La
communauté diocésaine de Nice, exarchat de Constantinople, publia ce communiqué
après que la justice l'eut obligée à rendre les clés de la cathédrale à la
Fédération de Russie :
A
la suite du jugement en référé de la cour d ’appel d’Aix rejetant la demande de
l’ACOR visant à suspendre l’exécution du jugement en date du 31 octobre dernier
[2011 NDLR], la communauté de Nice a dû donner un jeu de clés de la cathédrale
de Nice à l’huissier agissant pour le compte de la Fédération de Russie, le
mercredi 7 décembre dernier à l’issue d’un inventaire contradictoire qui s’est
terminé vers 15 heures. Aussitôt des vigiles d’une société privée de
gardiennage ont été placés devant le portail du territoire de la cathédrale
empêchant l’entrée sur le site y compris pour les prêtres de la paroisse
[...].
La
semaine entre le 14 et le 21 décembre 2014 a été particulièrement animée dans
la communauté hellénique de Lyon. La présence du vigile, le dimanche 14, était
dans toutes les conversations. Mon frère estima que les choses allaient trop
loin et téléphona au père Nicolas. Il souhaitait le voir pour tenter de le
ramener à des considérations plus réalistes et raisonnables. Il m'informa de
son initiative, mais ne me demanda pas ce que j'en pensais...
Il
le rencontra le jeudi 18. Mon frère n'est pas d'un naturel très bavard, aussi
n'ai-je que peu de détails de cette rencontre. Il en ressortait que le vigile
avait été pris suite aux conseils du commissariat de police, et qu'il serait là
tous les dimanches. Le père Nicolas affirmait que la Communauté était un
établissement de classe V et, qu'en tant que recteur, il disposait de tous
pouvoirs pour en interdire l'accès à qui il voulait.
Le
dimanche 14, le père Nicolas avait informé les paroissiens que le vigile serait
dorénavant toujours là. Mais il avait donné une autre explication que celle de
la police : la présence du vigile était le fait d'une décision unanime du
Conseil.
Enfin,
il dit à d'autres que le vigile était là sur les conseils de l'avocat de la
communauté. Cette version m'a été rapportée par Nicolas A., président d'honneur
du Conseil.
Alors
comment s'y retrouver entre toutes ces versions contradictoires ? D'où venait
le vigile ? Était-il légitime ? La police l'avait-elle autorisé ? Le Conseil
avait-il voté sa présence ?
Constantina
F., membre du Conseil, m'écrivit qu'elle n'était au courant de rien au sujet de
ce vigile. De même, Irène S. dit autour d'elle qu'elle n'avait rient voté. Ceci
sans compter l'élu qui enregistra une main courante au commissariat pour acter
que le
Conseil n'avait jamais été réuni pour délibérer d'une telle décision. Wahib
A., toujours considéré comme membre du Conseil, n'est plus à Lyon depuis plus
de deux ans. Donc, à moins de faire voter des absents et des morts, il n'était
non seulement pas possible de parler d'unanimité du Conseil, mais même une
simple majorité était douteuse.
Le
prétexte d'une décision unanime du Conseil devait donc être balayé comme
relevant d'une affabulation.
Mais
qu'étaient donc les mots pompeux de classe V qui servaient à donner au
discours du père Nicolas un enrobage savant ? Les
lettres sont associées aux ERP (Établissements Recevant du Public) pour en
désigner la nature. Le V servant à désigner les ERP de divers cultes. Il ne s'agit
pas de règles accordant des droits particuliers à son recteur, mais de règles
de sécurité applicables pour la protection du public. C'est ainsi que la règlementation des
ERP de type V va prévoir les sorties de secours, les normes électriques, le
nombre d'extincteurs...
Non
seulement ces règles n'accordent aucun droit au recteur du lieu pour en filtrer
l'accès, mais elles lui imposent des obligations d'accessibilité. Notamment
pour les handicapés.
Paul
Krugman, dans un
article sur la Grèce paru dans le New York Times, analysait l'accord
trouvé entre l'Eurogroupe et la Grèce, et concluait par une touche d'humour
américain, en demandant ce que l'on obtient si l'on croise un parrain de la
mafia et un ministre des finances : Quelqu'un qui vous fait une proposition
à laquelle vous ne comprendrez rien ! En utilisant des pseudo mots savants,
notre cher Nikos ne visait à rien d'autre qu'à donner l'illusion d'une
légitimité à une décision qui n'en avait aucune. Je laisse à chacun le soin de
savoir si Nikos relève plus d'un ministre des finances ou d'un parrain de la
mafia...
Je
reviendrai plus tard sur ce que pense la police, car le Commissaire des 7ème et
8ème arrondissements de Lyon, madame Corridor, s'est prononcée très précisément
sur cette question, ainsi qu'un autre officier de police. Pour résumer, il en
ressortait que seul un juge peut décider d'interdire l'accès d'un lieu public à
quiconque et que, en l'espèce, il n'y avait aucune décision de justice. Ce qui
est applicable, c'est l'article
1 de la loi de 1905 qui stipule que La République assure la liberté de
conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes [...]. La police ne
pouvait pas avoir dit au père Nicolas qu'il pouvait mettre qui il voulait
dehors, puisque la police est là pour garantir le libre accès des lieux de
culte, sans restriction, et dans l'intérêt de l'ordre public.
C'est
d'ailleurs en vertu de cet article de loi qu'il est légitime que les forces de
la République (police et armée) protègent des synagogues. Et qu'elles devraient
également protéger des mosquées ou des églises afin d'éviter les profanations.
La protection n'est alors que la garantie d'un libre accès, et non la marque
d'une interdiction.
Restait
donc l'excuse de l'avocat.
Il
convient en premier lieu de relever qu'un avocat n'est pas un juge. Dans un
procès, il y a généralement deux avocats qui disent chacun à leur client qu'il
a raison. Et pourtant le juge va donner tort à l'un des deux. Ce qui permet de
conclure, un peu rapidement certes, que 50% des avocats ont tort.
Et
encore, je ne parle que des véritables avocats. Car rien ne dit que l'avocat
dont se réclamait le père Nicolas existe ailleurs que dans son imagination. Si
un avocat avait émis un tel conseil, il aurait été logique que la Communauté en
avise ses membres en produisant le document en question, ce qui n'a pas été le
cas.
Se
dire avocat ne suffit pas non plus à l'être. Un exemple récent va me permettre
d'argumenter ce point. J'en remercie Léla qui m'en a donné l'opportunité.
L'association
Collège
des femmes hellènes est enregistrée à la préfecture sous le numéro
034395. La liste des élus, comme tous les autres documents, est accessible sur
simple demande auprès du service des associations. Cette liste d'élus désigne,
en page 1, madame Davidia KAISARIDOU comme secrétaire générale de
l'association. Elle précise que sa profession est avocate.
Or
le Conseil National des Barreaux, qui répertorie tous les avocats ayant le
droit d'exercer en France, ne connaît
pas madame Kaisaridou. Comme elle bénéficie de la double nationalité,
française et grecque, peut-être est-elle avocate en Grèce ? Les informations
fournies par le Conseil National des Barreaux permettent d'établir que madame
Kaisaridou n'est inscrite
comme avocate dans aucune des grandes villes de Grèce. Il convient de
rappeler que les avocats communautaires ne peuvent exercer dans un pays que
s'ils sont inscrits dans l'un des barreaux du pays.
Parmi
les membres du bureau de l'association Collège des femmes hellènes,
trois personnes sont également membres du bureau de la Communauté hellénique
de Lyon : Léla I., Pénélope D. et Vassilia S. Il n'est plus un secret que
cette communauté est au cœur d'une enquête
pour faux et usage de faux documents. De là à penser que nous sommes face à
des individus malsains qui phagocytent les différentes associations grecques de
Lyon par des moyens crapuleux, il y a un pas que je ne franchirai pas.
D'autant
que rien ne permet pour l'instant d'établir qui de madame Kaisaridou ou de l'association
est à l'origine de l'usurpation du titre d'avocat. Monsieur le Bâtonnier, saisi
de cette question, va enquêter pour savoir si madame Kaisaridou a un diplôme
et, je l'espère, apporter des réponses aux questions soulevées. Je rappelle que
l'usage, sans droit, d'un titre attaché à une profession réglementée par
l'autorité publique est un délit puni d'un an d'emprisonnement et de 15
000 euros d'amende (art.
433-17 du code pénal).
Personnellement,
je ne vois pas à quoi cette usurpation a servi, si ce n'est à mettre en valeur
des égos démesurés. Mais je constate qu'il ne suffit pas de présenter quelqu'un
comme avocat pour qu'il le soit. Et même si le père Nicolas affirmait qu'un
vigile serait désormais présent toutes les semaines pour notre sécurité,
j'étais curieux de savoir combien de temps ce vigile allait tenir...
Le
métropolite Emmanuel Adamakis n'a jamais accepté de devoir rendre la paroisse
de Nice à la Fédération de Russie. Il s'est battu jusqu'au bout pour la
conserver sous sa juridiction, mais ne put rien faire lorsqu'il eut épuisé tous
les recours judiciaires et que des vigiles prirent position pour en bloquer les
accès. En cautionnant la décision de son prêtre de mettre un vigile devant
notre église, sans doute avait-il l'impression de prendre ainsi une revanche
sur les déboires que la vie lui avait infligés, mais il oubliait deux choses
:
-
à Nice, la Fédération de Russie avait une décision de justice lui garantissant
la légitimité de son action ;
-
lorsque la cathédrale de Nice fut rouverte au culte, tous purent y entrer à
nouveau sans discrimination.
Lorsque
le métropolite Emmanuel aura compris cela et qu'il aura réussi à dépasser ces
vieilles frustrations, il pourra aller à la cathédrale russe de Nice et verra
qu'il n'y a pas de vigile pour lui en bloquer l'accès. Il comprendra alors
qu'il était illusoire tout autant que vain de cautionner son prêtre lyonnais
dans ses dérives sectaires.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerUn lecteur m'a transmis une information qui vient d'être confirmée. Le " Collège des femmes hellènes " a commis une erreur de transcription dans le nom de Kaisaridou en le déposant en préfecture. Il s'agit en fait de madame Karaisaridou. Cette personne aurait un diplôme d'avocate, mais ne serait inscrite dans aucun barreau : ni en France, ni en Grèce.
RépondreSupprimerJ'ignore encore qui a décidé de la présenter comme exerçant la profession d'avocate.
A suivre...