de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 26 juillet 2014

123- Vacances du clergé




L'île de Lesbos fait partie des trésors de la Grèce. Elle est également appelée Mytilène, du nom de sa capitale. Chaque été, elle attire à elle, tant les touristes en quête d'exotisme, que les habitants qui ont quitté l'île pour aller travailler de par le monde. Y viennent également des touristes heureux d'y retrouver les lieux où vécut l'antique poétesse Sappho, personnage par lequel le nom de Lesbos entra dans le langage courant pour donner le nom commun lesbienne.

Une pieuse famille grecque partit, comme chaque année, passer ses vacances sur cette île où elle a gardé sa maison familiale et ses origines.

Il y a quatre jours, le 22 juillet, ils décidèrent d'aller au restaurant Avlaki, tenu par des membres de leur famille. A cela rien d'étonnant car, comme l'a très bien remarqué Goscinny : en Grèce, tout le monde est cousin. 

 


Le soir était calme et le restaurant se remplissait. Ils s'assirent donc à une table et discutèrent.

Au bout d'un moment, à 20h15 heure de Grèce, un jeune homme arriva. Il avait la vingtaine, blond aux yeux bleus, d'allure efféminée. Il portait une chemise légère rayée de bleu. Le serveur le plaça à une table voisine de cette famille.

Un autre homme, que l'on pourrait qualifier de nettement plus âgé, le suivit de peu. Vêtu d'un tee-shirt bleu ciel rentré dans le pantalon, il attira beaucoup plus le regard de notre famille, car il portait un chapeau de paille de type trilby et des lunettes noires. L’accoutrement était curieux à cette heure où le soleil avait disparu.




Avlaki, le 22 juillet 2014

L'homme s'assit en face du jeune qui l'avait précédé.

Devant les serveurs et les familles de locaux, qui parlaient grec, ils optèrent pour la discrétion et se mirent à parler en français. Ils ne réalisèrent qu'au cours du repas que leurs voisins de table parlaient un français impeccable.
 
L'un des convives fit davantage attention et reconnut, après que son voisin eut enlevé ses lunettes noires pour prendre ses aises, le visage de MonseigneurEmmanuel Adamakis, Métropolite de France et membre du Corps Diplomatique de l'Ambassade de Grèce à Paris.

Contrairement à ce que nous pensons tous au premier abord, Monseigneur ne parlait pas à ce jeune homme de son édification spirituelle... 

Gênés par la présence de cette famille, qui ne leur permettait pas la discrétion qu'ils semblaient rechercher, Monseigneur et son jeune hôte parlèrent alors anglais. Langue qu'ils maniaient avec moins d'aisance. Mais, très vite, on sentit que cette proximité inopportune d'une famille qui l'avait reconnu avait gâché le repas et la soirée du Métropolite. La mine déconfite, Monseigneur avait perdu l'aspect enjoué qu'il avait en arrivant et que nous ne lui connaissions pas.

Le repas fut vite expédié, dans un quasi silence, lui faisant sans doute regretter le monastère qu'il n'aurait pas dû quitter, si tant est qu'il y eût jamais mis les pieds.

Fait curieux, le Métropolite avait rasé sa moustache et son petit bouc caractéristique, qu'il porte depuis des dizaines d'années, et avait enlevé tout signe vestimentaire qui aurait pu rappeler sa fonction. S'il convient de rappeler que les canons de l’Église interdisent au clergé orthodoxe de se couper la barbe, il n'en ressort pas moins que cela lui donnait une fraîcheur peu coutumière : il devrait se raser plus souvent !



Le repas passant, la famille s'agita davantage et se dit, sans trop de discrétion, qu'il fallait faire une photo.

A ces mots, le Métropolite prit son téléphone et se tourna. Puis il demanda l'addition et partit sans tarder avec son compagnon (de restaurant).

Il prit néanmoins la peine de demander une facture. Peut-être pour se faire rembourser ses frais de déplacement par des âmes généreuses, heureuses de participer ainsi au rayonnement de l'Orthodoxie.

La famille faisant partie des lecteurs de mon blog, cette histoire me fut racontée sans délai et sans intermédiaires.

Sollicitée pour confirmer ou démentir cette information, la Métropole Grecque de Paris s'est refusée à tout commentaire.

Si d'aventure elle voulait contester ce récit, je reste à sa disposition pour organiser une confrontation entre les témoins et le Métropolite, en présence des représentants de la Métropole. Mais il existe un moyen beaucoup plus simple pour que cette histoire discrédite totalement les témoins et m'oblige à apporter un démenti : le bouc et la moustache du Métropolite ! En quatre jours, ils n'ont pas pu repousser. Si donc le Métropolite apparaît maintenant avec ses addenda pileux, c'est qu'il aura été victime d'un fâcheux concours de circonstances.




Un selfie serait également un élément probant qu'il pourrait apporter.

Pour ma part, connaissant la probité des témoins, je reste persuadé que personne ne reverra le Métropolite jusqu'à ce qu'il puisse à nouveau donner l'illusion des apparences. Je ne tirerai pourtant aucune conclusion hâtive visant à expliquer pourquoi le Métropolite Emmanuel a toujours soutenu le père Nicolas Kakavelakis, lorsqu'une jeune étudiante s'était plainte à la police du comportement de ce dernier


Alors que penser de tout ceci ?

Il convient d'abord de relever que si le Métropolite Emmanuel vise vraiment le poste d'Archevêque des États-Unis, pour se rapprocher des réseaux qui lui ouvriront les portes du Patriarcat de Constantinople, il a tout intérêt à faire des progrès en anglais.

La tradition orthodoxe, dans la continuité de la loi juive de l'Ancien Testament, considère l'absence de tonsure comme une marque de consécration à Dieu. C'est pourquoi notre clergé est censé ne pas se raser les cheveux et la barbe. Même lorsque, comme sur la photo ci-dessous, il s'agit de prêtres mariés vivant dans le monde.


Nous pensions généralement que les prêtres qui ne gardaient qu'une barbe symbolique avaient une tendance moderniste pro-occidentale relevant davantage d'un problème de rasoir que d'un signe de consécration à Dieu.

 

Mais force est de constater que le Métropolite est un petit futé qui a trouvé un avantage très personnel au port d'une barbe courte : on peut la raser facilement, passer des vacances anonymes en toute tranquillité,  et la laisser repousser dix jours avant de reprendre le boulot.

On peut encore considérer que les îles grecques ont un grave défaut : elles sont pleines de Grecs ! Il n'est jamais très aisé d'assurer sa discrétion au milieu d'une population susceptible de nous reconnaître. Même lorsque, comme c'est le cas à Avlaki, les lieux sont davantage fréquentés par des touristes que par des Grecs. Gageons que le Métropolite préfèrera changer de destination pour ses prochaines vacances et optera, par exemple, pour la Thaïlande, les Philippines ou le Maroc. Lieux tout autant pleins de soleil et de beaux paysages.

J'espère également qu'il se sera lavé les mains le jour où je retournerai la lui embrasser...

Plus sérieusement, j'espère enfin que cette anecdote rappellera au clergé qu'il représente le Christ, qui a dit : Il n'y a rien de caché qui ne doive être révélé, ni de secret qui ne doive être connu (Lc 12, 2). Sans doute est-il temps qu'il commence à y croire et, pour certains, qu'ils démissionnent de postes qu'ils souillent par leur présence.