de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

dimanche 10 décembre 2017

249- Ventes à perte des agriculteurs

Je devais aux agriculteurs de ma circonscription, qui m'avaient sollicité durant la campagne des législatives, de réfléchir à la manière de les protéger des ventes à pertes. Je me suis donc intéressé à ces questions :
- L'état actuel du droit, français, européen et international, nous permet-il d'agir en ce sens ?
- Quelles actions concrètes pourrions-nous prendre ?
- Quel avenir pour les agriculteurs après la fin de la PAC, condamnée par le Brexit et l'arrêt des financements anglais au budget de l'UE ?

J'ai posé les bases de cette réflexion dans une question écrite qu'Ivano Boschetti - mon suppléant durant la campagne électorale - et moi avons remise au député Bernard Perrut (élu LR du Beaujolais) et à Nicolas Dupont-Aignan, que nous représentions aux législatives.  

de droite à gauche : Ivano Boschetti, Bernard Perrut et moi


Le Progrès s'est intéressé à cette démarche et s'en est fait l'écho. 

Le Progrès 02-12-2017


Nicolas Dupont-Aignan a été le premier à répondre. Il m'a informé, par l'intermédiaire de son directeur de cabinet, que mon approche du problème des ventes à perte des agriculteurs deviendrait celle de Debout la France. Je vous livre ici l'intégralité de la question écrite que j'ai remise aux députés.





Jean-Michel Dhimoïla                                                  Francheville, le 20 novembre 2017
44 B Avenue du Chater
69340 FRANCHEVILLE
jeanmichel.dhimoila@gmail.com
Tel. 06 13 97 51 44
                                                                                             M. le Député Perrut
                                                                                             227, Boulevard Gambetta
                                                                                             69400 Villefranche/Saône
                                                                                             M. le Député Dupont-Aignan
                                                                                             Debout la France
                                                                                             BP 18
                                                                                             91330 YERRES

CC : FDSEA et Jeunes Agriculteurs,
18 Av. des Monts d’Or 69890 La Tour de Salvagny
FNSEA, 11, rue de la Baume 75008 Paris


Monsieur le Député Perrut,
Monsieur le Député Dupont-Aignan,

 
J’étais candidat aux élections législatives des 11 et 18 juin derniers pour le parti Debout la France, dans la 9ème circonscription du Rhône. Le mardi 30 mai, durant la campagne électorale, la FDSEA organisait une réunion sur l’exploitation du GAEC de Vaujon, à Saint-Christophe-la-Montagne, afin que les candidats exposent leur programme sur les questions relatives à l’agriculture. 
 
L’une des questions portait sur les ventes à perte des récoltes des agriculteurs et la garantie de leurs prix de vente. Question d’autant plus d’actualité qu’elle est directement liée à la crise du beurre qui conduit les consommateurs à ne plus en trouver dans les rayons des magasins. C’est sur cette problématique que je souhaite revenir ici.

 
Cette question engage l’un des grands principes constitutionnels français qui est l’Égalité entre tous les citoyens. Tous peuvent emprunter les mêmes routes, se faire soigner dans les mêmes hôpitaux, fréquenter les mêmes établissements scolaires, ou encore avoir accès à la justice de la même manière. Pourtant, notre droit a créé une distinction corporatiste qui fera que notre activité professionnelle sera protégée si l’on est commerçant, ou ne le sera pas si l’on est agriculteur.
 
Les articles L420-5, L442-2 et L470-2 du code du commerce interdisent, en effet, aux commerçants de vendre à perte, hors les limites prévues par l’article L442-4. Ainsi, la concurrence entre les magasins s’en trouve considérablement réduite et les revenus des commerçants sont protégés. 
 
Les libraires sont également protégés par la loi n° 81-766 du 10 août 1981 relative au prix du livre, dite loi Lang. Les parlementaires ont imposé que seul l’éditeur fixe le prix de vente au public de son livre, hors une fluctuation de 5%. L’État est ici allé bien au-delà de la prise en compte des seuls coûts de revient.
 
Ce prix de vente minimum, fixé dans le droit français, n’a jamais été jugé contraire au droit européen. Le principe d’un prix plancher inscrit dans la Loi n’est donc pas contesté. Ce prix plancher de vente n’empêche pas la libre circulation des biens et des personnes au niveau européen, et ne contrevient à aucun accord commercial international que nous aurions avec d’autres pays.
 
Dans tous les cas, si nous voulons rétablir le principe constitutionnel d’Égalité, nous ne pouvons nous contenter de la situation actuelle du droit, qui traite de manière différente nos concitoyens suivant la catégorie socio-professionnelle à laquelle ils appartiennent. 
 
Pour la rectifier, il est possible de saisir le Conseil Constitutionnel afin de demander l’abrogation des articles L420-5, L442-2 et L470-2 du code du commerce, ou de la loi n° 81-766 du 10 août 1981.
 
Mais il est également possible d’organiser la protection des prix de vente de toute personne qui produit en France et vend son produit, sur le même principe que les textes de loi visés ci-dessus. Au moins pour ce qui concerne leur prix de revient.

 
Je pense, quant à moi, que des solutions existent pour garantir aux agriculteurs, aux pêcheurs ou aux éleveurs de pouvoir vivre de leur travail. Voici quelques éléments de cette réflexion.
 
Le principe constitutionnel d’égalité devant la Loi implique que si les commerçants sont protégés contre une concurrence déloyale par un prix de vente plancher correspondant au prix de revient, alors les autres corps de métier doivent l’être également pour les produits qu’ils vendent. 
 
La question de la distorsion de concurrence avec nos voisins européens se posera inévitablement : ils n’obéissent pas aux mêmes réglementations et n’ont pas les mêmes charges. Cet argument ne serait valable que si le prix plancher de vente, fixé en France, s’appliquait aux seules productions françaises. Il cesserait d’être pertinent si ce prix était calculé au niveau national et s’appliquerait à tous les produits similaires destinés au marché français, quel que soit leur pays d’origine – à condition toutefois d’interdire les rétro-commissions. 
 
Nous savons, par exemple, que le prix de production d’un litre de lait en France est d’environ 33 centimes. Une entreprise qui voudra acheter du lait pour le marché français devra justifier que ce prix a été payé au producteur, quel que soit le pays de production, si elle veut pouvoir le vendre sur notre territoire.
 
En l’état actuel du droit, il y aurait une infraction aux règles européennes si nous taxons les marchandises qui entrent en France pour protéger nos productions nationales. Mais l’infraction tomberait si l’on imposait qu’aucun produit vendu pour être écoulé en France ne le soit en dessous d’un certain prix que nous aurions nous-mêmes fixé. Prix calculé sur le coût de revient de nos exploitants. Il n’y aurait en effet aucune taxe à l’importation et nous traiterions de la même manière l’ensemble des exploitants, quel que soit leur pays.
 
Chaque entreprise garderait ainsi la liberté de faire venir les produits qu’elle souhaite de n’importe quel pays de l’Union Européenne ou du monde, suivant nos accords commerciaux, mais nos agriculteurs ne seraient plus défavorisés.
 
L’État, qui participe pour une grande majorité au coût de production, au travers des charges sociales, salariales, patronales, de la TVA, des normes sanitaires, de la TIPP et j’en passe, ne peut considérer qu’il n’a pas à s’immiscer dans l’instauration d’un prix de revient minimum : il y participe déjà en poussant ce prix à la hausse, quitte à sacrifier la compétitivité de nos exploitants. 
 
Pour autant, l’État n’aurait pas à fixer ces prix. Cette tâche serait dévolue aux acteurs du secteur, producteurs et syndicats – sans considération de taille ou de représentativité, puisque le calcul du coût est factuel et non lié à l’importance de tel ou tel syndicat. Les grossistes et commerçants n’auraient pas à intervenir dans ce mécanisme. Le mécanisme devrait garantir au producteur indépendant de pouvoir vivre de son travail, et non prendre en compte les intérêts des seuls gros exploitants. L’État garderait le rôle du juge-arbitre, afin de s’assurer que les prix fixés correspondent bien à un coût réel de production.
 
Il ne s’agirait pas d’une entente sur les prix susceptible de les gonfler artificiellement pour assurer des revenus conséquents aux agriculteurs et de nuire aux consommateurs. Il s’agirait seulement de garantir le prix minimum en-dessous duquel l’agriculteur vend à perte, comme nous le garantissons aux commerçants.

Garantir aux producteurs un prix de vente correspondant au prix de revient calculé sur la production française nous obligerait, certes, à acheter plus chers des produits venant d’autres pays, mais elle aurait des vertus qui compenseraient largement ce problème, notamment :

  • Le coût du transport ne serait pas inclus dans le coût de production et devrait être ajouté en sus dans le prix de revient du commerçant, ce qui reviendrait à favoriser les circuits courts, sans les imposer ;
  • Par extension, cela conduirait à réduire la consommation d’énergies fossiles ;
  • Nous passerions d’une logique commerciale du moins disant à une logique du mieux disant puisque, pour un prix de base identique, les négociants auraient intérêt à se démarquer de leurs concurrents par la qualité de leurs produits. Cela ne pourrait avoir que des effets bénéfiques pour la santé et l’environnement ;
  • Nous assurerions aux agriculteurs de pouvoir vivre de leur travail, ce qui permettrait de réduire ou de supprimer les aides européennes, et donc les impôts sur les citoyens ;
  • Garantir aux exploitants de pouvoir vivre de leur production améliorerait considérablement la reconnaissance que nous devons à leur travail ainsi que leur état psychologique. Cela conduirait à une baisse du nombre de suicides des exploitants agricoles, dramatiquement élevé. Ce point a été abordé au sénat lors de la question n° 24706 de la 14ème législature, sans toutefois qu’aucune action n’ait permis de régler ce problème ;
  • Nous amorcerions un processus qui permettrait d’arrêter de tirer vers le bas les conditions de travail et les revenus, en France ou dans les autres pays de l’UE ;
  • Nous lancerions les prémices d’une Europe sociale qui se construirait sur des règles applicables à tous, pour les tirer vers le haut, en faisant augmenter le niveau de vie des travailleurs des pays avec lesquels nous continuerions à commercer.


Seraient concernés par ces prix planchers l’ensemble des productions françaises, qu’elles proviennent de la Métropole ou des Territoires et Départements d’Outre-Mer.

 
Étant donnés les points évoqués ici, pourriez-vous m’indiquer quelle est votre position sur la question de la protection du prix de revient des productions agricoles ? 
 
Pourriez-vous préciser quelles démarches législatives ou juridiques vous comptez entreprendre pour mettre fin à l’inégalité de traitement des citoyens devant la loi, suivant la catégorie socio-professionnelle à laquelle ils appartiennent ?

 
Je vous remercie par avance, Monsieur le Député Perrut, Monsieur le Député Dupont-Aignan, de votre réponse et vous prie d’agréer l’expression de ma parfaite considération.


Jean-Michel Dhimoïla


Ivano Boschetti




mardi 24 octobre 2017

248- Quelle place donner à l’Église en France aujourd’hui


Je reprends ici le texte d’une intervention que j’étais appelé à donner lors d’une réunion politique le mercredi 11 octobre dernier, à Lyon. Question d’autant plus importante que la religion est tous les jours en première page de l’actualité, que ce soit par le biais des attaques terroristes, des crimes de pédophilie ou d’autres sujets.


- Empire romain et christianisme, bref rappel historique.
            Constantin est proclamé empereur en 306.
            En 313, il promulgue l’édit de Milan qui accorde la liberté de culte à chacun et met fin aux persécutions des chrétiens.
            Les Églises se créent et s’organisent autour de centres géographiques (Antioche, Rome, Alexandrie, Constantinople et Jérusalem).
En 330, Constantin transfert le siège de l'empire de Rome à Constantinople. L’administration de l’empire déménage. Le patriarche de Constantinople prend alors un ascendant sur celui de Rome.
En 395, à la mort de Théodose, l’empire romain se scinde entre l'Orient et l'Occident.

- Église comme centre de pouvoir.
EN OCCIDENT
En 395, Rome devient la capitale de l’empire romain d’occident et le pape le chef spirituel de cette partie du monde.
Les territoires des Églises catholiques et orthodoxes seront répartis suivant les limites des Empires d’Orient et d’Occident. Mais Rome aura toujours la volonté d’étendre les siens.
En 1054 a lieu la séparation  officielle entre les églises d’Orient et d’Occident, sous le pape Léon IX ;
En 1073, le pape Grégoire VII édicte le Dictatus papæ, un recueil de vingt-sept règles qui placent le pape au-dessus de l'autorité des autres Églises, des États, des rois et des empereurs :
Lui seul peut faire usage des insignes impériaux.
Le pape est le seul dont tous les princes doivent baiser les pieds.
Son titre est unique au monde.
Il peut déposer les empereurs.
Il ne peut être jugé par personne.
L’Église romaine n’a jamais été dans l’erreur et ne le sera jamais,
Le pontife romain, s’il est canoniquement ordonné, est indubitablement sanctifié
Le pape peut délier les sujets du serment de fidélité fait aux injustes. 

L’Église quitte la sphère du spirituel, ou plutôt l’exploite, pour s’imposer comme centre de pouvoir. De cette volonté de faire de l’Église une puissance temporelle découlera l’extermination des cathares, les guerres contre les protestants, les croisades, le sac de Constantinople en 1204 et presque tout ce que l’on a pu reprocher à l’Église catholique au cours des siècles.

EN ORIENT
L’Église a souvent été utilisée par les pouvoirs en place pour fédérer les populations, comme peut le faire aujourd’hui le président Poutine en Russie, mais elle n’a pas tenté de s’imposer comme puissance qui se substituait à l’ordre civil. Elle est restée multipolaire, avec des hiérarchies propres suivant les zones géographiques.

Mais, depuis 80 ans, on assiste à une volonté de changer ce principe. Au moins pour ce qui est d’avoir une tête unique. Et ce, il faut bien le reconnaître, sous l’influence des États-Unis.
Le gouvernement turc a imposé des règles qui lui permettent de contrôler l’élection du patriarche de Constantinople : celui-ci doit avoir la nationalité turque, son élection doit être validée par le gouvernement turc… Les Turcs étant membres de l’Otan, ce sont les USA qui imposent leur candidat, en faisant en sorte que les autres prétendants ne bénéficient pas de la validation du gouvernement turc.
Athénagoras deviendra archevêque des États-Unis en 1930. Lorsqu’il est élu patriarche de Constantinople, le 1er novembre 1948, le président Harry Truman met son avion personnel à sa disposition pour qu’il se rende à Istanbul. Il n’a pas la nationalité turque à son départ (il est Grec, né dans le nord de la Grèce, vers Ioannina). Son passeport turc l’attend à sa descente de l’avion.
Ce seront également des pro-occidentaux, modernistes, qui lui succéderont avec Dimitrios puis Bartholoméos, lequel était métropolite de Philadelphie avant de devenir Patriarche. Il est toujours en fonction.

De plus en plus, on assiste à la volonté d’imposer le Patriarche de Constantinople comme l’unique chef des orthodoxes, comme Rome avait voulu imposer son autorité au XIème siècle. C’est dans cet esprit qu’a été organisé le concile panorthodoxe de 2016. Ce concile prévoyait une refonte de l’organisation de l’Orthodoxie et un mode de gouvernance qui aurait assuré à Constantinople (et donc aux Américains), un contrôle similaire à celui que l’Allemagne exerce sur les décisions de l’UE.
Moscou s’y est opposé en boycottant ce concile et en le faisant boycotter par Antioche (actuelle Syrie), la Bulgarie et la Géorgie.
Actuellement, les ambitions de Bartholoméos sont revues à la baisse, car différents éléments portent à croire, qu’il a soutenu le coup d’état contre Erdogan. Il est notamment parti « en vacances » quelques heures avant le début du coup d’État. Depuis, la Turquie surveille ses mouvements et il ne s’expose plus beaucoup en public.
Depuis ce coup d’état, Erdogan s’éloigne de l’Otan et des USA et se rapproche de Moscou. L’un des enjeux, c’est que la nomination du patriarche de Constantinople puisse se faire en concertation avec la Russie, et non plus avec les USA, ce qui va mettre un coup d’arrêt aux ambitions politiques du patriarche de Constantinople.

Le clergé est un réseau d’influence, comme peuvent l’être les journalistes, les juges, les hommes politiques, etc. À ce titre, il suscite les convoitises d’autres réseaux qui tentent de l’infiltrer et de l’utiliser, comme la franc-maçonnerie.
En 2010, a été nommé le nouveau prêtre orthodoxe de Lyon, le père Nicolas Kakavelakis. Deux mois plus tard, il était impliqué dans une affaire de mœurs dont s’est plainte une étudiante chypriote. C’est à moi qu’elle s’est confiée. J’en ai informé le supérieur hiérarchique du père Nicolas, l’archevêque Emmanuel Adamakis, à Paris, qui a fait pression pour que la fille se taise, et moi aussi. J’ai alors écrit au patriarche de Constantinople, supérieur hiérarchique de l’archevêque, en lui envoyant le rapport de police et le témoignage de la jeune fille. Mon recommandé est arrivé le 29 septembre 2011. Le jour même, quelques heures plus tard, une invitation m’a été envoyée, me proposant de rejoindre la franc-maçonnerie. Je n’ai jamais eu d’autre réponse que celle-là.


- Église comme moteur philosophique.
Lorsque les chrétiens se sont occupés de faire vivre le message de l’Évangile, ils ont contribué à transformer les mœurs dans le sens d’un plus grand humanisme.
Une amie mexicaine, venue faire des études de musique à Lyon, me disait qu’on sentait que la France était un pays enraciné dans le christianisme, car les gens ne se tuaient pas comme ils pouvaient le faire dans son pays (2ème pays le plus meurtrier au monde).
Le christianisme a mis fin à la légitimité pour les hommes de tuer au nom de Dieu. Il a remplacé la loi du Talion par l’amour des ennemis.
Le christianisme a fait évoluer le regard des hommes sur la valeur de la vie humaine.
Depuis le premier jour, les esclaves sont considérés comme ayant les mêmes droits humains que les hommes libres (Blandine, martyrisée à Lyon en 177 sous Marc Aurèle, était esclave).
Les chrétiens ont mis en place les hospices et les œuvres de bienfaisance. Ils se sont toujours occupés de protéger les plus faibles.
Ils ont énormément contribué à favoriser l’accès à l’enseignement des enfants et gardent aujourd’hui les meilleures écoles privées, avec des taux de réussite aux examens qui sont impressionnants.

On peut résumer la pensée chrétienne comme étant la protection du plus faible en toute chose.

Nous sommes actuellement à un tournant de la civilisation. Nous nous éloignons d'un modèle tourné vers la protection du plus faible pour aller vers un modèle qui place la convoitise individuelle au centre.
Dans la PMA ou la GPA, l’intérêt de l’enfant est sacrifié, comme l’a très bien montré Aude Mircovic, juriste et maître de conférences.
C’est également ce vers quoi nous tendons avec l’euthanasie : nous ne protégeons plus le faible en essayant de le sauver, mais nous nous en débarrassons. Nous en arrivons à ce que des médecins passent de l’application stricte du serment d’Hippocrate, qui prévoit de préserver la vie par tous les moyens (Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion), à l’obligation de devoir porter la mort.
Etc.

- Conclusion.
Jean Jaurès écrivait : Il faut donc qu’en tout élément, il y ait, outre son activité propre, un fonds d’être et, si je puis dire, une réserve d’aspirations tendant vers la forme : il faut donc que, dans tout élément d’activité finie, il y ait de l’être et toujours de l’être à l’infini. Car il n’y a rien qui limite et mesure a priori l’aspiration des éléments de l’univers vers une forme toujours plus belle et une unité toujours plus vaste.  (Jean Jaurès, De la réalité du monde sensible, éd. Félix Alcan, Paris, 1902, p. 19)
Il dira, dans un discours devant la Chambre : J’ai, il y a vingt ans, écrit sur la nature et Dieu et sur leurs rapports et sur le sens religieux du monde et de la vie un livre dont je ne désavoue pas une ligne, qui est resté la substance de ma pensée. (Jean Jaurès, Pour la Laïque, discours prononcé les 10 et 24 janvier 1910 à la Chambre des Députés)
Ainsi, Jean Jaurès, député socialiste, l’un des rédacteurs de la loi de séparation des Églises et de l’État, ne voyait pas la laïcité comme un athéisme militant, mais comme un moyen de placer l’État au-dessus des intérêts particuliers et des ambitions des Églises.
Il n’en reste pas moins que la France est pétrie des valeurs chrétiennes. Elle protège les faibles. Elle protège les femmes. Elle protège les enfants. Elle interdit les vengeances et ne reconnaît pas d’autre justice que la sienne ni de lois qui lui soient supérieures. Si la protection du plus faible est une valeur chrétienne, un État ne doit pas oublier que sa responsabilité va à ses citoyens. C’est eux que l’État se doit de protéger. Les plus faibles, ce sont les deux jeunes filles qui ont été assassinées à Marseille, et non le Tunisien qui les a poignardées. Ici, l’État a failli.

Le Vatican est trop souvent à la religion ce que l’Otan est à nos forces armées : un commandement intégré supra-national qui tente de nous imposer de l’extérieur ses propres décisions.
Là est la limite de l’Église. La France ne peut pas accepter que le pape vienne lui imposer ce qu’elle doit faire. Elle ne peut pas accepter d’entendre qu’elle doit accueillir tous les réfugiés (que chaque paroisse accueille une famille). Indépendamment de la position de chacun sur les réfugiés, l’État n’est pas inféodé à l’Église. C’est l’État qui décide qui il accueille sur son territoire, et non les paroisses. L’État n’est pas opposé à l’Église, mais il lui est supérieur. Les intérêts de l’institution religieuse ne sont pas supérieurs aux intérêts des citoyens français mais appelés à coexister en symbiose, en veillant toujours à ce que l’un ne se substitue pas à l’autorité de l’autre.

Le fait que le Cardinal Barbarin soit cité à comparaître du 4 au 6 avril 2018 est une très bonne chose. Cela doit nous rappeler que l’Église est un moteur philosophique, mais qu’elle perd sa légitimité lorsqu’elle tente d’exister comme centre de pouvoir susceptible de se soustraire à l’ordre de l’État.