L’Albanie
et la Grèce sont des pays magnifiques. On comprend, en voyant leurs reliefs
arides et sauvages, comment les tempéraments forts de ces peuples se sont
forgés. Anoyia,
village de Nikos Xylouris,
dédie son festival de musique aux trois génocides de ses habitants. La
grotte de Psiloritis garde en son centre une croix sur laquelle est gravé :
la
mort, mais pas la soumission, en mémoire aux 400 résistants qui y ont
été enfumés. Le monastère
d'Arkadi, a été martyrisé : moines et résistants qui s'y cachaient ayant
été exterminés. Partout la Grèce et l'Albanie sont imprégnées de ces sacrifices
qui ont forgé leurs peuples. J'ai découvert, sur la place Syntagma, gravé dans
la pierre au milieu des villages qui ont marqué l'histoire de la Grèce, le nom
de Xeimarra,
en Albanie, village de mes grands-parents paternels. J'ai vu des personnes
âgées dans la rue dormir par terre, j'ai vu des manifestants qui ne se
lassaient pas malgré la forte opposition de la police, j'ai vu des prêtres
discuter avec eux et les soutenir et, malgré tout ce qu'ils endurent, ces
peuples ne cèderont rien de leurs idéaux et de leur fierté.
En
revenant, il me restait une dernière possibilité de recours amiable et interne
à l’Église afin de " laver son linge sale en famille " : le Patriarche
Œcuménique de Constantinople. Je lui ai donc préparé une
lettre synthétisant les problèmes que je soulevais depuis fin février. Ce
courrier était introduit d'un texte
manuscrit en grec qui garde des fautes à cause de mon faible niveau de
grec. Mon courrier était en recommandé AR. Il a été délivré
le 29 septembre.
Le
jour même, une invitation m'était
postée : une invitation pour devenir
franc-maçon accompagnée de l'enveloppe pour la réponse. Le problème de la
coïncidence des dates était troublant. Aussi, en analysant les documents, j'ai
vu que la signature sur l'avis de réception était extrêmement proche de celle
du père Nicolas Kakavelakis. J'avais la signature du père Nicolas en bas à
droite de ce
dessin. L'avis de réception était signé Kakavelakis. Avec une analyse plus détaillée,
j'ai vu que toute la partie centrale de la signature avait un graphisme
similaire : même hauteur de lettres, certaines courbures... et qu'elles
pouvaient presque se superposer de façon à se confondre. D'après un
graphologue, il ne pouvait s'agir que d'un ascendant direct : son père ou sa
mère. Je n'ai pas pu vérifier ma source, car les informations disponibles sur
Google ne permettent pas de trouver un Kakavelakis dans l'organigramme du
Patriarcat, mais il m'a été rapporté que la mère du père Nicolas était
secrétaire générale du Patriarche.
Le
Patriarche représente une institution bimillénaire et gère les affaires de
l’Église pour de nombreux pays. Comment donc du courrier qui peut être
hautement sensible peut-il être ouvert par une femme qui n'a pas de formation
religieuse particulière ? Un évêque tout ce qu'il y a de plus ordinaire ne peut
pas être pris parmi les hommes mariés, suivant les canons de l’Église, mais une
femme divorcée pourrait ouvrir le courrier du Patriarche et s'occuper des
affaires de l’Église au plus haut niveau ?
Cette
signature était extrêmement dérangeante à de nombreux égards. Était-ce à cause
du soutien de sa mère que le père Nicolas était maintenu en poste alors qu'il
n'aurait pas dû passer le cap de la mi-mars ? Était-ce pour lui trouver une
place de fonctionnaire (les prêtres dépendant de la métropole grecque sont
fonctionnaires de l’État Grec) que l'évêque était allé le chercher tardivement
pour devenir prêtre ? Était-ce là la raison des contradictions entre sa
position officielle et l'histoire de mademoiselle P. qui a eu lieu trois mois à
peine après son arrivée ? Et mon courrier avait-il été lu par le Patriarche, ou
est-il passé directement à la poubelle ? J'ai attendu longtemps une réponse à
ce courrier. Je n'ai rien eu d'autre que l'invitation à devenir franc-maçon.
La
Grande Loge Nationale Française m'écrivait qu'un de mes amis me croyait
suffisamment éclairé pour les rejoindre et qu'ils entreprenaient cette démarche
sur son conseil. Qu'ils revendiquaient une croyance en Dieu, même si ce
principe divin était d'acception très large. Que leur loge était la seule
reconnue à l'étranger et qu'ils m'invitaient, si j'étais d'accord, à rencontrer
quelqu'un qui répondrait à mes questions sur le chemin qui me conduirait à mon
parrain. Je n'avais des francs-maçons que l'image marketing qu'ils donnent
régulièrement dans les revues people et j'ai commencé à me renseigner.
Quatre personnes de mon entourage avaient été sollicitées plusieurs années
avant moi, et toutes s'étonnaient que j'aie été invité par un courrier : eux
l'avaient été directement par la personne qui voulait les parrainer, sans
mystère particulier.
Même
si le père Nicolas, après le courrier que j'avais adressé à monseigneur
Emmanuel, avait dit partout que j'étais un ambitieux qui agissait par vengeance
parce qu'il m'avait interdit de me présenter aux élections du comité de la
paroisse, la vérité est que je me fiche royalement de faire partie du comité,
tout comme je me fiche royalement de faire partie des francs-maçons. J'étais
par contre très curieux d'avoir une confirmation de l'identité de ce mystérieux
parrain, mais pas au point de leur faire croire que leur proposition
m'intéressait. J'ai coupé court dans le style littéraire qui me caractérise.
Les
statistiques sont une branche des mathématiques. On les utilise dans les
sondages et l'on peut savoir avec une précision redoutable, un mois en avance,
en interrogeant 1000 personnes, que Ségolène Royal ne va pas dépasser les 7%
aux primaires socialistes, le tout quel que soit le nombre de votants. De
telles prévisions ne relèvent pas de la voyance, mais de la science. Ce sont
les mêmes statistiques mathématiques qui génèrent les probabilités. C3PO, dans Star
Wars, est le champion incontesté de cette spécialité. Et la probabilité que
l'invitation à devenir franc-maçon, envoyée quelques heures après que le
Patriarcat eut reçu mon recommandé, vienne du cœur de ce même Patriarcat est
extrêmement importante. Si l'on considère que c'est la mère du mis en cause qui
a reçu le courrier, la probabilité augmente encore.
Le
problème, c'est que la franc-maçonnerie ne peut être mobilisée que par un de
ses membres, pour un de ses membres. Qui a donc été suffisamment influent pour
mobiliser un tel réseau aussi rapidement que l'évêque
avait bouclé son enquête sur le père Nicolas ? Qui est franc-maçon
au sein du Patriarcat alors que ce même Patriarcat a condamné la franc-maçonnerie
en 1776-1777 ? On trouve, sur les forums orthodoxes, des articles faisant état
de liens entre les deux (voir par
exemple ici les 2 premiers articles), mais c'est toujours surprenant d'y
être confronté.
Lorsque
le père Nicolas venait manger régulièrement à la maison, durant la réfection de
son appartement, il m'avait raconté qu'un prêtre très influent aux États-Unis
était venu rencontrer monseigneur Emmanuel. Il était venu en jet privé, ils
avaient passé la journée à Bordeaux, et il était reparti. Il m'expliquait que
monseigneur Emmanuel serait certainement le prochain archevêque des États-Unis,
car c'était le tremplin vers le poste de Patriarche Œcuménique. Il espérait l'y
accompagner et disait que les meilleurs prêtres pouvaient y gagner 150000$
annuels, plus voiture et maison. Les Turcs ont mis dans leur loi des
obligations pour accéder au poste de Patriarche (avoir la nationalité
turque...), réduisant considérablement le nombre de prétendants éligibles. Les
Américains sont très influents auprès des Turcs et peuvent faciliter la levée
de ces contraintes pour la personne qu'ils souhaitent appuyer. Les réseaux
francs-maçons turcs et américains sont très proches. Si on veut devenir
Patriarche, il est donc de plus en plus recommandé de passer par l'archevêché
des États-Unis pour avoir l'appui et les réseaux des Américains, et se faire
ainsi ouvrir les portes par les Turcs. Ce qui rend la citation du père
Alexandre Men que je reprenais dans mon message d'hier toujours plus vivante.
J'ai
soumis tous ces éléments, relatifs à la franc-maçonnerie, à la métropole, qui
n'a pas souhaité réagir.
Quand
j'étais au lycée, il y avait eu en France de grandes manifestations contre la
réforme de Devaquet. Tout le monde criait : " Devaquet, au piquet ! "
On était content et on n'allait pas en cours. A cette occasion, pour nous
ouvrir l'esprit, notre prof. d'économie nous avait questionnés sur nos idées
politiques. La plupart des élèves n'en avaient pas. Il nous avait alors dit :
" Mais, dire que l'on ne fait pas de politique, c'est faire de la
politique, car c'est prendre une position qui entraîne des implications !
" De la même façon, l'absence de réponse est une réponse.
L'histoire
de mademoiselle P. aura peut-être une suite mais, pour le moment, personne ne
peut dire de quoi demain sera fait. C'est pour ça que nous allons laisser son
histoire pour nous pencher sur les questions qu'elle a soulevées.
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