de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 12 décembre 2015

190- 1953 à 1954



Durant l'année 1953, le père Vlassios alla chercher Kostas Patronis, afin qu'il quitte la paroisse uniate dans laquelle il chantait, et vienne exercer ses talents de chantre dans l'église nouvellement construite. Kostas restera 59 ans à animer le chœur, sans jamais rater un office, avant d'être finalement éconduit en 2012.
 
Le conseil avait été élu le 21 décembre 1952, pour deux ans. Après avoir remplacé monsieur Bacaloudis, l'un des cinq fondateurs, au bout de quelques jours, il se réunissait le 7 avril 1954 pour palier la démission de monsieur Zagoridis, également membre des cinq fondateurs. Comme pour monsieur Bacaloudis, la raison de sa démission n'était pas mentionnée.

Après le décès du père Constantin Dervissoglou, en 1951, et le retrait de monsieur Vassiloglou, il ne restait donc plus que monsieur Balabanoglou, parmi les cinq membres fondateurs, à faire encore partie de L'Annonciation, et ce alors que ces fondateurs avaient investi des sommes plus que conséquentes pour édifier l'église.

Monseigneur Mélétios Karabinis était arrivé en France en 1946, en tant que prêtre. Il sera ordonné évêque de Reggio en 1953 et deviendra évêque auxiliaire du métropolite de Thyateira. C'est à ce titre qu'il présida l'AG qui se tint le 19 décembre 1954, dans la Salle des Portraits du Palais de la Bourse. Étaient également présents le père Vlassios et monsieur Pappaduka, consul de Grèce à Lyon.
 
Mgr Mélétios Karabinis


Malgré sa démission brutale après l'AG précédente, monsieur Bacaloudis se présentait à nouveau comme candidat au conseil et était élu. Monsieur Evangelos Zagoridis, fils du fondateur, était élu lui aussi.

Monsieur Tsakonas était élu président lors de la réunion du conseil qui suivit l'AG. Il devenait le 8ème président de L'Annonciation, et le 18ème depuis 1921.

L'AG décida de plusieurs modifications touchant les statuts, dans le but d'ouvrir la Communauté. La plus importante est la fin de la cotisation obligatoire pour faire partie de l'association. L'AG décide de l'annulation des paragraphes 9, 10 et 11 de l'article 5 des statuts. En conséquence, tous les présents à cette Assemblée Générale du 19 décembre 1954 seront considérés comme des membres électeurs et éligibles, qu'ils soient en règle pour leurs cotisations ou non

Le règlement électoral établi en 1952 est annulé. Est également voté l'annulation de tout autre article ou paragraphe des statuts actuels pouvant considérer comme illégales les élections de l'Assemblée Générale du 19 décembre 1954

Le nombre de membres du conseil est porté de 9 à 15.

Le nom adopté lors de l'AG précédente - Association Cultuelle Église Orthodoxe Grecque d'Orient - L'Annonciation de Notre-Dame - est modifié. Il devient celui que nous connaissons aujourd'hui : Communauté Hellénique de Lyon et des environs - association cultuelle orthodoxe « L'Annonciation »

Ce nom reconnaît, pour la première fois, l'héritage de toutes les associations qui avaient fusionné depuis 1921. Il ne s'agit plus seulement de L'Annonciation, association cultuelle qui avait absorbé sans contreparties l'Union Philanthropique des hellènes de Lyon et des environs et l'Union Démocratique des hellènes de Lyon. Il s'agit de la juxtaposition des noms de ces associations, reconnaissance volontaire de ce que les Grecs de Lyon leurs devaient. 

C'était la première fois que l' « Union » n'était pas un mot vain, utilisé comme une profanation par ceux qui ne voyaient en lui que le moyen artificiel de faire valoir leurs intérêts propres. Le concept s'incarnait dans des actes et devenait réalité.

Fut alors décidée la fusion de « l'Association Cultuelle Hellénique Orthodoxe », 39 rue de la Bourse, dont les cinq membres [fondateurs] sont nommés, à vie, membres permanents, ayant les mêmes droits que ceux du Comité élu et de l'Association Cultuelle de l’Église Orthodoxe Grecque d'Orient l'Annonciation de Notre Dame, 45 rue Dumoulin.

Ces décisions, prises à l'unanimité, étaient proposées par monseigneur Mélétios, qui avait compris qu'une Église est plus qu'un ensemble de règles administratives, que chacun peut y trouver sa place et y est le bienvenu. En cela, il se démarquait de ses prédécesseurs et se comportait en pasteur dont le rayonnement ne faisait que commencer.

Il avait réuni autour de lui les fondateurs précédemment bannis, comme monsieur Bacaloudis, mais aussi les pauvres qui avaient leur cœur attaché à l'église mais ne payaient pas de cotisation, ou encore Pierre Dhikeos, dont le frère avait souvent tenté de s'accaparer les responsabilités en sclérosant la communauté. Il permettait aux femmes de voter et d'être élues. Il ne limitait plus la légitimité d'appartenance à une circonscription géographique ou à une ethnie, mais légitimait le rôle de toute personne présente.


Là s'arrêtera le présent message, car la suite de l'histoire qui s'écrira ne sera que le fruit des décisions prises ce jour du 19 décembre 1954 par monseigneur Mélétios.

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