de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

vendredi 20 janvier 2012

8- Patriarcat et Franc-Maçonnerie



L’Albanie et la Grèce sont des pays magnifiques. On comprend, en voyant leurs reliefs arides et sauvages, comment les tempéraments forts de ces peuples se sont forgés. Anoyia, village de Nikos Xylouris, dédie son festival de musique aux trois génocides de ses habitants. La grotte de Psiloritis garde en son centre une croix sur laquelle est gravé : la mort, mais pas la soumission, en mémoire aux 400 résistants qui y ont été enfumés. Le monastère d'Arkadi, a été martyrisé : moines et résistants qui s'y cachaient ayant été exterminés. Partout la Grèce et l'Albanie sont imprégnées de ces sacrifices qui ont forgé leurs peuples. J'ai découvert, sur la place Syntagma, gravé dans la pierre au milieu des villages qui ont marqué l'histoire de la Grèce, le nom de Xeimarra, en Albanie, village de mes grands-parents paternels. J'ai vu des personnes âgées dans la rue dormir par terre, j'ai vu des manifestants qui ne se lassaient pas malgré la forte opposition de la police, j'ai vu des prêtres discuter avec eux et les soutenir et, malgré tout ce qu'ils endurent, ces peuples ne cèderont rien de leurs idéaux et de leur fierté.

En revenant, il me restait une dernière possibilité de recours amiable et interne à l’Église afin de " laver son linge sale en famille " : le Patriarche Œcuménique de Constantinople. Je lui ai donc préparé une lettre synthétisant les problèmes que je soulevais depuis fin février. Ce courrier était introduit d'un texte manuscrit en grec qui garde des fautes à cause de mon faible niveau de grec. Mon courrier était en recommandé AR. Il a été délivré le 29 septembre

Le jour même, une invitation m'était postée : une invitation pour devenir franc-maçon accompagnée de l'enveloppe pour la réponse. Le problème de la coïncidence des dates était troublant. Aussi, en analysant les documents, j'ai vu que la signature sur l'avis de réception était extrêmement proche de celle du père Nicolas Kakavelakis. J'avais la signature du père Nicolas en bas à droite de ce dessin. L'avis de réception était signé Kakavelakis. Avec une analyse plus détaillée, j'ai vu que toute la partie centrale de la signature avait un graphisme similaire : même hauteur de lettres, certaines courbures... et qu'elles pouvaient presque se superposer de façon à se confondre. D'après un graphologue, il ne pouvait s'agir que d'un ascendant direct : son père ou sa mère. Je n'ai pas pu vérifier ma source, car les informations disponibles sur Google ne permettent pas de trouver un Kakavelakis dans l'organigramme du Patriarcat, mais il m'a été rapporté que la mère du père Nicolas était secrétaire générale du Patriarche.

Le Patriarche représente une institution bimillénaire et gère les affaires de l’Église pour de nombreux pays. Comment donc du courrier qui peut être hautement sensible peut-il être ouvert par une femme qui n'a pas de formation religieuse particulière ? Un évêque tout ce qu'il y a de plus ordinaire ne peut pas être pris parmi les hommes mariés, suivant les canons de l’Église, mais une femme divorcée pourrait ouvrir le courrier du Patriarche et s'occuper des affaires de l’Église au plus haut niveau ?

Cette signature était extrêmement dérangeante à de nombreux égards. Était-ce à cause du soutien de sa mère que le père Nicolas était maintenu en poste alors qu'il n'aurait pas dû passer le cap de la mi-mars ? Était-ce pour lui trouver une place de fonctionnaire (les prêtres dépendant de la métropole grecque sont fonctionnaires de l’État Grec) que l'évêque était allé le chercher tardivement pour devenir prêtre ? Était-ce là la raison des contradictions entre sa position officielle et l'histoire de mademoiselle P. qui a eu lieu trois mois à peine après son arrivée ? Et mon courrier avait-il été lu par le Patriarche, ou est-il passé directement à la poubelle ? J'ai attendu longtemps une réponse à ce courrier. Je n'ai rien eu d'autre que l'invitation à devenir franc-maçon.

La Grande Loge Nationale Française m'écrivait qu'un de mes amis me croyait suffisamment éclairé pour les rejoindre et qu'ils entreprenaient cette démarche sur son conseil. Qu'ils revendiquaient une croyance en Dieu, même si ce principe divin était d'acception très large. Que leur loge était la seule reconnue à l'étranger et qu'ils m'invitaient, si j'étais d'accord, à rencontrer quelqu'un qui répondrait à mes questions sur le chemin qui me conduirait à mon parrain. Je n'avais des francs-maçons que l'image marketing qu'ils donnent régulièrement dans les revues people et j'ai commencé à me renseigner. Quatre personnes de mon entourage avaient été sollicitées plusieurs années avant moi, et toutes s'étonnaient que j'aie été invité par un courrier : eux l'avaient été directement par la personne qui voulait les parrainer, sans mystère particulier.

Même si le père Nicolas, après le courrier que j'avais adressé à monseigneur Emmanuel, avait dit partout que j'étais un ambitieux qui agissait par vengeance parce qu'il m'avait interdit de me présenter aux élections du comité de la paroisse, la vérité est que je me fiche royalement de faire partie du comité, tout comme je me fiche royalement de faire partie des francs-maçons. J'étais par contre très curieux d'avoir une confirmation de l'identité de ce mystérieux parrain, mais pas au point de leur faire croire que leur proposition m'intéressait. J'ai coupé court dans le style littéraire qui me caractérise.

Les statistiques sont une branche des mathématiques. On les utilise dans les sondages et l'on peut savoir avec une précision redoutable, un mois en avance, en interrogeant 1000 personnes, que Ségolène Royal ne va pas dépasser les 7% aux primaires socialistes, le tout quel que soit le nombre de votants. De telles prévisions ne relèvent pas de la voyance, mais de la science. Ce sont les mêmes statistiques mathématiques qui génèrent les probabilités. C3PO, dans Star Wars, est le champion incontesté de cette spécialité. Et la probabilité que l'invitation à devenir franc-maçon, envoyée quelques heures après que le Patriarcat eut reçu mon recommandé, vienne du cœur de ce même Patriarcat est extrêmement importante. Si l'on considère que c'est la mère du mis en cause qui a reçu le courrier, la probabilité augmente encore.

Le problème, c'est que la franc-maçonnerie ne peut être mobilisée que par un de ses membres, pour un de ses membres. Qui a donc été suffisamment influent pour mobiliser un  tel réseau  aussi  rapidement que l'évêque  avait  bouclé  son enquête sur le père Nicolas ? Qui est franc-maçon au sein du Patriarcat alors que ce même Patriarcat a condamné la franc-maçonnerie en 1776-1777 ? On trouve, sur les forums orthodoxes, des articles faisant état de liens entre les deux (voir par exemple ici les 2 premiers articles), mais c'est toujours surprenant d'y être confronté.

Lorsque le père Nicolas venait manger régulièrement à la maison, durant la réfection de son appartement, il m'avait raconté qu'un prêtre très influent aux États-Unis était venu rencontrer monseigneur Emmanuel. Il était venu en jet privé, ils avaient passé la journée à Bordeaux, et il était reparti. Il m'expliquait que monseigneur Emmanuel serait certainement le prochain archevêque des États-Unis, car c'était le tremplin vers le poste de Patriarche Œcuménique. Il espérait l'y accompagner et disait que les meilleurs prêtres pouvaient y gagner 150000$ annuels, plus voiture et maison. Les Turcs ont mis dans leur loi des obligations pour accéder au poste de Patriarche (avoir la nationalité turque...), réduisant considérablement le nombre de prétendants éligibles. Les Américains sont très influents auprès des Turcs et peuvent faciliter la levée de ces contraintes pour la personne qu'ils souhaitent appuyer. Les réseaux francs-maçons turcs et américains sont très proches. Si on veut devenir Patriarche, il est donc de plus en plus recommandé de passer par l'archevêché des États-Unis pour avoir l'appui et les réseaux des Américains, et se faire ainsi ouvrir les portes par les Turcs. Ce qui rend la citation du père Alexandre Men que je reprenais dans mon message d'hier toujours plus vivante.

J'ai soumis tous ces éléments, relatifs à la franc-maçonnerie, à la métropole, qui n'a pas souhaité réagir.

Quand j'étais au lycée, il y avait eu en France de grandes manifestations contre la réforme de Devaquet. Tout le monde criait : " Devaquet, au piquet ! " On était content et on n'allait pas en cours. A cette occasion, pour nous ouvrir l'esprit, notre prof. d'économie nous avait questionnés sur nos idées politiques. La plupart des élèves n'en avaient pas. Il nous avait alors dit : " Mais, dire que l'on ne fait pas de politique, c'est faire de la politique, car c'est prendre une position qui entraîne des implications ! " De la même façon, l'absence de réponse est une réponse.

L'histoire de mademoiselle P. aura peut-être une suite mais, pour le moment, personne ne peut dire de quoi demain sera fait. C'est pour ça que nous allons laisser son histoire pour nous pencher sur les questions qu'elle a soulevées.

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