Le Christ n'a jamais instauré d'évêques, ou de hiérarchie. Il avait des disciples, comme Jean le Baptiste en avait, ou les Prophètes avant eux. Il a chargé ces disciples de propager le message de paix et d'amour qu'il apportait aux hommes, les baptisant dans l'Esprit-Saint, et leur enseignant à se faire les serviteurs de tous.
Forts de ce constat, les apôtres imposèrent les mains à sept autres disciples, qui furent choisis pour leurs vertus : Ils élurent Étienne, homme plein de foi et d'Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas, prosélyte d'Antioche (Acts 6, 5).
Ces 7 diacres sont aujourd'hui présentés comme les premiers évêques, car ayant reçu l'imposition des mains des apôtres. Mais il s'agit là d'une récupération. Les apôtres ne les ont pas choisis pour être évêque - fonction qui n'existait pas - mais pour servir les pauvres.
Et ils l'ont été précisément pour la sainteté de leur vie. Considérer aujourd'hui, comme l'affirme le père Placide Deseille, que l'on doit une révérence particulière à ces hommes indépendamment de la sainteté de leur vie est un non-sens. Leur fonction a été instaurée pour servir, et non pour être servis. C'est l'exemplarité de leur vie qui les a rendus dignes de se voir imposer les mains. Sans elle, ils usurpent une dignité et la souillent de leur présence.
Certes, comme le relève le père Placide, c'est à Dieu qu'ils devront en rendre compte. Mais absolument rien ne justifie que les chrétiens doivent se taire devant les injustices qu'ils commettent, comme il le préconise : C'est pour cela que les évêques sont comme les icônes vivantes du Christ, quelle que soit leur sainteté personnelle. S'ils ne sont pas dignes de la Charge qui leur est confiée, ils en rendront compte au Seigneur, mais cela n'empêche pas qu'ils doivent toujours être respectés comme des icônes vivantes du Christ (Annonce orthodoxe n° 33, sept. 2015, p. 6-7).
Le père Placide nous livre là une interprétation personnelle que la spiritualité chrétienne a condamnée dès l'origine, comme nous allons le voir ci-dessous.
Le mot évêque tel que nous le connaissons est tardif dans le christianisme. Il n'apparaît que vers le IIème siècle. Il vient du mot grec épiscopos (Eπίσκοπος) qui signifie surveillant. Auparavant, les textes parlent surtout des Anciens, ou des Docteurs pour désigner ceux qui présidaient.
Il ne fallut attendre que quelques années pour voir les premiers imposteurs venir occuper les charges honorifiques à la tête des églises qui se créaient. Églises dans le sens de communautés. Si bien que les apôtres, dont nous sommes appelés à suivre l'exemple, ne se privèrent pas pour condamner ces misérables.
Les épîtres des apôtres relèvent, en divers endroits, cette condamnation de l'attitude des premiers évêques. Avec toute sa mesure, l'apôtre Jean fut de ceux-là : J'ai écrit quelques mots à l'Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point. C'est pourquoi, si je vais vous voir, je rappellerai les actes qu'il commet, en tenant contre nous de méchants propos ; non content de cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l'Église (3Jn 1, 9-10).
Nous voyons donc que les premiers évêques chassaient de l’Église les personnes respectables, et ne gardaient auprès d'eux que ceux qu'ils parvenaient à manipuler. Les fidèles de l'époque ne pouvaient même pas écouter ce que disaient les apôtres sans se faire menacer et chasser... Et même les apôtres eux-mêmes étaient parfois chassés...
On peut lire encore chez saint Paul : Ils veulent être docteurs de la loi, mais ne comprennent ni ce qu'ils disent, ni ce qu'ils affirment (1Tim. 1, 7) ; Quelques-uns abandonneront la foi [...] par l'hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience (1Tim. 4, 1-2). Il écrira encore aux Philippiens : Je n'ai personne ici qui partage mes sentiments, pour prendre sincèrement à cœur votre situation ; tous, en effet, cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus Christ (Ph. 2, 20-21).
Loin d'être les chemins incontournables pour progresser vers Dieu, les évêques sont annoncés comme la cause de la perte de la foi.
Quel lien y a-t-il entre ces évêques et les apôtres ? Quel lien entre eux et le Christ ? Quel lien entre eux et les fidèles ? S'il doit y avoir un lien entre les apôtres et les chrétiens, alors il faut considérer que nous non plus, le peuple des croyants, ne devons pas accepter ces prêtres et ces évêques indignes.
Les abus de pouvoir et les injustices étaient devenus tellement fréquents, que le premier concile œcuménique écrira, dans son cinquième canon : Il faut s'assurer que l'évêque n'a pas porté cette sentence d'excommunication par étroitesse d'esprit, par esprit de contradiction ou par quelque sentiment de haine. Afin qu'un tel examen puisse avoir lieu, il a paru bon d'ordonner que dans chaque province on tint deux fois par an un synode, afin que tous les évêques de la province étant réunis, on fasse toutes les enquêtes nécessaires.
Tous les conciles ne firent qu'anathématiser les évêques et leur indignité. Le lucre, la luxure, la manipulation... : tout y passe. Les conciles manifestent que les Pères de l’Église n'avaient aucune confiance dans les évêques. Le père Placide voudrait que nous respections les évêques indépendamment de leur sainteté personnelle ? C'est contraire à tous les textes. Car c'est la sainteté personnelle qui est l'essence de la fonction épiscopale.
L'ineptie de ces analyses pseudo-religieuses, dont le père Placide nous a gratifiés d'un bel exemple, est qu'elles procèdent de la tête, et non du cœur. En ceci, saint Paul a une part de responsabilité. Il a soutenu, en effet, en de nombreuses occasions, son idée d'une analogie de l’Église corps du Christ dont celui-ci serait la tête.
Forts de ce constat, les apôtres imposèrent les mains à sept autres disciples, qui furent choisis pour leurs vertus : Ils élurent Étienne, homme plein de foi et d'Esprit Saint, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas, et Nicolas, prosélyte d'Antioche (Acts 6, 5).
Ces 7 diacres sont aujourd'hui présentés comme les premiers évêques, car ayant reçu l'imposition des mains des apôtres. Mais il s'agit là d'une récupération. Les apôtres ne les ont pas choisis pour être évêque - fonction qui n'existait pas - mais pour servir les pauvres.
Et ils l'ont été précisément pour la sainteté de leur vie. Considérer aujourd'hui, comme l'affirme le père Placide Deseille, que l'on doit une révérence particulière à ces hommes indépendamment de la sainteté de leur vie est un non-sens. Leur fonction a été instaurée pour servir, et non pour être servis. C'est l'exemplarité de leur vie qui les a rendus dignes de se voir imposer les mains. Sans elle, ils usurpent une dignité et la souillent de leur présence.
Certes, comme le relève le père Placide, c'est à Dieu qu'ils devront en rendre compte. Mais absolument rien ne justifie que les chrétiens doivent se taire devant les injustices qu'ils commettent, comme il le préconise : C'est pour cela que les évêques sont comme les icônes vivantes du Christ, quelle que soit leur sainteté personnelle. S'ils ne sont pas dignes de la Charge qui leur est confiée, ils en rendront compte au Seigneur, mais cela n'empêche pas qu'ils doivent toujours être respectés comme des icônes vivantes du Christ (Annonce orthodoxe n° 33, sept. 2015, p. 6-7).
Le père Placide nous livre là une interprétation personnelle que la spiritualité chrétienne a condamnée dès l'origine, comme nous allons le voir ci-dessous.
Le mot évêque tel que nous le connaissons est tardif dans le christianisme. Il n'apparaît que vers le IIème siècle. Il vient du mot grec épiscopos (Eπίσκοπος) qui signifie surveillant. Auparavant, les textes parlent surtout des Anciens, ou des Docteurs pour désigner ceux qui présidaient.
Il ne fallut attendre que quelques années pour voir les premiers imposteurs venir occuper les charges honorifiques à la tête des églises qui se créaient. Églises dans le sens de communautés. Si bien que les apôtres, dont nous sommes appelés à suivre l'exemple, ne se privèrent pas pour condamner ces misérables.
Les épîtres des apôtres relèvent, en divers endroits, cette condamnation de l'attitude des premiers évêques. Avec toute sa mesure, l'apôtre Jean fut de ceux-là : J'ai écrit quelques mots à l'Église ; mais Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point. C'est pourquoi, si je vais vous voir, je rappellerai les actes qu'il commet, en tenant contre nous de méchants propos ; non content de cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l'Église (3Jn 1, 9-10).
Nous voyons donc que les premiers évêques chassaient de l’Église les personnes respectables, et ne gardaient auprès d'eux que ceux qu'ils parvenaient à manipuler. Les fidèles de l'époque ne pouvaient même pas écouter ce que disaient les apôtres sans se faire menacer et chasser... Et même les apôtres eux-mêmes étaient parfois chassés...
On peut lire encore chez saint Paul : Ils veulent être docteurs de la loi, mais ne comprennent ni ce qu'ils disent, ni ce qu'ils affirment (1Tim. 1, 7) ; Quelques-uns abandonneront la foi [...] par l'hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur propre conscience (1Tim. 4, 1-2). Il écrira encore aux Philippiens : Je n'ai personne ici qui partage mes sentiments, pour prendre sincèrement à cœur votre situation ; tous, en effet, cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus Christ (Ph. 2, 20-21).
Loin d'être les chemins incontournables pour progresser vers Dieu, les évêques sont annoncés comme la cause de la perte de la foi.
Quel lien y a-t-il entre ces évêques et les apôtres ? Quel lien entre eux et le Christ ? Quel lien entre eux et les fidèles ? S'il doit y avoir un lien entre les apôtres et les chrétiens, alors il faut considérer que nous non plus, le peuple des croyants, ne devons pas accepter ces prêtres et ces évêques indignes.
Les abus de pouvoir et les injustices étaient devenus tellement fréquents, que le premier concile œcuménique écrira, dans son cinquième canon : Il faut s'assurer que l'évêque n'a pas porté cette sentence d'excommunication par étroitesse d'esprit, par esprit de contradiction ou par quelque sentiment de haine. Afin qu'un tel examen puisse avoir lieu, il a paru bon d'ordonner que dans chaque province on tint deux fois par an un synode, afin que tous les évêques de la province étant réunis, on fasse toutes les enquêtes nécessaires.
Tous les conciles ne firent qu'anathématiser les évêques et leur indignité. Le lucre, la luxure, la manipulation... : tout y passe. Les conciles manifestent que les Pères de l’Église n'avaient aucune confiance dans les évêques. Le père Placide voudrait que nous respections les évêques indépendamment de leur sainteté personnelle ? C'est contraire à tous les textes. Car c'est la sainteté personnelle qui est l'essence de la fonction épiscopale.
L'ineptie de ces analyses pseudo-religieuses, dont le père Placide nous a gratifiés d'un bel exemple, est qu'elles procèdent de la tête, et non du cœur. En ceci, saint Paul a une part de responsabilité. Il a soutenu, en effet, en de nombreuses occasions, son idée d'une analogie de l’Église corps du Christ dont celui-ci serait la tête.
Dieu l'a donné pour Tête à toute l’Église qui est son corps (Éph. 1-22) ; Il est, Lui, la tête du corps, la tête de l’Église (Col 1, 18) ; Ignorez-vous que vos corps sont les membres du Christ ? (1Cor 6, 15) ; Nous sommes tous un seul corps en Christ, étant membres les uns des autres (Rom. 12, 5).
En français, le mot chef vient du mot tête. D'où les expressions de couvre-chef, hocher du chef, etc. En grec, le mot tête est souvent utilisé pour désigner le chef. C'est le cas dans tous les exemples ci-dessous, excepté pour l'épître aux Hébreux.
Saint Paul prolongera même cette analogie du Christ tête de l’Église dans la figure du Christ, chef de l’Église.
Vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité (Col. 2, 10) ; Ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi (Hé. 12, 2) ; Mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ (Éph. 4, 15) ; Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l'homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ (1Cor. 11, 3).
Saint Paul prolongera même cette analogie du Christ tête de l’Église dans la figure du Christ, chef de l’Église.
Vous avez tout pleinement en lui, qui est le chef de toute domination et de toute autorité (Col. 2, 10) ; Ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi (Hé. 12, 2) ; Mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ (Éph. 4, 15) ; Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l'homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ (1Cor. 11, 3).
Ce n'est pas le Christ qui a hiérarchisé l’Église, ni les apôtres qui ont vécu avec lui. Mais c'est saint Paul, avec son image anatomique de tête et de corps qui obéit. En ceci, il a manqué à Paul d'avoir suivi l'enseignement du Christ et n'aura jamais compris une part de son message.
Le Christ n'a jamais cherché à former des têtes pour guider les hommes. Il n'a jamais cherché à être la tête, mais le serviteur de tous. Il a par contre voulu transformer les cœurs. Tout l’Évangile peut se résumer à ce message. Saint Jean, l'apôtre que Jésus aimait, s'était penché sur sa poitrine et l'avait compris. Tous ne le comprirent pas aussi bien que lui.
L’Église aurait été différente si Paul avait écrit que le Christ n'est pas la tête, mais le cœur qui irrigue le corps. Le cœur qui lui fait sentir l'amour divin pour tous. Peu importe de savoir qui est la tête, ou qui est le pied, car ce qui compte est que tous nous puissions devenir ce cœur qui donne la vie à tout ce qui l'entoure.
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