de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

vendredi 22 juin 2012

55 - Communion



Saint Cyrille d'Alexandrie dit de la communion : « Si tu jettes un petit morceau de pain dans du vin, de l'huile ou un autre liquide, tu le trouveras imprégné de leurs qualités ; si tu mets du fer en contact avec le feu, il sera bientôt rempli de son énergie, et, bien qu'il ne soit par nature que du fer, il sera plein de la vertu du feu. Ainsi donc, le Logos vivifiant de Dieu, en s'unissant à la chair qu'il s'est appropriée, selon un mode qu'il est seul à connaître, l'a rendue vivifiante. Il a dit en effet : En vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de vie (Jn 6, 47) ; et encore : Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel ; si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai c'est ma chair... En vérité si vous ne mangez la chair du Fils de l'Homme et si vous ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous (Jn 6, 51-54). » (In Lc 22, dans P.G., 72, 908-912).

Par la communion l'homme s'imprègne donc de la force vivifiante de la nature divine à laquelle il participe (cf. II Pierre 1, 4).

Mais si tous les auteurs anciens s'accordent sur les bienfaits spirituels de la communion, ils sont également unanimes à considérer que seuls des erreurs graves de doctrine peuvent exclure quelqu'un de sa participation. 

La rupture de communion ne peut s'effectuer que sur des points de doctrine ; elle peut se faire uniquement lorsque la révélation que Dieu adresse aux hommes dans l’Évangile est altérée. Le Christ dit de lui-même : Je suis la vérité, le chemin et la vie (Jn 14, 6). En s'éloignant de la vérité, l'homme s'éloigne, par la même occasion, du chemin qui le conduit à la vie. C'est pour cela que l’Église a toujours attaché une telle importance à la définition de la vérité, en restant fidèle au message contenu dans l’Évangile. 

Cette vision de l'union de la foi est d'ailleurs le fondement ecclésiologique de l’Église orthodoxe, et ce qui la différencie des catholiques dans son organisation. Pour être catholique, il faut reconnaître l'autorité du pape comme chef de l’Église. Pour être orthodoxe, il faut que l'église locale dans laquelle on se trouve professe la même foi que les autres églises locales de par le monde. Chaque église locale étant réunie autour de son évêque ; les différents évêques étant unis par la même foi.

C'est donc uniquement la foi partagée, manifestée par la communion des églises locales entre elles, qui est le ciment de l’Église et son critère de référence.

La communion étant le pain de vie, il n'y a que l'éloignement de la vérité de la foi qui peut en priver un homme ou une église. En aucun cas des ressentis personnels.

Le père Placide Deseille, très bon connaisseur des Pères de l’Église, conclut son petit fascicule sur l'Eucharistie et la divinisation des chrétiens selon les pères de l’Église par ces mots : On voit combien il importait, pour les Pères, quand des divergences apparaissaient entre des Églises, d'en peser exactement la nature. S'agissait-il de questions de minime importance ou de traditions différentes, mais authentiques ? Le maintien ou le rétablissement de la communion s'imposait, sans qu'aucune des parties puisse prétendre contraindre l'autre à se ranger à son sentiment sous menace de rupture. S'agissait-il, par contre, de questions touchant à la substance de la foi et de la tradition apostolique ? Alors, tant que les divergences subsistaient, la séparation demeurait la plus douloureuse, mais aussi la plus impérieuse des exigences non seulement de la vérité, mais aussi de l'amour véritable de Dieu et du prochain. Pour les saints Pères, le dépôt de la foi était indivisible ; il n'était pas possible d'y distinguer des articles fondamentaux et des articles de moindre importance, sur lesquels il aurait été permis de transiger. Pour eux, toute parcelle de la vérité révélée par Dieu était d'un prix infini.

Si la question de la foi était évidente pour rester en communion avec les autres églises ou les autres personnes, celle du comportement personnel était beaucoup plus ambigüe. 

La communion étant quelque chose de particulièrement sacré, tous les chrétiens peuvent-ils y participer, ou faut-il une préparation particulière ? Une double nécessité est vite apparue : le Christ donne son corps et son sang sans contreparties, mais ce don est si précieux que l'homme se doit de s'y préparer pour le recevoir.

Cette notion de préparation a beaucoup évolué au fil des siècles, et suivant les pays. Être à jeun pour communier est une forme de cette préparation. Ne pas avoir mangé de viande la veille en est une seconde. Et plus on cherche à se préparer, plus on se trouve indigne de communier. Ce qui a conduit les chrétiens, à certaines époques, à ne communier qu'une fois par an, pour Pâques.

De nombreux spirituels se sont élevés contre cette pratique, en utilisant une analogie : si tu  es  mon  hôte  et  que  je  te  reçois chez moi, je serais offensé si tu bafoues mon hospitalité ; je serais offensé si je te prépare ce que j'ai de mieux à t'offrir à manger ou à boire et que tu n'en veux pas. Ces spirituels considèrent que nous faisons la même offense à Dieu lorsqu'il nous offre ce qu'il a de mieux pour nous, le don de son corps et de son sang, et que nous ne le prenons pas.

C'est autour de cette pratique régulière de la communion que s'est effectué le renouveau spirituel du Mont Athos. Les higoumènes (supérieurs des monastères) qui reprenaient les monastères parfois à l'abandon soudaient leur communauté autour de la vie liturgique et de la communion. Ce fut le cas de Simonos Petra, ce que le père Placide a reproduit dans son monastère et par son enseignement.

Les Russes ont essayé de concilier ces deux approches : ils encouragent une communion régulière, mais ils imposent la confession avant de communier, pour être sûr que l'on ne communie pas indignement. Ce qui aboutit au paradoxe suivant. A la fin de la liturgie, juste après que les fidèles ont communié, le prêtre élève le calice devant l'assemblée et dit : Ceci a touché vos lèvres, purifié vos péchés et effacé vos iniquités. Mais quelles péchés ont pu être effacés, puisque les fidèles qui viennent de communier ont tous été confessés quelques instants auparavant ? Et si la communion efface les péchés, pourquoi imposer la confession juste avant ?

Cette pratique est également un bon exemple de tradition locale qui n'altère pas la foi : les Russes et le Grecs ont un usage qui diffère un peu, mais aucun d'eux ne va vouloir imposer à l'autre sa coutume. Les deux pouvant légitimement coexister au sein de l’Église. 

Si l'homme se prépare des années pour communier en ayant conscience de son indignité, c'est précisément le jour où il communiera qu'il en sera le moins digne : ce jour-là, en s'estimant lui-même digne du don de Dieu, il sera devenu orgueilleux. Ce qui est sûr, c'est donc que si l'homme attend d'être digne pour communier, il ne communiera jamais.

Aujourd'hui, la position de très nombreux pères spirituels est de considérer que l'homme n'est jamais digne. Il peut se préparer par le jeûne ou les bonnes actions, mais son indignité ne doit pas l'éloigner de la communion. Car c'est précisément pour les indignes que le Christ est venu : Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs, pour qu'ils se convertissent (Lc 5, 31-32).

Les mêmes Pères disent que si Judas était allé sous la croix, au lieu d'aller se pendre, c'est sur lui en tout premier qu'aurait coulé le sang du Christ, et que ce sang l'aurait purifié. Tout comme saint Paul s'est trouvé purifié après avoir pourtant tué de nombreux chrétiens (Act 9).

Cette vision est ancrée dans le peuple, même si celui-ci n'a pas toutes les connaissances littéraires. C'est ainsi que plusieurs vieilles dames sont venues me voir pour me dire que le père Nicolas n'avait pas le droit de me refuser la communion comme il le fait. L'une d'elles a même écrit récemment à l'évêque pour dénoncer ce à quoi elle assiste. Vous trouverez ici son courrier, et ici la preuve de dépôt.

Je ne doute pas que si cette yaya a tort, monseigneur Emmanuel saura  lui expliquer les fondements de son erreur. Mais je ne doute pas non plus qu'il va préférer se taire pour ne pas manifester que c'est lui qui a tort, en ayant cautionné jusqu'à présent les dérives de son prêtre.

lundi 18 juin 2012

54- Faillite de la métropole



On dit que gouverner, c'est prévoir (Émile de Girardin). Pourtant, force est de constater que les ecclésiastiques sont rarement spécialisés dans l'art de prévoir. Sans doute s'auto-excusent-ils en se disant que Dieu pourvoira (Gen. 22, 8) !

Il est clair que Dieu pourvoit. Pourtant, il ne le fait jamais au détriment de notre liberté. Il vient plutôt comme le consolateur des efforts que nous avons entrepris. C'est ce qui a donné, en Occident, la formule : Aide-toi, et le ciel t'aidera. C'est comme cela que le Christ est apparu à saint Antoine le Grand, après des années d’ascèse de celui-ci. Et quand Antoine a demandé au Christ où il était tout ce temps pendant qu'il combattait contre les passions et les démons, le Christ répondit à Antoine : J'étais là, Antoine, j'attendais pour te voir combattre. Puisque tu as tenu, tu n'as pas été vaincu, je serai toujours ton secours, et je te rendrai célèbre partout (Saint Athanase, Antoine le Grand, père des moines, éd. du Cerf, Paris, 1989, p. 19).

En 1988, Monseigneur Jérémie succéda à Monseigneur Mélétios, premier métropolite de France, à la tête de la métropole grecque, ayant autorité sur l'Espagne et le Portugal. Bien qu'étant petit, je me rappelle le repas à l'Espace Cardin après l'intronisation de Jérémie, ainsi que les 600 francs par personne qu'il avait fallu payer pour accéder au buffet. On regarde souvent ce genre de dépense au regard de son propre quotidien, ce qui m'avait longtemps paru démesuré. 

Bien que vivant au-dessus de ses moyens, la métropole grecque n'a jamais eu de vrai souci de financement. Son accès aux crédits bancaires étant facilité par sa notoriété. Les vrais problèmes financiers de la métropole sont intervenus lorsque des proches ont détourné de l'argent, la mettant en situation de faillite avec un trou d'environ six millions d'euros. 

Les huissiers ont commencé les procédures pour saisir ses biens immobiliers, ce qui a conduit le gouvernement grec, soucieux de ne pas créer de scandale avec ses ressortissants et avec l’Église, à payer trois millions d'euros pour calmer les ardeurs des huissiers.

Monseigneur Jérémie fut évincé pour sa gestion désastreuse. Il passa du statut de représentant pour l'Europe, à celui d'archevêque de Suisse : une évolution de carrière qui ressemble à une mise au placard.
 
Monseigneur Emmanuel fut nommé pour le remplacer, mais il ne fit pas mieux dans sa gestion. Il perdit la paroisse la plus lucrative de France, la paroisse orthodoxe russe de Nice qui lui était rattachée. Il perdit la maison de retraite et le foyer d'étudiants de Lyon qui sont face à notre église. Mais bien que le petit nom affectueux qui lui est donné soit le loser, cela ne l'empêche apparemment pas de continuer à rêver de devenir archevêque des Etats-Unis, pour viser ensuite le Patriarcat de Constantinople.

Aujourd'hui, la métropole continue de perdre de l'argent tous les jours et de voir se creuser sa dette. Comme tous ses biens, soit ont été hypothéqués, soit ont été vendus, l'évêque recherche des liquidités. La paroisse de Lyon est très saine financièrement, mais ses statuts lui interdisent d'hypothéquer ses biens. L'un des intérêts que pourrait avoir l'évêque à modifier nos statuts, c'est de supprimer cette interdiction pour augmenter sa capacité de crédits, et décaler ainsi la faillite qui l'attend.

C'est là qu'intervient la menace de contrôle fiscal dont nous avons parlée dans le message précédent. À quoi servirait une paroisse qui, au lieu de rapporter de l'argent, irait lui en demander pour éviter de disparaître ? Très clairement : à rien. C'est pour cela qu'un contrôle fiscal, loin d'être un problème à craindre, pourrait être pour nous le moyen d'échapper à la protection bienveillante de notre évêque.

Mais comme il ne faut pas se perdre en conjectures, j'espère que nous serons bientôt confrontés à ce problème. De cette façon, nous saurons si tout va aussi bien que l'affirme le bureau. Nous saurons également à cette occasion si l'évêque est prêt à venir en aide à ses petites brebis lyonnaises, ou s'il compte sur elles uniquement pour les tondre.

Ce qui est clair, c'est que la paroisse ne manquera pas de chercher à recouvrer l'argent qui pourrait être réclamé par le fisc au premier responsable de la gestion financière, c'est-à-dire à son président, légalement responsable. Car, comme le montre ce courrier envoyé par un membre du comité à l'évêque, le comité est loin d'être unanime sur les dérives en cours. Bien qu'ayant été notifié de ce courrier en recommandé AR, il est à noter que l'évêque n'y a pas encore répondu, et que même les membres du comité n'ont pas accès aux comptes lorsqu'ils les réclament.

Dans l'éventualité d'un redressement fiscal, conséquence prévisible des décisions laxistes que l'évêque a cautionnées jusqu'aujourd'hui, il lui restera à démissionner pour que son successeur nomme un vrai prêtre à Lyon, et que les fidèles qui se sont éloignés de la paroisse acceptent de la renflouer pour qu'elle ne disparaisse pas. Comme nous le disions au début du message, je ne doute pas qu'alors Dieu pourvoira...

Bien qu'ayant eu trois sources pour écrire ce message, je n'ai pas réussi à savoir si ces sources ne remontaient pas toutes à la même personne. Par conséquent, je me dois d'avertir le lecteur que les faits relatés peuvent nécessiter l'emploi du conditionnel. Afin de confirmer ces sources, j'invite la métropole à donner sa version des faits, si elle estime que ce qui est relaté ici n'est pas parfaitement exact. Je corrigerai le message en tenant compte de ses remarques.

mardi 12 juin 2012

53- Fiscalité des associations



Nous avons pu voir, au cours des différents messages, que le respect des règles, tant religieuses que civiles, n'est pas l'apanage premier du bureau actuel de notre association. Je rappelle pour mémoire la falsification de nos statuts d'association sur le plan civil, et l'imposition d'une grille tarifaire pour dispenser les sacrements sur le plan religieux.

Ce que nous ignorions, c'est à quel point ce mépris des règles est important ; à quel point il peut s'avérer préjudiciable pour notre association.

Ma cousine, secrétaire de l'association, comptable de formation et de métier, n'ignore pas qu'une association peut être assujettie aux mêmes impôts qu'une société commerciale (TVA, impôt sur les sociétés, contribution économique territoriale), suivant l'instruction fiscale du 15 septembre 1998, confirmée par l'instruction du 18 décembre 2006. En principe, une association est exonérée des impôts auxquels sont soumises les sociétés commerciales, mais pas forcément. Pour apprécier les conditions d'exonération fiscale, l'administration fiscale procède en une analyse en trois étapes. La première (la seule qui m'intéresse aujourd'hui) concerne la gestion de l'association : la gestion de l'association est-elle désintéressée ? Si elle ne l'est pas, l'association est imposable aux impôts commerciaux.

La gestion strictement bénévole et désintéressée est la condition première et fondamentale. Les dirigeants de l'association (membres du conseil d'administration et du bureau) doivent être strictement bénévoles et ne doivent percevoir aucun avantage quel qu'il soit, direct ou indirect. Ainsi, le seul fait, en principe, de cumuler un emploi salarié au sein de l'association et un mandat d'administrateur pourrait suffire à remettre en cause cette exonération fiscale.

Toutefois, une tolérance fiscale a tempéré ce principe et admet qu'un administrateur puisse recevoir une rémunération brute mensuelle ou des avantages dont le montant n'excède pas les 3/4 du SMIC.

Il ressort de tout ceci que le père Nicolas Kakavelakis ne peut pas être élu au conseil d'administration de l'association et encore moins la présider, s'il touche une rémunération de cette même association, ou bien des avantages en nature dont le cumul serait supérieur aux 3/4 d'un SMIC. A moins, bien sûr, que l'association décide d'être assujettie aux impôts sur les sociétés.

Le père Nicolas ne peut pas présider une association qui va décider d'augmenter son salaire de recteur de la paroisse (au même moment, d'ailleurs, où il réduit celui du chantre).
Il ne peut pas présider une association qui va héberger des cours de grec tout en laissant le professeur de grec (lui-même) prendre pour lui des frais d'inscription à cette école.
Il ne peut pas présider une association qui va lui accorder un logement de fonction qui, à lui seul, représente un avantage en nature qui dépasse le plafond fixé par le fisc. 
Il ne peut pas présider une association qui va couvrir tous ses frais d'eau, d'électricité, de téléphone et de chauffage.
Il ne peut pas présider une association qui va décider de prendre en charge sa taxe d'habitation et sa mutuelle.
Il ne peut pas présider une association qui va décider de fixer un prix sur les sacrements, en opposition avec nos statuts (article premier, § b), et décider de s'accorder une part des revenus ainsi créés...
Je ne dis pas ici que ces avantages sont tous anormaux. Mais je dis par contre que cumuler un avantage n'est pas compatible, en droit, avec la fonction d'administrateur d'une association.

Or M. Kakavelakis est déjà élu, et personne ne peut lui retirer ce mandat, sauf lui-même s'il décidait de démissionner, ou bien la justice s'il devait être condamné pour des malversations, par exemple. Par contre, il est de la responsabilité du comité de choisir de lui laisser ou non ses salaires et avantages en nature. Si le comité décide de lui laisser ses salaires et avantages, il doit savoir que l'administration fiscale procèdera à une régularisation de sa fiscalité.

Informés depuis le 19 avril de cette situation, ni le père Nicolas, ni le comité, ni même l'évêque, garant des institutions d'après nos statuts, n'ont réagi. S'ils ont organisé une réunion du comité, le 3 mai dernier, cette question n'était pas à l'ordre du jour, et tout juste a-t-elle été  évoquée à  la demande de Stelios  pour  aussitôt  être  évacuée par  un  " tout est en ordre, il n'y a pas de problème ".

Malheureusement, je crois que ce n'est pas aussi simple, comme nous le verrons dans le prochain message. Fermer les yeux ne suffit pas à faire disparaître les problèmes, même si on ne les voit plus à ce moment-là.

Le texte de ce message n'est que le plagiat de la brochure connaître la fiscalité de votre association, p 9 à 11, distribuée gratuitement par les services de la préfecture. Il n'y a rien de moi dans cette analyse, que je me contente de porter à votre connaissance.

mardi 5 juin 2012

52- Œcuménisme appliqué



Au-delà de l’œcuménisme institutionnel, il y a un œcuménisme de proximité très vivant. Nous le voyons dans tous les mariages mixtes, dans de nombreuses relations de voisinage et dans de nombreux domaines de la vie. Les mariages mixtes ont poussé les Églises à reconnaître une partie du sacrement des autres, là où auparavant elles gardaient jalousement leurs frontières.

C'est ainsi qu'un prêtre orthodoxe peut tourner autour d'un autel catholique pour bénir une union, alors qu'il ne reconnaît pas cet autel comme lieu consacré. Il va donner le sacrement du mariage à un catholique, alors qu'il va refuser au même catholique le sacrement de la communion. Il va marier celui à qui il refusera l'extrême onction.



Je me rappelle que ma mère m’emmenait parfois, quand j'étais petit, au foyer Notre Dame des Sans Abri, pour servir le repas aux pauvres le jour de Noël. Même si je lui en ai voulu parce que j'aurais préféré passer Noël ailleurs, je vois aujourd'hui que ça m'a apporté beaucoup dans le regard que je porte sur les autres.

Un jour, elle a affrété un car pour emmener des SDF de ce foyer à Lourdes. C'était une idée saugrenue, parce qu'elle avait du mal à finir de payer ses propres factures tous les mois. Mais elle l'a fait quand même pour remercier la Mère de Dieu. Ma mère fumait trois paquets de cigarettes par jour et n'avait jamais réussi à réduire cette dose. Lorsqu'elle est allée elle-même à Lourdes, elle a définitivement arrêté et n'a plus touché une cigarette jusqu'à sa mort. Elle disait que c'était comme si la cigarette était devenue un corps étranger.

La moitié du car était composée de musulmans qui avaient été les premiers à s'inscrire pour aller voir ce lieu où Dieu se manifestait. Cela avait surpris le personnel du foyer.

Je crois que je connais plus de lieux de pèlerinage catholiques que de lieux orthodoxes. J'ai même visité le Vatican et assisté aux audiences du pape !

La vérité, c'est que Dieu dit : Je donne ma grâce à qui je veux, et je fais miséricorde à qui me plaît (Ex. 33, 19). L’Église orthodoxe a le rôle de rendre présente la plénitude de la vérité, mais elle ne peut que constater que l'Esprit souffle où il veut (Jn 3, 8).

Le Christ dit : Nul ne vient au Père que par moi (Jn 14, 6). Pourtant, saint Justin de Rome, et d'autres Pères de l’Église avec lui, ont dit dès les premiers siècles que Dieu avait semé dans le monde des semences de vérité (logoi spermatikoi). L'homme a utilisé ces semences dans sa quête du divin et sa recherche de justice et de vérité. C'est par ces semences que Platon ou Socrate sont considérés comme des saints : Le Christ est le premier né de Dieu, son Logos, auquel tous les hommes participent : voilà ce que nous avons appris et dont nous témoignons... Tous ceux qui ont vécu selon le Logos sont chrétiens, même s'ils ont passé pour athées, comme, chez les Grecs, Socrate, Héraclite et leurs semblables (Justin de Rome, Apologie I, 46, PG 6, 397).

Ces philosophes de l'antiquité sont même représentés sur les murs de certaines églises orthodoxes, comme ici dans l'église du monastère d'Eleousa, à Ioannina, en Grèce.



Je me rappelle que le père Placide Deseille disait : quelqu'un qui sait où se trouve la vérité et qui s'en éloigne commet une faute, mais quelqu'un qui ne sait pas où elle se trouve et qui la cherche peut être sauvé, même s'il ne trouve pas pleinement ce qu'il cherchait. C'est toujours le Christ qui sauve, mais Dieu est infini et on ne peut lui donner de limite dans les moyens qu'il utilise pour parvenir au salut des hommes.

On retrouve cette pensée dans les prières de l’Église. On ne nomme dans les prières que les noms des personnes baptisées orthodoxes. Par exemple, on dira, lors de l'enterrement d'un Nicolas orthodoxe : Souviens-toi, Seigneur, de ton serviteur Nicolas. Mais si c'est un Nicolas non orthodoxe qui est décédé, l’Église priera pour lui, mais sans le nommer, en disant : Souviens-toi, Seigneur, de ton serviteur défunt.

L’Église manifeste ainsi que le message du Christ qu'elle porte est la plénitude de la vérité, mais elle sait que Dieu est libre et qu'il ne s'arrête pas à ce que l'homme connaît.

Nous trouvons cette histoire dans les apophtegmes des pères du désert. Abba Macaire dit : " Marchant un jour dans le désert, je trouvai le crâne d'un mort gisant sur le sol. Comme je le remuais avec mon bâton, ce crâne me parla : [...] A quelque heure que tu te prennes de pitié pour ceux qui sont dans les tourments, et que tu pries pour eux, ils ressentent un peu de soulagement. " (Jean-Claude Guy, Paroles des anciens, Apophtegmes des pères du désert, éd. Sagesses, p. 105, 22). Cette histoire est l'un des innombrables exemples qui nous montrent que Dieu utilise la prière des saints pour le salut de tous les hommes, et même pour apaiser la condamnation des pires d'entre nous.

Toute la musique de Jean-Sébastien Bach est construite sur les psaumes et sur les Évangiles. Même s'il n'était pas orthodoxe, je ne serais pas assez fou pour dire qu'il n'a pas été inspiré par l'Esprit, tellement sa musique porte en elle la beauté. Marthe Robin, chez les catholiques, a eu une vie d'ascèse extrême, proche de celle de saint Siméon le Stylite. Il est d'ailleurs surprenant que son dossier de canonisation soit toujours en cours d'instruction, depuis plus de 25 ans, alors que celui de Jean-Paul II, le protecteur des pédophiles, tel que le rapport Cloyne le mentionne, a été bouclé en quelques mois. Peut-être que pour Marthe Robin les catholiques savent qu'ils ont le temps, parce qu'elle sera toujours sainte...

L'un des plus gros problèmes, si les catholiques et les orthodoxes décident de s'unir, ce ne sera pas de régler les questions dogmatiques. Il y a longtemps que les catholiques ne croient plus dans l'infaillibilité du pape et autres ajouts tardifs. Le problème sera de définir qui est saint et qui ne l'est pas. Car c'est souvent leur politique que les papes ont canonisée, comme avec monseigneur Stépinac, plutôt que la sainteté douteuse de certains personnages.

C'est sur cette question de liste des saints que les orthodoxes et les coptes n'arrivent pas à s'entendre pour s'unir à nouveau.

C'est saint Jean le Théologien qui a le mieux résumé l'histoire du salut : celui qui aime connaît Dieu, [...] car Dieu est amour (1Jn, 4, 7-8). C'est d'ailleurs pour cela que, malgré certaines de mes positions qui peuvent paraître anti-œcuméniques, j'attache plus d'importance à l'humanité qui se dégage des personnes plutôt qu'à leur étiquette. C'est toujours pour cela que je crois que celui qui pourrait le mieux présider notre communauté aujourd'hui est le docteur Ladias.