de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mercredi 8 février 2012

18- Etudes préliminaires



Accueillez-le comme vous m'avez accueilli. C'est par ces mots que le père Athanase nous avait laissés entre les mains du père Nicolas. Je n'ai jamais cru que ces mots étaient vides de sens. 

J'allais souvent chez le père Athanase quand il habitait rue Paul Cazeneuve, dans un vieil appartement exigu.  Ma mère habitait à proximité. Lorsque monseigneur Vlassios mourut, la communauté logea le père Athanase dans l'appartement de l'évêque. Ce déménagement avait changé beaucoup de choses pour lui : confort, chambres pour ses enfants, gratuité, disponibilité pour la paroisse... Quand on vit dans un lieu, il vieillit en même temps que nous. Mais on y a ses habitudes, ses souvenirs. On a parfois du mal à s’imaginer ce lieu différent. Il était logique que le père Athanase se soit senti bien dans cet appartement, mais nous ne pouvions décemment pas accueillir le père Nicolas dans un lieu qui avait vieilli de 30 ans.

Le 13 septembre 2010, je suis allé voir le père Nicolas et sa femme pour évoquer les travaux que l'on pouvait faire dans son appartement. A ce moment-là, rien n'était fixé. La salle de bain était le gros point noir de l'appartement (salpêtre, fuites d'eau sous la baignoire qui infiltraient les murs de la cave, odeurs, absence de ventilation, manque de place...). Il me semblait logique de commencer par là. Mais au-delà d'un peu de confort, j'ai cherché à savoir comment le père Nicolas et sa femme voyaient leur intérieur. Qu'est-ce qui pouvait faire qu'ils se sentent bien : quels meubles, quelles couleurs, quelle décoration, quel style, quels besoins, quelle organisation... 

Avant de se poser la question du financement, il faut étudier les besoins, puis en faire le chiffrage, et enfin voir si c'est réalisable et comment s'adapter.

Quand Xanthi habitait les lieux, sa chaleur et son accueil rendaient l'appartement vivant et je n'ai jamais vu les défauts qu'il pouvait avoir autant que lorsque cet appartement s'est retrouvé vidé de ses meubles et de sa présence. J'ai eu un regard très critique sur les défauts que je voyais alors : faux parquet (celui qui est vieux avant d'être neuf) dans les chambres, papiers peints qui masquaient des plâtres qui s'effritaient, fenêtres en verre simple avec des grosses baguettes et très peu de lumière qui entrait, rien aux normes au niveau électrique, fuites d'eau au niveau de la cuisine, aucune isolation des murs, un couloir de 15m² et des chambres de 7m²... et cela sans parler de la salle de bain. 

Un prêtre a pour vocation de porter le message de l’Évangile. Sa maison se doit d'être ouverte suivant les règles de l'hospitalité. Il se doit également d'être à l'écoute des problèmes de chacun : autant par la confession, lorsqu'il est habilité à confesser, que par le recul sur les événements que sa sagesse lui confère. Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin d'un médecin, mais les malades. Le prêtre est considéré par la Tradition comme le médecin des âmes, même s'il y a plusieurs façons de concevoir la médecine.

Son appartement devait donc être accueillant pour trois raisons :
- parce que le père Athanase avait demandé de l'accueillir comme nous l'avions accueilli lui ;
- parce qu'il allait pratiquer l'hospitalité et qu'il fallait que notre communauté fasse honneur à ceux qui allaient venir ;
- parce que s'occuper des problèmes des autres est épuisant et qu'il faut un endroit où l'on se sente bien pour trouver la quiétude quand on en a besoin.

J'ai tout de suite été confronté à un problème de fonctionnement : le comité qui gérait les affaires de la paroisse n'avait pas les mêmes attentes que le père Nicolas qui allait habiter les lieux. Qui décide ? Qui paye ? Ce sont deux questions capitales à résoudre avant de commencer. En général, c'est celui qui paie qui décide, mais, sur ce chantier, la réponse n'était pas aussi évidente.

Nicolas Angeloudis, qui était alors président, croyait dans un premier temps qu'un léger rafraichissement de l'appartement serait suffisant, quitte à faire d'autres travaux plus tard. Cette vision n'était pas réaliste dans un appartement avec tellement de défauts structurels. Le père Nicolas, lui, devant prendre en compte les besoins de sa femme et de sa fille, voyait une réfection plus importante, bien que, comme je l'ai déjà dit, rien ne fût encore arrêté. Si on décidait de corriger ces défauts, il fallait impérativement le faire avant que les meubles ne soient installés.

Le Christ a commandé de faire aux autres ce qu'on voudrait qu'ils nous fassent (Matth. 7, 12). Si j'avais été à la place du père, moi, j'aurais voulu un bel appartement. Que j'aie raison ou que j'aie tort, peu importe. C'est ce que j'aurais voulu. Et si c'est ce que j'aurais voulu, alors c'est également ce que je devais faire. C'est sur cette réflexion que les études ont commencé pour choisir les matériaux et faire le chiffrage.

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