de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 25 janvier 2014

99- Travaux d'extension

Les dernières Annonce Orthodoxe publiées par la communauté ont à plusieurs reprises fait référence à des travaux. Les appels aux dons se succèdent de bulletin en bulletin, jusqu'au numéro 28 qui vient d'être publié, toujours avec la même rhétorique : donnez pour des travaux et vous serez les égaux des fondateurs d'hier. Mais il n'y a par contre jamais de communication sur l'argent récolté, et personne n'a vu la moindre trace de travaux réalisés. Ces travaux annoncés seront donc le thème de ce message.

Nous pouvons lire dans les différents bulletins :
La rénovation et l'amélioration de notre bâtiment (église, école, salle de fêtes) est aussi une priorité. Ce sont les lieux où la Communauté se retrouve et s'exprime, il s'agit aussi de notre image et c'est pourquoi il faut la conserver soigneusement. Les fenêtres de la salle et de l'école, par exemple, datent de la construction du bâtiment, presque 40 ans et dans le bâtiment entier il  n'y a aucune isolation ! (Annonce Orthodoxe n° 24, p. 2, § 7). Puis suivait un appel aux dons.
Suite à la période estivale et les vacances, une nouvelle époque de travaux vient de commencer pleine de défis pour notre vie personnelle mais aussi notre vie communautaire. (Annonce Orthodoxe n° 27, p. 2, § 1). Puis suivait un appel à la solidarité et à imiter les anciens : C'est maintenant qu'on bâtit l'avenir de notre communauté, devenez alors fondateurs du demain (Id.).

Depuis un an et demi que l'appel à changer les fenêtres de la salle et de l'école a été lancé, absolument rien n'a été engagé pour le faire. Absolument rien non plus depuis que l'on nous apprenait que c'est maintenant qu'on bâtit l'avenir, il y a six mois. Alors, les membres de la communauté ont-ils donné de l'argent pour faire des travaux, ou personne n'a-t-il jamais rien donné ?

Parce que si personne n'a jamais rien donné, on peut se demander pourquoi le père Nicolas vient d'écrire :
L'année qui vient de s'écouler nous a laissé une communauté bien plus agrandie, bien plus forte, bien plus engagée dans ses objectifs (Annonce Orthodoxe n° 28, p. 2 § 1). Nous allons commencer des travaux très importants pour transformer l'apparence extérieure de notre église, en église byzantine, pour ériger un étage et améliorer ainsi notre école grecque, pour rénover aussi nos locaux (Id.).

Mais si des gens ont donné pour changer les fenêtres dont il était question plus haut, on peut légitimement se demander ce qu'il est advenu de cet argent. Parce que le père Nicolas ne fait pas du tout allusion à ce qu'il a reçu quand il écrit : C'est vrai, nous n'avons pas les moyens financiers, tout paraît impossible (Annonce Orthodoxe n° 28, p. 2 § 1).

De la même façon, si l'année qui vient de s'écouler nous a laissé une communauté bien plus agrandie, bien plus forte, bien plus engagée dans ses objectifs, on peut se demander pourquoi le père Nicolas demande aux enfants de l'école grecque d'emmener du papier pour qu'il puisse faire des photocopies. Ou pourquoi il a décidé d'exclure des cours les parents qui ne payeraient pas une adhésion de 50 euros. Ou encore pourquoi il ne chauffe plus l'école grecque depuis deux ans, malgré les froids extrêmes de l'an dernier, laissant les enfants frigorifiés durant leurs cours. Les parents doivent donner de plus en plus pour une prestation dont la qualité baisse constamment.

Plusieurs élus de la communauté ont demandé un accès aux comptes. Ils ont tous été exclus par le père Nicolas et par l'évêque sans autre forme de procès, comme nous l'avons vu dans le message exclusion des élus.

Alors, au-delà des mots annonçant de grands projets sous réserve de notre béate générosité, il se murmure déjà que le père n'aurait jamais eu l'intention de construire un étage de plus à l'école grecque. Les enfants de l'école sont en voie de désertion et un étage de plus ne lui servirait à rien en l'état actuel des choses.

Noël 2008
Noël 2013
 
Ce projet ne serait qu'un prétexte pour annexer la salle de classe actuelle à son appartement qui deviendra bientôt moins spacieux lorsque son second enfant sera né. En attendant un chimérique second étage qu'ils ne verront sans doute pas plus que le changement des fenêtres qui leur était annoncé, les quelques enfants de l'école grecque qui restent encore pourront toujours se partager la salle paroissiale du rez-de-chaussée. Il n'y a pas d'argent pour acheter du papier pour l'école, mais il y a un nouveau rétroprojecteur pour les soirées karaoké du père (Annonce Orthodoxe n° 26, p. 2, 20 mars) .


Bien évidemment, ce ne serait pas un problème en soi que le père veuille agrandir son appartement si cela s'inscrit dans un projet global et réaliste. Il en parlait déjà lorsque je réhabilitais le presbytère. Je lui avais signalé qu'il faudrait préalablement demander un rapport d'expert en structure pour s'assurer que les fondations peuvent porter cet étage. Le bâtiment de l'école s'est affaissé lorsque l'immeuble en face a été construit, ce qui traduit un problème d'encrage dans le sol. Le carrelage et certains éléments de structure le montrent encore aujourd'hui et il n'est pas sûr du tout qu'il puisse porter le poids d'un étage supplémentaire.

Au-delà de l'annonce marketing d'un projet dont la faisabilité n'a jamais été étudiée sérieusement, le problème viendrait plutôt qu'une fois de plus le père se serve des enfants comme prétexte et faire-valoir de ses propres intérêts.

Les effectifs de l'école ont été divisés par dix en quatre ans et il faudrait maintenant construire un étage de plus pour ces quelques enfants restants ? Et alors même que la Grèce supprime les postes d'enseignants ? Avec quoi va-t-il remplir son étage s'il n'y a plus ni enfants, ni enseignants ?

Les projets d'extension sont une bonne chose dans une communauté. C'est avec de tels projets que notre communauté a été construite. Mais les projets dont il est question ici sont loin d'être le vent nouveau qui souffle pour assainir un état depuis longtemps marécageux (Annonce Orthodoxe n° 28, p. 2 § 1). Ce n'est pas très flatteur d'appeler à imiter les anciens qui ont tout construit, et d'assimiler dans le même temps ce qu'ils ont fait à un état marécageux. Le seul état marécageux est celui créé par le père Nicolas et l'évêque, comme nous l'avons vu au fur et à mesure des messages de ce blog, et non ce que les anciens ont laissé. Et s'ils voulaient vraiment l'assainir, il y a longtemps qu'ils auraient dû partir.

En attendant, à ceux qui croient que c'est maintenant qu'on bâtit l'avenir de notre communauté, qu'il peuvent devenir les fondateurs du demain (Annonce Orthodoxe n° 27, p. 2, § 7), et qu'ils sont dès à présent les fondateurs de notre époque (Annonce Orthodoxe n° 28, p. 2 § 1), je dirai qu'ils ont raison. Construire notre communauté est une grande chose et des personnes très respectables comme le docteur Ladias ou Stélios s'y sont attelées. Comme eux vous pouvez donner aujourd'hui. Et comme eux vous serez exclus demain lorsque vous demanderez où est passé votre argent.

samedi 18 janvier 2014

98- Prières de rue

Sous le quinquennat de Sarkozy, l'actualité se remplissait de polémiques autour des prières de rue. La question était de savoir si la prière, signe religieux par excellence, était possible sur la voie publique de la République.


Les prières de rues ont été interdites depuis le 16 septembre 2011 et, officiellement, une loi de Claude Guéant sur la question. Pourtant, d'après la Préfecture de Paris, citée par les Inrockuptibles, aucune loi ancienne ou récente n'interdit de prier dans la rue. Monseigneur Emmanuel, métropolite de Paris, a décidé de relancer le débat sur cette question par l'intermédiaire de son prêtre, le père Nicolas Kakavelakis. Ce dernier a profité de la fête du Baptême du Christ du 6 janvier 2014 en célébrant sur la voie publique à Lyon.

  


La question n'est pas de savoir si le père Nicolas a obtenu les autorisations nécessaires puisqu'il y a désormais une interdiction formelle de telles pratiques. Si le père Nicolas avait l'habitude de s’embarrasser avec la Loi, nous le saurions. Ce qui est intéressant, c'est surtout le positionnement politique du père et de l'évêque, qui prennent ouvertement position sur un dossier sensible qui n'était plus d'actualité, eux qui sont davantage connus pour essayer d'étouffer les choses que pour leur redonner vie.

Plus largement, cette manifestation sur la voie publique voulue par monseigneur Emmanuel s'inscrit dans une politique globale de liberté d'expression chère à la République. Si les femen, habituées des manifestations de trottoir, 

 
peuvent venir librement manifester dans une église, 
 

qu'est-ce qui viendrait empêcher que les fidèles de toutes religions sortent de leurs lieux de culte pour prier sur la voie publique ?

Yves Thréard, du Figaro, a demandé à Manuel Valls que le mouvement des femen soit dissout sur les mêmes bases que celles invoquées pour interdire les spectacles de Dieudonné. Pour reprendre la circulaire de Valls, le trouble à l'ordre public existe, tout comme l'atteinte à la dignité des personnes. Les mêmes causes devant produire les mêmes effets, Valls n'a effectivement pas d'autre solution que de dissoudre ce mouvement.

Encore que la comparaison avec Dieudonné est mauvaise, car celui-ci ne va pas dans les synagogues ou les églises sans prévenir personne pour imposer son spectacle à ceux qui ne voudraient pas le voir. C'est pour cette raison que je ne suis pas d'accord avec François Hollande lorsqu'il dit que les chrétiens face aux femen doivent être protégés comme les juifs face à Dieudonné. Les deux ne sont pas comparables.

Hollande peut dire que les chrétiens doivent être protégés contre l'auteur de Golgotha Picnic et contre celui de Piss Christ, comme les juifs avec Dieudonné, et nous savons qu'il ne les protège pas. Mais en aucune façon il n'est possible de comparer Dieudonné et les femen.

Au-delà des mots de circonstance de Hollande, trop occupé à Trierweiler moins pour Gayet plus, lui et son ministre de l'intérieur sont très loin de cette attitude égalitaire et créent la division en traitant les religions de façons différentes.

Le prêtre de l'église profanée ci-dessus a porté plainte, et la jeune femme en question a passé huit heures en garde à vue. Entendue pour exhibition sexuelle, elle est convoquée par un juge d'instruction le 14 mars prochain. L'avenir judiciaire tranchera entre ce que la liberté permet ou non.


Le partage entre la liberté d'expression, qui n'est que l'une des multiples facettes de la Liberté, et le respect des autres, est une question de discernement bien avant d'être une question de droit. Dans le cas de cette jeune femme, au-delà de toute interdiction et de toute condamnation, il me semble important qu'elle comprenne qu'elle a le droit absolu d'être ce qu'elle est, mais qu'elle ne peut en aucune façon l'imposer aux autres. Car dès que l'on veut imposer aux autres sa façon de penser, la déviance vers le totalitarisme est quasiment inévitable.

C'est avec la volonté de ne pas imposer aux autres un mode de pensée qu'ils ne partagent peut-être pas que les prières de rues ont été interdites. Je ne suis pas sûr que monseigneur Emmanuel et le père Nicolas aient montré plus de discernement que cette jeune femme en allant sur la voie publique bénir les eaux du Rhône.

mercredi 15 janvier 2014

97- Fascisme moderne

Lorsque nous avons vu sur ce blog avec quel autoritarisme sectaire le métropolite Emmanuel et le père Nicolas Kakavelakis avaient falsifié des documents, commis de nombreuses irrégularités, exclu les élus qui demandaient des comptes, exclu les familles qui n'acceptaient pas ce qui se passait, pris le pouvoir sur les finances et les biens de la communauté par des décisions irrégulières... il restait cependant un espoir de rectifier ce qui devait l'être par les règles de notre société de droit : la Justice

C'est ainsi que les actions nécessaires ont été entreprises et que nous aurons à en reparler lorsque le moment sera venu. Pourtant, la justice ne peut pas fonctionner sans deux notions indissociables : l'égalité et l'impartialité. Ce qui s'est passé ces derniers jours en France autour de Dieudonné a été en ce sens un véritable fiasco pour notre pays, et il faut y revenir ici, car cela risque de bouleverser les fondements mêmes de notre droit.

Si Dieudonné était venu à Lyon, [il aurait fallu aller] le voir pour le soutenir, [et] tous ceux qui font vivre la culture à travers cette pièce. C'est notre devoir. Ne pas être là, c'est une absence qui est insupportable à mes yeux !

Ces mots sont exagérés au regard de la polémique suscitée ? C'est pourtant Manuel Valls qui les as prononcés lorsqu'il est allé voir Golgotha Picnic, pièce de théâtre ouvertement anti-chrétienne. 


De la même façon, Ardisson a défendu de toute sa verve la liberté d'expression lors des caricatures de Mahomet, même si cela blesse des millions de musulmans, car c'est ça la liberté. Mais quand il s'est agi de Dieudonné parodiant un rabbin, son raisonnement était complètement inversé et il s'est opposé à la liberté d'expression au motif qu'il ne faut pas blesser inutilement. Il est même allé jusqu'à reprocher à Dieudonné de ne pas avoir présenté d'excuses pour avoir fait son sketch. Un très bon montage comparatif des deux émissions est visible ici.

La malhonnêteté intellectuelle du personnage relève malheureusement autant de la manipulation médiatique que de son manque de consistance déontologique. Arrêt sur Image a montré dans cette vidéo que son livre plagiait à 50 % d'autres auteurs, bien au-delà de la condamnation judiciaire qui avait été prononcée contre lui. Si sa responsabilité d'homme public est grande dans ses propos et l'exemple qu'il donne, elle l'est cependant moins que celle de notre ministre de l'intérieur.
 
La séparation des pouvoirs est l'un des fondements de la Révolution qui garantit que tout le monde soit traité de manière équitable et égale. Or Valls, qui est l'un des principaux acteurs de ce mécanisme par son poste de ministre de l'intérieur, nous montre jour après jour à quel point il est partial. Sa partialité remet en cause tout l'équilibre de la République alors qu'il vient de briser cette barrière de séparation des pouvoirs.

Dessin de Plantu pour le journal Le Monde

Plusieurs points de droit ont été inadmissibles dans le traitement de l'affaire Dieudonné.

1) D'abord le fait de vouloir faire interdire le signe de la quenelle, que la justice n'a jamais assimilé à un geste ou à un acte antisémite et alors que le salut nazi n'est pas interdit.  L'appel à la haine, le racisme, l'antisémitisme... sont punis par la loi, mais pas le salut nazi en tant que tel. Les lois existent déjà et sont applicables à tous, sans qu'il y ait besoin d'interdire tel ou tel signe.

2) Ensuite le fait de faire interdire un spectacle alors qu'aucun ne l'a été depuis Molière.

Même si je trouvais Golgotha Picnic inutilement blasphématoire, les règles de mon pays  sont claires depuis les idées de la Révolution et Voltaire qui disait : Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. Valls se trompait en disant que l'absence est insupportable. L'absence est le droit de ceux qui ne sont pas d'accord avec les propos tenus. Ce qui est insupportable, c'est de faire taire au motif que l'on n'est pas d'accord.

3) Déformer la vérité, qui est que Dieudonné est un humoriste faisant un spectacle, pour le présenter comme un homme politique qui ferait un meeting, et ainsi détourner le droit applicable.

4) Ensuite, et les choses deviennent plus complexes à ce niveau-là, l'abus du risque de trouble à l'ordre public. Les Américains avaient inventé la guerre préventive. Nous avons tenté de les imiter avec la censure préventive. Pourtant, le droit pré-Vallsien voulait qu'on ne puisse punir qu'une chose ayant été produite, et non la crainte qu'elle puisse arriver. Cet arrêt du Conseil d’État a déjà pris le nom d'arrêt Minority Report.

5) Le droit punit le fauteur de trouble, et non celui par qui le trouble arrive. Prenons un exemple simple. Si Jean-Marc Ayrault prévoit d'instaurer l'éco-taxe et si les portiques destinés à prélever cette taxe sont détruits, faut-il interdire à Ayrault de s'exprimer et d'exercer sa fonction, lui par qui le trouble à l'ordre public arrive, où faut-il condamner celui qui commet le trouble et détruit le portique ? 

Le droit pré-Vallsien voulait que ce soit le casseur qui soit puni. Le nouveau droit que Valls vient d'instaurer veut maintenant que l'on poursuive Ayrault qui est celui par qui le trouble arrive tout comme il interdit Dieudonné en lieu et place des manifestants qui commettraient des actes illégaux.

Le député Belge Laurent Louis, connus pour ses positions parfois excessives mais toujours portées par une grande intégrité, a fait une très bonne analyse de cette situation.


6) Un autre point dramatique par ses conséquences est l'appel d'Arno Klarsfeld à créer du trouble à l'ordre public pour que le spectacle de Dieudonné soit interdit. Pour reprendre l'exemple précédent, c'est comme si j'appelais aujourd'hui à détruire tous les portiques éco-taxe et que j'annonce que je vais le faire pour qu'Ayrault soit limogé et condamné. Qui devrait-on alors condamner ? Ayrault contre lequel j'ai appelé à la sédition, ou moi qui suis l'auteur de cet appel ? C'est d'une débilité sans nom et cela traduit un comportement manipulateur particulièrement pervers. Dans le cas présent, c'est Klarsfeld qui mérite d'être condamné et de perdre son poste au Conseil d’État et non Dieudonné.


7) Car c'est un autre point totalement surréaliste dans cette affaire : celui qui appelle à créer le trouble pour que Valls puisse annuler le spectacle est le même qui siège au Conseil d’État, ce même Conseil d’État qui a annulé la décision du juge des référés de Nantes autorisant le spectacle.

Le devoir de réserve qui aurait dû être le sien lui imposait de ne pas prendre position publiquement sur une affaire sur laquelle il pouvait être amené à se prononcer. Tout comme Sarkozy n'avait pas à se prononcer sur le Conseil Constitutionnel où il siège lorsque celui-ci était amené à juger de la légalité de ses comptes de campagne. Un juge se doit d'être impartial et de ne pas se prononcer d'une quelconque façon, et ce d'autant plus s'il a un conflit d'intérêt manifeste.

8) Une autre des règles de droit bafouées par Valls est celle de la représentation d'un accusé par un avocat. La Cour Européenne des Droits de l'Homme a estimé qu'un mis en cause, quel qu'il soit, doit pouvoir bénéficier de l'assistance d'un avocat, et ce dès sa première heure de garde à vue. La France a été condamnée à ce propos, si bien qu'elle a dû libérer de nombreux criminels à qui elle avait refusé le droit à un avocat. Pourtant, connaissant le droit, Valls a convoqué le Conseil d’État pour que l'avocat de Dieudonné ne puisse pas être présent. L'avocat était à Nantes à 15h pour le délibéré du juge des référés, et il ne pouvait pas être à Paris à 17 heures devant le Conseil d’État, ignorant d'ailleurs que l'audience serait fixée aussi rapidement.

Le délai extrêmement court de deux heures entre les deux audiences est totalement surréaliste quand on connaît les délais habituels de ce genre de procédure. C'est ce point qui a manifesté le plus la rupture entre la séparation des pouvoirs, car les juges n'auraient jamais dû accepter la convocation de Valls, en refusant de fait à Dieudonné de pouvoir être défendu par son avocat qui connaissait le dossier.

J'espère que ce dossier arrivera devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme, car il ne peut qu'aboutir à une condamnation de la France. Cela ne semble pourtant pas effrayer nos politiques...

9) Enfin, ce qui me gêne le plus, c'est le lapsus de Klarsfled disant qu'il fallait faire interdire Dieudonné parce que c'étaient les consignes d'Israël : On tourne la Shoah en dérision ? Bon… les consignes d’Is… les… les, euh… les éléments sont requis... Cela s'appelle de l'intelligence avec une puissance étrangère, et c'est passible d'une peine de prison de trente ans, suivant les dispositions de l'article 411-4 du code pénal relatif aux crimes et délits contre la nation.

Cet article dit que le fait d'entretenir des intelligences avec une puissance étrangère [...] en vue de susciter des hostilités ou des actes d'agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450000 euros d'amende. En l’occurrence, appeler à créer du trouble à l'ordre public est un acte d'agression contre la France, tout comme porter atteinte à sa Constitution qui garanti la liberté d'expression. Le tout à la demande de l’État d'Israël.


Même Jean-Marie Le Pen n'aurait sans doute jamais osé faire au droit français ce que Valls vient de lui infliger. Si bien que ce dernier s'est aujourd'hui enfermé dans un rôle de fasciste totalitaire comme l'on vu les médias du monde entier et, par exemple, La Tribune de Genève du 10 janvier.


Alors, que Monseigneur Emmanuel et le père Nicolas se rassurent ! Dans le nouveau droit arbitraire qui vient de s'installer en France, celui où le plus influent se permet d'inventer ses propres règles, ils ont une chance de gagner les procès auxquels ils vont être confrontés.

samedi 11 janvier 2014

96- Laïcité

Il est de notoriété publique que le Général de Gaulle était un catholique convaincu. Les fondements éthiques de sa foi ont été toute sa vie la source de sa grande probité. Malgré sa foi profonde, il n'a jamais communié durant toutes les années où il représentait la République en tant que Président.

Ce n'est pas que la République était supérieure à sa foi, mais plutôt qu'elle était le garant de la cohésion de toutes les cultures de la France. En tant que représentant de la France, il ne pouvait manifester un attachement plus important à l'une ou à l'autre de ses composantes et devait traiter tout le monde de manière égale.

Il y a deux façons de concevoir la laïcité.

La première consiste à dire que tout ce qui représente un signe distinctif permettant d'assimiler une personne à une communauté est interdit.

La seconde considère que la République est la garante de la liberté de chacun et qu'elle doit protéger toutes les consciences et toutes les fois. Que ce soit au niveau des religions ou au niveau des traditions locales.

Lorsque la République a été vue sous sa forme restrictive d'interdiction de toute différenciation, cela a toujours donné lieu à des dérives autoritaires. L'interdiction des langues régionales apparaît pour la première fois dans les manuels scolaires des classes de primaires élémentaires le 18 janvier 1887. Les révolutionnaires ont donc vécu cent ans sans avoir à interdire à chacun la langue qui lui était propre. Cela a été vécu comme un totalitarisme de la centralisation parisienne, qui a été combattu jusqu'à la réhabilitation de ces langues. Elle s'est étalée de la loi Deixonne en 1951 à la révision de la Constitution de 2008. Pourtant la France n'a pas encore ratifié la charte des langues régionales ou minoritaires portée par le Conseil de l'Europe, bien que Jean-Marc Ayrault ait évoqué la possibilité d'un référendum sur cette question il y a un mois.

Il est vrai que les politiques sont toujours plus enclins à proposer des référendum sur des questions qui font consensus depuis plus de 200 ans que sur des sujets d'actualité comme le mariage homosexuel.

Cet exemple des langues donné, la question des religions au sein de la République pose les mêmes problèmes : peut-on se promener dans la rue en habit de moine, avec une kippa sur la tête, ou recouvert d'un voile ? Et la dérive logique d'interdire une manifestation d'une religion n'est-elle pas d'en arriver à interdire la religion que l'on ne voudrait plus voir ? Ne suffirait-il pas d'invoquer un risque de trouble à l'ordre public pour décréter de façon arbitraire que les musulmans sont interdits en France ?

Plusieurs lobbies influents et organisés en France, dont les représentants de certaines loges maçonniques, sont enclins à penser qu'une interdiction généralisée serait la solution, mais il faudrait heurter la conscience juive sur le port de la kippa, ce qui n'est actuellement pas acceptable politiquement. Les formes extrêmes du voile islamique sont donc pour l'instant les seules visées par les interdictions, bien que l'on parle de plus en plus d'étendre l'interdit à d'autres formes de voile.

Quelle que soit la réponse que nous aimerions entendre à cette question du port des signes religieux, il y a une chose qui fait consensus :  les représentants de la République se doivent d'avoir un comportement de neutralité irréprochable envers toutes les composantes du peuple français, à l'instar de l'exemple montré par le Général de Gaulle.

Et c'est là que le bât blesse, car loin s'en faut que ce soit le cas. Nous n'en sommes bien évidemment pas encore à voir François Hollande porter un voile intégral, même si l'idée du casque intégral fait son chemin...


Cependant, en contrevenant à la loi n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public, on ne peut que constater que François Hollande apporte un soutien inespéré au port de la burka.

Il ne se gêne pas davantage, à l'instar de son ministre de l'intérieur,  pour porter la kippa.


On pourrait bien évidemment se dire que si Valls est invité dans une synagogue, il est légitime qu'il respecte les usages locaux en portant la kippa. Mais la République accepterait-elle que madame Taubira porte le voile islamique si elle va visiter une mosquée ? La réponse est clairement non. Valls a d'ailleurs gardé ses chaussures quand il a inauguré la mosquée de Strasbourg.


Respectant les usages des uns et refusant ceux des autres, Valls est partial dans son approche des religions et surtout dans sa représentativité de la République. Sa partialité me sert aujourd'hui, car je suis dans le camp de ceux qui ont le droit de porter le voile lorsqu'ils se rendent dans l'espace public de l’Élysée, comme ici le Patriarche de Constantinople.


Droit que Valls refuse à des mères de familles musulmanes qui accompagnent leurs enfants lors de sorties scolaires.

J'ai été moine. Lorsque j'ai été convoqué pour faire mes trois jours préparatoires au service militaire, j'y suis allé en habit monastique. Le même que celui que porte le Patriarche. Il y avait bien sûr des regards de curiosité, mais je n'en ai pas croisé qui soient malveillants. Et surtout personne ne m'a interdit d'être ce que je voulais être, bien que je sois au milieu d'une caserne militaire. Au contraire, il y a même eu une forme de respect des officiers lorsque je suis arrivé dans les premiers aux tests d'aptitude pour être sous-officier.

Mais que se passera-t-il pour moi si le rapport de force s'inverse et que je ne fais plus partie de ceux qui peuvent porter le voile dans les lieux publics ? Devrai-je me cacher pour croire en mes idées et pour les pratiquer ? Le garant que je sois toujours protégé quelles que soient les personnes au pouvoir n'est-il pas précisément le précepte de neutralité et d'impartialité de la République ?
 
Si monsieur Valls se permet de porter la kippa lorsqu'il représente la République, pourquoi a-t-on reproché à Christine Boutin de mettre un tchador lors de son voyage en Iran alors qu'elle n'avait aucun mandat électif à ce moment-là ?


Pour ma part, je pense que chaque homme politique peut avoir l'attitude qui lui convient envers les religions tant qu'il n'a pas de mandat représentatif du peuple. Le jour où il exerce son mandat, il doit laisser ses convictions de côté pour être un exemple d'impartialité. La République n'est pas une immense prison au sein de laquelle tout serait interdit. Elle est au contraire le plus grand espace de liberté de chacun et la garante de ces libertés. Les interdictions que nous voyons s'accumuler d'année en année et jusqu'à ces derniers jours ne peuvent conduire qu'à un État de dictature.

jeudi 2 janvier 2014

95- Dieudonné

Avant toute chose, je me plierai aux usages en souhaitant une bonne année à tous.

Si l'on en croit les médias français de ces derniers jours, le problème principal de la France ne serait ni le chômage de masse, ni la crise économique de l'Europe, ni les guerres diverses qui secouent le monde, mais Dieudonné qui symboliserait le renouveau de l'antisémitisme. Il y a longtemps que je n'ai pas eu le temps d'écrire sur ce blog et, bien qu'il y ait de nombreux sujets que j'aimerais aborder, c'est celui-ci sur lequel je voulais revenir aujourd'hui.

Au-delà des mots que les médias utilisent, parfois de façon simplement marketing ou tout du moins avec un manque de rigueur littéraire certain, il convient de revenir sur certaines définitions de base. Pour savoir qui est antisémite, il faut au préalable se demander qui est sémite.

Wikipédia nous donne cette définition très claire : En linguistique, les Sémites sont l'ensemble des peuples utilisant ou ayant utilisé les langues sémitiques. Cette notion est reprise par la linguistique contemporaine pour poursuivre l'étude de ces langues. En ethnologie, ce sont les peuples (actuels ou anciens) parlant une langue du groupe sémite, c'est à dire au Moyen-Orient, dans la Corne de l'Afrique (seulement l'Érythrée et l'Éthiopie), la péninsule Arabique, le Croissant fertile et en Afrique du Nord.

Vient ensuite une liste des langues et peuples sémites éteints, puis des langues et peuples sémites actuels : les Assyriens (Irak, Syrie, Iran), les Amharas (Ethiopie), les Arabes de tous les pays, les Hébreux, les Maltais, les Mandéens (Irak, Iran) ; les Syriaques (Proche-Orient), l'araméen...

Les peuples sémites sont les peuples issus de Sem, fils de Noé et ancêtre d'Abraham.

Toujours dans les définitions de base, être raciste, c'est considérer que certaines races sont supérieures à d'autres, entraînant une attitude d'hostilité contre les races jugées inférieures.

Être raciste est donc une attitude globale envers ceux que l'on considère comme inférieurs, et non une attitude visant telle ou telle personne. Tout comme être antisémite est une attitude de rejet des peuples sémites. Bien que le mot antisémite soit utilisé dans le langage courant comme visant les juifs, ce serait un non-sens de dire qu'un Iranien Assyrien ou Mandéen serait antisémite car il est lui-même sémite. Il peut être anti-juif, anti-judaïque, voire antisioniste, définition sur laquelle nous allons revenir, mais pas antisémite. De la même façon, un Israélien qui va lâcher une bombe sur des Palestiniens ne sera pas davantage antisémite, car il est tout autant sémite que ses victimes.

Dieudonné peut-il être considéré comme antisémite ? Dans la mesure où il est entouré d'Arabes, qui sont des sémites, la réponse est non. 

Peut-il alors être considéré comme anti-juif ? Sa page facebook montre qu'il est tout autant entouré de Juifs que d'Arabes. Cette accusation ne tient pas davantage que la première. La photo ci-dessous vient de la page facebook d'Alain Benajam.




Mais alors qu'est-ce que Dieudonné est ? Il est tout d'abord une personne qui s'est défendue lorsqu'il a été attaqué sur l'un de ses sketchs. De cette défense est née une attitude de révolte contre un système qui a voulu le briser sans y parvenir, ce qui a eu pour conséquence de le rendre plus fort et d'en faire un porte parole de ceux qui sont injustement accusés.

J'ai récemment regardé plusieurs de ses vidéos et, n'en déplaise à monsieur Valls, il y a des passages très drôles. Il traite de sujets divers avec le même esprit caustique que Coluche. J'aime bien celle du Vert désabusé qui devient Gris... Coluche était-il anti-catholique quand il disait qu'on pouvait trouver plus con que les sportifs et les militaires, mais qu'il ne voulait pas se fâcher avec les catholiques ? Dieudonné est-il antisémite dans son sketch du rabbin nazi ? Je crois que les deux utilisent la même forme d'humour. Les Juifs de France ont d'ailleurs clairement pris sa défense par une série de tweets et un texte repris ici.

Le message qui ressort des vidéos de Dieudonné est qu'il considère qu'il n'y a pas un génocide qui soit supérieur à un autre. Le génocide des Juifs par les nazis n'est pas plus condamnable que le génocide des Africains par les esclavagistes ; ni plus que celui des Indiens d'Amérique par les colons qui avaient envahis leurs terres ; ou que celui des Japonais d'Hiroshima et Nagazaki par les Américains. Il est tout autant condamnable que celui des Serbes par les Croates alliés des nazis ; tout autant que celui des Arméniens par les Turcs ou tout autant que celui des Palestiniens par les Israéliens. Il est tout autant condamnable que tous les génocides de tous les âges, même si, d'une façon littérale, tous les exemples cités ne correspondent pas exactement à la définition du génocide. Gilad Atzmon, juif, jazzman et auteur, a pris la défense de Dieudonné sur ces questions dans cette vidéo.


Partant de cela, laisser se moquer de certains génocides alors qu'il n'est pas possible de se moquer d'autres est une injustice. Soit une injustice pour la mémoire de ceux qui sont morts, soit une injustice pour la liberté d'expression. Mais le principe d'égalité fondateur de la République ne permet pas une double appréciation. Il ne permet pas de considérer que certains devraient être indemnisés pour leur préjudice et les autres non. Il ne permet pas de considérer que le Piss Christ (photo du Christ immergé dans de la pisse) serait une œuvre d'art défendue par Frédéric Mitterand et que le Piss David d'un artiste taliban méconnu serait de l'antisémitisme. Surtout, il ne permet pas de rendre légitime le martyr du peuple Palestinien. 

Car c'est bien pour justifier le martyr du peuple Palestinien que toute la confusion moderne d'antisémitisme a été véhiculée par les médias et certains lobbies. Ce sont les Juifs eux-mêmes qui expliquent le mieux la situation et défendent Dieudonné. Je n'ai rien trouvé de plus clair à présenter que cette vidéo de rabbins.

Lorsque les Palestiniens se sont fait voler leurs terres et ont commencé leur long calvaire qui se poursuit aujourd'hui, leurs bourreaux ont tenté de décrédibiliser les consciences qui s'élevaient en les associant à des antisémites. De telles accusations étaient purement marketing pour les raisons évoquées ci-dessus car le problème n'a jamais été le judaïsme, mais le sionisme.

Pour ma part, je pense que Dieudonné est l'une de ces consciences. Il s'élève contre des injustices et, à ce titre, est fondamentalement antisioniste. Il a reçu le soutien officiel de rabbins dans cette autre vidéo, rabbins qui sont sémites, juifs religieux et profondément antisionistes.


Qu'est-ce que le sionisme ? Il s'agit d'une idéologie qui tend à vouloir transformer la religion juive en un État d'où seraient exclus ceux qui ne partagent pas cette religion. Tout comme les salafistes veulent des républiques islamistes un peu partout dans le monde. Mais si nous condamnons unanimement ces fascistes musulmans qui tuent ceux qui ne pensent pas comme eux et veulent imposer à tous leur idéologie, qu'est-ce qui justifierait que l'on fasse l'éloge des mêmes fascistes juifs qui procèdent du même esprit d'exclusion des autres, fût-ce par l'extermination ?

J'évoque des fascistes juifs car la définition de ce mot parle de pouvoir imposé par la force au service d'une classe dominante. Suivant cette définition, c'est du fascisme de stériliser de force toutes les femmes noires éthiopiennes qui avaient immigré en Israël, du fascisme de vouloir interdire la nationalité israélienne à quelqu'un qui ne prêterait pas allégeance à un Israël purement juif, ou du fascisme de refuser à la partie noire de la population de donner son sang, même s'agissant d'une députée.

J'ai vu monsieur Valls s'élever ces derniers temps contre Dieudonné qui ferait son business sur la haine. Mais, sauf erreur, monsieur Valls représente un État qui vend des armes qui tuent tous les jours, alors que monsieur M'Bala M'Bala n'en vend pas. Je ne suis pas sûr que monsieur Valls soit bien placé pour critiquer le business de la haine alors que son président négocie pour trois milliards d'euros la vente d'armes à l'Arabie Saoudite. Les armes qu'il vend ne sont pas destinées à faire pousser des fleurs.

Il y a des raisons légitimes pour vendre des armes ou les utiliser. Mais au-delà de toute légitimité, cela reste un business de haine. Or, à supposer que le business de haine qu'attaque monsieur Valls soit réel, il ne laisse en rien supposer qu'il ne soit pas légitime.

Au-delà des mots utilisés, il faut se demander qui est dangereux. Est-ce celui dont les mots acerbes provoquent le rire lors de spectacles, ou celui dont les armes tuent des innocents tous les jours ? Pour ma part, je pense que Netanyahou est beaucoup plus dangereux que Dieudonné car l'un a le sang d'innombrables innocents sur les mains et l'autre n'en a pas. Pourtant Hollande a exprimé son amour à Netanyahou comme l'a montré ce reportage de Canal+, alors même que Chirac avait des mots très durs contre les dirigeants Israéliens. Si donc notre actuel président estime que le meurtrier fasciste d'extrême droite est digne d'éloges, a quel titre devrait-on condamner l'humoriste ?

Monsieur Valls veut-il vraiment combattre les injustices au-delà de chercher à assurer le développement de sa propre carrière ? Alors qu'il s'attaque aux véritables meurtriers et qu'il arrête de vouloir nous faire croire que Dieudonné serait dangereux. Parfois vulgaire, certes, mais certainement pas dangereux.

Jean-Jacques Goldman se demande, dans l'une de ses chansons, ce qu'il serait devenu s'il était né en 17 à Leidenstadt. Pour ma part, je pense que nous avons tous la possibilité d'avoir la réponse à cette question à l'aune de ce que nous sommes aujourd'hui. 

Sommes-nous sans consistance, sans jamais oser nous affirmer devant les injustices que nous croisons ? Sommes-nous des instruments du pouvoir qui exécutons docilement les ordres reçus quels que soient ces ordres ? Sommes-nous des opportunistes, à essayer de profiter au mieux des situations en nous disant que si ce n'est pas nous qui le faisons, d'autres le feront à notre place ? Ou bien sommes-nous les improbables consciences dont parle Goldman ? 

La définition d'une conscience est qu'elle se lève dès qu'elle rencontre une injustice, quelle que soit cette injustice. Elle sait que son intérêt supérieur n'est pas son portefeuille ou le pouvoir qu'elle tient de ses responsabilités, mais la sauvegarde de ses idéaux. Partant de ce principe, je suis persuadé que Dieudonné n'est pas le danger que Valls nous présente, mais qu'il est l'improbable conscience qui dérange le pouvoir. Car, au-delà des mots qu'il utilise pour mettre en exergue ces injustices qu'il dénonce, je pense qu'il serait le premier à donner sa vie pour les Juifs si ceux-ci étaient victimes et non bourreaux. Car c'est bien uniquement aux bourreaux qu'il s'en prend. 

Monseigneur Emmanuel, qui lit l’Évangile tous les jours, sait que les Évangélistes ont relaté à de multiples reprises tous les faux prétextes qui ont été véhiculés par les autorités de l'époque du Christ pour tenter de discréditer son message. Le sang de la petite Blandine de Lyon et des premiers chrétiens témoigne encore des méfaits du pouvoir de l'époque et de la diffamation qu'il véhiculait sur eux. En tant que représentant d'une Église qui a souffert des mêmes méthodes perverses de manipulation que Dieudonné combat aujourd'hui, je suis sûr qu'il s'associerait à moi pour ne pas accepter ce qui se passe, et qu'il adresserait au système en place la célèbre quenelle !