Le 15 juillet 2008, dans l'après-midi, eurent lieu deux morts tragiques.
Une dame âgée mettait fin à ses jours en se défenestrant du septième étage, à Lyon. Et un jeune garçon de deux ans, Yannis, mourait étouffé dans sa voiture, oublié par son père sur un parking de Pont-de-Chéruy.
Les deux étaient de la communauté grecque. Ils étaient nés au même endroit, portaient le même prénom, et sont mort tragiquement au même moment. Soixante-dix ans les séparaient.
Le 18 juillet, le père Athanase de Lyon enterrait la dame le matin, et l'enfant l'après-midi. Les mêmes personnes étaient aux deux enterrements.
Le texte de l'office d'enterrement d'un adulte est très différent de celui d'un enfant. Là où l'on demande à Dieu d'avoir pitié de l'adulte et de lui pardonner ses fautes, l’Église se contente, pour l'enfant, de louer Dieu qui a dit que le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent (Matth. 19, 14). Un enfant est pur et sa mort toujours une tragédie.
Aucune trace dans l'office de pseudo-malédictions venant punir à travers l'enfant les fautes des parents, comme se plaisent parfois à le croire des simples d'esprit et des manipulateurs.
Lorsqu'on est confronté à de telles tragédies, on cherche inévitablement le sens caché qu'il pourrait y avoir, permettant de comprendre, à défaut d'accepter, ce qui est arrivé. C'est pour cela que j'ai fait état d'analogies entre les deux morts, un même funeste destin s'étant abattu simultanément sur ces deux personnes. Mais la vérité est que personne ne peut sonder la sagesse de Dieu et qu'il est impossible de comprendre le sens caché de ces événements.
Sans doute ce sens est-il totalement différent d'un cas à l'autre, lorsque l'homme n'est pas lui-même l'artisan de sa propre destruction. On ne compte plus les cancers d'enfants liés à des causes environnementales, ni les drames qui ne trouvent leur source que dans la folie des hommes.
Peut-être d'ailleurs n'y a-t-il aucun sens à rechercher. Même si, comme nous l'avons vu dans le précédent message et comme nous le verrons encore dans le suivant, nous sommes parfois obligés de considérer qu'une force invisible agit pour le salut des hommes.
Je ne donnerai aucun élément sur les parents de l'enfant, ce qui réduira sensiblement la longueur de ce message. Je préciserai seulement que, plusieurs années après cette tragédie, le regard de la mère reste rempli d'une infinie tristesse, curieusement associée à une mystérieuse lumière, qui fait que l'on ne peut croiser ce regard sans être touché par l'intensité des émotions qui s'en dégage.
J'espère sincèrement que les parents pourront un jour donner à d'autres enfants l'amour qu'ils enferment en eux et que la tragédie qu'ils traversent n'a pas réussi à étouffer.
Il existe beaucoup d'histoires très belles dans les communautés, et d'autres qui sont tragiques. C'est précisément pour cela que nos représentants se doivent d'être exemplaires. Car lorsque quelqu'un traverse de tels moments de désespoirs, il a besoin d'avoir à ses côtés sa famille, ses amis, et des personnes qui sauront l'aider dans ses épreuves. L'un des rôles des prêtres est précisément d'être ce soutien dans les épreuves. Que pourra apporter un prêtre qui vit dans la superficialité et l'imposture permanente ? Il se doit d'être un guide qui, par sa présence, son oreille attentive et ses conseils de sagesse, saura apporter un peu de réconfort au milieu du néant qui nous entoure alors.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire