de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 10 janvier 2015

149- Vœux




Lorsque j'ai commencé l'année 2014 par une série de messages destinés à défendre la liberté d'expression et Dieudonné, je ne pensais pas devoir commencer 2015 sur le même thème, en plus tragique. La même motivation qui me poussait à écrire en 2014, affrontant les défenseurs du politiquement correct et les nombreuses critiques qui ne manquèrent pas de se faire jour, me pousse aujourd'hui à interrompre le cycle des messages que j'avais entrepris de rédiger pour rendre hommage aux morts et aux blessés de Charlie Hebdo.

Je pense bien sûr aux dessinateurs que tout le monde connaît, mais également aux policiers et aux autres personnes, cruellement frappés pour avoir été sur leur lieu de travail à simplement essayer d'accomplir leur tâche du mieux qu'elles pouvaient.

J'ai eu l'occasion, lors de la visite du patriarche de Constantinople à Lyon, d'être en contact avec les policiers du Service de Protection des Hautes Personnalités. Ils me disaient qu'accompagner le patriarche était une mission agréable, car ils étaient traités comme des membres de la délégation, allaient au restaurant et bénéficiaient du niveau de vie confortable qui entourait le patriarche. Ce n'était pas le cas sur toutes leurs missions, où ils devaient parfois se contenter de repas frugaux, alors que la personnalité qu'ils accompagnaient ne se privait de rien.

Dans le cas du policier abattu alors qu'il protégeait Charb, il n'y avait pas de grands restaurants où d’hôtels luxueux, mais simplement le devoir de protéger une personne menacée. Et s'il m'arrive d'être critique sur certaines actions de la police, il faut ici reconnaître qu'il y a parmi eux des hommes qui donnent leur vie, au sens premier du terme.

J'étais jeudi dernier en compagnie d'un policier. Outre les faits qui nous ont amenés à nous rencontrer, nous avons parlé de l'actualité. Je l'ai senti profondément affecté par la vidéo montrant l'un de ses collègues, blessé, à terre, sans arme, demandant pitié, se faire abattre par l'un des terroristes sans la moindre hésitation, avec une maîtrise et un sang-froid de professionnel de la guerre.

Dans toutes les guerres récentes, les médias ont montré des ressortissants de tous les pays capables de la plus grande cruauté, à l'encontre même des corps des morts. Je n'ai vu qu'un seul exemple du contraire, en Nouvelle-Russie. Des combattants avaient abattu un avion de chasse qui les bombardait. Les pilotes ont péri en s'écrasant. Les habitants ont recueilli les corps de ces pilotes, et ils les ont enterrés en priant pour leur repos éternel. 





Leur attitude est pour moi une marque de profonde humanité et un exemple. L'exemple qui devrait toujours nous conduire, même dans les moments les plus douloureux et révoltants, à ne jamais renoncer aux valeurs qui font de nous des hommes libres et dignes.

Au contraire de cet exemple, il n'y avait aucune humanité dans l'attentat qui a visé Charlie Hebdo. Tout comme il n'y en a aucune en Somalie, au Nigéria, en Syrie, et dans tous les pays ravagés par les islamistes. Pas plus d'ailleurs qu'il n'y en a en Palestine.

J'avais acheté le numéro représentant les caricatures de Mahomet, pour soutenir Charlie Hebdo, tout comme j'ai acheté Le mur de Dieudonné. J'avais certes trouvé le contenu de Charlie vulgaire, mais je gardais mon estime pour ces hommes prêts à défendre les valeurs de la liberté. Cette anecdote mise à part, je connaissais mal ce journal, bien que certains de ses dessins aient largement été repris.

Je pensais publier ici la caricature de Mahomet disant : c'est dur d'être aimé par des cons. Mais cela serait blessant pour les Libanais et les Syriens musulmans qui se battent tous les jours contre les takfiris, notamment le Hezbollah et l'armée arabe syrienne. Pour ceux qui suivent l'information, de nombreux chiites yéménites sont morts ces derniers temps en combattant Al-Quaïda au Yémén, le même Al-Quaïda qui a financé et formé les frères Kouachi. Chiites yéménites que nous ne soutenons pas pour ne pas donner l'impression de collaborer avec l'Iran. Mais il y a bien un moment où nous devrons arrêter cette diplomatie ambigüe si nous voulons défendre nos intérêts nationaux et nos ressortissants.

Bien que Cabu ne soit plus là pour soutenir la contradiction, je ne pense pas que ce soit dur d'être aimé par des cons, car il n'y a pas d'amour dans la dévotion des esprits fanatiques. Seulement de la colère et de la haine.

Parmi les différents dessinateurs assassinés, je ne connaissais que Cabu, qui venait agrémenter de ses dessins les émissions de Récré A2, lorsque j'étais enfant. Il venait, au milieu de Goldorak et des Watou Watou mettre un brin de fantaisie, avec Jacky et les autres invités. 

Puis je suis devenu adolescent, et je n'osais plus dire que je regardais Récré A2 et Dorothée. Mais je continuais d'aimer Goldorak, jusqu'à ce que la vie se charge de faire évoluer mes centres d'intérêt. C'est seulement en apprenant sa mort que je me suis rappelé que je connaissais Cabu depuis mon enfance, et qu'il avait contribué à me laisser des souvenirs heureux.





Au risque d'aller à contre-courant, je ne suis pas Charlie. Je suis, et je reste, Jean-Michel. Et c'est parce que je suis Jean-Michel que je n'accepterai jamais de baisser la tête devant ceux qui voudraient contrôler ma façon de penser et mes actes. Je n'accepterai jamais de renoncer à ma liberté d'expression, et je défendrai celle des autres lorsqu'elle sera mise en cause.

Je suis d'ailleurs content de voir que le père Nicolas Kakavelakis me rejoint sur ce point, lui qui a publié sur le site de la communauté hellénique de Lyon un appel à défendre la liberté d'expression et la satire. Du pain béni pour ceux qui, comme moi, diffusent leurs textes sur internet, et desquels il a pris la fâcheuse habitude de se plaindre... Pour une fois que nous sommes sûrs qu'il a réussi à faire du pain béni, il convenait de le mettre à l'honneur !

Plus sérieusement, les morts de cette semaine nous rappellent que la liberté a un prix, mais également une saveur. La saveur du sel qui fait ressortir le goût des aliments. Celle qui fait ressortir la valeur des instants que nous vivons. Alors, pour 2015, je souhaite à tous de connaître cette saveur.

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