qui soutiennent le père d'un côté et ceux qui me soutiennent de l'autre. Il n'y a qu'une seule communauté et vouloir opposer les uns contre les autres est indigne. L’Église est Une et Indivisible. Que chacun ait ses opinions, chacun ses défauts, chacun son histoire, est légitime. Et tout le monde doit cohabiter ensemble pour l'édification de l’Église en général et de notre communauté en particulier.

La plaque qui est à l'extérieur de l'église pour commémorer les fondateurs est symbolique, car si on avait cherché la vérité, il aurait fallu y inscrire les milliers de noms de tous ceux qui ont posé chacun leur pierre à cette communauté, chacun à sa manière. Vouloir aujourd'hui diviser la communauté en camps ne peut être que l'erreur d'un esprit défaillant. La question est plutôt d'ouvrir les yeux pour voir d'où viennent les problèmes et d'essayer de les résoudre. Car le jour où nous aurons réglé cette question, nous saurons tous pourquoi nous sommes là et pourquoi nos parents ont dépensé leurs efforts à bâtir cette communauté.

Peut-être que j'ai tort sur certains points que j'ai soulevés. Je n'ai pas la prétention de dire que tout ce que je fais est bien. C'est pour cela que, dans mes courriers, je ne pose que des questions sans jamais prétendre posséder la vérité pour moi. Mais mis à part dans l'enquête, il n'a jamais été relevé que je soulevai de faux problèmes. Je me serais contenté de la réponse du métropolite Emmanuel si celui-ci n'avait pas menti. Il nous faut aujourd'hui trouver une solution commune aux problèmes soulevés si nous voulons construire sur des bases solides. Une solution qui soit conforme au message porté par l’Évangile puisque c'est lui qui nous unit. J'espère donc ne jamais entendre que quelqu'un est pour moi ou contre moi, mais plutôt que chacun ouvre les yeux sur les problèmes qui doivent être réglés pour que nous sachions toujours pourquoi nous sommes là. Ce n'est pas facile d'avancer avec les yeux fermés, alors ouvrez-les et n'ayez pas peur d'entendre cette phrase : " Bienvenue dans le monde réel ! ".

Quand Adam était au Paradis, juste après avoir mangé du fruit défendu, Dieu l'appelle et lui demande où il est (Gen. 3, 9). Mais Dieu sait très bien où il est, sinon il n'est pas Dieu. Les spirituels disent que, par ces paroles, Dieu invite Adam à entrer en lui-même pour qu'il réalise son erreur et demande pardon. S'il était clair qu'Adam serait chassé du Paradis, l’Éternel n'aurait pas perdu son temps à demander où était Adam. Quand j'ai écrit mon premier mail au père, un simple pardon à mademoiselle P. aurait suffi à tout régler. Bien sûr, le père aurait dû changer des choses dans son comportement et il n'y aurait pas eu de second avertissement, mais il ne fallait, à ce moment-là, rien de plus.

Le père Nicolas a toujours cru que s'il parlait il s'exposerait : il était déjà exposé ! Il l'a été à l'instant où il a cru que le Christ avait menti quand il a dit qu' " il n'y a rien de caché qui ne doive être révélé " (Lc 12, 2).

Aujourd'hui, c'est monseigneur Emmanuel qui s'est exposé en soutenant par des mensonges et des pressions d'un autre âge ce que sa mission d'évêque lui commandait de réparer. De la même façon que pour le père Nicolas, un pardon sur son erreur quand il m'a traité de diffamateur aurait rééquilibré ce qui devait l'être. Que peut-il faire aujourd'hui à part démissionner de ses fonctions s'il veut garder sa dignité et préserver celle de sa charge ?

Mais le principal problème de ces deux-là reste d'avoir compromis le Patriarcat. Car l'invitation à devenir franc-maçon, qui m'a été envoyée le jour-même où le Patriarcat recevait mon recommandé, laissait trop supposer une volonté d'étouffer les choses au plus haut niveau. Et, quand des intérêts supérieurs sont menacés, c'est en général le fusible qui saute. La métaphore est mauvaise, car l’Église ne fonctionne pas comme du courant électrique, même s'il arrive que certains "pètent un câble ", mais le père Nicolas pourrait être considéré comme le fusible de l'évêque. Le fusible n'a pas sauté. C'est maintenant l'évêque qui est le fusible du Patriarche. Il est dans l'ordre des choses qu'un fusible saute.