La question du référendum traitée la semaine dernière nous conduit inévitablement à revenir un peu plus longuement sur la question de la Crimée et de l'Ukraine, puisqu'il faut maintenant en parler comme de deux pays distincts depuis que la Crimée a proclamé son indépendance.
Avant de parler de choses sérieuses, détendons l’atmosphère et regardons ce sketch passé à la télévision allemande. Nous y voyons que la population allemande perçoit la situation en Ukraine de la même manière que monsieur Poutine, très loin de la vision véhiculée par nos journaux. Cela facilitera donc la suite de mon propos, puisque je ne reprendrai pas la version russe des informations, mais pour beaucoup la version allemande telle qu'elle se manifeste.
Avant de parler de choses sérieuses, détendons l’atmosphère et regardons ce sketch passé à la télévision allemande. Nous y voyons que la population allemande perçoit la situation en Ukraine de la même manière que monsieur Poutine, très loin de la vision véhiculée par nos journaux. Cela facilitera donc la suite de mon propos, puisque je ne reprendrai pas la version russe des informations, mais pour beaucoup la version allemande telle qu'elle se manifeste.
Dans une situation complexe comme celle de l'Ukraine, il est important, si l'on veut garder un peu de sens critique, de regarder et d'écouter plusieurs points de vues. La version occidentale est très bien reprise par le site suisse Romandie news, qui énonce les dépêches des agences de presse occidentales et américaines. Dépêches qui sont à leur tour reprises telles quelles par tous les journaux, quelle que soit leur ligne éditoriale. C'est cette uniformité des messages rédigés par deux ou trois agences et reprises sans discernement par tous les journaux qui contribue largement à discréditer nos médias.
Heureusement qu'il reste des sites, tels Arrêt sur image, Médiapart ou le Canard enchaîné, pour redonner un peu de sens critique à l'information.
La version russe des événements est accessible très facilement sur La voix de la Russie. Un site que je connaissais peu mais qui s'est avéré être incontournable pour comprendre ce qui s'est passé en Ukraine.
Tout a commencé par ce que les Occidentaux ont défini comme étant une révolution populaire. Le peuple Ukrainien a envahi la place Maïdan pour contester les décisions prises par le président Ianoukovitch de ne pas signer l'accord d'association avec l'Europe. Les Russes se sont tout de suite montrés très méfiants envers les groupes armés et entraînés qui organisaient ces troubles.
Jusque là, n'ayant pas vocation à soutenir de facto les pouvoirs en place, les revendications des Ukrainiens me semblaient légitimes. Ils avaient organisé leurs tentes sur Maïdan comme les Grecs sur la place Syntagma. Les deux étaient voués au même échec faute de moyens, d'armements et d'organisation. Les Russes restaient en dehors de ce conflit pour ne pas compromettre le bon déroulement des Jeux Olympiques.
La diplomatie russe avait beau faire remarquer que Vladimir Poutine n'était jamais allé place Syntagma pour soutenir les Grecs dans leur désir de liberté, cela n'empêchait pas les dirigeants occidentaux et américains d'aller en Ukraine soutenir les révolutionnaires contre le pouvoir de Ianoukovitch.
Mais voilà qu'une conversation entre la sous-secrétaire d’État des USA pour l'Europe et l'Eurasie, Victoria Nuland, et l'ambassadeur US en Ukraine, est publiée sur Youtube. La première pensée de l'observateur, devant cette révélation, est bien sûr de considérer le clin d’œil de Poutine à Obama à travers ce message subliminal : Vous nous espionnez peut-être avec les programmes de la NSA et de la CIA dévoilés par Snowden, mais l'espionnage fonctionne dans les deux sens. La différence étant que nos programmes sont toujours secrets et efficaces.
Cette conversation, rendue publique, a poussé madame Nuland à devoir s'excuser après avoir essuyé les foudres d'Angela Merkel. La conversation montre comment les Américains sont en train d'organiser la chute de Ianoukovitch et préparent le futur gouvernement, tout en faisant croire que ce sont les manifestants de la place Maïdan qui vont choisir ces futurs dirigeants. Dans la même conversation, Victoria Nuland avouera que les États-Unis ont déjà investi 5 milliards de dollars en Ukraine pour y installer un gouvernement qui leur soit favorable.
Elle y exprimait clairement l'absence de considération des intérêts européens par ces quelques mots : Fuck UE ! Formulation cavalière que l'on pourrait traduire, sous réserve de la fiabilité de mes faibles notions d'anglais, par : Que l'Union Européenne aille se faire enculer !
C'est à partir de la révélation de cette conversation que les Chinois vont parler de la situation en Ukraine comme de l'organisation d'un coup d’État des Américains.
La crédibilité de la version médiatique occidentale prit un sacré coup avec cette révélation. Pas sur TF1, bien sûr, mais sur les chaînes d'informations sérieuses et objectives.
Le nouveau pouvoir, dont la liste avait été préalablement donnée par madame Nuland, fut mis en place de façon provisoire dans l'attente d'élections présidentielles.
Il semble d'usage, au niveau international, qu'un gouvernement provisoire ne puisse prendre aucune décision stratégique engageant un pays qu'il ne représente pas pleinement. Ce fut par exemple le cas en Belgique lors de la crise politique de 2010-2011 où les ministres en place ne pouvaient faire autre chose qu'administrer les affaires courantes.
Pourtant, contrairement à ces usages, le nouveau gouvernement ukrainien prit tout de suite des décisions stratégiques :
- interdiction du russe comme langue officielle et suppression des versions russes des sites internet d’État (un peu comme si les Suisses Allemands annulaient le français dans toute la Suisse) ;
- autorisation du transport des matières nucléaires sur le territoire ;
- signature de l'accord d'association avec l'Union Européenne ;
- négociations avec le FMI sur un prêt incluant en garantie le licenciement de 24000 fonctionnaires et une hausse du gaz de 50 % pour les particuliers ;
- décrêt de mobilisation générale ;
- devant l'échec de cette mobilisation et le peu d'enthousiasme des Ukrainiens à aller combattre les Russes, création d'une garde nationale faite de volontaires engagés ;
...
Le problème principal que les Américains ont sous-estimé lors de la préparation de leur coup d'état, est que la population ne suit pas ce nouveau pouvoir. Personne n'a répondu à l'ordre de mobilisation pour aller rejoindre l'armée, et aucun militaire stationné en Crimée n'a exécuté l'ordre de tirer qu'il avait reçu. Tous ont livré leurs bases sans résistance et ils ont ainsi évité que le sang ne soit versé : le leur en premier.
Le nouveau ministre de l'intérieur, parlant de la mobilisation, annonçait mi-mars que 600 personnes avaient déjà été mobilisées. 600 personnes, ce n'est même pas le nombre de personnes mobilisées pour aller assurer la sécurité d'un match de l'OM ! Un ministre qui annonce ça à l'échelle d'un pays pour préparer une guerre est ridicule.
Pire que ça, sur les 18000 militaires Ukrainiens stationnés en Crimée, seuls 2000 ont décidé de retourner en Ukraine, les autres préférant continuer leur service dans l'armée russe en faisant venir leurs familles en Crimée. C'est-à-dire la plupart des militaires qui servaient en Crimée, d'après le ministre russe de la défense. Donc, dans le temps même où le nouveau pouvoir de Kiev réussissait à mobiliser 600 volontaires, les Russes recrutaient 16000 soldats aguerris au sein de l'armée ukrainienne !
Poutine a été stratégiquement brillant sur cette opération, car il a aussitôt aligné leurs salaires sur les salaires russes. Ce qui a conduit à quadrupler ce qu'ils percevaient initialement. Qui d'entre nous, si on lui propose de quadrupler son salaire en changeant de patron, va refuser ? Les policiers, quant à eux, ont vu doubler leurs salaires.
Un autre avantage est psychologique. Si la situation devait empirer en Ukraine, les appelés se battront-ils pour défendre un Pouvoir dont la légitimité est nulle, ou attendront-ils patiemment que Poutine reprenne le contrôle de tout le pays dans l'espoir que leurs salaires soient augmentés ? En tout cas, peu accepteront de mourir, ce qui compromet considérablement l'efficacité de la chaîne de commandement.
L'autre point de nature à détourner la population Ukrainienne des imposteurs qui ont pris le pouvoir est l'accord négocié avec le FMI. Là où Poutine avait signé un accord douanier garantissant aux produits Ukrainiens une libre circulation dans toute la fédération de Russie, doublé d'un prêt de 15 milliards de dollars, triplé d'une forte réduction sur le gaz, le tout sans contreparties réelles pour la population, le FMI n'a pas eu la même mansuétude.
Ils ont pris un engagement sur un prêt dont personne n'est sûr qu'il sera débloqué tant l'instabilité politique est grande. Et ce prêt doit se faire aux même conditions que pour la Grèce : vente des entreprises publiques, fort taux d'intérêt, licenciement de 24000 fonctionnaires (10%) dans un premier temps, augmentation du gaz de 50% pour les particuliers et de 40% pour les entreprises... Si bien que la Banque Mondiale a averti, dans un rapport, que les conditions du FMI menacent l'économie ukrainienne.
Ceux qui renoncent à un prêt avantageux pour leur population en échange d'un autre plongeant celle-ci dans la servitude ne peuvent être considérés autrement que comme des imposteurs et des traitres. Si bien que la révolte contre ce nouveau pouvoir ne gronde plus seulement dans les régions russes de l'Ukraine, mais même à Lvov.
Je voyais, comme tout le monde, les informations annoncer que Ianoukovitch était responsable de la mort de dizaines de personnes sur la place Maïdan, autant des civils que des policiers. Mais, là encore, une conversation confidentielle est apparue sur Youtube. Il s'agissait de Catherine Ashton téléphonant au ministre Estonien des affaires étrangères revenant d'Ukraine. Celui-ci annonçait que tous les morts de Maïdan avaient été tués par les mêmes snipers, et que ceux-ci avaient été payés par quelqu'un de la nouvelle coalition. Un très bon reportage de la télévision allemande sur la responsabilité de ces morts est disponible en version sous-titrée en suivant ce lien.
Madame Ashton, et les Européens derrière elle, soutiennent donc un gouvernement dont nous savons qu'ils sont les meurtriers du peuple ukrainien, tout en continuant de condamner Ianoukovitch dont nous savons qu'il est innocent.
Reste alors, à la charge de Ianoukovitch, la corruption de son gouvernement. Et c'est sur la base de faits de corruption que de nombreuses arrestations ont déjà été menées. Notamment celle du directeur de Naftogaz qui est aujourd'hui en prison.
Je ne peux m'empêcher de me rappeler que madame Timochenko, jugée et emprisonnée pour les mêmes faits, avait dénoncé ce qu'elle appelait une condamnation politique. Bien que des éléments à charge aient été présentés à son procès. Pourquoi donc, à peine sortie de prison, cautionne-t-elle l’emprisonnement de ses opposants pour les mêmes faits ?
Je ne dis pas qu'il n'y a pas des faits de corruption, et que ces faits ne méritent pas une condamnation. Mais je dis par contre que je n'ai entendu personne critiquer les arrestations de ces dernières semaines comme nous avons critiqué la condamnation de madame Timochenko.
Et c'est là qu'intervient la troisième conversation téléphonique confidentielle mystérieusement mise en ligne sur Youtube. Il s'agit de madame Timochenko annonçant qu'elle va mobiliser le monde entier pour qu'il ne reste de la Russie pas même un champ brûlé. Elle ajoute qu'elle exterminera tous les Russes d'Ukraine à l'arme nucléaire. Ce qui pose le problème de savoir qui nous soutenons réellement et quelle légitimité a Moscou à défendre ses ressortissants. Non pas au regard de nos médias dont nous venons d'appréhender le manque d'objectivité, mais bien à celui des menaces réelles qui pèsent sur eux. C'est ce que nous verrons la semaine prochaine.
Heureusement qu'il reste des sites, tels Arrêt sur image, Médiapart ou le Canard enchaîné, pour redonner un peu de sens critique à l'information.
La version russe des événements est accessible très facilement sur La voix de la Russie. Un site que je connaissais peu mais qui s'est avéré être incontournable pour comprendre ce qui s'est passé en Ukraine.
Tout a commencé par ce que les Occidentaux ont défini comme étant une révolution populaire. Le peuple Ukrainien a envahi la place Maïdan pour contester les décisions prises par le président Ianoukovitch de ne pas signer l'accord d'association avec l'Europe. Les Russes se sont tout de suite montrés très méfiants envers les groupes armés et entraînés qui organisaient ces troubles.
Jusque là, n'ayant pas vocation à soutenir de facto les pouvoirs en place, les revendications des Ukrainiens me semblaient légitimes. Ils avaient organisé leurs tentes sur Maïdan comme les Grecs sur la place Syntagma. Les deux étaient voués au même échec faute de moyens, d'armements et d'organisation. Les Russes restaient en dehors de ce conflit pour ne pas compromettre le bon déroulement des Jeux Olympiques.
La diplomatie russe avait beau faire remarquer que Vladimir Poutine n'était jamais allé place Syntagma pour soutenir les Grecs dans leur désir de liberté, cela n'empêchait pas les dirigeants occidentaux et américains d'aller en Ukraine soutenir les révolutionnaires contre le pouvoir de Ianoukovitch.
Mais voilà qu'une conversation entre la sous-secrétaire d’État des USA pour l'Europe et l'Eurasie, Victoria Nuland, et l'ambassadeur US en Ukraine, est publiée sur Youtube. La première pensée de l'observateur, devant cette révélation, est bien sûr de considérer le clin d’œil de Poutine à Obama à travers ce message subliminal : Vous nous espionnez peut-être avec les programmes de la NSA et de la CIA dévoilés par Snowden, mais l'espionnage fonctionne dans les deux sens. La différence étant que nos programmes sont toujours secrets et efficaces.
Cette conversation, rendue publique, a poussé madame Nuland à devoir s'excuser après avoir essuyé les foudres d'Angela Merkel. La conversation montre comment les Américains sont en train d'organiser la chute de Ianoukovitch et préparent le futur gouvernement, tout en faisant croire que ce sont les manifestants de la place Maïdan qui vont choisir ces futurs dirigeants. Dans la même conversation, Victoria Nuland avouera que les États-Unis ont déjà investi 5 milliards de dollars en Ukraine pour y installer un gouvernement qui leur soit favorable.
Elle y exprimait clairement l'absence de considération des intérêts européens par ces quelques mots : Fuck UE ! Formulation cavalière que l'on pourrait traduire, sous réserve de la fiabilité de mes faibles notions d'anglais, par : Que l'Union Européenne aille se faire enculer !
C'est à partir de la révélation de cette conversation que les Chinois vont parler de la situation en Ukraine comme de l'organisation d'un coup d’État des Américains.
La crédibilité de la version médiatique occidentale prit un sacré coup avec cette révélation. Pas sur TF1, bien sûr, mais sur les chaînes d'informations sérieuses et objectives.
Le nouveau pouvoir, dont la liste avait été préalablement donnée par madame Nuland, fut mis en place de façon provisoire dans l'attente d'élections présidentielles.
Il semble d'usage, au niveau international, qu'un gouvernement provisoire ne puisse prendre aucune décision stratégique engageant un pays qu'il ne représente pas pleinement. Ce fut par exemple le cas en Belgique lors de la crise politique de 2010-2011 où les ministres en place ne pouvaient faire autre chose qu'administrer les affaires courantes.
Pourtant, contrairement à ces usages, le nouveau gouvernement ukrainien prit tout de suite des décisions stratégiques :
- interdiction du russe comme langue officielle et suppression des versions russes des sites internet d’État (un peu comme si les Suisses Allemands annulaient le français dans toute la Suisse) ;
- autorisation du transport des matières nucléaires sur le territoire ;
- signature de l'accord d'association avec l'Union Européenne ;
- négociations avec le FMI sur un prêt incluant en garantie le licenciement de 24000 fonctionnaires et une hausse du gaz de 50 % pour les particuliers ;
- décrêt de mobilisation générale ;
- devant l'échec de cette mobilisation et le peu d'enthousiasme des Ukrainiens à aller combattre les Russes, création d'une garde nationale faite de volontaires engagés ;
...
Le problème principal que les Américains ont sous-estimé lors de la préparation de leur coup d'état, est que la population ne suit pas ce nouveau pouvoir. Personne n'a répondu à l'ordre de mobilisation pour aller rejoindre l'armée, et aucun militaire stationné en Crimée n'a exécuté l'ordre de tirer qu'il avait reçu. Tous ont livré leurs bases sans résistance et ils ont ainsi évité que le sang ne soit versé : le leur en premier.
Le nouveau ministre de l'intérieur, parlant de la mobilisation, annonçait mi-mars que 600 personnes avaient déjà été mobilisées. 600 personnes, ce n'est même pas le nombre de personnes mobilisées pour aller assurer la sécurité d'un match de l'OM ! Un ministre qui annonce ça à l'échelle d'un pays pour préparer une guerre est ridicule.
Pire que ça, sur les 18000 militaires Ukrainiens stationnés en Crimée, seuls 2000 ont décidé de retourner en Ukraine, les autres préférant continuer leur service dans l'armée russe en faisant venir leurs familles en Crimée. C'est-à-dire la plupart des militaires qui servaient en Crimée, d'après le ministre russe de la défense. Donc, dans le temps même où le nouveau pouvoir de Kiev réussissait à mobiliser 600 volontaires, les Russes recrutaient 16000 soldats aguerris au sein de l'armée ukrainienne !
Poutine a été stratégiquement brillant sur cette opération, car il a aussitôt aligné leurs salaires sur les salaires russes. Ce qui a conduit à quadrupler ce qu'ils percevaient initialement. Qui d'entre nous, si on lui propose de quadrupler son salaire en changeant de patron, va refuser ? Les policiers, quant à eux, ont vu doubler leurs salaires.
Un autre avantage est psychologique. Si la situation devait empirer en Ukraine, les appelés se battront-ils pour défendre un Pouvoir dont la légitimité est nulle, ou attendront-ils patiemment que Poutine reprenne le contrôle de tout le pays dans l'espoir que leurs salaires soient augmentés ? En tout cas, peu accepteront de mourir, ce qui compromet considérablement l'efficacité de la chaîne de commandement.
L'autre point de nature à détourner la population Ukrainienne des imposteurs qui ont pris le pouvoir est l'accord négocié avec le FMI. Là où Poutine avait signé un accord douanier garantissant aux produits Ukrainiens une libre circulation dans toute la fédération de Russie, doublé d'un prêt de 15 milliards de dollars, triplé d'une forte réduction sur le gaz, le tout sans contreparties réelles pour la population, le FMI n'a pas eu la même mansuétude.
Ils ont pris un engagement sur un prêt dont personne n'est sûr qu'il sera débloqué tant l'instabilité politique est grande. Et ce prêt doit se faire aux même conditions que pour la Grèce : vente des entreprises publiques, fort taux d'intérêt, licenciement de 24000 fonctionnaires (10%) dans un premier temps, augmentation du gaz de 50% pour les particuliers et de 40% pour les entreprises... Si bien que la Banque Mondiale a averti, dans un rapport, que les conditions du FMI menacent l'économie ukrainienne.
Ceux qui renoncent à un prêt avantageux pour leur population en échange d'un autre plongeant celle-ci dans la servitude ne peuvent être considérés autrement que comme des imposteurs et des traitres. Si bien que la révolte contre ce nouveau pouvoir ne gronde plus seulement dans les régions russes de l'Ukraine, mais même à Lvov.
Je voyais, comme tout le monde, les informations annoncer que Ianoukovitch était responsable de la mort de dizaines de personnes sur la place Maïdan, autant des civils que des policiers. Mais, là encore, une conversation confidentielle est apparue sur Youtube. Il s'agissait de Catherine Ashton téléphonant au ministre Estonien des affaires étrangères revenant d'Ukraine. Celui-ci annonçait que tous les morts de Maïdan avaient été tués par les mêmes snipers, et que ceux-ci avaient été payés par quelqu'un de la nouvelle coalition. Un très bon reportage de la télévision allemande sur la responsabilité de ces morts est disponible en version sous-titrée en suivant ce lien.
Madame Ashton, et les Européens derrière elle, soutiennent donc un gouvernement dont nous savons qu'ils sont les meurtriers du peuple ukrainien, tout en continuant de condamner Ianoukovitch dont nous savons qu'il est innocent.
Reste alors, à la charge de Ianoukovitch, la corruption de son gouvernement. Et c'est sur la base de faits de corruption que de nombreuses arrestations ont déjà été menées. Notamment celle du directeur de Naftogaz qui est aujourd'hui en prison.
Je ne peux m'empêcher de me rappeler que madame Timochenko, jugée et emprisonnée pour les mêmes faits, avait dénoncé ce qu'elle appelait une condamnation politique. Bien que des éléments à charge aient été présentés à son procès. Pourquoi donc, à peine sortie de prison, cautionne-t-elle l’emprisonnement de ses opposants pour les mêmes faits ?
Je ne dis pas qu'il n'y a pas des faits de corruption, et que ces faits ne méritent pas une condamnation. Mais je dis par contre que je n'ai entendu personne critiquer les arrestations de ces dernières semaines comme nous avons critiqué la condamnation de madame Timochenko.
Et c'est là qu'intervient la troisième conversation téléphonique confidentielle mystérieusement mise en ligne sur Youtube. Il s'agit de madame Timochenko annonçant qu'elle va mobiliser le monde entier pour qu'il ne reste de la Russie pas même un champ brûlé. Elle ajoute qu'elle exterminera tous les Russes d'Ukraine à l'arme nucléaire. Ce qui pose le problème de savoir qui nous soutenons réellement et quelle légitimité a Moscou à défendre ses ressortissants. Non pas au regard de nos médias dont nous venons d'appréhender le manque d'objectivité, mais bien à celui des menaces réelles qui pèsent sur eux. C'est ce que nous verrons la semaine prochaine.
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