de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 12 septembre 2015

179- Aux Vincent Lambert de la politique

En 2009, Étienne Tête me disait que la politique était comme le jeu de TF1 : le maillon faible. Au début, ce jeu était conçu comme une série d'épreuves servant à montrer qui était le plus faible du groupe. À la fin de chaque épreuve, une cagnotte se constituait, en fonction des résultats obtenus, puis chacun votait pour éliminer celui qu'il considérait comme le plus faible. D'épreuve en épreuve, la cagnotte augmentait de plus en plus, car les candidats se débarrassaient des compétiteurs les plus faibles et amélioraient ainsi leurs résultats. À la fin, les deux meilleurs d'entre eux s'affrontaient pour remporter la cagnotte accumulée durant l'émission.

Pourtant, très vite, les plus mauvais des candidats se mirent à s'allier, conscients de leurs limites, afin de ne plus éliminer les plus mauvais, dont ils faisaient partie, mais les meilleurs, et avoir ainsi une chance de rester jusqu'au bout de l'émission. Ainsi, d'épreuve en épreuve, la cagnotte ne cessait-elle de décroître, puisque les meilleurs s'en allaient, mais tous ceux qui restaient savaient qu'il était préférable de se partager 1000 euros, plutôt que d'espérer 30 000 qui leur seraient inaccessibles.

Étienne Tête me disait que tout était fait, au sein des partis politiques, pour ne jamais laisser accéder aux postes à responsabilité les plus méritants et les plus compétents. Peu après, Gérard Collomb lui retira sa délégation d'adjoint à cause des positions qu’il prenait sur le grand stade de l'OL, ainsi que sur la question des rayonnements électromagnétiques émis par les antennes relais de téléphonie mobile. Étienne Tête respectait avec intégrité les lignes environnementales des Verts dont il était l'élu, mais même les Verts lui en voulaient d'agir ainsi, estimant qu'ils risquaient de contrarier leur puissant allié socialiste et de perdre leur petite place au soleil, s'ils demandaient trop ouvertement à ce que la ville de Lyon respecte leurs positions écologiques. 

Si bien que, lors de la campagne électorale pour les régionales de 2010, Étienne Tête, qui était le plus expérimenté, le plus intègre et le plus compétent pour prendre la tête de liste d'EELV, fut écarté au profit de Philippe Mérieu, un homme parachuté par les instances parisiennes, dont on savait qu'il ne ferait jamais aucune vague et saurait se fondre dans le paysage. Étienne Tête était devenu le nouveau maillon faible, non pas qu'il méritait ce titre, mais plutôt que ses partenaires savaient que leur médiocrité serait trop visible si on laissait un homme tel que lui sur le devant de la scène. Partenaires qui avaient choisi de le sacrifier sur l'autel de leurs petits intérêts personnels, préférant se partager quelques miettes d'écologie, plutôt que de voir un autre s'attribuer le mérite de la réussite de sa politique.

Cette anecdote, transposée au plan national et à tous les partis, est destructrice du bien commun de notre société. Quand nous regardons quels sont nos élus, nous pouvons légitimement nous demander : Mais où sont donc passés les hommes d’État que nous méritons ? Dans quel obscur service ont-ils été mutés, durant leur carrière, pour que ce soit des Chirac, Hollande ou autres Sarkozy qui en arrivent aux plus hautes responsabilités de notre nation ?

Un homme d’État, tel que pouvait l'être le général de Gaulle pour la France, ou tel que peut l'être monsieur Poutine pour la Russie, accepterait-il de sacrifier tous les engagements qu'il avait formulés pour être élu ? Quid aujourd'hui de l'indépendance militaire et stratégique de la France, par exemple dans le dossier des Mistral ? Quid de la séparation des banques de dépôt et des banques d'investissement ; de la taxation des opérations financières ; de la  baisse du chômage ; de la renégociation du pacte de stabilité ; de la non intervention de la France hors de ses frontières sans mandat de l'ONU ; etc. ? 

Où est passé l'homme d’État qui aurait dû être notre président si les socialistes et leurs alliés n'avaient choisi d'appliquer à la politique le principe du jeu de TF1 ? Nous ne le saurons jamais, mais nous savons qu'ils continueront à tout faire pour qu'il reste bien dans l'ombre.


Le 4 mars 2015, j'ai cofondé, avec une dizaine d'autres personnes, le Comité de soutien au peuple grec de Lyon. Nous étions tombés d'accord sur le fait que l'action de ce comité devait s'articuler autour de quatre points déterminants, et qu'Eleni Ferlet avait ainsi définis dans un mail du 5 mars :
- l'immoralité de la TROÏKA,
- le déni de la démocratie,
- la solidarité avec les Grecs et nous-mêmes,
- conséquence si SYRIZA ne gagne pas le bras de fer face à la TROÏKA.

Chaque personne se reconnaissant dans les principes de ce Comité pouvait légitimement en être membre. J'étais personnellement très sensible au respect des choix souverains des peuples, qui s'expriment notamment au travers des programmes électoraux choisis et lors des référendums. Par la suite, nous avons créé une page facebook, volontairement ouverte à tous. Si bien qu'aujourd'hui tout le monde peut consulter cette page et y adhérer, qu'il soit un électeur de Mélenchon ou un électeur de le Pen.

Il s'agissait en effet de proclamer des valeurs universelles, en dehors des partis politiques. Valeurs universelles au nom desquelles madame le Pen avait félicité monsieur Tsipras pour son élection, son programme, et plus tard son référendum. Les partis politiques pouvaient adhérer à ces valeurs, mais nous n'étions pas rattachés à un parti politique.

Tout allait bien jusqu'à ce que monsieur Tsipras décide de s'asseoir sur les résultats du référendum qu'il avait pourtant lui-même proposé à son peuple. Le peuple l'avait suivi dans sa consigne de vote, et même les militants d'Aube dorée ont répondu à son appel, lui procurant une victoire à plus de 61% des votants. 

Personne n'avait interdit aux militants d'Aube dorée d'aller voter, et personne ne s'était offusqué que Tsipras compte leurs voix dans le résultat du référendum. Comment d'ailleurs aurait-il pu ne pas le faire ? Tsipras représentait son Peuple, et le peuple est un et indivisible. On ne peut nier à quelqu'un, sauf dans le cas où il serait déchu par la Justice de ses droits civiques, civils et citoyens, de faire partie intégrante de son Peuple, et ce, que nous partagions ses idées politiques ou que nous ne les partagions pas.

Mais comment se positionner, pour des personnes qui militaient essentiellement dans des organisations de gauche en dehors du Comité de soutien au peuple grec, lorsqu'elles étaient elles-mêmes devenues les artisans du déni de démocratie qu'elles avaient juré de combattre ? Comment accepter qu'après avoir dénoncé Sarkozy qui n'avait tenu aucun compte du résultat du référendum sur la constitution européenne, le poulain de la gauche radicale européenne suive le même chemin ?

Le résultat a été simple : elles décidèrent de jouer au maillon faible et de faire disparaître ceux qui voulaient rester fidèles aux principes d'ouverture du Comité. C'est ainsi que jeudi dernier, 3 septembre, une réunion de rentrée avait été fixée. L'ordre du jour était de savoir comment nous positionner suite aux dernières évolutions grecques, et quelles valeurs représenter. Seuls 26 personnes, environ, étaient présentes, sur les 265 revendiquées sur la page facebook, sans compter celles, sans doute bien plus nombreuses, qui suivaient nos débats par d'autres moyens de communication. 10% n'a jamais représenté un quorum nécessaire pour décider, sauf lors des purges staliniennes, ou lors des procès de l'Inquisition. Vocation que les présents à cette réunion auraient sans doute assumée sans davantage de remise en cause s'ils avaient vécu en d'autres lieux et d'autres temps.

Il se trouve que j'étais le premier visé, et ce pour une raison simple : j'avais trouvé que l'idée de Fassina, reprise et défendue par Jacques Sapir, sur l'union des Fronts, était d'une grande clairvoyance. J'avais moi-même, deux mois plus tôt, défendu cette idée dans un message annonciateur de ce débat. Ma position était simple : le Peuple est un, et même si je n'appartiens ni au Front de gauche, ni au Front national, je préfère voir les hommes travailler en commun sur des idées qui les unit, plutôt que de les voir se déchirer sur ce qui les oppose.


Dans Harry Potter, le méchant est tellement méchant qu'il est Celui dont on ne doit pas prononcer le nom. Jacques Sapir avait rejoint la longue liste de tous ceux dont les militants d'extrême gauche avaient décidé qu'il ne fallait plus prononcer le nom. Il devenait tout autant pestiféré que Dieudonné, Soral, Aude Mirkovic, le Pen, et tant d'autres qu'il faudrait un dictionnaire des noms interdits pour les énumérer tous. Ayant enfreint cette loi non écrite en continuant à diffuser les textes de son blog, je devais moi aussi rejoindre cette liste noire.

"Le mur des cons"

Le 3 septembre, jour de cette réunion, toutes les personnes qui avaient toujours dit qu'elles ne venaient qu'en leur nom propre, affirmèrent, sans davantage de justification, que leur groupe politique quitterait le Comité si je n'étais pas exclu. Je ne savais pas qu'il y avait tant de groupes d'extrême gauche à graviter autour de cette nébuleuse hétéroclite d'intérêts divergents : Attac, Solidaire, Ensemble, NPA, CGT, EELV, PG, FG, ligue communiste et bien d'autres, avaient tous envoyé un représentant, non pour discuter de l'ordre du jour et proposer des solutions pour que l'austérité cesse de détruire la Grèce comme elle le fait, mais simplement pour voter mon exclusion à cette nouvelle manche du maillon faible, et bien que la question d'une exclusion n'ait pas été à l'ordre du jour.

Dans ce procès digne de l'Inquisition, Corinne Iehl distribuait les tours de parole, et refusa, soutenu par les autres représentants de la bien-pensance, que je puisse m'exprimer pour répondre aux arguments qui m'étaient opposés. Je n'avais jamais vu Corinne Iehl à aucune réunion, ni aucune manifestation, mais, tel le coucou qui construit dans le nid des autres, elle se voulait légitime à venir ce jour-là pour tenter de me faire taire, sans le moindre respect pour les règles démocratiques qui font fonctionner notre société.

Seul Robert Joumard s'éleva contre ces méthodes indignes. Il releva qu'il n'y avait jamais eu autant de monde présent à une réunion de notre Comité, et que c'était précisément le signe d'une vitalité que seule la confrontation des idées peut provoquer. Ce débat était sain et il ne fallait pas le fuir. Il fit remarquer aux personnes présentes qu'elles passaient des heures et des heures à écrire des tracts qui ne servaient qu'à valoriser leurs égos respectifs, mais qui n'étaient jamais lus et finissaient dans les caniveaux. Lui n'était pas là pour convaincre ceux qui pensaient comme lui, mais bien ceux qui ne pensaient pas comme lui. Et mon positionnement sur les idées de monsieur Sapir lui donnait cette occasion. Nul doute que Robert Joumard sera le prochain maillon faible !


Les accusations qui m'étaient opposées étaient totalement fantaisistes dans le sens où il n'y avait pas matière à en rougir. On trouvait, pêle-mêle, que j'avais mis une vidéo d'Aude Mirkovic sur mon compte youtube, que mes textes étaient publiés sur le site d'Alter info, proche de l'extrême droite, que je soutenais la position hérétique de Jacques Sapir, etc.

Ils ne voulaient rien savoir sur le fait qu'Alter info n'était pas un site proche de l'extrême droite. Ils étaient dans la caricature et bien trop sectaires pour avoir une analyse objective. Mais quand bien même ce site eût-il été de cette mouvance, en quoi cela s'opposait-il à ce que je sois publié sur leur site ? Les meilleurs articles publiés sur la situation en Ukraine ne sont-ils pas ceux de Jacques Frère, publié sur le site nationspress.info, site ouvertement proche du Front National ? N'est-il pas plutôt sain de constater que le Front National lutte tant qu'il peut contre les dérives fascistes qui minent la société ukrainienne actuelle ?

Bien sûr que je suis parfois publié sur Alter info, et je remercie ce site pour cela. J'écris pour être lu. Je deviendrais moi-même un obscurantiste de la pire espèce si je décidais qui a le droit de me lire ou de ne pas me lire. 

La grande majorité des personnes qui étaient présentes à cette réunion s’appuie, en grande partie,  sur les travaux d'Éric Toussaint concernant les dettes illégitimes. Éric Toussaint est lui aussi publié sur Alter Info ! Il y a 111 articles signés de lui sur ce site et à ce jour. Ces personnes vont-elles se couper d'Éric Toussaint à cause de cela ? Elles mériteraient sans conteste d'être les grands vainqueurs du maillon faible politique auquel elles jouent, si tel devait être le cas.

Éric Toussaint est même publié chez le pire de tous ceux dont on ne doit plus prononcer le nom : Alain Soral ! La bête noire de toutes les bêtes noires. L'être maléfique par excellence. Et alors ? Si Soral fait passer auprès de ses lecteurs les idées intéressantes d'Éric Toussaint, faudrait-il que ce dernier intègre de ce seul fait la liste noire de tous ceux dont on ne doit plus prononcer le nom ?

Lorsque Armand Creus rassemblait 6000 personnes pour manifester en faveur de Gaza, c'étaient essentiellement des jeunes des banlieues. Jeunes qui sont par ailleurs le public de Dieudonné - ami de Soral et l'un de ceux dont on ne doit pas prononcer le nom - comme le relevait le NPA.  Dieudonné et monsieur Creus ont le même public, et c'est logique, puisque les deux s'indignent des mêmes choses et combattent les mêmes injustices. Pourtant, monsieur Creus est tellement opposé à ceux dont on ne doit plus prononcer le nom, qu'il préférerait sans doute que Gaza reste sous les bombes plutôt que de manifester aux côtés de Dieudonné.

Étant dans notre Comité de soutien au peuple grec, monsieur Creus sait que notre page facebook est ouverte à tous, et qu'il y a des Grecs qui militent tant pour Aube dorée que pour Syriza, qui aiment cette page et participent au Comité. Ceci parce que les deux sont opposés aux politiques d'austérité, et les deux ont voté Oxi lors du référendum grec. Mais il feint de l'ignorer pour ne pas avoir à reconnaître que l'idée de Fassina existe déjà et qu'il y participe.

J'ai porté la banderole de notre Comité, lors du défilé du 1er mai 2015, aux côtés de monsieur Creus. Des journalistes nous ont même pris en photo. Mais lorsque je me suis positionné en soutien à monsieur Sapir, monsieur Creus a tenté de faire croire qu'il ne me connaissait pas... Pourquoi un jeune des banlieues serait-il une personne recommandable lorsqu'il manifeste derrière monsieur Creus, et perdrait-il cette respectabilité lorsqu'il va à un spectacle de Dieudonné ? Pourquoi étais-je moi-même respectable quand je manifestais à ses côtés, et perdais-je cette respectabilité quand j'affirmais sans détour que l'idée reprise par Jacques Sapir était digne d'intérêt ? Les politiciens n'ont-ils rien d'autre à montrer que ces attitudes démagogiques stériles ?


Il existe deux notions complémentaires, qui viennent de la théologie. Celle dite apophatique, qui consiste à tenter de percevoir Dieu au travers de ce qu'il n'est pas (limité, soumis aux passions, soumis au temps, etc.). L'autre dite cataphatique, qui consiste à tenter de le comprendre au travers de ce qu'il est (amour, sagesse, infini, etc.). Par extension, appliqué à la politique, on peut concevoir une politique au travers de ce qu'elle n'est pas (contre l'austérité, contre le fascisme, contre le pacte de stabilité, etc.), mais cela n'est rien si cette politique n'est accompagnée de son pendant cataphatique : comment procédons-nous pour mettre en œuvre les idées que nous défendons ?

Croire qu'il suffit d'affirmer que nous sommes contre le pacte de stabilité, et élire un homme censé y mettre fin, pour qu'il en soit ainsi, relève d'un acte de foi. L'homme élu en question n'a rien à faire dans un parti politique. Sa place est dans une association cultuelle. Par extension, tous ceux qui ne cessent d'affirmer qu'ils vont tout arranger si nous leur confions le pouvoir, comme monsieur Mélenchon se plaît abusivement à le faire, procèdent d'un esprit religieux, et non pas politique. 

Tous ceux qui affirment que Hors de mon parti, point de salut ont, au mieux, raté leur vocation, mais n'ont, dans tous les cas, rien à envier aux membres du clergé qu'ils dénigrent par ailleurs.

Seule la crédibilité des moyens employés pour parvenir à une fin donnée, l'aspect cataphatique de la politique que l'on prêche, peut donner les moyens de ne plus seulement croire en cette politique, mais également de savoir qu'il nous est possible de la mettre en œuvre. 

C'est ainsi que Varoufakis croyait non seulement qu'il avait la possibilité de mettre fin à l'austérité en Grèce, mais se donnait également les moyens de faire exister cette politique. Quoi qu'il pût se passer, il savait comment agir afin de contourner les problèmes et de ne pas être bloqué dans la mission qui lui était impartie.

Edouardo A. faisait récemment remarquer, au sujet de notre Comité, que, d'après Héraclite, on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Résumant ainsi la pensée de René Kaës dans son livre Crise, Rupture et Dépassement Edouardo écrivit : la sacralisation des textes fondateurs conduit à des crises, conséquence du décalage entre le texte -daté- et un contexte qui a évolué. La prise en compte des nouvelles exigences du contexte me semble une condition de la vitalité d'un collectif, tel le Comité

C'était précisément à cause de cette évolution perpétuelle à laquelle il faut s'adapter que l'idée de Fassina, reprise par Sapir, prenait tout son sens. Devant l'échec des politiques anti-austérité de Syriza, l'union des Fronts apparaissait comme une option logique qui méritait que l'on tente de la mettre en œuvre, et au minimum de l'étudier. Ainsi, Sapir ne se contentait pas d'être contre une politique d'austérité qu'il sait être nuisible pour l'économie. Il se donnait les moyens de proposer des solutions qu'il appartenait aux hommes de bonne volonté de tous les partis de mettre en œuvre, par-delà les accusations de propagande démagogique dont nous nous plaisons à accuser les partis qui nous sont opposés.


Un Comité est par essence informel. Son absence d'existence juridique l'empêche de prendre des décisions contraignantes. Par conséquent, non seulement 20 personnes ne peuvent décider, en lieu et place de 265, d'exclure quelqu'un, encore moins sans que la question ne soit à l'ordre du jour, mais même les 265 réunies ne peuvent le faire. Sauf à adopter des statuts juridiques qui fixeront les règles d'appartenance. Dans tous les cas, leur décision est nulle, de nullité absolue. La légèreté avec laquelle les divers groupes d'extrême gauche se sont ligués pour tenter d'étouffer l'idée reprise par monsieur Sapir, se contentant de manifester une opposition de principe, sans rien avoir de mieux et de réaliste à proposer en retour, est consternante.

Toutes ces personnes qui, tels des nouveaux convertis mal éclairés, croient qu'il suffit en politique d'affirmer sa croyance pour la voir exister. Toutes ces personnes qui n'ont d'autre approche de la politique que son aspect apophatique et s'étonnent de rester marginaux. Ces personnes dont nous croyons, en les voyant, qu'elles sont  responsables de ce qu'elles font, alors qu'elles sont incapables de concevoir les solutions qui leur permettraient la mise en pratique de leurs idées. Ces personnes qui sont depuis longtemps dans un état de conscience politique tel, qu'elles ne s’aperçoivent pas que seule une mise sous perfusion  financière publique leur permet de ne pas être euthanasiées, et de disparaître définitivement de l'arène publique qu'elles encombrent inutilement. Et depuis si longtemps que cela relève de l'acharnement. Ces personnes qui avaient promis que si elles ne respectaient pas leurs propres idées, leur dernière volonté politique serait de partir dans la dignité, mais qui, dans leur coma idéologique, espèrent aujourd'hui ne pas être débranchées, implorant qu'on les laisse encore à ces places qu'elles occupent. À tous ces Vincent Lambert de la politique, je dirai qu'il est effectivement bon de ne pas désespérer. Chacun est entouré de personnes qui l'aiment, le protègent et veillent à ce qu'il ne soit pas débranché, dans l'espoir qu'un jour il puisse à nouveau déglutir tout seul, à défaut de retrouver immédiatement sa vigueur d'antan. Et s'il est possible, par l'amour de ses proches, de voir un homme que les médecins disaient condamné aller mieux, et nous donner la force de l'entourer patiemment, dans l'espoir que cette amélioration de son état se poursuive, peut-être alors pourrons-nous également nous réjouir de ne pas avoir perdu l'espoir de les voir bouger eux aussi à nouveau.
 



Mais pour que cela puisse arriver un jour, encore faut-il qu'ils ne se séparent pas de ceux qui les portent dans leurs épreuves, dans un excès de démence autodestructeur.

Einstein disait que la folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent.  Le jour où nos hommes politiques l'auront compris, j'espère qu'ils arrêteront de nous faire croire qu'ils peuvent changer le monde sans apporter aucune solution nouvelle, et qu'ils ne rejetteront plus de manière si péremptoire les idées proposées, telle celle reprise par monsieur Sapir.

C'est pourquoi, en tant que membre fondateur du Comité de soutien au peuple Grec de Lyon, j'invite monsieur Sapir, et toute personne qui partage ses idées d'ouverture, à aimer notre page facebook. Et ceci pour manifester clairement que nous ne sommes pas opposés à cette idée d'union des fronts dont il s'est fait l'écho. Nous construirons l'avenir de notre pays avec ceux qui veulent s'y employer, et ce dans l'intérêt supérieur de son peuple.