de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 27 octobre 2012

64- De la tentatrice au modèle

Lorsque Neil Armstrong a posé le pied sur la lune, il avait préparé une petite phrase historique et s'est exclamé : C'est un petit pas pour l'homme, mais un bon de géant pour l'humanité. Adam, lui, est rentré dans l'Histoire par ces mots : C'est pas moi, c'est elle (Gn. 3, 12) !

Depuis, la femme doit porter, génération après génération, les descendants d'Adam qui n'ont pour la plupart pas beaucoup plus d'imagination. Mademoiselle P., dont l'histoire a agrémenté les premiers messages de ce blog, s'en rappelle encore et a eu l'occasion d'en témoigner. Mais au-delà de cette petite anecdote, je ne sais pas quel article de journal mettre pour justifier tout ce que l'homme fait subir à la femme dans cette volonté de domination qui est la sienne, tellement il y en a.

La femme est trop souvent considérée comme la tentatrice par excellence. Celle qui cause la perte des hommes vertueux. C'est bien sûr l'analyse plus ou moins objective de ces mêmes hommes. La littérature chrétienne regorge de textes en tous genres sur ce thème de la femme cause de la perdition de l'homme. Je me rappelle d'un apophtegme (paroles de sagesses des premiers moines) où un ancien disait à un disciple : Si tu as deux routes devant toi, qu'il y a une femme sur l'une et un démon sur l'autre, choisis de prendre la route avec le démon.

Saint Séraphim de Sarov, considéré comme l'un des plus grands saints russes, disait des femmes, dans sa jeunesse : Fuis comme le feu ces corneilles peintes. Souvent, elles transforment un guerrier du roi en esclave de Satan. Les vertueuses sont à éviter autant que les autres. Comme la cire d'un cierge, même éteint, ne peut que fondre lorsqu'il est entouré de cierges qui brulent, le cœur du moine est toujours affaibli par un commerce avec le sexe féminin (Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov, Spiritualité orientale n°11, éd. Bellefontaine 2004, p. 20).

En vieillissant, rempli qu'il était de force spirituelle, son attitude envers elles avait changé. Le premier parmi les saints russes, il devait s'occuper de leur sort, prévoir le rôle qui, à l'avenir, leur était réservé. " Je n'oublierai jamais, raconte l'une d'elles, comme ayant prié avec moi devant l'icône de la Mère de Dieu, il mit sur ma tête ses mains chaudes et je sentis tout à coup une force vivifiante se répandre à travers mon corps tout entier. " (id. p. 60). Ainsi, celui qui conseillait, étant jeune, de fuir ces êtres abominables, était leur premier réconfort et défenseur lorsqu'il s'était purifié et avait grandi en sagesse.

Saint Jean Chrysostome, l'un des plus grands pères de l’Église, a eu la même évolution : Il  place  la  virginité  très  au-dessus  du  mariage  et  parle  de  la  femme  comme  d'une " baudruche de saletés " (cf. traité à Théodore). Il pense à l'union conjugale avec horreur et s'étonne que le Christ ait pu sanctifier de sa présence des noces humaines. [...] Il lui faudra encore quelques années d'ascèse et un peu de maturité pour revenir sur ses positions. [...] " Le mariage est-il un obstacle ? C'est une aide qui t'est donnée dans ton épouse, non un piège ! " (Jean-Yves Leloup, Homélies de Jean Chrysostome, éd. Albin Michel, 1993, p. 11-12). Et il poursuit par un éloge des femmes au travers des exemples tirés des Écritures.

Il y a une parole que j'aime beaucoup et qui résume parfaitement tout ce qui précède. Saint Jacques l'Apôtre a dit dans son épître que nous ne sommes tentés que par notre propre convoitise (Jc. 1, 14).

L’Église sait que les plus grands saints ont eu des visions simplistes et rétrogrades des femmes. Elle sait que ces visions n'ont pu évoluer qu'avec la purification et la maturation spirituelle de leurs auteurs. C'est à cause de cela que seuls les prêtres âgés et à la vie vertueuse ont le droit de confesser. Quels conseils un prêtre peut-il donner à quelqu'un qui se confesse si lui-même ne sait pas de quoi il parle ? Le père Athanase ne s'est jamais senti prêt pour confesser les autres, si bien que, lorsqu'il est retourné en Grèce, l'évêque ne lui avait jamais donné la bénédiction de confesser. Je n'ai jamais compris comment, au regard des traditions de l’Église, l'évêque avait donné au père Nicolas Kakavelakis le droit de confesser, si tant est qu'il ait jamais eu ce droit.

Pour l’Église, la femme n'a rien d'impur : le Christ a relevé les femmes pécheresses, et lorsque les hommes voulaient les lapider, il leur montrait qu'ils étaient pires qu'elles. Marie-Madeleine est considérée comme l'égale des Apôtres, la Mère de Dieu est placée au sommet de la Création, comme ce qu'il y a de plus pur et de plus parfait, Saint Paul dit que dans le Christ, il n'y a plus ni hommes, ni femmes, mais tous nous sommes un en Jésus Christ (Gal. 3, 28).

Il y a des spirituels très anciens qui disent que l'homme (Adam) a été créé à partir de la terre, un matériau vil et sans valeur, alors que la femme (Ève) a été créée à partir de l'homme, un matériau pur parce qu'il avait déjà en lui l'Esprit divin. Toute la création décrite dans la Genèse montre comment Dieu crée des éléments de plus en plus élaborés. Et le sommet de la création de Dieu n'est pas l'homme, mais la femme.

La femme n'appartient pas plus à l'homme dont elle est sortie, que l'homme n'appartient à la terre dont il fut tiré. Et si l'homme se prend le droit d'imposer une autorité à la femme, alors c'est qu'il n'a pas encore commencé à cheminer vers Dieu.

La femme porte la vie en elle. Le Christ s'incarne sans père, mais il choisit une mère, alors qu'il aurait pu s'incarner sans l'un et sans l'autre s'il l'avait voulu.

Saint Silouane du Mont Athos dit : la perfection chrétienne, c'est d'avoir pour chaque homme l'amour d'une mère. Saint Jean le Théologien, et toute l’Église avec lui, dit que Dieu est amour et que celui qui connaît l'amour connaît Dieu (1Jn 4, 7), mais personne ne fait jamais référence à l'amour d'un père pour tenter de comprendre Dieu.

Saint Séraphim de Sarov disait aux supérieurs des monastères : Sois une mère pour tes moines, plutôt qu'un père. Tout supérieur doit être - et rester - pour ses ouailles, comme une mère raisonnable. Une mère aimante ne vit pas pour elle, mais pour ses enfants. Elle supporte les infirmités des infirmes avec amour, elle purifie ceux qui sont souillés, les lave doucement, paisiblement ; les habille de vêtements propres et neufs ; les chausse, les réchauffe, les nourrit, les console et tâche de les entourer de façon à ne jamais entendre de leur part la moindre plainte. De tels enfants sont attachés à leur mère. Ainsi, chaque supérieur doit vivre non pour lui, mais pour ses ouailles (Irina Goraïnoff, Séraphim de Sarov, Spiritualité orientale n°11, éd. Bellefontaine 2004, p. 57).

Pour plus de détails sur la place de la femme dans l’Église, je renvoie vers ce très bon livre : La femme et le salut du monde, Paul Evdokimov, éd. Desclée de Brouwer, Paris, 1983.

samedi 20 octobre 2012

63- Femmes et guerres

Les chrétiens considèrent souvent que la sagesse des philosophes antiques a été le ferment sur lequel le christianisme a pu se développer aussi rapidement en Grèce. C'est au point que Socrate, Platon, Aristote... sont souvent représentés sur les fresques des églises, aux côtés des justes de l'Ancien Testament. 

Lorsque Saint Paul est venu prêcher à Athènes (Actes 17, 16-34), il n'a pas appelé à détruire les croyances anciennes des Grecs, mais il leur a montré comment les accomplir à travers le culte du Dieu unique vers lequel tendaient la sagesse et la grande spiritualité de ce peuple.

Dans cette spiritualité antique, il y a un fait marquant : les Grecs sont les seuls à avoir eu une femme comme déesse de la guerre : Athéna. Même les Romains, qui ont repris les dieux grecs, n'ont pas gardé une femme à ce poste stratégique, mais l'ont remplacé par Mars, un homme. Car la guerre était, bien évidemment, une affaire d'hommes. Et pourtant, n'avez-vous jamais vu une femme défendre ses enfants menacés ?

Lisez cet article dans lequel est décrit le récit d'une femme qui a décapité son violeur parce que ses enfants étaient insultés à cause du fait que son honneur avait été bafoué, en Turquie. Vous me direz peut-être que beaucoup d'hommes sont capables de tuer. C'est parfaitement vrai, mais tous se cachent pour le faire. Elle, elle est allée jeter la tête qu'elle avait coupée dans un jardin public, devant tout le monde, pour bien faire comprendre à tous que personne ne devait plus se moquer de ses enfants. Peu lui importait de savoir qu'elle serait arrêtée immédiatement. Et croyez-moi, personne ne se moquera plus jamais d'eux. 

Il y a une forme d'amour maternel irrépressible que rien ne pourra jamais arrêter. Cette femme n'a pas tué parce qu'elle avait été violée pendant plusieurs mois, mais parce qu'elle aimait ses enfants et qu'elle n'acceptait pas de voir que l'on se moquait d'eux. 

Saint Silouane dit que la perfection chrétienne consiste à avoir pour tous les hommes l'amour d'une mère. Il serait très machiste, limité intellectuellement et parfaitement illusoire de croire que l'amour d'une mère se résumerait à faire le ménage, la cuisine ou les devoirs. Il y a chez la mère une protection de ses enfants à laquelle aucune difficulté rencontrée ne pourra jamais s'opposer.

A la différence du bouddhisme, où toute forme de violence est interdite, les évêques chrétiens ont souvent béni des armées. Je ne parle bien sûr ici que des vrais évêques qui avaient à cœur de défendre leurs brebis, et non de ceux qui ont utilisé leur pouvoir pour aller asservir les autres au travers des croisades et autres guerres coloniales. Ils considéraient ceci : si vous voulez prendre ma vie, prenez-là, mais si vous touchez à mes enfants (mon peuple) alors rien ne pourra vous protéger !

C'est comme cela qu'est mort saint Kosmas d'Etolie. Il a annoncé à l'avance le jour de sa mort et la façon dont il allait mourir (étranglé par les Turcs). Il a attendu ses bourreaux et ne leur a pas opposé de résistance. Mais ce qu'il a accepté pour lui, il l'a refusé pour son peuple asservi. Il a organisé chaque village de Grèce en vue du soulèvement contre l'occupation turque et est aujourd'hui considéré comme le père de la Grèce moderne.

Lorsque les Grecs ont christianisé leurs anciennes croyances, ils avaient des tas de saints plus braves les uns que les autres qui auraient pu leur servir de protecteur. Et pourtant, c'est à celle qui représentait l'accomplissement de la femme, celle si pure qu'elle avait été jugée digne d'enfanter Dieu incarné, qu'ils confièrent leur protection et la garde de leurs remparts durant les guerres.

Dans la continuité de la protection d'Athéna en laquelle les Grecs de l'antiquité se confiaient, ils étaient persuadés que rien ne pouvait ébranler la protection de l'amour parfait de la Mère de Dieu. C'est en son honneur qu'ils ont écrit et composé un chant qui est depuis repris tous les vendredis du Grand Carême au cours d'un office dédié en son honneur, Τη Υπερμάχω :
Invincible conductrice de nos armées, à toi les accents de victoire ! Délivrée du danger, moi, ta cité, je te dédie cette action de grâces, Ô Mère de Dieu ! Toi dont la puissance est irrésistible, délivre moi de tout péril, afin que je te crie : réjouis-toi, épouse inépousée !

La version ci-dessous de Τη Υπερμάχω n'est qu'une ébauche, une recherche dans un processus de composition, mais on y retrouve cette symbiose entre la force et la douceur.



Je vois parfois des articles idiots tels : tueriez-vous un homme pour en sauver 1000 ? Ou encore, tueriez-vous un homme pour en sauver 100 ? Ou encore, tueriez-vous un homme pour en sauver 5 ? Personnellement, je n'en tuerai pas un, même pour en sauver 1000, pour une raison simple : je ne suis pas capable de rendre la vie à cet homme. Et si je ne suis pas responsable de la mort de ces 1000, alors rien ne me donne le droit d'en tuer un pour les sauver.

Avez-vous remarqué que l'on ne vous demande jamais dans ces tests de personnalité qui ressemblent souvent à du conditionnement : accepteriez-vous de mourir pour sauver 1000 hommes ? Ou encore : accepteriez-vous de mourir pour sauver 5 hommes ? Pour quelle raison ne vous pose-t-on pas cette question ? Parce que tout le monde répondrait logiquement : NON. Alors, si personne n'accepterait de mourir pour sauver 1000 hommes, de quel droit devrait-on accepter l'idée d'en tuer 1 pour en sauver 5 ?

La seule vie dont nous ayons le droit de disposer, c'est la nôtre. Je connais plusieurs mères qui n'accepteront jamais de tuer un homme, même pour en sauver 1000. Mais par contre, si l'un de leurs enfants est menacé, alors elles tueront 1000 hommes sans un frémissement pour sauver ce seul enfant.

Dieu n'est pas fou. C'est à Abraham qu'il a demandé de sacrifier son fils Isaac (Gn. 22, 1-18). Pas à Sarah ! Sinon c'est Sarah qui aurait été tentée de tuer Dieu, et je ne suis pas sûr qu'il aurait été capable de l'en empêcher... Elle aurait commencé par mettre son mari sur l'autel à la place de son fils, et aucun ange n'aurait eu la force d'arrêter son bras : plus de père des croyants, donc plus de croyants ; plus de croyants, donc plus de Dieu. Et pas un cheveu de son fils n'aurait été menacé. D'ailleurs, certaines mauvaises langues disent que ce n'est pas l'amour d'Abraham que Dieu voulait tester, mais sa connerie. Et il a arrêté son bras en voyant qu'elle n'avait pas de limite. 

Même si le paragraphe précédent est dit sous forme de boutade, puisque le sacrifice d'Abraham préfigure l'amour entier de Dieu pour les hommes, qui va jusqu'à sacrifier ce qu'il a de plus cher par amour, pour leur montrer le chemin de la Vérité et de la Vie, il n'en est pas moins vrai que Dieu n'a pas voulu qu'Isaac meure, et il n'a accepté le sacrifice du Christ que pour montrer qu'il avait le pouvoir de le ressusciter et d'abolir ainsi le pouvoir de la mort. C'est une constante de l'Orthodoxie de considérer que l'amour de Dieu ne trouve pas son accomplissement dans la mort de son fils, mais dans sa résurrection.

Si Dieu a mis l'amour d'Abraham à l'épreuve, je n'ai pas le souvenir d'une seule femme de la Bible pour laquelle Dieu ait éprouvé le besoin de tester l'amour qu'elle portait. Salomon a utilisé l'amour qu'il savait être présent chez la femme lors du jugement qui l'a rendu célèbre (1Rois 3, 16-28), mais jamais personne n'a douté que cet amour puisse avoir des limites.

samedi 13 octobre 2012

62- Paolo Gabriele, majordome du pape

Et le jugement le voici : la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré l'obscurité à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, quiconque fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de crainte que ses œuvres ne soient démasquées. Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui ont été accomplies en Dieu. (Jn 3, 19-21)

C'est une constante de la littérature chrétienne de considérer que les œuvres de Dieu n'ont pas peur de la lumière. Et inversement, les œuvres mauvaises craignent d'être mises au jour. Ainsi en a-t-il été lorsque le majordome du pape a donné aux journalistes des documents permettant d'établir que les évêques catholiques d’Allemagne sont propriétaires de la maison d'édition Weltbild. Or cet éditeur est spécialisé dans les revues pornographiques. Et quand je parle de spécialisé, je ne fais pas allusion à quelques milliers d'exemplaires distribués ici ou là, mais à deux milliards d'euros de chiffre d'affaires annuels provenant de la publication de 2500 titres différents.

C'est sans doute pour combler le manque à gagner des revues porno qu'ils ont été contraints de fermer après la découverte de ce scandale que les évêques allemands viennent de décider d'excommunier ceux qui ne payaient pas l'impôt religieux

Enfin, quand je dis fermer les revues, je ne parle que des vraiment porno, et pas des simples revues érotiques qui, elles, vont continuer à exister dans le cadre de cette maison d'édition qui va être reconvertie en fondation ecclésiale de droit public.

Quand on voit les efforts que se sont donnés les évêques pour essayer d'étouffer le scandale de Weltbild, on mesure vraiment que certaines œuvres craignent la lumière. Et ces œuvres ne sont jamais celles de Dieu, même si elles sont le fruit des évêques.

Alors quels mots pourrais-je envoyer au majordome pour lui tenir compagnie durant les 18 mois où il sera enfermé pour avoir dénoncé la corruption qui gangrène le cœur de son Église ? Je n'en vois qu'un seul : Le serviteur n'est pas plus grand que le maître. S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront également (Jn 15, 20). Mais bon, je ne sais pas si ça va vraiment le rassurer... Il est toujours plus facile d'être dans la peau du journaliste, comme je le suis sur ce blog, que dans la peau de l'informateur qui prend des risques.

On pourrait également essayer de le rassurer avec le vibrant plaidoyer pour le libérer de Gianluigi Nuzzi paru dans Le Monde il y a quelques jours, se basant sur le respect des valeurs chrétiennes de pardon portées par le pape. Mais comme il s'agit précisément du journaliste indépendant qui a publié un livre de 350 pages sur les secrets du Vatican issus des documents transmis par le majordome, je doute que son appel à la miséricorde soit entendu. Il y a plus de chances pour que Poutine libère les Pussy Riot que pour que le pape se montre miséricordieux envers Paolo Gabriele.

Alors, à défaut de pouvoir aider ce pauvre majordome, il reste à lui montrer que son sacrifice aura servi à éclairer les hommes. Le livre de Gianluigi Nuzzi est disponible en Français dans toutes les libraires depuis la fin du mois d'août sous le titre de : Sa Sainteté, scandale au Vatican, au prix de 17 euros.

Nous voyons donc quelqu'un qui, désireux de faire passer les règles de l’Église avant les règles du monde, a rendu vivante cette parole du Christ aux origines de la Création : que la lumière soit (Gn 1, 3) ! Le pauvre a été bien mal payé de son esprit évangélique. Il ne devait peut-être pas réaliser à quel point il était seul à posséder cet esprit dans le milieu dans lequel il baignait. Lors du jugement dernier, il ne sera certainement pas du côté des évêques, mais il sera sans aucun doute du côté de la lumière.

Lors de son procès, il a dénoncé ses conditions d'incarcération et les tortures qu'il a eues à subir dans la geôle Vaticane. Notamment une cellule si petite qu'il ne pouvait pas étendre les bras et qui était éclairée en permanence pour qu'il ne puisse pas se reposer. Les mêmes hypocrites qui lui reprochent d'avoir volé des documents font mille fois pire que lui en se livrant à la torture. Et pourtant, même si les juges ont ordonné une enquête sur ces faits, vous pouvez être sûr que les coupables ne seront jamais condamnés. De toute façon, si la seule cellule du Vatican est trop petite pour une seule personne, à combien plus forte raison le sera-t-elle pour que le pape aille y retrouver son majordome !

Selon certaines sources proches du métropolite Emmanuel, celui-ci viendrait de partir à Rome pour rencontrer le pape. Il y resterait jusqu'au 22 octobre. Si l'information est bonne, gageons qu'il lui demandera des conseils sur la façon dont il a réussi à se débarrasser de cet idéaliste encombrant, étant lui-même confronté à des fuites sur internet au sujet de sa façon d'agir !

Même si je parle souvent de ce qui ne va pas dans l’Église, tout n'y est pas pourri et corrompu. Le père Athanase l'a manifesté durant 34 ans. Et très nombreux sont les prêtres à le faire partout dans le monde. Cependant, l’Institution ne sert qu'à rendre présent le message du Christ. Si elle est défaillante sur ce point, alors elle ne sert à rien et il faut savoir s'en protéger.

A la Samaritaine qui se plaignait des Juifs qui disaient que l'on ne pouvait adorer qu'à Jérusalem, le Christ a répondu : Crois-moi, l'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. [...] Mais l'heure vient et elle est déjà venue où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité (Jn 4, 20-24).

jeudi 11 octobre 2012

61- Croyant mais pas pratiquant



Avez-vous déjà lu les canons des 7 conciles œcuméniques ? Je suppose que vous me répondrez tous que non. Eh bien, même si je ne les ai pas lus moi-même, nous avons tort. Les canons des conciles sont comme les conditions générales de votre opérateur de téléphonie mobile : c'est quand vous rencontrez une difficulté que vous découvrez ce qu'elles contiennent ; c'est quand votre appareil tombe en panne que vous découvrez les limites des extensions de garantie.

Les chrétiens non orthodoxes qui deviennent orthodoxes s'engagent, tout au début de l'office de la réception dans l'orthodoxie, à suivre l'enseignement des Pères de l’Église et à respecter les canons des Saints Conciles, mais personne n'a jamais lu ces canons. Il est d'ailleurs probable que beaucoup d'évêques non plus ne les connaissent pas, eux qui ont parfois du mal à se souvenir qui a écrit l’Évangile. 

C'est d'ailleurs parce que vous n'avez jamais lu les canons que vous croyez facilement votre évêque ou votre prêtre qui vous dit, le dimanche de l'orthodoxie (premier du grand carême), que le 7ème concile avait pour but de rétablir le culte des icônes.

En fait, le 7ème concile ne parle des icônes que dans son texte préambule. Aucun des 22 canons de ce concile n'y fait référence. Et devinez de quoi parlent les 22 canons du 7ème concile ? Du rôle des clercs : évêques, prêtres et moines. Et force est de constater que ce ne devait pas être la grande confiance envers eux à la sainte époque des saints pères des saints conciles !

Le sixième canon prévoit, par exemple, l'obligation de réunir une assemblée générale une fois par an. Il prévoit même que soit appliqué à celui qui ne le fait pas des peines canoniques.

Le second canon dit, toujours par exemple, que l'évêque ne peut pas être ordonné s'il ne s'engage par écrit à respecter les canons. Donc la parole d'un évêque, qui nous est parfois abusivement présentée comme celle du Christ lui-même, n'avait aucune valeur pour les Pères de l'époque : ce qu'il disait ne valait rien, il fallait qu'il l'écrive pour pouvoir le lui ressortir par intermittence !

Le quatrième canon, lui, rappelle que l'évêque doit s'abstenir de tout commerce. Et s'il était interdit à l'évêque d'acheter et vendre, à combien plus forte raison lui était-il interdit de vendre les sacrements qu'il dispense, comme nous pouvons le voir dans notre paroisse de Lyon.
 
Mais c'est la fin de ce quatrième canon qui me frappe le plus et je vais le reproduire ici :
Si donc quelqu'un [l'évêque puisque étant le seul à avoir des clerc qui dépendent de lui, comme évoqué ci-après], exigeant de l'or ou quelque autre espèce ou bien pour satisfaire sa passion, se trouve avoir prononcé la suspense ou l'excommunication contre un clerc dépendant de lui, ou jeté l'interdit contre une Église, de manière à ce qu'aucun service divin ne s'y fasse, déversant ainsi sa folie contre des choses privées de sens, un tel est lui-même privé de sens et subira la loi du talion et sa peine retombera sur sa tête, parce qu'il est transgresseur de la loi de Dieu et des ordonnances apostoliques.

L'excommunication utilisée comme moyen de chantage est décrite très clairement comme folie. Une folie que seul subit celui qui en est l'auteur puisqu'elle retombera sur sa tête. Et de rappeler cette loi divine :
Pierre, le chef suprême des apôtres, nous exhorte « Faites paître le troupeau qui vous est confié, non par la contrainte, mais de bon gré, selon la volonté de Dieu, non pour un gain sordide, mais par dévouement, non en dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en vous rendant les modèles du troupeau. Et lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous remporterez la couronne inflétrissable.»


Une bien belle phrase sur laquelle nous aurons l'occasion de revenir dans d'autres messages.

L'excommunication ne peut venir que de l'évêque. Jamais d'un prêtre. Les canons n'envisagent même pas que cela soit possible. Et même l'évêque qui excommunie est considéré comme fou si sa justification est indigne. 

Je n'ose imaginer ce que diraient les Pères des Conciles que nous vénérons s'ils savaient qu'à Lyon, en 2012, un prêtre se permet d'excommunier tous les paroissiens qui se plaignent un peu, même d'honorables vieilles dames, et qu'il vient même d'engager une action en justice contre eux. Nous reviendrons vraisemblablement sur cette action en justice dans la prochaine série de messages.

L'évêque n'est pas Dieu. Il n'est qu'un témoin de la Vérité. Et s'il s'éloigne de la vérité, alors il n'est plus qu'une coquille vide. 

Un évêque représente le Christ. Mais qui est le Christ, si ce n'est la Parole par laquelle tout est créé ? Saint Jean ne le décrit-il pas comme étant uniquement Parole divine (Logos) ? À quoi servirait un évêque qui garderait le silence pour se protéger ? Si la parole est à l'image du Christ, de qui le silence est-il l'image ? 

Il est souvent arrivé, dans l'histoire, que des moines ayant une vie particulièrement édifiante se voient pressés de devenir évêques par les habitants alentours. Les plus sages étaient unanimes à fuir cette responsabilité pour ne pas avoir à perdre le silence dans lequel ils trouvaient la paix ; ils étaient unanimes à redouter de perdre ce silence pour devenir messagers de la Parole. Mais lorsqu'ils acceptaient la charge d'évêque, alors le temps du silence était terminé et les enseignements qu'ils ont donnés font aujourd'hui partie des trésors de l’Église.

J'entends souvent, depuis le début des problèmes qui ont été manifestés avec le père Nicolas, que l'évêque ne le soutiendrait pas. Une rumeur qui s'est renforcée ces derniers jours. Mais à quoi sert un évêque qui, par son silence, est le premier responsable des problèmes que nous rencontrons ? À quoi sert un évêque qui s'est rendu complice des falsifications qui ont poussé la Préfecture du Rhône a saisir le Procureur contre nous pour des faux et usage de faux ? À quoi sert un évêque qui continue à se taire, malgré toutes les rumeurs disant qu'à la Métropole, plus personne ne soutient le père Nicolas ?

Face à de nombreux problèmes où l'évêque refuse d'intervenir malgré le fait qu'il est obligatoirement conscient qu'il s'agit de sa toute première responsabilité envers son Église, on ne peut constater qu'une chose : il est croyant mais pas pratiquant.