de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

lundi 21 mai 2012

49- Obéissance au clergé



C., mentionné dans le message précédent, avait affirmé à ceux qui en doutaient (presque tout le monde sauf lui, apparemment) qu'il faut toujours suivre ce que dit un prêtre. Conseiller les autres sur ce qu'ils doivent faire ou non est périlleux, car cela nous expose à  la  critique  de  ceux  que  l'on  conseille  suivant  ce proverbe  : Médecin, guéris-toi toi-même !

Je connais une seconde personne, que nous appellerons monsieur X., qui dit aussi qu'il faut toujours suivre un prêtre dans ce qu'il dit. Tout le monde se demande pourquoi il se fait le défenseur d'une telle affirmation aujourd'hui, et non pas lorsque le père Athanase lui disait de ne pas tromper sa femme. Le père Athanase ne parle jamais de personne, aussi j'extrapole un peu pour les besoins de la démonstration, mais je doute qu'il ait cautionné ce qui se savait de notoriété publique. Nombreux sont ceux qui pensent que monsieur X. devrait rester lucide et ne pas croire que le père Nicolas Kakavelakis, parce qu'il aurait les mêmes faiblesses, deviendrait dès lors un modèle. 

Un ami me disait que, lorsqu'il était petit, il disait à son père, lorsqu'il avait de mauvaises notes à l'école, que d'autres en avaient eu de plus mauvaises. Son père lui répondait : Ne te compare pas aux plus mauvais, mais aux meilleurs, si tu veux progresser. Nous ne devons pas chercher nos modèles parmi ceux qui nous permettent de nous complaire dans nos faiblesses, mais parmi ceux qui sont à même de nous conduire vers mieux.

Revenons en arrière et voyons ce que disent les pères spirituels. Ils sont unanimes à considérer que, lorsqu'on demande un conseil et que l'on ne suit que ce qui nous plaît dans le conseil prodigué, c'est un signe de l'illusion spirituelle. Car alors on ne suit pas le conseil lui-même, mais ce que notre volonté se plaît à considérer comme bien. Finalement, dans un tel raisonnement, le prêtre ne devient que le faire-valoir de notre propre volonté.

C'est ce qui semble arriver à monsieur X. qui donne l'impression de croire qu'il a retrouvé une nouvelle virginité depuis qu'il est au contact du père Nicolas. C'est la pureté du cœur qui est la mesure de notre proximité à Dieu. Lorsqu'on l'a perdue, elle se retrouve par le repentir. Lorsque Zachée, le collecteur d'impôts, a dit au Christ : Si j'ai fait du tort à quelqu'un, je lui rends le quadruple (Lc 19, 2-9), c'était au cœur d'une grande fête qu'il donnait pour accueillir le Christ et dans la joie ; le psaume 50 manifeste et décrit le repentir du roi David au travers d'une longue complainte à Dieu. Le repentir peut donc être infini par ses formes, mais il va de pair avec la purification intérieure.

Si le repentir est indispensable dans le chemin qui nous permet d'avancer vers Dieu, l’autojustification, elle, n'y a jamais sa place.

Si les pères spirituels recommandent de suivre leurs conseils sans pratiquer le tri sélectif, ils recommandent tout autant de ne pas choisir n'importe qui pour être guidé. S'il est vrai que l'habit ne fait pas le moine, le fait d’être prêtre n'est malheureusement pas davantage une marque de sagesse. Suivre aveuglément un prêtre simplement parce qu'il serait prêtre serait dès lors un exercice plus que périlleux pour la bonne santé mentale de celui qui voudrait s'y appliquer.

D'ailleurs, la tradition spirituelle de l’Église ne dit pas que l'on doit suivre tout ce que dit chaque prêtre, mais elle recommande plutôt de choisir, pour être guidé, une seule personne. Une personne dont la réputation est irréprochable et qui a suffisamment d'expérience spirituelle, car on ne peut donner aux autres que ce que l'on a soi-même acquis. Cette personne n'est pas forcément un prêtre. Elle peut être un moine comme a pu l'être le père Païssios que l'on venait voir du monde entier.

Si l'on décide de suivre les conseils de quelqu'un, c'est parce que l'on pense que ces conseils vont nous apporter quelque chose. Comment croire qu'il serait possible d'apprendre avec quelqu'un qui aurait la réputation d'être un imposteur, même s'il arrive à se déguiser en prêtre ?

Je vais vous présenter quelques vidéos qui viennent de Grèce :
- ici, nous voyons le métropolite d’Attique, lors d'une conversation téléphonique avec un jeune, où il était sur écoute, lui expliquer comment il va le baiser quand il va le voir, et comment il l'a fait en d'autres occasions avec d'autres enfants. Il fut finalement condamné à six ans de prison ;
- ici, nous voyons un prêtre qui passe ses soirées dans des boîtes de nuit un peu particulières (skilathika). Il paraît qu'il prêche aussi après les danses du ventre et le narguilé ;
- ici, nous voyons un prêtre ivre.
Les scandales sont très nombreux en Grèce où des émissions de télévision et de radio leur ont été dédiés : drogues, corruption, mœurs... tout y passe !

Est-ce que c'est ça que monsieur X. appelle à suivre et à obéir ? A quoi servirait l'intelligence que nous avons si c'est pour croire qu'un prêtre mérite d'être écouté simplement par la fonction qu'il occupe ? A quoi servirait le discernement que nous avons si nous ne sommes pas capables de voir quand une personne mérite d'être écoutée et qui il faut fuir ? A quoi servirait le libre arbitre que nous avons si nous choisissons d'écouter le premier imposteur qui se présente ?

Enfin ! L'avantage est au moins qu'avec de tels propos, et même sans aucune qualification d'aucune sorte pour ce job, l'évêque verra certainement en monsieur X. un très bon futur prêtre. Docile à souhait et manipulable. Monseigneur Emmanuel a-t-il besoin de plus dans son clergé ?

Est-ce que tous les prêtres sont corrompus ? Bien sûr que non ! Nous voyons ici deux prêtres qui ont voulu remettre de l'ordre dans l’Église suite à plusieurs scandales. Pas de chance pour eux, ils ont été suspendus 6 moins pour l'un, et 1 mois pour l'autre, par un conseil extraordinaire de l'évêque qui ne les a pas laissés se défendre. Mais même s'ils ne sont pas valorisés au sein de leur hiérarchie, ce sont bien ces prêtres-là qui méritent le respect et que l'on peut suivre dans ce qu'ils disent. C'est du moins là que je préfère être, malgré les pressions du métropolite.

Au-delà d'écouter tel ou tel prêtre, c'est l’Évangile que le chrétien doit suivre. Quand le Christ raconte l'histoire du mauvais riche et du juste Lazare, le mauvais riche demande à Abraham d'envoyer Lazare auprès de ses frères pour qu'ils ne suivent pas son chemin. Abraham lui répond alors : Ils ont Moïse et les prophètes, qu'ils les écoutent (Lc 16, 20-31).

Le Christ ne dit pas : Ils ont le clergé, mais il fait bien référence aux textes saints. Nous aussi avons Moïse et les prophètes. Et plus que tout, nous avons le Christ qui est venu pour accomplir toutes choses. C'est l'unique repère qui peut et qui doit guider le chrétien dans le chemin qui le conduit vers Dieu.

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