de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 30 janvier 2016

202- Guerre sainte



Le concept de guerre sainte est l'une des constantes de l'Histoire des hommes. Car celui qui est en guerre cherche toujours à justifier son action par la défense d'une cause noble. Et quelle cause plus noble peut-il y avoir que de défendre un Dieu au-delà de toutes les causes ? 

Je ne m'étendrai pas ici sur le concept de guerre. Bien que l'on sous-estime, à mon sens, l'importance et la violence des guerres économiques, financières, psychologiques, de l'information, etc. 

Mais peu importe la forme de cette guerre : nous entendons partout que nous y sommes engagés.

Le pape François a parlé, à Noël, du monde entier qui se trouve en état de guerre. Un peu plus tôt dans l'année, il était déjà le premier haut responsable à déclarer officiellement que nous sommes au cœur de la troisième guerre mondiale. Une guerre, non contre l'islam - ce serait faire insulte à tous les musulmans qui meurent chaque jour dans cette lutte - mais contre une dérive intégriste, fanatique, obscurantiste de cette religion. Une forme de cancer de la pensée qui se métastase dans tous les pays. Cancer dont s’accommodent certains pays, comme la Turquie ou l'Arabie Saoudite, à des fins impérialistes.

Manuel Valls n'a pas manqué de le constater par lui-même et de s'en faire l'écho.


Ce qui m'intéresse ici n'est pas tellement le concept de guerre, mais plutôt celui de sainteté. Ainsi que le subtil mélange des deux. 

La sainteté peut se définir comme l'état de l'homme qui tend vers Dieu, se purifiant toujours plus à chaque pas qui le rapproche de son but. L'homme saint devient un avec chacun des attributs divins qu'il tente de  faire siens et de rendre vivants : justice, amour, vérité, compassion, impassibilité, etc..

La sainteté sera donc différente suivant le Dieu que l'on sert. Il sera possible d'être saint en tuant tout le monde, si l'on sert un Dieu qui le demande, comme les Hébreux l'ont fait dans l'Ancien Testament, ou comme l’État islamique en reproduit les méthodes aujourd'hui. Mais, à l'inverse, il sera totalement impossible d'y parvenir si le Dieu dans lequel on croit ne le demande pas.

Les mots creux, tels « il n'y a qu'un Dieu », ou « nous avons tous le même Dieu », ont l'avantage de contribuer à la paix sociale en nous berçant d'illusions, mais sont fondamentalement faux. Au sein d'une même religion, tout le monde ne croit pas dans le même Dieu, alors dans des religions différentes...

C'est pour cela que, même si j'ai beaucoup de respect pour mes amis musulmans, je ne considère pas que nous ayons le même Dieu. Si les chemins qui conduisent à nos Dieux respectifs tendent parfois dans la même direction, ils en sont d'autres fois diamétralement opposés. Le Coran évoque la possibilité de la « guerre sainte », tandis que le christianisme n'évoque rien d'autre que l'amour envers tous, et même ses ennemis.


Lorsque le président Poutine a enjoint à son armée de soutenir l'armée syrienne dans le conflit qui dévaste ce pays, certains commentateurs se sont un peu trop empressés de parler de guerre sainte. Le représentant du Patriarche de Russie a lui-même évoqué ces termes. Mais il s'agit là d'un abus de langage qui recouvre un mensonge : la guerre, pour le chrétien, n'a jamais conduit vers Dieu, et ne peut donc être associée à la sainteté.

Prêtre russe bénissant un avion Sukhoï 35


Fort heureusement, c'est avec beaucoup de sagesse que le Patriarche Cyrille est revenu sur ces premières déclarations, afin de rendre son discours plus conforme à la spiritualité chrétienne. C'est ainsi que pour la fête de Noël, il ne parlait plus de « guerre sainte », mais de « guerre juste ».

Il ne s'agissait pas d'une simple subtilité de langage destinée aux médias, mais d'une prise de conscience de l'importance de mettre les mots prononcés en adéquation avec les croyances revendiquées.

La « guerre juste » n'est pas liée à Dieu. Elle est une nécessité pour défendre sa famille, sa patrie, ou des opprimés. En ceci, aller défendre des Yézidis qui se font exterminer par les takfiris de l’État islamique peut être considéré comme juste. À condition qu'il s'agisse d'une aide réelle et non d'une ingérence destinée à s'accaparer leurs territoires. Les Yézidis ne sont pas chrétiens. Pourtant, il est juste de se porter à leur secours, en soutien à leurs gouvernements respectifs, et donc légitime que le Patriarche s'en félicite.

Il est tout aussi légitime que la Russie se porte au secours des chrétiens, si ceux-ci se font persécuter. Il existe des liens forts et historiques entre les pays et leurs populations, et c'est une bonne chose que la Russie assume cette protection. D'autant qu'il ne s'agit pas de protéger telle religion plutôt que telle autre, mais bien toutes les populations qui sont victimes de la politique d'extermination des takfiris.

C'est cette justice dans l'action que prônait Jean-Baptiste aux soldats romains venus le questionner (Lc 3, 14).

Les concepts de justice et de sainteté, dans la guerre, se rejoignent partiellement en un point, pour le chrétien. Ce n'est pas dans la capacité à tuer, mais dans celle d'être prêt à donner sa vie pour protéger ceux que l'on aime. Car c'est une chose de prendre la vie des autres, et c'en est une autre de donner la sienne. Le but n'est bien évidemment pas de partir à la guerre pour y mourir, mais bien de placer l'amour que l'on a au-dessus de sa propre vie.


Lorsqu'on ne parle plus de guerre sainte, on peut alors fédérer au-delà de ceux qui partagent notre religion. En ceci, dire que les orthodoxes russes mènent une guerre sainte en Syrie revient à faire abstraction des musulmans du Hezbollah qui se battent depuis des années dans le même but, et sont aujourd'hui à leurs côtés. C'est une insulte à tous les soldats de l'armée syrienne, qu'ils soient sunnites, chiites, druzes, chrétiens, alaouites, assyriens, athées ou autres. C'est même une insulte à l'armée russe, qui compte dans les rangs des hommes aux croyances diverses, pourtant tous unis dans un même combat.

La bénédiction des armées n'est pas un permis de tuer des mécréants.

Prêtre grec bénissant une compagnie de chars


Elle est une protection invoquée sur ceux qui sont appelés à se battre. Mais elle est également la prière de celui qui demande à ne pas frapper d'innocents lorsqu'il sera au front.

On pourrait rapprocher l'attitude du chrétien au combat de celle du roi David, lorsqu'il vainquit la révolte de son fils Absalon : il pleura plutôt que de se réjouir, car cette victoire avait l'amertume de la douleur et de la mort (2Sam. 18, 32 - 19, 4). La guerre devait avoir lieu, jusqu'à ce que l'un fût vaincu, mais il ne pouvait y avoir aucun motif de gloire à l'avoir gagnée.


La véritable sagesse n'est pas dans la guerre, mais dans ceux qui œuvrent pour l'empêcher, en ayant conscience qu'imposer sa volonté par la force n'apporte rien de bon. C'est le sens des propos de Sergeï Lavrov : Je veux dire que lorsque vous commencez à propager votre idéologie, non par la voie de la conviction, mais par celle de la force, vous créez un grand nombre de risques, qu'il s'agisse de la promotion du communisme, comme l'Union Soviétique le faisait à l'époque, ou de la promotion de la démocratie, sans prendre en compte tous les aspects des différences culturelles, et en laissant de côté les traditions et les valeurs des populations dont vous prétendez souhaiter le bonheur, ou qu'il s'agisse des idéaux terroristes du califat. Vous ne pouvez pas imposer votre volonté par la force. (lien : 28'32'')
 
Lorsque les Turcs ont abattu l'avion russe qui revenait d'une mission contre l’État islamique, c'était clairement un casus belli. J'étais le premier à m'attendre à une réaction immédiate et violente qui aurait été parfaitement justifiée. Pourtant, monsieur Poutine a dit : Nous n'aurons aucune réaction nerveuse, hystérique, dangereuse pour nous-mêmes et pour le monde entier. Une réaction destinée à obtenir un quelconque effet extérieur ou à obtenir des dividendes intérieurs immédiats. Cela n'aura pas lieu. Nos actions seront avant tout guidées par la responsabilité envers notre pays et envers notre peuple.

Il est bien évident que la Turquie ne perdra pas uniquement des tomates et des contrats pour ses compagnies du bâtiment, ils auront plus d'une occasion de regretter ce qu'ils ont fait, mais monsieur Poutine avait la sagesse de ne pas entraîner son pays dans une guerre. (son intervention complète)

Œuvrer à la paix n'est pas facile. La Russie tente depuis longtemps d’œuvrer à la résolution des conflits irrésolus. Mais les obstacles sont nombreux pour y parvenir. Il faut parfois savoir renoncer à ses intérêts financiers ou stratégiques.

A ce propos, le juge Marc Trévidic soulignait l'incohérence française dans nos relations avec l'Arabie Saoudite et le Qatar. Il la formulait ainsi : Proclamer qu'on lutte contre l'islam radical, tout en serrant la main du roi d'Arabie Saoudite revient à dire que nous luttons contre le nazisme tout en invitant Hitler à notre table.


J'avoue ne pas avoir compris au nom de quels intérêts supérieurs le métropolite Emmanuel Adamakis avait partagé la table du roi d'Arabie, en sachant quelles persécutions vivent les chrétiens dans son pays.

Métropolite Emmanuel Adamakis et le roi d'Arabie Saoudite


Éric Zemmour relevait que l'Arabie Saoudite n'est rien d'autre qu'un Daesh qui a réussi.  Il reprenait en cela les propos de l'écrivain algérien Kamel Daoud, publiés (en anglais et en français) par le quotidien américain The New York Times. Car effectivement, lorsque l'on compare l'idéologie des deux, leurs lois, leurs pratiques, il faudrait être aveugle, ou particulièrement malveillant, pour refuser de voir qu'il s'agit de la même chose. Et pendant que Valls affirme pour s'en convaincre que l'Arabie Saoudite combat Daech, Ashton Carter, secrétaire américain à la défense, se plaint qu'elle ne fait rien.


J'espère que la France rejoindra le gouvernement syrien, la Russie et leurs alliés, dans leur lutte contre l'islamisme fondamentaliste. Car si ce gouvernement venait à tomber, le chaos qui s'en suivrait serait pire que celui auquel nous assistons aujourd'hui en Libye. Notre intervention aux côtés de la coalition syrienne n'aura rien d'une guerre sainte, mais pourra sans conteste être considérée comme une guerre juste.

samedi 23 janvier 2016

201- Demain, ou l'action qui continue



Nous avons vu, dans les messages précédents, que l'histoire se répète inlassablement. Nous avons analysé les causes de cette fatalité, qui puise sa source dans les passions humaines. Mais nous avons également constaté que la sagesse d'un homme pouvait mettre fin à ce cycle infernal. Non pas de manière définitive, mais tant que l'action et le souvenir de cet homme restent vivants.

C'est ainsi que monseigneur Mélétios avait su créer les bases d'une organisation harmonieuse, où chacun pouvait trouver sa place. Les décisions qu'il prit en 1954 protégèrent la Communauté hellénique de Lyon jusqu'à sa mort.

Mais Jérémie, successeur de Mélétios, n'avait pas hérité de sa sagesse. Et Emmanuel Adamakis encore moins. Le pasteur étant défaillant et indigne de sa charge, il convenait d'affronter les injustices auxquelles il nous confrontait. Tout comme l'avaient fait avant nous, dans des situations similaires, monsieur Xantopoulos en 1922, monsieur Psaltopoulos en 1926, et bien d'autres encore.

Si le pasteur n'attendait de ses brebis que le moment où il allait les tondre, alors les brebis allaient s'émanciper de son autorité contestée... C'est ainsi que des plaintes ont été déposées afin de demander réparation des délits pénaux, visant notamment des faits de faux et usage de faux documents.

Les victimes d'exclusions arbitraires viennent également d'assigner la Communauté hellénique de Lyon devant le Tribunal de Grande Instance, afin de demander réparation de leur préjudice par l'annulation des décisions contestées. Le cabinet d'huissiers Mamet-Pons s'est chargé de délivrer l'assignation, qui l'a été le 6 janvier 2016. À défaut d'avoir pu régler ces problèmes en interne, il appartient désormais à la Justice de statuer sur ce dossier.

Je reproduis ici les conclusions des demandeurs. Je reproduirai de même celles de la partie adverse, car ce débat concerne les 661 familles membres de la Communauté hellénique de Lyon au moment du départ du père Athanase Iskos. Par extension, il concerne tous les amis de la Communauté qui suivent ce blog et non les seuls membres du Conseil, dont les décisions sont contestées.




Madame Marie-Hélène Rouchon est membre de la Communauté hellénique de Lyon depuis longtemps. Dans sa jeunesse, elle était de ceux qui jouaient au foot avec le père Vlassios. Elle était alors connue sous le nom de Partakelidis. Les archives de la préfecture montrent qu'elle était candidate, en 2006, pour intégrer le conseil d'administration de l'association. Elle était arrivée seizième, alors qu'il y avait 15 places à pourvoir, et ne fut pas élue. Elle se représenta aux élections du 20 février 2011 et arriva en 20ème position, sur 21 candidats. Il lui fallut attendre le 22 mars 2015, et l'éviction de nombreux candidats, pour enfin être élue

Sa ténacité est tout à son honneur, et personne n'oublie que ce sont souvent ceux qui restent dans l'ombre qui agissent le plus. Mais, ici comme en politique, la véritable légitimité de représentation ne s'acquiert point par un poste que l'on obtient dans des conditions douteuses, mais par une élection régulière et représentative de la population concernée.

Dimanche dernier, le 17 janvier 2016, Marie-Hélène Rouchon, membre actuel du CA, est venue me trouver, furieuse, après l'office liturgique. Elle me reprochait d'oser diffamer d'honorables familles de la Communauté. Une fois la tension retombée, je lui ai tendu ma carte et lui ai proposé que nous discutions de tout ceci calmement, à sa convenance. S'il y avait des propos erronés, blessants, ou mal formulés, dans les messages de ce blog, je m'engageais à les modifier. 

Elle refusa catégoriquement en argumentant que je n'avais aucun droit de parler de la famille Ladias, comme je l'avais fait.

Nous étions passés, en une phrase, de propos diffamants dont on ne savait pas trop qui ils concernaient, à propos intrusifs visant une famille particulière.

En l'espèce, si quelqu'un doit se plaindre des détails que j'ai donnés sur la famille Ladias, il s'agit bien de la seule famille concernée. Personne d'autre n'a de qualité à agir en ce domaine, et certainement pas madame Rouchon. 

D'autant que le CA dont elle est membre a voté l'exclusion du fils de celui qu'elle prétend vouloir défendre. Et je n'ai jamais entendu madame Rouchon s'insurger contre cette décision inique. 

Philippe Ladias est de ceux qui ont dû engager un recours juridique afin de demander l'annulation des exclusions les visant.

Si madame Rouchon veut aujourd'hui défendre la mémoire de Pascal Ladias et l'honneur de sa veuve, elle peut s'enquérir des éléments de cette procédure et y apporter son soutien, de la manière qu'elle jugera opportune. Le texte est reproduit plus haut, et je tiens à sa disposition les pièces justificatives annexes. Elle s'apercevra alors que c'est bien le conseil auquel elle appartient qui est assigné pour devoir rendre des comptes. Elle s'apercevra également qu'elle n'est pas du côté de ceux qui défendent l'honneur perdu de Pascal Ladias, mais auprès de ceux qui cherchent à faire disparaître son souvenir.

Madame Rouchon est élue d'une association cultuelle qui croit aux vertus créatrices de la Parole, et il lui appartient effectivement de prendre position si elle est confrontée à des injustices. Mais elle doit également se rappeler que, si elle se tait, ce sont les pierres qui parleront. Car, demain comme hier, jamais nous n'accepterons de voir bafouées les valeurs que nous défendons.

samedi 16 janvier 2016

200- Aujourd'hui, ou les causes d'une fatalité



La chose la plus marquante, à la lecture des archives de la préfecture, est de constater à quel point l'histoire se répète. Mais qu'est-ce qui peut bien pousser à une telle fatalité, qui nous condamne à répéter sans cesse les mêmes erreurs ?

La première cause est l'ignorance. La page Historique de la Communauté hellénique de Lyon est pleine d'erreurs et d'imprécisions qui cultivent cette ignorance. 

Communauté hellénique de Lyon - page Historique du site internet

Cette page fait commencer notre histoire en 1929. Elle affirme que la Communauté aurait été fondée par des Grecs d'Asie-Mineure qui avaient dû fuir leurs villes et villages pendant le conflit gréco-turc. Pourtant, l'histoire officielle commence en 1921, par création de l'Union Philanthropique des Hellènes de Lyon et des environs, créée le 19 décembre 1921. L'Annonciation, créée en septembre 1928, sera le pendant religieux de l'Union Philanthropique. Les deux associations furent créées par les mêmes personnes, qui étaient en France depuis la première guerre mondiale, afin de participer à l'effort de guerre des pays en manque de main-d’œuvre. Il s'agissait alors d'une immigration économique.

Une autre des causes de l'immigration des Grecs de Turquie, dès 1915, fut l'adoption de la constitution turque de 1908. Cette constitution abolit l'interdiction faite aux Grecs d'effectuer leur service militaire. Dans les faits, l'armée leur refusera de porter des armes, et ils seront envoyés dans des bataillons de travail, pour mourir en construisant des routes dans des conditions inhumaines. Beaucoup immigrèrent pour fuir cette conscription.

Les deux associations fusionneront le 6 mars 1934. Cette fusion fit que la préfecture regroupa tous les dossiers en un seul. Sauf à considérer que la fusion n'existe pas, l'histoire de l'association débute donc en 1921, et non en 1929.
 
Cette page Historique nous indique que monsieur Nikitopoulos est le premier président de L'Annonciation, de 1928 à 1935. Pourtant, les documents montrent que le premier président est monsieur Kaktzis, de septembre 1928 au 13 janvier 1930. Puis il y eut monsieur Nicolas Dhikeos, du 13 janvier 1930 au 1er février 1931. Ce fut ensuite le tour de monsieur Théodorides, du 1er février 1931 au 27 décembre 1931. Puis seulement monsieur Nikitopoulos du 27 décembre 1931 au 7 avril 1935. Celui-ci n'est donc pas le premier président, mais le 4ème.
 
De la même manière nous lisons, sur cette page Historique,  que monsieur Jean Aronis fut président entre 1967 et 1973. Alors que tous les documents montrent que c'est monsieur Tsakonas qui est président du 21 décembre 1952 au 16 décembre 1974. Cette différence fait que monsieur Tsakonas est resté président durant vingt ans, dans la période la plus paisible de la vie de la Communauté. Jean Aronis fut parfois président d'honneur, mais jamais président.

Georges Stavrou, qui assumera cette charge après lui, n'est pas président de 1973 à 1978, mais seulement à partir du 12 décembre 1974.

Nous lisons dans la page Historique que l'église a été achevée en septembre 1949, alors que Le Progrès du 14 septembre 1949 indique que l'église est encore en cours de construction. Nous avons un article de L’Écho-La Liberté du 24 octobre 1949 disant que c'est le 23 octobre que l'église a été achevée et consacrée. Cela correspondait à la fête nationale grecque. 

Le père Constantin Dervissoglou est indiqué comme ayant exercé ses fonctions jusqu'en 1951, alors que nous savons qu'il était encore en activité en 1952.

1952-03-25 père Dervissoglou - Communauté hellénique de Lyon


Je veux bien concevoir que le rédacteur de la page considère qu'il s'agit de personnes et d'événements que tout le monde a oubliés, et que ces détails de dates n'intéressent personne. Mais, dans ce cas-là, il ne faut pas appeler cette page Historique, mais vagues approximations, ou encore propagande officielle. Si nous l'appelons Historique, le minimum est que les faits énoncés soient exacts. 

Ces faits ne doivent pas être à l'image de la médiocrité de leur rédacteur, fût-il prêtre, mais à l'image de la réalité, tels une photographie capable de traverser le temps.


La seconde cause est la volonté de réécrire l'histoire pour la rendre conforme à ce que nous voulons lui faire dire, au détriment de la réalité. Elle est intimement liée à la vaine gloire — importance que nous attachons au regard des autres — que les Pères de l’Église désignent comme l'un des vices principaux de l'homme. Elle est également liée, dans certains cas, à une volonté de manipulation.

Nous avons vu plus haut que, lorsque nous lisons : La Communauté hellénique de Lyon et des environs a été fondée en 1929 par des ressortissants grecs de Grèce et d’Asie-Mineure, venus en France pendant le conflit gréco-turc, dans le but de sauvegarder leur culte, leur culture et d’offrir un lieu de rencontre aux Grecs exilés. il s'agit d'une affirmation volontairement fausse.
 
De la même manière, nous allons indiquer que monsieur Nicolas Dhikeos, consul de Chypre, est président de 1936 à 1947, alors qu'il ne fut consul de Chypre que vingt ans après avoir abandonné sa charge de président, en 1963. 

C'est d'ailleurs parce qu'on ne peut attribuer à quelqu'un un titre qu'il n'a pas encore que, quelques lignes plus haut, Vlassios Lavriotis est désigné avec le titre d'archimandrite, de 1952 à 1978, et non avec celui d'évêque, qu'il aura à partir du 15 octobre 1978.

Il aurait d'ailleurs été correct de ne pas arrêter l'action de Vlassios Lavriotis en 1978, mais d'indiquer qu'il continua à servir notre église jusqu'à son dernier souffle, le 2 juin 1985, en tant qu'évêque.


La troisième cause est l'enfermement dans l'erreur. Il est souvent couplé à la volonté d'y maintenir enfermé les autres. Ainsi, le conseil a-t-il refusé de modifier sa page, malgré les documents fournis il y a plus d'un mois. Il est possible de commettre des erreurs. J'en fais moi-même souvent en écrivant. Mais je les corrige lorsqu'on me les signale. Le conseil de la Communauté hellénique de Lyon, lui, ne corrige jamais rien, même devant l'évidence. Et les exemples sont nombreux. Il sait qu'errare humanum est, perseverare diabolicum, mais choisit volontairement de perseverare...

Accepter de modifier ses erreurs revient à accepter d'ouvrir les yeux de ceux que l'on tient enfermés. Et ça, les manipulateurs s'y refusent, ne pouvant se résigner à voir s'effondrer le mythe qu'ils ont construit.


La quatrième est la volonté de s'accaparer le travail et les biens des générations passées. Ainsi, pour que le métropolite Emmanuel Adamakis, et le métropolite Jérémie avant lui, puissent revendiquer la pleine possession des biens de la Communauté, il fallait dans un premier temps faire disparaître des mémoires la dimension culturelle et philanthropique de ceux qui se sont unis pour construire ces biens. Et, dans un second temps, il fallait en faire disparaître les personnes elles-mêmes.

Mais que peuvent faire ces éminentes personnalités si nous gardons la trace de chaque franc donné par chaque personne pour construire les biens que nous avons ? J'ai cherché parmi tous les donateurs, et je n'ai pas trouvé la moindre trace de ceux qui prétendent aujourd'hui avoir une légitimité sur nos biens.

Liste des donateurs pour la construction du centre culturel 1972-1973 - page 1 sur 4


C'est ainsi que nous sommes passés de statuts très ouverts adoptés lors de l'AG du 19 décembre 1954, à des statuts très restrictifs lors de l'AG du 23 février 1990. Et ainsi, toujours, que lors de l'AG du 5 juillet 2015, il n'y avait plus que 10 à 15 personnes présentes sur les ruines d'une communauté qui revendiquait ouvertement 661 familles membres quatre ans plus tôt.

Ce quatrième point n'est possible que par et pour des personnes mercantiles, qui ne chercheront que leurs intérêts immédiats, sans vision globale de l'intérêt commun. Des personnes pour qui l'intérêt historique n'a aucune importance, dans la mesure où il n'est perçu que comme un obstacle pour parvenir à leurs fins. En ceci, la connaissance est l'ennemi des manipulateurs, qui cherchent à en couper l'accès à leurs victimes.


Tous ces éléments font que, consciemment ou inconsciemment, les hommes reproduisent perpétuellement la même histoire. Mais, de même qu'il fut possible de parer à cette fatalité pour de longues années par l'action de monseigneur Mélétios, nous verrons, dans le prochain message, qu'il nous est loisible, aujourd'hui encore, de briser ce cercle infernal. Non pas indéfiniment, car il viendra forcément un jour où un nouveau métropolite voudra à nouveau récupérer nos biens à son profit, mais pour très longtemps.