D'un point de vue chrétien autant que d'un point de vue politique, l'évolution de la Russie depuis la chute des Tzars est un grand enseignement. Nous avons d'abord eu une période de révolutions et de guerres qui ont été marquées par la volonté de détruire les fondements spirituels de la société, notamment avec Lénine et Staline. Leur pouvoir n'a pu se maintenir que par une répression sanglante.
Seulement, lorsqu'on commence à tuer tellement de personnes, on tue des bons comme des méchants. On tue des élites intellectuelles comme des gens simples, on tue des entrepreneurs ambitieux comme des ouvriers et, en tuant tout le monde, on finit par tuer le développement de son pays, son rayonnement et son avenir. L'URSS s'est ainsi mise dans une impasse financière telle qu'elle n'avait plus les moyens d'éviter son éclatement sous le mandat d'Elstine.
La grande révolution de Vladimir Poutine fut de ne plus opposer l’État et la religion, mais de considérer que l'harmonie des deux peut éviter une rupture dans le fonctionnement de la société. Il a utilisé ce que l'on peut appeler le nationalisme religieux. Cette plaie détestable lorsque la politique déforme la religion pour l'utiliser à ses fins, ou lorsque les religieux agissent en hommes politiques vidant leur message de toute substance, devient source de rayonnement lorsque chacun reste à sa place, mais que les deux ont conscience que leurs intérêts supérieurs sont les mêmes et qu'ils doivent agir, chacun dans leur domaine, pour le développement de leur pays et de leur peuple.
Là où nos hommes politiques n'arrivent plus à finir un seul mandat de 5 ans, Poutine en est à son quatrième mandat de 6 ans (j'espère que Medvedev me pardonnera de le mettre dans un rôle de figurant) et sa cote de popularité n'a jamais été aussi élevée. Son pays n'a jamais été si puissant financièrement et militairement. Les Russes n'ont jamais été si fiers d'eux et de leur pays. Et même si les USA tentent de les étouffer par une guerre financière faite de sanctions diverses, leurs perspectives de développement restent fortes.
Et c'est là que j'ai du mal à comprendre les autorités chinoises. Après une persécution propre à tous les pays communistes, la religion y est aujourd'hui exercée plus librement. Wikipedia présente une très bonne synthèse des religions en Chine aujourd'hui. Parmi elles, le christianisme est celle qui présente le plus grand développement, passant de 700 000 personnes en 1950 à 56 millions en 2007, soit une augmentation de 8571% en un peu plus de 50 ans. Même si, toutes proportions gardées, cela reste peu au regard de la population chinoise.
Certains faits d'actualité contribuent largement au développement des valeurs morales et religieuses. Je pense, par exemple, à cette fillette de 2 ans tuée devant la boutique de son père en étant écrasée par deux camions. Le premier camion l'a écrasée une première fois en roulant sur son corps deux fois. Puis un second camion l'a a nouveau écrasée. Il a fallu de longues minutes avant que quelqu'un ne lui porte secours, malgré les dix-huit personnes qui sont passées près d'elles alors qu'elle agonisait au sol. Elle est morte quelques jours plus tard à l’hôpital. Ces images très dures ont fait le tour de Chine et du monde ; elles ont créé une émotion considérable et les Chinois se sont demandés comment la quête de l'argent avait pu les avilir à un tel stade d'indifférence, leur faisant perdre les valeurs collectives d'entraide et de solidarité.
Pourtant, le christianisme protestant ou catholique (les orthodoxes sont quasiment absents de Chine) pose problème aux autorités.
Le christianisme catholique, de part son organigramme, impose que les évêques dépendent directement du pape de Rome et soient nommés par lui. Un peu comme le fait d'adhérer à l'Otan impose d'être soumis à un commandement américain. Une mise sous tutelle inacceptable pour un peuple fier et indépendant. Les autorités chinoises la combattent tant qu'elles peuvent. D'abord en ayant créé une église catholique officielle avec des évêques inféodés à l'État et nommés par lui, mais non reconnus par Rome. Puis en combattant le clergé catholique officiel.
C'est ainsi que l'évêque catholique clandestin de Shangaï vient de mourir en étant assigné à résidence, après avoir passé des années en camp de travail et en détention. Mais, comme chaque fois que nous avons un sentiment de persécution injuste, le martyre d'une personne renforce son message au lieu de le discréditer. Si bien que des milliers de fidèles ont assisté à ses obsèques.
Les protestants sont également dangereux pour l’État car de nature à créer des divisions au sein de la société. La multitude de leurs 1200 mouvements distincts conduit régulièrement à des dérives sectaires et à un morcellement communautariste. Et, en tout cas, cette division n'est pas propice à fédérer la société autour de valeurs communes.
Les orthodoxes n'ont pas la même conception du prosélytisme. Nous avons, bien sûr, quelques brebis galeuses - ou, en l’occurrence, quelques pasteurs galeux - qui vont vouloir convertir un maximum de personnes, usant pour cela de pressions psychologiques malsaines destinées à créer un ascendant sur des personnes fragiles, mais notre spiritualité se propage plus par l'exemple que nous donnons que par une volonté hégémonique.
C'est ainsi que lorsque la Russie s'est convertie au christianisme avec le baptême du prince Vladimir Ier, en 988, ce fut à l'initiative du prince qui avait envoyé dans toutes les parties du monde des émissaires pour étudier les religions et choisir celle qu'il allait adopter.
Pour ma part, j'ai du mal à comprendre que la Chine essaye de combattre le catholicisme romain par une église artificielle, alors qu'il lui serait si facile de favoriser le développement d'une Église autocéphale orthodoxe prônant les mêmes valeurs évangéliques, mais avec une conception ecclésiologique beaucoup moins rigide et occidentalisée.
En 1922, l’Église d'Albanie s'est déclarée indépendante. Les autorités albanaises ne voulaient pas que les prêtres orthodoxes soient nommés par la Grèce et dépendent d'elle afin d'éviter toute ingérence dans leurs affaires intérieures. Le patriarche de Constantinople, dans une décision qui s'est révélée être pleine de sagesse, a validé ce statut d'autocéphalie (qui a sa propre tête) en 1937. Le Patriarche actuel est monseigneur Anastase. Il est apprécié de tous, y compris des autorités albanaises qui avaient un apriori négatif contre lui du fait de ses origines grecques. Il s'attache au développement spirituel de son pays, loin de toute ingérence politique.
Si la Chine le voulait, de part son importance territoriale et ses liens privilégiés avec la Russie, elle n'aurait aucun mal à se voir accorder un statut d'autocéphalie avec son propre patriarche qui ne dépendrait d'aucune tutelle extérieure. Elle n'aurait plus une Église de l'ombre qu'elle combat et une Église officielle sans légitimité ecclésiastique. De cette façon, le développement du christianisme face aux religions ancestrales du pays ne serait plus le ferment de divisions futures de la société, mais participerait à sa cohésion, comme Poutine a su le faire dans son pays.
Il n'est pas sûr que le pape de Rome apprécie une telle évolution, mais c'est une autre question...
Même s'il s'agit ici d'une projection qui va au-delà d'un développement sur quelques années, participer à une telle construction serait passionnant et j'espère qu'il me sera un jour possible d'en suivre l'évolution au fil des nouvelles diffusées sur internet.
Pour ma part, j'ai du mal à comprendre que la Chine essaye de combattre le catholicisme romain par une église artificielle, alors qu'il lui serait si facile de favoriser le développement d'une Église autocéphale orthodoxe prônant les mêmes valeurs évangéliques, mais avec une conception ecclésiologique beaucoup moins rigide et occidentalisée.
En 1922, l’Église d'Albanie s'est déclarée indépendante. Les autorités albanaises ne voulaient pas que les prêtres orthodoxes soient nommés par la Grèce et dépendent d'elle afin d'éviter toute ingérence dans leurs affaires intérieures. Le patriarche de Constantinople, dans une décision qui s'est révélée être pleine de sagesse, a validé ce statut d'autocéphalie (qui a sa propre tête) en 1937. Le Patriarche actuel est monseigneur Anastase. Il est apprécié de tous, y compris des autorités albanaises qui avaient un apriori négatif contre lui du fait de ses origines grecques. Il s'attache au développement spirituel de son pays, loin de toute ingérence politique.
Si la Chine le voulait, de part son importance territoriale et ses liens privilégiés avec la Russie, elle n'aurait aucun mal à se voir accorder un statut d'autocéphalie avec son propre patriarche qui ne dépendrait d'aucune tutelle extérieure. Elle n'aurait plus une Église de l'ombre qu'elle combat et une Église officielle sans légitimité ecclésiastique. De cette façon, le développement du christianisme face aux religions ancestrales du pays ne serait plus le ferment de divisions futures de la société, mais participerait à sa cohésion, comme Poutine a su le faire dans son pays.
Il n'est pas sûr que le pape de Rome apprécie une telle évolution, mais c'est une autre question...
Même s'il s'agit ici d'une projection qui va au-delà d'un développement sur quelques années, participer à une telle construction serait passionnant et j'espère qu'il me sera un jour possible d'en suivre l'évolution au fil des nouvelles diffusées sur internet.
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