de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 15 septembre 2012

58- Pouvoir de lier et de délier



Dans la série de messages que j'ai commencés sur la place de chacun, je ne pensais pas aborder tout de suite celle du prêtre. Pourtant un événement imprévu m'oblige à modifier l'ordre de mes messages. Dimanche dernier, le père Nicolas Kakavelakis a en effet refusé la communion à l'une des personnes les plus respectables de la communauté, arguant qu'un prêtre a reçu le pouvoir de lier et de délier, et qu'il est donc dans son droit en imposant à qui il veut une exclusion.

Je ne reviendrai pas ici sur les faits reprochés à E. T., à qui le père Nicolas n'a pas pardonné le courrier qu'elle a écrit à monseigneur Emmanuel. Tout cela est déjà relaté dans le message sur la communion.

Pilate aussi croyait qu'il avait le pouvoir de lier et de délier. Ce fut son argument face au Christ qui refusait de lui répondre. Le Christ ne l'a pas contredit ; au contraire. Il a confirmé ce pouvoir sur lui en disant qu'il lui avait été donné d'En-Haut (Jn 19, 9-11). Et pourtant, le fait que Dieu avait donné à Pilate le droit de vie et de mort sur son Fils était-il une justification pour que Pilate fasse tuer le Christ ?

Dieu parle souvent aux hommes en laissant un peu de mystère dans ses paroles, pour voir vers quoi tendent leurs cœurs. Ainsi, au Paradis déjà, Dieu dit à Adam : Tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn. 2, 17). Les Pères de l’Église considèrent que cet arbre n'a jamais été celui de la connaissance du bien et du mal : Adam connaissait déjà le bien puisqu'il jouissait de la plénitude de Dieu et des bienfaits du Paradis. Cet arbre n'était donc que celui de la connaissance du mal. Et c'est pour cela qu'Adam a été éloigné de Dieu en goûtant ce fruit.

Donner aux hommes le pouvoir de lier et de délier est un pouvoir qui peut aller très loin. Si, en usant d'un tel pouvoir, un homme commet une injustice, est-ce que cela sous-entend que Dieu va cautionner une injustice ? Mais si Dieu cautionne l'injustice, alors le mal a une emprise sur lui. Et si le mal a une emprise sur Dieu, alors Dieu est imparfait. Et si Dieu est imparfait, alors il n'est plus Dieu. Et si Dieu n'est plus Dieu, alors Dieu n'existe pas.

La théologie apophatique, qui consiste à essayer de connaître Dieu au travers de ce qu'il n'est pas, nous oblige à considérer que Dieu ne peut cautionner aucune injustice. Alors comment considérer que le Christ donne un tel pouvoir à ses disciples ? 

Nous sommes ici dans le même cas de figure que pour l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Les disciples connaissent le Christ et il connaît ses disciples (Jn 10, 14). Jamais aucun d'entre eux n'utilisera ce pouvoir pour commettre une injustice. C'est ainsi que le Christ dit : Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom ? N'avons-nous pas chassé les démons par ton nom ? Et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité (Matth. 7, 21-23).

C'est ainsi que les Borgia et ceux qui les imitent, quelle que soit la légitimité de leur sacerdoce, ne pourront jamais se prévaloir de cette légitimité pour justifier leurs actes devant Dieu.

En cela aussi, le Christ a montré l'exemple, comme dans tout ce qu'il a fait. Plus que quiconque, il avait le pouvoir de lier et de délier, et pourtant il n'a jamais fait autre chose que de délier les fautes et les maladies. C'est ainsi qu'il a guéri les dix lépreux (Lc 17, 11-19), même s'il savait qu'un seul en serait digne et viendrait le remercier. C'est ainsi qu'il a pardonné aux prostituées en leur demandant de ne plus pécher, même si l'histoire ne dit pas toujours si elles ont changé de vie par la suite. C'est ainsi que même pour ceux qui le crucifiaient, il a demandé à son Père de leur pardonner (Lc 23, 34).

Les seuls qu'il a maudits furent les membres du clergé de l'époque, à cause de leurs injustices et de leur hypocrisie (Matth. 23, 13-36), eux qui auraient dû être des exemples.

Alors y a-t-il une justification à ce que le père Nicolas humilie une vieille dame qui n'a jamais fait que le bien, et qu'il cherche à l'exclure de l’Église ? Il ne servirait à rien que je donne une réponse à cette question, l’Évangile l'a déjà fait !

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