Vous suivez peut-être en direct le passionnant débat entre Jean-François Copé et François Fillon qui se disputent la présidence de l'UMP depuis le simulacre de vote d'il y a dix jours.
En parlant de simulacre, je reprends les violentes accusations du trésorier de l'UMP qui vient de démissionner pour rappeler qu'il y a plusieurs mois qu'il dénonce les irrégularités d'organisation de ce scrutin. Tous ceux qui ont osé faire état de ces irrégularités ont été licenciés par Copé, y compris le directeur des affaires juridiques de l'UMP.
François Fillon a été d'une rigueur extrême. Sans se laisser déstabiliser par le coup de force de Copé, il a su rester lucide, bien entouré, et saisir la justice au bon moment. Son mémoire dans lequel il demande au juge d'accéder aux documents du scrutin est de toute rigueur. Il est logique que le juge lui ait donné gain de cause.
Face à cette rigueur exemplaire, nous avions droit à des réflexions à deux balles de Copé du genre : On n'attaque pas en justice sa propre famille politique et autres inepties dont le niveau intellectuel n'arriverait même pas à satisfaire des lobotomisés. S'il respecte sa famille politique, pourquoi utilise-t-il tous les moyens de son parti à ses fins personnelles ? Et s'il ne montre pas l'exemple, que valent ses remarques déontologiques ?
J'ai suivi de près tous les développements de cette élection, car elle me rappelait trop ce que nous avons vécu à la communauté. Si je me permettais une analogie, je dirais que j'avais le sentiment de voir Copé dans le rôle du père Nicolas, et Fillon dans celui de Ladias. L'un utilisant les moyens qu'il a accaparés en opposition avec les règles fiscales françaises, et utilisant ces moyens pour tenter d'imposer une légitimité qui lui échappe de plus en plus.
Récemment, le père Nicolas a utilisé les moyens de la communauté pour diffuser un texte dénigrant un groupuscule qui s'oppose à lui. Le groupuscule en question est constitué d'élus de la communauté qui représentent plusieurs centaines de personnes.
Là où Copé a commencé à céder, c'est ce matin, lorsque Fillon a créé un nouveau groupe à l'assemblée nationale avec 68 députés. Si on ajoute les sénateurs à venir, Fillon aura un groupe de 120 parlementaires. Or chaque parlementaire rapporte 42000 euros par an à son parti. Avec 120 députés de moins, Copé perd donc 5 millions d'euros annuels qui vont lui manquer pour rembourser sa dette de 50 millions d'euros.
Si Copé veut la présidence, c'est pour le pouvoir, pas pour gérer les dettes. De la même façon, à la communauté hellénique de Lyon, cumuler les pouvoirs ne sert à rien si les fidèles arrêtent de donner. Or nous avons vu sur ce blog que l'argument principal avancé à Kostas Patronis pour réduire son salaire était précisément de dire que l'argent ne rentrait plus. Comment concilier que l'argent ne rentre plus et le fait que seul un groupuscule n'accepte pas les dérives actuelles ?
L'un des héritages de la Révolution Française, c'est l'instauration des jurés populaires. Une fois passés la triste époque de la Terreur et les tribunaux révolutionnaires, ces jurés populaires ont continué à fonctionner dans la société. Ils jugent les affaires les plus graves qui relèvent de la Cour d'Assises depuis avril 1810.
L'année judiciaire est divisée en sessions. Chaque session ayant à juger un certain nombre de crimes. Longtemps avant chaque session, de potentiels jurés sont tirés au sort sur les listes électorales et sont informés de ce tirage par courrier. Ils doivent répondre s'ils acceptent ou s'ils refusent. Le refus n'est pas une dispense, et le président de la Cour d'Assises peut engager des poursuites contre ceux qui refusent sans motif valable.
Tout le monde est convoqué au Palais de Justice, en présence du Président de la Cour et de ses greffiers. Le cas de chaque citoyen est alors étudié. Certaines dispenses sont acceptées, d'autres sont refusées. On m'a rapporté le cas d'une femme enceinte qui ne savait pas si elle devait accepter ou refuser. Le Président a lui-même invité cette femme à se désister : les dossiers qui allaient être étudiés étaient horribles, et il ne voulait pas que cela nuise à l'épanouissement du bébé ou de sa mère.
A ce moment-là, le casier judiciaire de chacun est consulté. Il ne s'agit pas du casier judiciaire auquel peut avoir accès un futur employeur, mais d'un casier que seul les juges peuvent consulter. S'il y a la moindre trace d'une quelconque condamnation, le citoyen est révoqué.
Un juré suppléant peut assister à toutes les audiences, même les audiences à huis clos. Il dispose d'une carte d'accès lui ouvrant toutes les sécurités. Il doit pouvoir être au tribunal très rapidement et a donc l'interdiction de s'éloigner de la ville pendant la durée de la session.
Il est demandé aux jurés de ne rien montrer de leurs sentiments, même devant les faits les plus répugnants. Ils doivent être disponibles en permanence, car une audience peut se terminer tard dans la nuit : les témoignages peuvent être plus longs qu'estimés et tant la défense que l'accusation doivent pouvoir s'exprimer librement.
Caroline G. a été jurée aux Assises pour la session du 26 septembre 2011 au 14 octobre 2011.
Caroline est aujourd'hui visée par le texte du père Nicolas Kakavelakis cité plus haut, en tant que membre du groupuscule mû par des intérêts personnels. De quels intérêts parle-t-il ? Est-ce qu'avoir une haute idée des valeurs de la justice, c'est être mû par des intérêts personnels ?
Stelios K. est lui aussi visé par les propos du père Nicolas. Il est le doyen des élus de la communauté et la représente sans discontinuer depuis 1972. Quels intérêts personnels essaye-t-il de mettre en avant, lui qui a donné son temps et son argent pour construire tout ce que nous connaissons ? Ce qu'il dénonce par contre, c'est la façon dont le père Nicolas s'approprie la communauté, tout comme Fillon dénonce la façon dont Copé s'accapare l'UMP.