de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 25 avril 2015

164- Il y a beaucoup d'élus, mais peu d'appelés



Le délégué du préfet nous avait informés, le 7 janvier 2015, que lorsqu'il y a des problèmes au sein d'une association, une nouvelle assemblée générale permettait souvent de mettre de côté les administrateurs défaillants et de repartir sur de bonnes bases. Nous envisagions donc cette perspective d'AG comme porteuse d'espoir pour régler les difficultés dans lesquelles la Communauté Hellénique de Lyon est empêtrée. 

Le risque était évidemment que cette AG ne serve qu'à étouffer un peu plus les voix dissonantes qui demandaient un fonctionnement régulier de notre association.

À la suite de la réunion en préfecture, nous restions donc dubitatifs sur plusieurs points :
- si nous n'avions pas d'AG annuelle depuis 4 ans, malgré le fait que l'article 19 de la loi de 1905 l'impose, allions-nous en avoir une en 2015 ?
- si nous n'avions pas d'AG en 2015, quelle légitimité auraient les élus du Conseil d'Administration dont le mandat prenait fin en février ?
- l'AG serait-elle ouverte à tous, comme en 2011 et comme depuis plus de 80 ans ?
- serions-nous confrontés à des listes d'exclus arbitraires ?
- lesquels ?
- sur quels motifs les exclusions serait-elles justifiées au regard du droit ?
- le père Nicolas, président en titre, allait-il vouloir faire croire que la cotisation annuelle, qu'il avait imposée de sa propre autorité, en contradiction avec nos statuts, avait une légitimité ?

Pour résumer, une nouvelle AG était porteuse d'espoir à condition qu'elle soit ouverte à tous les membres historiques de notre association, et que les questions y soient ouvertement abordées et dûment traitées. À l'opposé, elle pouvait être une nouvelle source de conflits si elle était refusée, ou utilisée comme moyen d'entériner les décisions arbitraires de l'ancien Conseil.

Je ne vais pas parler ici des dates auxquelles j'ai appris certains événements, mais des dates recoupées auxquelles les principaux faits se sont passés.

Le 18 février 2015, à minuit et demi, la Communauté envoya un mail, à certains destinataires uniquement. Une short-list de privilégiés, qui se virent informés du nouveau numéro de l'Annonce Orthodoxe. Ceux, parmi cette liste, qui eurent la chance que leur boîte mail ne traite pas cet envoi groupé comme un spam, eurent la possibilité de lire son contenu. Et ceux qui prirent la peine de le lire apprirent la tenue prochaine d'une nouvelle assemblée générale, prévue pour le dimanche 22 mars.

Ni le lieu, ni l'heure de l'AG n'étaient mentionnés. 

Les candidatures pour postuler à l'élection des membres du CA devaient être adressées avant le 9 mars (Annonce Orthodoxe n° 31, p. 2, § 8). Elles devaient l'être avant le 8 mars si on regardait les informations du même journal en page 12, pour ceux qui avaient eu la chance d'apprendre la nouvelle dans les temps.

Certaines candidatures pouvaient être soumises à un entretien préalable (id. p. 2, § 9). Il n'était précisé ni les conditions qui pouvaient justifier un tel entretien, ni avec qui il devait avoir lieu.

La cotisation apparaissait comme un fait acquis, bien que ne reposant sur aucune décision valide du CA, et en opposition avec l'article 5 de nos statuts.

Plusieurs personnes décidèrent de se porter candidates à l'élection du CA. 22 en firent part de vive voix au président de l'association. 7 envoyèrent leur candidature en recommandé : Eleni F., Stergios K., Dimitrios L., Jean-Paul C., Régine M., Néophytos I. et moi-même. Nous avions appris que certaines personnes s'étaient vu refuser leur cotisation annuelle de 2015, bien que membres depuis des années, sans aucune explication. Il semblait acquis que le président cherchait à limiter autoritairement le nombre de votants, et en tout cas le nombre de votants qui n'étaient pas prêts à dire Amen à n'importe laquelle des inepties qu'il était capable de formuler. L'envoi en recommandé des candidatures signifiait le caractère officiel qu'on entendait leur donner, dans le souci d'éviter les décisions arbitraires.

Il y aurait certainement eu beaucoup plus de candidatures si l'annonce de l'AG avait été communiquée aux membres de l'association de manière moins sélective. Car je doute que le mode de convocation des membres répondait à toutes les garanties légales prévues...

Le président se vit présenter ces recommandés les 5 et 6 mars pour la plupart, et le 10 mars pour celui de Néophytos. Il alla les retirer le 11 mars.

Le 13 mars, la Communauté publia un communiqué dans lequel était arrêtée une liste de 22 candidatures retenues. Les 7 qui avaient envoyé la leur en recommandé n'étaient pas retenus au motif qu'ils ne faisaient pas partie de la Communauté, sans plus de précision. 

C'était d'autant plus curieux que, parmi ces personnes ne faisant pas partie de la Communauté, il y avait Stélios K., élu en titre. Ou bien Jean-Paul, qui travaillait encore à nettoyer nos locaux début janvier en tant que membre de l'association. Comment des personnes, à jour de leur cotisation et ayant leur carte de membre, pouvaient-elles être présentées comme ne faisant pas partie de cette même association ?



Suivait une longue liste de critères à respecter pour être membre de la Communauté. Ces critères n'avaient jamais été précisés auparavant, sauf pour ce qui concernait la cotisation. En tout cas, ils n'étaient pas mentionnés dans L'Annonce Orthodoxe n°31 qui fixait les conditions des candidatures. La rencontre annoncée pour valider certaines candidatures s'avérait être une pure figure de style sans lendemain. Il n'était déjà pas facile de s'adapter à des règles arbitraires, mais si en plus ces règles évoluaient d'un jour à l'autre... 

On trouvait ainsi, pêle-mêle :
- être proposé par le supérieur de la paroisse ;
- avoir l'accord du Conseil d'Administration ;
- être en accord avec le pouvoir canonique du métropolite ; 
- être de confession Grecque-Orthodoxe...

Nous n'étions plus dans la préparation d'une élection, mais dans une simple cooptation farfelue, annonçant des critères fantaisistes qui sortaient de nulle part. Pour mémoire, et le père Nicolas le saurait s'il avait lu sa thèse de doctorat, la confession Grecque-Orthodoxe n'existe pas. On peut parler de juifs-orthodoxes, ou de chrétiens-orthodoxes, ou encore de juridiction grecque au sein de l’Église orthodoxe, mais pas de confession Grecque-Orthodoxe.

Quelques semaines plus tôt, le père Nicolas affirmait par un communiqué être Charlie, un anticlérical athée virulent, et il venait maintenant prétendre qu'il fallait reconnaître le pouvoir canonique du métropolite ?

Était également précisé, en fin de document que, au-delà des conditions formelles ci-dessus mentionnées, l'acceptation des membres par le CA se fait également sur l'aspect moral qui doit répondre à une conduite respectueuse et irréprochable dans la société, laissant sous-entendre que ce n'était pas le cas des personnes dont les candidatures étaient rejetées, mais automatiquement et indiscutablement le cas des rédacteurs de ce document.

Ce communiqué fut envoyé à de très nombreuses personnes qui n'avaient pas été informées de l'AG en préparation, ni de l'élection du CA. Si elles recevaient ce courrier, c'est qu'elles étaient considérées comme membres de la Communauté. Mais si elles étaient membres, pourquoi ne les avait-on pas prévenues de la tenue de l'AG ? Pourquoi apprenaient-elles le 14 mars qu'elles auraient dû envoyer leur candidature avant le 9 mars si elles avaient voulu faire partie du CA ? Dans l'esprit de son auteur, ce communiqué n'avait donc pas d'autre intention que celle de nuire.

Sous certaines conditions, j'aurais personnellement pu être d'accord avec une telle clause qui, si elle avait été appliquée, aurait vu depuis longtemps le père Nicolas Kakavelakis exclu de notre Communauté et retourner à la vie laïque. Bien que les exemples soient nombreux, je ne parlerai que de l'affaire de la falsification de nos statuts d'association qui porte le nom, sur les procès-verbaux de la police, d'Affaire Kakavelakis



Je suppose que le même père Nicolas, qui stigmatise par ses communiqués, sans aucun fondement, des personnes qui essayent de faire vivre notre association, sera le même qui demandera l'application de la présomption d'innocence dans le cas présent, alors qu'en l'espèce il y a un fondement aux affaires pour lesquelles il est visé... Je le rassure, je ne parle ici que de l'exemplarité morale qu'il réclame, et ne parlerai de sa culpabilité que lorsqu'il aura été condamné !
 
Si j'avais moins de respect pour le clergé, je dirais qu'une telle inversion des réalités est typique d'une dérive malsaine de la métropole grecque. Mais comme je sais qu'il existe des prêtres intègres, si rares soient-ils, je me contenterai d'affirmer que nous étions face au discours d'une personne qui ne sait plus comment faire croire que ses actes ont encore un peu de légitimité.

Devant tant de mauvaise foi, il y avait une question qui ne me sortait pas de l'esprit. Lela I., vice-présidente, avait-elle pu voter l'exclusion de la Communauté de Jean-Paul et de toutes ces personnes lors de cette réunion du CA, le 13 mars ? Dans un élan de sincérité dont je lui suis particulièrement reconnaissant, elle m'écrivit qu'il n'y avait pas eu de vote ce jour-là, et que les décisions d'exclusion avaient été prises d'en-haut sans l'intervention du CA.

Le CA n'était, une fois de plus, que le faire-valoir des décisions arbitraires du père Nicolas et du métropolite Emmanuel Adamakis.

Quelle légitimité donner à de pseudo-décisions qui ne pouvaient exister qu'à travers la peur ressentie par ceux qui entouraient le père Nicolas ? Le débat sur l'appartenance à notre Communauté ne méritait-il pas d'être élevé à un niveau de réflexion supérieur ? La peur peut-elle être légitime lorsqu'on a la prétention de représenter les autres ? N'y a-t-il pas un devoir supérieur de sincérité qui prévaut à nos états d'âme lorsqu'on est investi d'une mission de représentation ? Comment le père Nicolas, censé manifester dans sa vie et son enseignement, la plénitude de la Vérité contenue dans le message du Christ, pouvait-il se contenter d'être entouré de personnes dotées d'un niveau de raisonnement proche de celui de la paramécie ? Nous allons nous attarder sur ces questions avant de poursuivre le récit de l'organisation de cette assemblée générale.

Nous avons 15 membres dans le CA de notre association. Il est rare que les associations en aient tellement. Ce nombre a été voulu pour que le CA soit représentatif de la diversité de nos membres. Mais exclure de fait autant de personnes, par l'imposition d'une cotisation ou en ne les prévenant pas de la tenue de l'AG, tout en gardant ce grand nombre d'élus, conduit à penser qu'il y a beaucoup d'élus, mais peu d'appelés ! (Matth. 22, 14)

samedi 18 avril 2015

163- Diffamation partie 2 - la forme




Un an après l'audition au commissariat que je relatais dans le message précédent, j'appris, un peu par hasard, qu'une nouvelle plainte avait été déposée contre moi. Mon avocat se renseigna et me dit qu'il s'agissait de la plainte n°13108000249, déposée par le père Nicolas Kakavelakis et l'Annonciation de la Mère de Dieu, le 13 avril 2013, visant des faits de diffamation.

Je ne crois pas que la Mère de Dieu ait jamais porté plainte contre quelqu'un, et encore moins que son Annonciation l'ait fait pour elle. Même pas contre ceux qui ont crucifié son fils. Utiliser son nom pour ce genre de procédure ne dénote pas un grand respect des choses sacrées de la part de son auteur.

Je n'ai plus jamais entendu parler de cette plainte et n'ai jamais été entendu dans ce dossier. On dit parfois que la Justice est lente. Je l'ai personnellement trouvée très rapide dans le classement qu'elle a fait...


Le 7 janvier 2015, en fin d'après-midi, mon téléphone sonna : C'est le commissariat, nous souhaiterions vous entendre dans une affaire vous concernant... Une fois les souvenirs évoqués dans le précédent message remontés en moi, la conversation débuta.

Il s'agissait de répondre de faits de diffamation sur internet. Nous étions le soir des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo. La France entière était bloquée par le plan vigipirate et s'organisait pour défendre la liberté d'expression. Cette conversation avait donc un caractère un peu surréaliste. Je répondis que j'étais disponible dès le lendemain matin.

L'officier me proposa de prendre plus de temps, et m'informa de ma possibilité d'être assisté d'un avocat. Les règles de procédure avaient changé au premier janvier 2015, notamment pour ce qui concernait les auditions libres. Ma protection juridique aurait effectivement pu mettre un avocat à ma disposition, mais je n'en voyais pas l'utilité. Nous n'étions que dans du réchauffé

Nous convînmes de nous retrouver le 8 janvier à 10 heures 30. 

En arrivant, j’eus l'impression d'être plongé dans La 4ème dimension. Le commissariat était fermé pour cause de plan vigipirate renforcé. Il fallait accéder à une porte annexe gardée, donner le motif de sa venue, puis un policier venait à la porte principale pour l'ouvrir et la refermer aussitôt. Ce lieu habituellement si bruissant des malheurs qui s'y croisent était vide et silencieux. Si nous ne pouvions pas parler de l'affaire du siècle dans ce dossier, nous pouvions au moins évoquer l'affaire de la journée, parce qu'il n'y en avait pas d'autre de prévue.

L'officier passa une bonne demi-heure à m'informer de mes droits et je dus signer des documents le libérant de sa responsabilité sur le fait que je n'avais pas demandé d'avocat. Il s'avéra alors que j'étais convoqué sur cette fameuse plainte d'avril 2013 déposée par la Mère de Dieu. Le procureur l'avait classée. Mais lorsque le Commissaire Corridor avait téléphoné au père Nicolas, le 23 décembre 2014, celui-ci avait vraisemblablement évoqué cette plainte pour tenter de se victimiser. Le commissaire était intervenu pour rouvrir ce dossier et la plainte du père Nicolas avait été formellement actée par l'audition de ce dernier le 24 décembre.

Un premier débat eut lieu sur la prescription ou non des faits pour lesquels j'étais entendu. L'officier a finalement convenu, et c'est ce qu'il acta dans le document, qu'en matière de diffamation la prescription est de 3 mois à partir de la première publication d'un propos. Le dépôt de plainte suspend la prescription. La plainte étant déposée au 24 décembre 2014, l'officier ne pouvait m'entendre que sur des écrits publiés pour la première fois et remontant au plus tard au 24 septembre.

J'aurais pu décider de partir à ce moment-là, car le procureur ayant été saisi en avril 2013, les faits qu'elle mentionnait étaient antérieurs au 24 septembre 2014, et mon audition n'avait donc pas lieu d'être.

De plus, en avril 2013 déjà, la plainte ne faisait que reprendre les faits pour lesquels j'avais été entendu en juillet 2012. Donc, déjà au moment de la saisie du procureur, les faits dénoncés étaient prescrits.

Une fois mes droits notifiés et après qu'on m'eût avisé du motif de ma présence, l'audition put commencer. Je demandais la possibilité de présenter un hommage aux victimes de l'attentat de Paris. L'officier me dit qu'il y était sensible, mais qu'il ne pouvait pas l'inscrire dans la procédure.

Il avait en main une lettre du Conseil de la Communauté, listant trois pages de griefs qui m'étaient attribués. Cette lettre était signée du père Nicolas Kakavelakis, de Manolis Bibilis, et d'une troisième personne dont je ne pus lire le nom.

Je fis remarquer que cette lettre et cette plainte n'avaient aucune valeur. Le Conseil est composé de 15 membres. Or, pour prendre une décision à l'issue d'une délibération, le secrétaire doit convoquer les membres avec un ordre du jour. En l’occurrence, plusieurs des membres du CA s'étaient plaints au préfet de n'être jamais convoqués à aucune réunion. Par conséquent, la décision d'engager une procédure était nulle et non avenue.

L'officier fit remarquer que le Président a le pouvoir de représenter la Communauté. Cela est vrai dans certains cas, mais il ne peut pas présenter sa décision comme étant le fruit de la délibération du Conseil. Et, en matière judiciaire, il faut l'unanimité des membres du CA pour décider d'engager une action et avoir qualité à agir.

Je fis ensuite observer que j'avais écrit à ce jour 148 messages. Or, dans la longue liste des doléances que nous avions sous les yeux, il n'y avait pas la moindre ligne reprenant ce que j'avais écrit. Nous n'étions que dans de vagues affirmations. L'officier me fit remarquer, par une question subtile tout autant que perfide dont les policiers ont le secret pour déstabiliser leur interlocuteur, que je savais bien ce que j'avais écrit. Ce n'était pas complètement vrai, car je ne peux pas retenir la totalité de ce que j'écris. De plus, ce n'était pas à moi de prouver que j'étais innocent, mais à l'accusateur de prouver que j'étais coupable. Pour cela, il se devait de produire les phrases qu'il jugeait diffamantes.

D'ailleurs, je ne visais à dénigrer personne. Je rapportais des choses parfois désagréables, certes, mais jamais calomnieuses. Pour m'en assurer, je laissais toujours un droit de réponse aux personnes que je nommais dans mes messages en leur soumettant le texte au préalable afin qu'ils puissent l'amender, ou répliquer, éventuellement, selon leur droit de réponse.

L'officier eut beaucoup de mal à me croire sur ce point. Car si je soumettais mon texte en amont et que les protagonistes ne faisaient pas de remarque pour demander à changer ce qu'ils pouvaient estimer être diffamant, ils n'avaient plus de légitimité pour se plaindre de mes publications. 

S’agissant du père Nicolas, je ne parlais de lui que dans le cadre de ses fonctions. Et ses fonctions veulent qu'il ne soit que le représentant du métropolite Emmanuel Adamakis, selon les règles ecclésiales qui prévalent dans notre association cultuelle. Par conséquent, c'est au métropolite que je soumettais mon texte chaque semaine. 

Je me plaçais dans un travail de journaliste avec, il est vrai, une ambiguïté sur mon rôle lorsque j'étais également témoin. Contrairement aux journalistes, je citais mes sources et produisais mes documents. Il m'était arrivé de commettre des erreurs, ce dont plusieurs personnes m'avaient fait part : je rectifiais alors mes textes, même une fois publiés afin de ne pas laisser de telles erreurs en ligne. Il n'y avait donc aucune volonté de nuire dans ma démarche. Récemment, un journaliste Sud-Africain se fit agresser en direct à l'antenne : cessa-t-il d'être journaliste parce qu'il était en même temps victime ? Aurait-il cessé de l'être s'il avait été en même temps témoin ?


Nous avons repris les grandes lignes des affirmations du père Nicolas, sans qu'elles permettent d'entrer dans les détails puisqu'il ne les étayait par aucun document. Ce fut néanmoins l'occasion de revenir sur quelques dossiers que le père Nicolas n'avait pas cru bon de mentionner et que l'officier ne connaissait pas, comme celui de mademoiselle P. L'Annonciation de la Mère de Dieu ne pouvait affirmer que je créais du tort au père Nicolas Kakavelakis par mes propos, tout en sachant qu'il ne s'agissait pas de mes propos mais de ceux d'une demoiselle identifiée. L'argument était d'autant moins recevable que ni le père Nicolas ni l'Annonciation n'avaient jamais contesté le témoignage de cette demoiselle, bien qu'ils eussent été dans leur droit de le faire s'ils avaient estimé que les propos relatés étaient mensongers.

Je ne reviendrai pas ici sur les trois pages de doléances que nous dûmes aborder. Pas une seule de ces accusations n'était étayée, et pour cause : elles étaient toutes mensongères, ce qui conduisit l'officier à me conseiller d'attendre l'avis de classement du procureur, pour venir ensuite déposer plainte contre le père Nicolas pour dénonciation calomnieuse.

Je ne reviendrai que sur l'un des éléments avancés par mon accusateur. Il paraîtrait que j'aurais dit que la mère du père Nicolas est la secrétaire du Patriarche. Je ne vois pas en quoi cela aurait pu constituer une infraction, mais, indépendamment du fondement juridique douteux de l'accusation, elle était fausse !

Ce même point de l'accusation faisait allusion au 8ème message de mon blog : Patriarcat et franc-maçonnerie, dans lequel je relatais que j'avais écrit en recommandé au Patriarche de Constantinople. La signature sur l'avis de réception du recommandé indique : Kakavelakis. Quel Kakavelakis ? Je ne sais pas. Mais je relevais qu'il était probable qu'il s'agisse de Madame Mère qui travaillait au patriarcat.

Je ne sais pas ce qui fit croire au père Nicolas que je pensais que sa mère était la secrétaire du Patriarche. J'ai entendu beaucoup d'explications de personnes qui cherchaient à comprendre quel lien unissait ces deux-là, et pourquoi Madame Mère aurait pu relever le courrier de cet honorable célibataire, mais celle de la secrétaire est de loin la moins intéressante... En tout cas, ce n'est pas l'explication qui permettrait de comprendre pourquoi le père Nicolas bénéficie d'une protection lui permettant d'être toujours en poste...


Il y eut un point qui intéressa particulièrement l'officier : celui de l'excommunication supposée que le métropolite aurait décidée à mon égard.  Cette excommunication était mise en avant par le père Nicolas comme un élément à charge contre moi. Je répondis que le père Nicolas avait excommunié de nombreuses personnes de sa propre autorité, bien que les règles de l'église ne lui donnent pas ce pouvoir. Le père Nicolas n'aurait pas manqué de produire cette décision épiscopale dans sa plainte si elle avait existé, tout comme il avait produit d'autres courriers du métropolite. Une excommunication ne peut venir que du métropolite. Et s'il avait pris une telle décision contre moi, il n'aurait pas manqué de m'en faire part directement. Ce qui n'avait jamais été le cas. Car, à défaut, comme pour toute décision prise mais non signifiée à l'intéressé, elle n'était pas applicable.


J'évoquai également une plainte pour diffamation que j'avais déposée en 2012, suite à un texte publié par le père Nicolas sur la page internet de la communauté. Je donnai la copie de ma plainte avec l'accusé de réception du Parquet. L'officier s'étonna que je n'aie jamais été entendu dans cette affaire et me dit que c'était un élément à charge contre le père Nicolas, puisqu'il se plaignait en 2013 de méthodes qu'il employait en 2012. Il est possible que ce dossier soit rouvert, bien que je considère que les faits sont prescrits, tout comme ceux qui me visaient ce jour-là.

L'officier me reprocha de mettre les choses en ligne, sans attendre que la justice se prononce. Je répondis que j'avais saisi les autorités religieuses compétentes un an avant de commencer mon blog, mais que le métropolite Emmanuel Adamakis avait étouffé l'affaire. Il avait notamment annulé une confrontation que son vicaire, le père Arsénios, avait programmée entre la jeune mademoiselle P. et le père Nicolas. Par la suite, sur les faits de faux, la Préfecture avait saisi le procureur. La Préfecture avait également demandé une enquête des Renseignements Généraux sur les dossiers visant notre association. Enquête qui avait abouti à une note complète. Note qui avait servi à étouffer la plainte de la Préfecture. En effet, un an plus tard, les services du parquet ne trouvaient plus aucune trace de cette plainte. Il avait fallu que des élus de la Communauté prennent un avocat pour la relancer. J'étais d'accord pour engager des recours internes, ou pour laisser faire la justice, mais à condition que les autorités saisies traitent les problèmes sans les étouffer.

L'officier attira alors mon attention sur l'article 40 du code pénal, qui permet de saisir le procureur sans être soi-même victime. Je pris acte de cette recommandation, qui rejoignait celle faite par le délégué du préfet, la veille.

Je ressortis sans avoir reçu de convocation pour me présenter devant un juge, et sans qu'aucune charge ne soit retenue contre moi. L'officier ne prit même pas la peine de téléphoner au procureur pour lui demander quelles suites il entendait donner à cette affaire. Il me dit qu'il lui renverrait le tout, afin qu'il prenne sa décision. Manière diplomatique de me dire qu'il n'y avait rien à poursuivre, mais que je devais néanmoins faire attention à ce que j'écris.


L'officier reproduisit fidèlement mes propos dans l'audition, ce qui était très appréciable. Par comparaison, en juillet 2012, l'officier qui m'avait entendu s'était alors contenté d'une vague synthèse évocatrice. Les synthèses ne laissent pas de place aux nuances, et il est regrettable de devoir s'en contenter.

L'officier avait entendu l'histoire du vigile, qui avait manifestement fait le tour du commissariat. Il me dit que personne ne pouvait m'interdire d'entrer dans un lieu de culte, quelle que soit la fantaisie des arguments présentés. Seul un juge a le pouvoir de prendre une telle décision, ce qui n'était pas le cas.
 
Je conclurai ce message en mettant à l'honneur un principe cher au père Nicolas, celui du droit à la satire : j'avais l'impression que toute cette plainte avait été rédigée par les Pieds Nickelés de la procédure, ces petits-filous sans envergure dont les mauvais coups les conduisent souvent en prison !

L'audition avait duré 3 heures.