de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 19 juillet 2014

122- Église, lieu de refuge

Le dimanche 15 juin, nous avions l'honneur de recevoir Monseigneur Ignatios EL HOUCHI, ordonné à Damas le 24 juillet 2011 en qualité d'évêque auxiliaire de Son Eminence le métropolite Jean YAZIGI, métropolite d'Europe pour le Patriarcat d'Antioche. Monseigneur Ignatios compte parmi les évêques de France et venait à la rencontre de la communauté syrienne de Lyon. 


Au moment de son sermon, que je présenterai sur ce blog dès que j'aurai reçu la traduction de l'arabe, nombreux furent les fidèles grecs et syriens venus le recevoir, à sortir leur téléphone portable ou leur caméra pour le filmer (par exemple la dame au premier plan sur l'image ci-dessus). Cette pratique, courante aujourd'hui, trouve une justification évangélique dans cette parole du Christ : on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison (Matth. 5, 15). Il était logique que la parole d'un hôte de marque nous faisant l'honneur de sa visite se répande au-delà des quelques personnes présentes.

Ceci ne posa de problème à personne, car c'est la tradition de notre église de toujours laisser la liberté de filmer ou de prendre des photos. Youtube est rempli de petites vidéos, anciennes et très récentes, attestant de cette pratique qui contribue à garder vivantes notre mémoire et notre culture.
 


Même si certaines personnes ont manifesté clairement le souhait de ne pas être photographiées ou filmées, ce qui reste leur droit absolu, le père Nicolas a usé, et parfois même abusé, de cette liberté de prise d'images qu'il a encouragée par ses multiples publications sur sa page Facebook.

Nous avons déjà vu sur ce blog le fait que le père Nicolas s'était brouillé avec de nombreuses personnes. Le docteur P. L. en avait informé Monseigneur Emmanuel Adamakis en son temps, relevant que son attitude est en effet inquiétante et met en danger la Communauté, mais aussi sa propre personne. [...] L'équilibre du père Nicolas Kakavelakis s'en trouve affecté et il développe un fort sentiment de persécution (marqué par une volonté d'exclure de nombreux membres de notre communauté). Cela l'isole de plus en plus. Nous avions vu alors comment l'évêque avait décidé d'exclure le médecin plutôt que de chercher à guérir le malade.

Dans la continuité de ces rancunes persistantes, le père Nicolas vit filmer l'une des personnes contre lesquelles il s'est brouillé. 

Peu lui importait que de nombreuses personnes en fissent autant. Oubliant la solennité du moment, il envoya une première personne pour mettre fin à cette prise d'images. Son émissaire s'exécuta, bien que ne comprenant pas le motif de la demande. Le manque de conviction couplé à l'absence de justification valable fit que sa demande fut rejetée.

Puis, selon le récit des Syriens, le père Nicolas leur fit croire qu'il ne connaissait pas la personne qui filmait. Ceux-ci crurent alors qu'il pouvait s'agir d'un service secret, français ou syrien, venu espionner les personnes présentes.

Ils se mirent donc à téléphoner à leurs contacts dans la police pour savoir s'ils étaient au courant d'une action d'espionnage en cours, et s'ils pouvaient faire quelque chose.

L'un des Syriens alla voir l'homme qui filmait et lui demanda qui il était. Il est peu courant qu'un invité demande à son hôte qui il est. Surpris de cette question, l'homme lui répondit qu'il était un simple membre de la communauté depuis 40 ans. Et, aux questions suivantes visant à savoir pourquoi il filmait, il répondit que c'était l'usage du lieu de le faire. Il avait filmé la venue de Monseigneur Hanna ATALLAH, archevêque de Jérusalem, l'année précédente, et filmait aujourd'hui Monseigneur Ignatios. Le Doyen de la Communauté, membre des élus qui gèrent l'association cultuelle, venait de partir en Grèce et lui avait demandé de filmer pour avoir un souvenir de ce jour.

Le Syrien repartit et l'enregistrement se poursuivit.

Nicolas A. vint à son tour demander d'arrêter de filmer. Mais c'était son ami de 40 ans, notre Doyen, qui avait requis ce film. La légitimité de l'interdiction n'ayant pas été établie, l'homme qui filmait se contenta de faire remarquer à Nicolas A. qu'il parlait fort et qu'il gênait l'office. Celui-ci, pourtant habitué à être balloté au gré des changements de vents, décida de rentrer chez lui où il serait décidément mieux qu'à essayer de prendre position au sujet d'une ineptie.

Ce fut alors au tour de Vassilia S. de venir demander d'arrêter le film. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il lui fut répondu la même chose qu'aux précédents. Elle objecta alors que le Doyen, qui avait demandé le film, n'était plus membre de la Communauté depuis que Monseigneur Emmanuel Adamakis l'en avait chassé. Une telle affirmation, concernant le membre le plus honorable et aimé de notre communauté, était curieuse. L'homme en train de filmer répondit que c'était faux, car une telle décision n'aurait pas manqué d'être connue. 

Je rappelle ici qu'une église fonctionne suivant les règles civiles propres au droit commun général et au droit propre aux associations cultuelles. Or le droit commun veut qu'une décision, quelle qu'elle soit, n'est effective qu'à partir du moment de sa notification. C'est cette notification qui ouvre les délais de contestations. Et jamais le Doyen n'a été notifié, par aucun des procédés usuels, d'une décision d'exclusion le visant.

L'affirmation de Vassilia S. présentant les caractéristiques de l'affabulation, la pertinence de sa demande ne fut pas établie, ce qui conduisit à son rejet.

Mais, dans le même temps où les Syriens téléphonaient à leurs contacts dans la police, ma cousine fit de même, en prétextant d'un désordre occasionné sur le lieu de culte.

Ce fut vraisemblablement cette multiplicité des appels qui poussa la police à envoyer une patrouille pour constater le flagrant délit du trouble.

Arrivé le moment de la communion, l'homme à la caméra estima que le moment était plus personnel et préféra ne pas filmer le détail des personnes qui se présentaient. Il avait, du reste, suffisamment d'éléments pour garder le souvenir de cette belle journée et rangea sa caméra. Après quoi il sortit par une porte latérale et s'en fut déposer son matériel dans sa voiture. 

A l'instant même où il sortait, la patrouille de police, armée et en uniforme, entra par la porte principale. Elle fut conduite par ma cousine jusqu'au lieu du prétendu trouble afin de le constater et de le faire cesser. Mais de trouble il ne semblait y avoir que dans l'esprit du père Nicolas et la police n'y pouvait rien !

On pouvait noter plutôt le trouble généré par la police elle-même qui circulait dans l'église, passait par le sanctuaire et inspectait les lieux pendant l'office : un peu de discrétion aurait été la bienvenue. Mais si cela gênait dans leur méditation les paroissiens intrigués, ce ne semblait pas être le cas du père Nicolas. Il est vrai qu'en matière de discernement, ses positionnements ont souvent été assez curieux !

En revenant après avoir posé ma caméra, je vis ma cousine sortir de la salle paroissiale accompagnée de la police. Elle ne me voyait pas, malgré le fait que j'étais à quelques mètres, au milieu d'un trottoir désert. Elle donna de moi une description que la patrouille nota pour son rapport.

Comprenant ce qui se passait, j'allai chez moi chercher des cartes de visite et revins à la salle paroissiale où les Syriens s'étaient rassemblés pour les agapes. J'allai prendre la bénédiction de l'évêque et m'excuser pour cette situation dont j'étais loin d'avoir mesuré tout ce que le père avait entrepris pour qu'elle dégénère. Je me présentai en remettant ma carte aux personnes à mes côtés. Je proposai à ceux qui accompagnaient l'évêque de me contacter pour que je leur soumette ce que je pensais faire du film, si je devais l'utiliser un jour. Ils comprirent alors qu'ils s'étaient fait manipuler et estimèrent que la cause profonde de tout ce remue-ménage était un conflit entre le père et moi. Ils ne m'ont jamais contacté.

J'aurais pu leur dire que je n'avais rien contre le père, contrairement à la jeune-fille qu'il a mise dans son lit et dont l'histoire est à l'origine de la création de ce blog. Mais cela aurait contribué à rendre la situation tendue, ce qui aurait été, devant nos hôtes, un manque de savoir-vivre. Je préférais ne pas répondre aux invectives du père, manifestations hystériques qui ne faisaient qu'accréditer le diagnostic du docteur P.L. et, après avoir accepté quelques-unes des spécialités culinaires syriennes apportées pour les agapes, je pris congé.


Pour comprendre tout ce que la présence de cette patrouille de police a d'anachronique, non seulement dans une église, mais au cœur d'un office, il faut revenir à un peu d'histoire. Le droit d'asile est une notion remontant à l'antiquité. La loi de Moïse prévoit, au verset 6 du chapitre 35 du Livre des Nombres : parmi les villes que vous donnerez aux Lévites, il y aura six villes de refuge où pourra s'enfuir le meurtrier

Plus tard, dans l’Évangile, le Christ nous y apprend que ce n'est pas des justes qu'il est venu susciter le repentir, mais des pécheurs (Lc 5, 32). Cela contribua à ne plus voir en celui qui commettait un acte répréhensible une personne à punir, mais un homme dont le dessein eschatologique divin était le Salut.

Très rapidement, les églises chrétiennes devinrent des lieux de refuge et les Pères de l’Église des premiers siècles développèrent ce principe dans leurs enseignements. Ce droit entra dans la constitution de l'Empire Byzantin en 419, puis dans le code de Théodose, en 438. La Loi dispose alors que tout individu est admis à trouver refuge dans les églises chrétiennes. Ce principe se développa jusqu'à son apogée, au Moyen-Age. Il fut reconnu même par les nations païennes, comme les Francs, les Wisigoths ou les Burgondes.

Charlemagne fut le premier à oser le remettre en cause partiellement. Ce droit finit par disparaître au niveau civil, notamment à partir de l'article 166 de l'ordonnance de Villers-Cotterêts, sous François Ier. Cependant, malgré les restrictions qui apparurent alors, il resta vivant au regard de la spiritualité.
 
C'est ainsi qu'une crise diplomatique eut lieu entre la France et le Vatican lorsque le premier ministre français ordonna l'intervention des CRS pour déloger des sans-papiers ayant trouvé refuge dans l'église Saint-Bernard de Paris, en 1996.

Même si des policiers en civil étaient dans notre église pour assurer la sécurité du Patriarche de Constantinople, lorsqu'il nous rendit visite en 2009, jamais, à ma connaissance, depuis l'affaire de Saint-Bernard, la police n'était entrée dans une église pour en déloger quelqu'un.
 
Au regard de nos Traditions millénaires, devrait-on vraiment prendre au sérieux l'élucubration de quelqu'un qui prétendrait que filmer serait un trouble inacceptable qui justifierait une intervention armée ?

J'espère qu'un jour le père comprendra que c'est précisément parce que même les pires sont les bienvenus dans une église que nous l'acceptons. Avec l'espoir qu'un jour il ouvrira l’Évangile pour lire ce qu'il contient, et qu'il tentera alors de le mettre en pratique. Non pas pour cautionner ce qu'il fait en nous satisfaisant de sa représentation, mais simplement parce que l'église est un lieu de refuge et non de conflits.

2 commentaires:

  1. La conclusion vaut tout son pesant d'or ! la situation est bien résumée !

    Faudrait-il ajouter que la nature a horreur du vide et c'est ainsi que les médiocres prirent la place qui n'est pas la leur ?

    Chassons le marchand du Temple :

    15 Καὶ ἔρχονται πάλιν εἰς ῾Ιεροσόλυμα· καὶ εἰσελθὼν ὁ ᾿Ιησοῦς εἰς τὸ ἱερὸν ἤρξατο ἐκβάλλειν τοὺς πωλοῦντας καὶ τοὺς ἀγοράζοντας ἐν τῷ ἱερῷ, καὶ τὰς τραπέζας τῶν κολλυβιστῶν καὶ τὰς καθέδρας τῶν πωλούντων τὰς περιστερὰς κατέστρεψε,
    16 καὶ οὐκ ἤφιεν ἵνα τις διενέγκῃ σκεῦος διὰ τοῦ ἱεροῦ,
    17 καὶ ἐδίδασκε λέγων αὐτοῖς· οὐ γέγραπται ὅτι ὁ οἶκός μου οἶκος προσευχῆς κληθήσεται πᾶσι τοῖς ἔθνεσιν; ὑμεῖς δὲ αὐτὸν ἐποιήσατε σπήλαιον λῃστῶν.
    18 καὶ ἤκουσαν οἱ γραμματεῖς καὶ οἱ Φαρισαῖοι καὶ οἱ ἀρχιερεῖς, καὶ ἐζήτουν πῶς αὐτὸν ἀπολέσωσιν· ἐφοβοῦντο γὰρ αὐτόν, ὅτι πᾶς ὁ ὄχλος ἐξεπλήσσετο ἐπὶ τῇ διδαχῇ αὐτοῦ.
    19 καὶ ὅτε ὀψὲ ἐγένετο, ἐξεπορεύετο ἔξω τῆς πόλεως.

    Amen !

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    1. Essayant, avec toutes mes imperfections, d'être respectueux des lois, je rappelle qu'on ne peut pas chasser physiquement quelqu'un en France, comme dans le passage de l’Évangile qui est relevé. Cependant, ce terme de "chasser" peut se comprendre dans le sens de limogeage, mais là c'est à l'évêque d'assumer ses responsabilités. Et je crains fort qu'il n'en ait pas la dignité. Les fidèles, eux, gardent plusieurs moyens d'action légaux :
      - ne plus financer ce qui se passe par leurs dons ;
      - trouver d'autres lieux de culte ;
      - faire savoir aux autorités religieuses concernées leur refus de cautionner ce qui se passe ;
      - boycotter les actions du père ou de l'évêque.

      Le plus important, pour moi, étant de rester lucide afin de ne pas anesthésier sa conscience.

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