de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 16 janvier 2016

200- Aujourd'hui, ou les causes d'une fatalité



La chose la plus marquante, à la lecture des archives de la préfecture, est de constater à quel point l'histoire se répète. Mais qu'est-ce qui peut bien pousser à une telle fatalité, qui nous condamne à répéter sans cesse les mêmes erreurs ?

La première cause est l'ignorance. La page Historique de la Communauté hellénique de Lyon est pleine d'erreurs et d'imprécisions qui cultivent cette ignorance. 

Communauté hellénique de Lyon - page Historique du site internet

Cette page fait commencer notre histoire en 1929. Elle affirme que la Communauté aurait été fondée par des Grecs d'Asie-Mineure qui avaient dû fuir leurs villes et villages pendant le conflit gréco-turc. Pourtant, l'histoire officielle commence en 1921, par création de l'Union Philanthropique des Hellènes de Lyon et des environs, créée le 19 décembre 1921. L'Annonciation, créée en septembre 1928, sera le pendant religieux de l'Union Philanthropique. Les deux associations furent créées par les mêmes personnes, qui étaient en France depuis la première guerre mondiale, afin de participer à l'effort de guerre des pays en manque de main-d’œuvre. Il s'agissait alors d'une immigration économique.

Une autre des causes de l'immigration des Grecs de Turquie, dès 1915, fut l'adoption de la constitution turque de 1908. Cette constitution abolit l'interdiction faite aux Grecs d'effectuer leur service militaire. Dans les faits, l'armée leur refusera de porter des armes, et ils seront envoyés dans des bataillons de travail, pour mourir en construisant des routes dans des conditions inhumaines. Beaucoup immigrèrent pour fuir cette conscription.

Les deux associations fusionneront le 6 mars 1934. Cette fusion fit que la préfecture regroupa tous les dossiers en un seul. Sauf à considérer que la fusion n'existe pas, l'histoire de l'association débute donc en 1921, et non en 1929.
 
Cette page Historique nous indique que monsieur Nikitopoulos est le premier président de L'Annonciation, de 1928 à 1935. Pourtant, les documents montrent que le premier président est monsieur Kaktzis, de septembre 1928 au 13 janvier 1930. Puis il y eut monsieur Nicolas Dhikeos, du 13 janvier 1930 au 1er février 1931. Ce fut ensuite le tour de monsieur Théodorides, du 1er février 1931 au 27 décembre 1931. Puis seulement monsieur Nikitopoulos du 27 décembre 1931 au 7 avril 1935. Celui-ci n'est donc pas le premier président, mais le 4ème.
 
De la même manière nous lisons, sur cette page Historique,  que monsieur Jean Aronis fut président entre 1967 et 1973. Alors que tous les documents montrent que c'est monsieur Tsakonas qui est président du 21 décembre 1952 au 16 décembre 1974. Cette différence fait que monsieur Tsakonas est resté président durant vingt ans, dans la période la plus paisible de la vie de la Communauté. Jean Aronis fut parfois président d'honneur, mais jamais président.

Georges Stavrou, qui assumera cette charge après lui, n'est pas président de 1973 à 1978, mais seulement à partir du 12 décembre 1974.

Nous lisons dans la page Historique que l'église a été achevée en septembre 1949, alors que Le Progrès du 14 septembre 1949 indique que l'église est encore en cours de construction. Nous avons un article de L’Écho-La Liberté du 24 octobre 1949 disant que c'est le 23 octobre que l'église a été achevée et consacrée. Cela correspondait à la fête nationale grecque. 

Le père Constantin Dervissoglou est indiqué comme ayant exercé ses fonctions jusqu'en 1951, alors que nous savons qu'il était encore en activité en 1952.

1952-03-25 père Dervissoglou - Communauté hellénique de Lyon


Je veux bien concevoir que le rédacteur de la page considère qu'il s'agit de personnes et d'événements que tout le monde a oubliés, et que ces détails de dates n'intéressent personne. Mais, dans ce cas-là, il ne faut pas appeler cette page Historique, mais vagues approximations, ou encore propagande officielle. Si nous l'appelons Historique, le minimum est que les faits énoncés soient exacts. 

Ces faits ne doivent pas être à l'image de la médiocrité de leur rédacteur, fût-il prêtre, mais à l'image de la réalité, tels une photographie capable de traverser le temps.


La seconde cause est la volonté de réécrire l'histoire pour la rendre conforme à ce que nous voulons lui faire dire, au détriment de la réalité. Elle est intimement liée à la vaine gloire — importance que nous attachons au regard des autres — que les Pères de l’Église désignent comme l'un des vices principaux de l'homme. Elle est également liée, dans certains cas, à une volonté de manipulation.

Nous avons vu plus haut que, lorsque nous lisons : La Communauté hellénique de Lyon et des environs a été fondée en 1929 par des ressortissants grecs de Grèce et d’Asie-Mineure, venus en France pendant le conflit gréco-turc, dans le but de sauvegarder leur culte, leur culture et d’offrir un lieu de rencontre aux Grecs exilés. il s'agit d'une affirmation volontairement fausse.
 
De la même manière, nous allons indiquer que monsieur Nicolas Dhikeos, consul de Chypre, est président de 1936 à 1947, alors qu'il ne fut consul de Chypre que vingt ans après avoir abandonné sa charge de président, en 1963. 

C'est d'ailleurs parce qu'on ne peut attribuer à quelqu'un un titre qu'il n'a pas encore que, quelques lignes plus haut, Vlassios Lavriotis est désigné avec le titre d'archimandrite, de 1952 à 1978, et non avec celui d'évêque, qu'il aura à partir du 15 octobre 1978.

Il aurait d'ailleurs été correct de ne pas arrêter l'action de Vlassios Lavriotis en 1978, mais d'indiquer qu'il continua à servir notre église jusqu'à son dernier souffle, le 2 juin 1985, en tant qu'évêque.


La troisième cause est l'enfermement dans l'erreur. Il est souvent couplé à la volonté d'y maintenir enfermé les autres. Ainsi, le conseil a-t-il refusé de modifier sa page, malgré les documents fournis il y a plus d'un mois. Il est possible de commettre des erreurs. J'en fais moi-même souvent en écrivant. Mais je les corrige lorsqu'on me les signale. Le conseil de la Communauté hellénique de Lyon, lui, ne corrige jamais rien, même devant l'évidence. Et les exemples sont nombreux. Il sait qu'errare humanum est, perseverare diabolicum, mais choisit volontairement de perseverare...

Accepter de modifier ses erreurs revient à accepter d'ouvrir les yeux de ceux que l'on tient enfermés. Et ça, les manipulateurs s'y refusent, ne pouvant se résigner à voir s'effondrer le mythe qu'ils ont construit.


La quatrième est la volonté de s'accaparer le travail et les biens des générations passées. Ainsi, pour que le métropolite Emmanuel Adamakis, et le métropolite Jérémie avant lui, puissent revendiquer la pleine possession des biens de la Communauté, il fallait dans un premier temps faire disparaître des mémoires la dimension culturelle et philanthropique de ceux qui se sont unis pour construire ces biens. Et, dans un second temps, il fallait en faire disparaître les personnes elles-mêmes.

Mais que peuvent faire ces éminentes personnalités si nous gardons la trace de chaque franc donné par chaque personne pour construire les biens que nous avons ? J'ai cherché parmi tous les donateurs, et je n'ai pas trouvé la moindre trace de ceux qui prétendent aujourd'hui avoir une légitimité sur nos biens.

Liste des donateurs pour la construction du centre culturel 1972-1973 - page 1 sur 4


C'est ainsi que nous sommes passés de statuts très ouverts adoptés lors de l'AG du 19 décembre 1954, à des statuts très restrictifs lors de l'AG du 23 février 1990. Et ainsi, toujours, que lors de l'AG du 5 juillet 2015, il n'y avait plus que 10 à 15 personnes présentes sur les ruines d'une communauté qui revendiquait ouvertement 661 familles membres quatre ans plus tôt.

Ce quatrième point n'est possible que par et pour des personnes mercantiles, qui ne chercheront que leurs intérêts immédiats, sans vision globale de l'intérêt commun. Des personnes pour qui l'intérêt historique n'a aucune importance, dans la mesure où il n'est perçu que comme un obstacle pour parvenir à leurs fins. En ceci, la connaissance est l'ennemi des manipulateurs, qui cherchent à en couper l'accès à leurs victimes.


Tous ces éléments font que, consciemment ou inconsciemment, les hommes reproduisent perpétuellement la même histoire. Mais, de même qu'il fut possible de parer à cette fatalité pour de longues années par l'action de monseigneur Mélétios, nous verrons, dans le prochain message, qu'il nous est loisible, aujourd'hui encore, de briser ce cercle infernal. Non pas indéfiniment, car il viendra forcément un jour où un nouveau métropolite voudra à nouveau récupérer nos biens à son profit, mais pour très longtemps.

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