de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mardi 14 février 2012

24- Etole et prière liturgique



Les ornements du prêtre ont une symbolique très riche et des livres entiers ont été écrits pour en expliquer le sens. Mais au-delà de tous les ornements, il y a quelques principes de base qui sont incontournables et immuables. Un prêtre ne peut jamais célébrer une liturgie seul (je parle de la tradition orthodoxe). C'est lié au fait que le Christ a dit : Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux (Matth. 18, 20). La liturgie ne concerne pas le fait de savoir si Dieu est partout présent et remplissant tout, mais de rendre présent et vivant le sacrifice que le Christ fait de lui-même. C'est pour cela que la Tradition a établi qu'un prêtre ne peut pas célébrer s'il est seul.

De la même façon, la liturgie ne peut se célébrer que sur un autel consacré. Si l'autel n'est pas consacré, le prêtre peut célébrer sur un antimansion. L'antimansion est un tissu sur lequel sont cousues des reliques de saints et qui a été consacré. Une sorte d'autel portatif. Et s'il n'y a pas d'autel ou d'antimansion, le prêtre peut célébrer sur le torse d'un chrétien en guise d'autel. Les prêtres russes l'ont souvent fait dans les goulags.

Au-delà de tous les ornements et de leur symbolique, seule l'étole manifeste vraiment la prière liturgique de l’Église. L'étole est l'élément commun à tous les membres du clergé : diacre, prêtre et évêque. L'étole symbolise le joug du Christ suivant cette parole : Prenez mon joug sur vous [...] Car mon joug est doux, et mon fardeau léger (Matth. 11, 29-30). L'étole est l'élément indispensable lorsqu'un membre du clergé prie en tant que représentant de son Église. Pour revenir aux goulags dont je parlais plus haut, les prêtres russes mettaient un lacet de chaussure en guise d'étole et pour tout ornement afin de porter sur leurs épaules la marque du joug du Christ lorsqu'ils célébraient.

C'est pour cela que, lors des offices œcuméniques, qui ne peuvent pas être des prières officielles de l’Église tant que la communion n'est pas rétablie, le prêtre revêt son rason (vêtement noir), mais jamais l'étole. Lors de l'office de Pâques 2010, ni le prêtre arménien, ni le père Athansase, ni monseigneur Barbarin, ni le prêtre copte, ni le révérend anglican, ni le pasteur réformé n'avaient d'étole. Seule la pastourelle luthérienne avait mis la sienne.




Pendant les semaines du Grand Carême, dans le cadre des relations œcuméniques qui nous permettent de garder de bonnes relations avec les différentes Églises à Lyon, il est de coutume que chaque confession accueille les autres dans son église. Il ne s'agit pas d'offices communs, car les canons de l’Église disent que l'on ne peut prier qu'avec une personne avec laquelle on est en communion. Ça ne veut pas dire que les autres sont condamnés, car l’Église sait que Dieu est bénit et qu'il veut que tous les hommes soient sauvés. Ça veut simplement dire que l'homme ne sait pas tout, qu'il doit chercher la vérité, que le chrétien croit que la vérité nous est donnée par le message du Christ contenu dans l’Évangile. L'homme doit rester vigilant envers ce qui peut nous éloigner de la révélation que Dieu adresse aux hommes et les règles de l’Église doivent nous aider dans cette quête de Dieu.

Très curieusement, l'invitation des catholiques, cette année, a été le grand retour de la prière commune officielle, avec l'étole. Je n'ai pas entendu dire que les règles de l’Église ont changé cette année, et pourtant j'ai constaté que, dans les faits, il y a eu une considérable évolution qui marque un rapprochement réel. Je ne me permettrais pas de parler de la position des non-orthodoxes, dont je ne connais pas suffisamment les règles liturgiques, mais la position orthodoxe, manifestée par le père Nicolas Kakavelakis, est sans ambiguïté : l'étole signifie que les courants religieux présents lors de cet office sont unis dans la prière.




 
Quand je vois que notre évêque veut exclure le docteur Ladias de notre comité au motif qu'il est catholique, et que, dans le même temps, tous les participants à l'office œcuménique de cette année, dont le père Nicolas, célèbrent avec une étole, je m'interroge vraiment sur ces deux attitudes contradictoires. Un docteur en théologie, comme l'est le père Nicolas, ne peut pas ignorer qu'en portant une étole (même sous forme d'écharpe), il célèbre un office commun avec des Églises que sa propre Église ne reconnaît pas. En tout cas, les organisateurs, eux, connaissaient parfaitement le sens de l'écharpe qu'ils ont proposée aux différents membres du clergé de porter. Cela a gêné monseigneur Barbarin qui a essayé de cacher son écharpe sur la première photo, et qui l'a complètement enlevée sur la seconde.

Y a-t-il eu une évolution des règles de l’Église entre le moment où le père Athanase participe à un office œcuménique sans son étole, et celui ou le père Nicolas fait une prière officielle avec son étole ? Parce que, si j'en crois cette photo, les Églises d'Orient et d'Occident sont de nouveau unies dans la prière et il va falloir trouver un autre motif que son appartenance à l’Église catholique pour exclure le docteur Ladias de notre comité.

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