de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 27 avril 2013

83- Mort et résurrection

A la lecture du dernier message de ce blog, une lectrice m'a demandé pourquoi je disais que la mort était le fruit de la liberté de l'homme, puisque tous, vivant dans la foi de Dieu ou dans l'inconnu de son existence, nous mourrons un jour. Et de poursuivre que la mort ne relève pas de notre liberté, absolue ou bien relative.

Il y a des choses que nous faisons et qui ont des implications bien au-delà de notre propre personne. Et pourtant ces choses sont le fruit de notre liberté. Si Kim Jong-un décide de lancer une bombe atomique sur la Corée du Sud, cela impactera la planète entière, tout comme les Américains ont impacté la planète entière lorsqu'ils en ont lâché deux sur le Japon. La mort, dans ce dernier cas, n'a pas frappé ceux qui avaient décidé de mourir, mais pourtant elle est bien le fruit de la liberté de l'homme. On retrouve la même conception dans la spiritualité chrétienne, où la mort est le fruit dont nous avons tous hérité depuis qu'Adam a été chassé du Paradis. 

Pourtant, au fil de l'histoire de l'homme, nombreux ont été les signes qui nous ont conduits à considérer que cette mort " universelle " n'était pas une fatalité. Lorsque Dieu apparaît à Moïse dans le buisson ardent, il se présent comme le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob (Ex 3, 17). Le Christ reprend ces mots pour dire que Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants (Mc 12, 27). Le Christ toujours, à un homme qui voulait devenir son disciple après avoir enterré son père, dit : Laisse les morts enterrer leurs morts (Lc 9, 60). Pour le Christ, il y a donc des morts qui sont vivants, et des vivants qui sont morts. Cela dépasse la simple approche spirituelle  comme nous le verrons plus bas.
 
Dans le second Livre des Rois, il est dit que le prophète Élie fut enlevé vivant au ciel sur un char de feu venu le chercher (2Rois 2, 1-15). Il y a donc au moins un homme qui n'a pas connu la mort. En mathématiques, on dit qu'une infinité d'exemples ne suffit pas à établir une règle. Par contre, un seul contrexemple suffit à montrer que cette règle est fausse. L'exemple d’Élie a toujours été mis en avant par les spirituels, car il montre que l'homme, par la grâce de Dieu, peut échapper à la mort.

Le Christ lui-même dit : Je vous le dis en vérité, quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point, qu'ils n'aient vu le fils de l'homme venir dans son règne (Matth. 16, 28). Or nous savons que ceux à qui il a parlé sont tous morts et que le Christ n'est pas encore revenu dans son règne. Pour comprendre cette phrase et les concepts dont nous parlons ici, il faut apprendre à voir au-delà des limites de nos yeux.

Si nous nous contentions de ce que voient nos yeux, nous en serions encore à croire que la terre est plate. C'est le travail et la passion des scientifiques, quel que soit leur domaine d'activité, d'apprendre à voir l'invisible pour le manifester et nous faire progresser dans la connaissance. Il en est de même pour la mort, pour laquelle les spirituels ont essayé de la comprendre et de la vaincre au-delà des barrières de nos yeux.
 
Lorsque le Christ est transfiguré sur le mont Thabor (Lc 9, 28-36), Moïse et Élie apparaissent nimbés de gloire à ses côtés. Rien ne peut dissocier ces deux personnes : ils sont apparus au même moment, de la même façon, rayonnent de la même gloire, discutent pareillement et finissent par disparaître de la même manière. Pourtant, Moïse est mort et n'a plus son corps, alors qu’Élie est vivant et a toujours le sien. Cela montre à la fois qu’Élie a vaincu la pesanteur de sa nature corporelle, mais également que Moïse a vaincu les effets destructeurs de la mort.

Le Christ, qui nous ouvre les portes de la connaissance par son exemple, ressuscite avec son corps. Il accepte donc de connaître la mort, alors qu'il a le pouvoir de s'y soustraire. Mais, au-delà de la mort, la véritable victoire se trouve dans la résurrection. C'est cette résurrection qui est l'aboutissement de notre histoire et que les Pères ont reprise pour conclure le Pistevo (Credo) : j'attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir, amen

Les pères spirituels considèrent l'exemple d’Élie, et celui du Christ ressuscité, pour montrer que l'être spirituel, même avec son corps, n'est plus assujetti par la lourdeur et les limites que nous connaissons. Et ils considèrent celui de Moïse, d'Abraham et de nombreux autres pour montrer que la vie a une force et une puissance que la mort ne peut arrêter. Il est donc possible, par les choix de notre liberté et la grâce de Dieu d'échapper à la mort.

Le Christ nous dit que lorsqu'il reviendra, les hommes mangeront et boiront, ils se marieront et marieront leurs enfants (Matth. 24, 37-39). Les hommes qui passeront dans l'éternité sans avoir à passer par la mort seront donc très nombreux ce jour-là. Pourtant, il n'y aura pas plus de différences entre eux et tous les morts des siècles passés, qu'entre Moïse et Élie sur le mont Thabor.

Le Christ aurait pu descendre aux enfers pour y libérer les captifs avec son corps vivant, puisque rien n'est impossible à Dieu. Mais il choisit pourtant de mourir pour y aller, et c'est lui qui nous en donne la raison lorsqu'il dit : il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime (Jn 15, 13). 

Le Christ ressuscita Lazare le troisième jour, alors qu'il se décomposait déjà, et pourtant celui-ci mourra à nouveau quelques années plus tard. De la même façon, la Mère de Dieu mourut. Les icônes orthodoxes montrent son corps allongé pendant que son esprit est emmené aux Cieux par le Christ entouré des anges.

Malgré ses effets visibles, la mort n'a plus d'effets pour ceux qui sont restés proches de Dieu, ceux dont le cœur est resté rempli d'amour. C'est ainsi que la Tradition veut que, trois jours après avoir été enterré, le corps de la Mère de Dieu avait disparu. 

Si donc l'homme peut échapper à la mort depuis qu’Élie en a montré la voie, et si pourtant Dieu laisse la mort continuer à agir et qu'il décide de la porter lui-même, c'est qu'il donne à chacun la possibilité d'aller au bout de l'amour suivant cette parole de saint Athanase le Grand : Dieu s'est fait homme pour nous faire Dieu (S. Athanase, inc. 54, 3 : PG 25, 192B).