Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu.
Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle.
En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. (Jn 1, 1-5)
Mais laissons ce texte quelques instants et voyons l'opposé de la Parole : le Silence.
Le film Spotlight reçut, contre toute attente, l'oscar du meilleur film et celui du meilleur scénario, le 28 février dernier. Ce film traite de la manière dont les scandales de pédophilie ont éclaté dans l’Église catholique romaine à Boston, avant de s'étendre à tous les USA. Rejoignant ainsi les scandales planétaires qui avaient frappé tous les pays où l’Église catholique était implantée. J'avais traité ce sujet dans un précédent message.
Le réalisateur profita de l'audience que lui accordait sa récompense pour adresser un message au pape François : Ce film donne la parole aux survivants, et cet Oscar amplifie cette parole dont nous espérons qu'elle devienne un chœur qui résonnera jusqu'au Vatican. Pape François : il est temps de protéger les enfants et de restaurer la foi.
Ce film traite de la manière dont les scandales
de pédophilie ont éclaté dans l’Église catholique américaine. Plus
généralement, il traite du silence dans l’Église ; de
l’institutionnalisation du silence par la hiérarchie religieuse ; de la
corruption active et passive des institutions afin de préserver le
silence ; de la lâcheté et de la complaisance à l'égard de ce silence ;
de la mutation des prêtres corrompus plutôt que de leur révocation afin de protéger le silence, etc.
L'évêque
de Boston, au cœur du système décrit dans ce film, dut finalement
démissionner et termina sa carrière dans l'une des églises les plus
prestigieuses de Rome, laissant l’Église dont il avait la charge
détruite par les scandales, mais en préservant ce qui lui importait le
plus : sa carrière et ses illusions.
Par cette nouvelle affectation prestigieuse, l’Église catholique montra qu'elle n'avait pas l'intention de changer quoi que ce soit à cette institutionnalisation du silence.
Par cette nouvelle affectation prestigieuse, l’Église catholique montra qu'elle n'avait pas l'intention de changer quoi que ce soit à cette institutionnalisation du silence.
Plantu - Quel gâchi ! |
Si le Logos est créateur, le silence lui est opposé : il est destructeur. Il est le lit dans lequel les vices et les crimes se développent. Il est pire que le vice, car il est cela-même qui le renforce et le fait croître.
Le pape François s'est engagé dans une réforme des pratiques du Vatican, pour ne plus couvrir les prêtres pédophiles. Et nous savons qu'ils sont des milliers à agir dans l'ombre. Aussi a-t-il a suscité beaucoup d'espoirs.
Mais, au-delà des mots « réforme » et « transparence », qui a vu la moindre dénonciation du clergé de la part des autorités vaticanes ? Personne. Combien de prêtres doivent répondre de leurs agressions du fait des réformes promises par le Vatican ? Aucun. Combien ont été renvoyés du clergé ? Pas le moindre. Ils sont des milliers à être toujours en place.
Ce qui compte n'est pas que les choses changent, mais que les gens croient qu'elles vont changer. Et lorsque la pression médiatique sera retombée, il n'y aura plus que les victimes à savoir que tout continue comme avant.
Le silence règne à tous les niveaux dans l’Église. Récemment, un prêtre invitait un fidèle à suivre l'exemple de tel obscur moine, qui avait fait patience en attendant que Dieu lui rende justice. Il souhaitait ainsi que le fidèle cesse de demander à son évêque la réparation de problèmes criants. Le fidèle demanda pourquoi il devrait suivre l'exemple de cet obscur moine, et non pas plutôt suivre ce que préconise le Christ ? À savoir de demander justice sans relâche, nuit et jour, à force de cris, comme la veuve importune qui est prise en exemple dans l’Évangile. Le prêtre s'est trouvé décontenancé et n'a pas su quoi répondre.
Effectivement, il ne pouvait trouver dans l’Évangile aucun exemple invitant à se taire devant une injustice.
Le père Placide Deseille écrivait : Tout récemment, dans un diocèse orthodoxe de France, des fidèles ont estimé avoir à se plaindre de leur évêque. C'était leur droit. Mais comment devaient-ils réagir ? En informant le métropolite, en remontant, au besoin, jusqu'au patriarche, mais non pas, comme malheureusement beaucoup l'ont fait, en publiant une lettre ouverte, exprimant leurs griefs d'une manière purement « séculière », dans les termes qu'on emploie pour se plaindre d'un fonctionnaire qui n'est pas correct, qui ne se comporte pas selon les exigences de sa fonction. [...] C'était traiter l'évêque comme une personnalité laïque, comme un fonctionnaire de la République. C'est inadmissible de la part de fidèles orthodoxes. Et c'est pour cela que j'ai demandé à tous les fidèles qui m'ont demandé conseil de refuser de signer cette lettre ouverte. L'évêque doit toujours être vénéré, respecté, car il est pour son diocèse l'icône vivante du Christ. (Annonce orthodoxe n° 33, sept. 2015, p. 6-7)
Ce qui compte n'est pas que les choses changent, mais que les gens croient qu'elles vont changer. Et lorsque la pression médiatique sera retombée, il n'y aura plus que les victimes à savoir que tout continue comme avant.
Le silence règne à tous les niveaux dans l’Église. Récemment, un prêtre invitait un fidèle à suivre l'exemple de tel obscur moine, qui avait fait patience en attendant que Dieu lui rende justice. Il souhaitait ainsi que le fidèle cesse de demander à son évêque la réparation de problèmes criants. Le fidèle demanda pourquoi il devrait suivre l'exemple de cet obscur moine, et non pas plutôt suivre ce que préconise le Christ ? À savoir de demander justice sans relâche, nuit et jour, à force de cris, comme la veuve importune qui est prise en exemple dans l’Évangile. Le prêtre s'est trouvé décontenancé et n'a pas su quoi répondre.
Effectivement, il ne pouvait trouver dans l’Évangile aucun exemple invitant à se taire devant une injustice.
Le père Placide Deseille écrivait : Tout récemment, dans un diocèse orthodoxe de France, des fidèles ont estimé avoir à se plaindre de leur évêque. C'était leur droit. Mais comment devaient-ils réagir ? En informant le métropolite, en remontant, au besoin, jusqu'au patriarche, mais non pas, comme malheureusement beaucoup l'ont fait, en publiant une lettre ouverte, exprimant leurs griefs d'une manière purement « séculière », dans les termes qu'on emploie pour se plaindre d'un fonctionnaire qui n'est pas correct, qui ne se comporte pas selon les exigences de sa fonction. [...] C'était traiter l'évêque comme une personnalité laïque, comme un fonctionnaire de la République. C'est inadmissible de la part de fidèles orthodoxes. Et c'est pour cela que j'ai demandé à tous les fidèles qui m'ont demandé conseil de refuser de signer cette lettre ouverte. L'évêque doit toujours être vénéré, respecté, car il est pour son diocèse l'icône vivante du Christ. (Annonce orthodoxe n° 33, sept. 2015, p. 6-7)
Le
père Placide ne parle pas ici de ce qui s'est passé à Lyon, mais de ce
qui s'est passé autour de la nomination contestée de monseigneur Job,
rue Daru. Il recommande aux fidèles de se tourner vers le métropolite, mais oublie de préciser que le métropolite était sciemment à l'origine des problèmes dénoncés.
Il met en exergue l'attitude irresponsable et indigne des fidèles, alors que la seule attitude irresponsable et indigne était celle du métropolite, comme nous le verrons dans le message 216.
Rien ne change. La culture du silence reste la même. Toujours. Nous verrons dans un prochain message que lorsque le père Placide a été saisi, suivant les règles qu'il définit ci-dessus, il a refusé de simplement écouter ce que les témoins avaient à dire. Alors régler les problèmes... C'est une préoccupation qu'il n'a que dans les mots. Ce qui lui importe, comme aux autres, c'est de préserver le carcan de silence dans lequel sont enfermés les fidèles.
Ce
qui est inadmissible n'est pas que des fidèles orthodoxes écrivent
une lettre ouverte pour se plaindre de leur évêque. C'est que le clergé
en soit encore à user de son autorité pour empêcher de telles initiatives.
C'est que le clergé se place au niveau de ses intérêts stratégiques,
plutôt que de l'intérêt spirituel de ses fidèles.
L'intérêt
stratégique est de maintenir le silence, d'éviter que les scandales n'éclatent au grand jour. L'intérêt des fidèles est de prendre la mesure des problèmes
et de les régler.
Il y a une chose dont
nous pourrons toujours être fiers, au sein de la Communauté hellénique de Lyon : n'avoir jamais accepté de
nous taire pour couvrir les agissements iniques du clergé, n'avoir
jamais accepté cette loi du silence que le métropolite Emmanuel a lui aussi voulu institutionnaliser.
L'assignation que nous avons adressée n'est que
l'une des étapes du chemin qui nous conduira à briser le carcan
de silence dans lequel le métropolite tente de nous enfermer. Il y aura d'autres
étapes, qui ne s'arrêteront pas par la mutation des protagonistes, mais
par le règlement de fond de chacun des problèmes que le métropolite a voulu
taire et desquels il fait par conséquent partie.
Saint Paul disait : Ne prenez aucune part aux œuvres stériles des ténèbres ; dénoncez-les plutôt. Certes, ce que ces gens-là font en cachette, on a honte même de le dire ; mais quant tout cela est dénoncé, c'est dans la lumière qu'on le voit apparaître ; tout ce qui apparaît, en effet, est lumière (Éph. 5, 11-14).
Pour que l'évêque soit l'icône vivante du Christ, il faut qu'il l'imite. C'est à dire qu'il soit lui aussi Logos. C'est pour cela que toute la spiritualité chrétienne considère que le rôle premier de l'évêque est l'enseignement. Le Logos crée et façonne ce qu'il crée. À cette image, l'évêque se doit de régler les difficultés qu'il rencontre. Ce n'est que dans l'accomplissement de cette mission, si tant est qu'il en soit digne par sa vie, que le ministère de l'évêque trouve son sens.
Cela n'arrivera pas. Kosmas d'Étolie, considéré comme un prophète dans l’Église orthodoxe, annonça il y a 200 ans : Il viendra un temps où il n'y aura aucune harmonie entre le clergé et les laïcs. Le clergé sera pire que les plus impies. Le clergé restera l'ennemi du Logos et continuera à employer tous ses moyens pour servir le Silence. Rien n'a changé, et rien ne changera avec de tels hommes, car La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.
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