Avez-vous déjà vu l'excellent film des Blues Brothers ? Quand Jake Blues sort de prison où il a purgé trois ans pour le braquage d'une station-service, il apprend, avec son frère Elwood, recherché pour 172 infractions au code de la route, que l'orphelinat dans lequel ils avaient été élevés doit 5000 $ d'impôts. La pingouine, soeur Marie Stigmata, qui dirige cet établissement, est aux prises avec son évêque. Celui-ci refuse de payer les impôts car il se fout royalement des orphelins et il attend la mise en faillite pour récupérer les biens immobiliers et les vendre au plus offrant.
Jake, souhaitant se débarasser de cette tâche dont il ne veut pas avoir à s'occuper, demande une heure à la pingouine pour lui laisser le temps de ramener l'argent. Sachant très bien qu'il ne pourra pas ramener autant d'argent en si peu de temps par un procédé honnête, sœur Marie Stigmata lui donne alors une raclée magistrale.
Face à leur conscience, Jake et Elwood vont alors chercher un moyen honnête de gagner cet argent. Malgré toutes les imperfections qui entachent leur vie chrétienne, ils n'auront plus qu'une phrase à la bouche : Nous sommes en mission pour le Seigneur ! La mission, qu'ils se voient confiée par Dieu lui-même, c'est de faire barrage à l'évêque, véritable ennemi de l’Église et de ses œuvres.
A partir du moment où ils vont accepter cette mission, plus rien n'aura d'importance que de la réussir : ni l'argent qui finit par leur tendre les bras, ni les femmes qu'ils rencontrent, ni la police qui les recherche, ni la prison qui les attend.
Il ne s'agit bien sûr que d'une comédie, osant souvent des caricatures grossières, mais très nombreux sont les aspects du film qui montrent que tout y est étudié. C'est d'abord la qualité des acteurs, où les plus grands musiciens de l'époque jouent, comme Ray Charles, Aretha Franklin, James Brown et bien d'autres.
Ensuite, les éléments de catéchèse n'ont rien de fantaisiste. C'est en effet le propre de l'homme de pouvoir se relever lorsqu'il tombe, de pouvoir servir Dieu malgré ses fautes passées et sans présager des fautes futures, car, quoi qu'il fasse, il aura toujours la possibilité de se relever à nouveau, si tant est que sa volonté de changer soit sincère. C'est le sens de cette parole de saint Grégoire de Nysse, reprise des épîtres de saint Paul : Oubliant ce qui en arrière, et tendu vers ce qui est en avant, je cours, et je vais droit au but. Ainsi, Elwood disant qu'il est en mission pour le Seigneur est parfaitement réaliste.
Saint Paul, qui avait demandé à Dieu de le protéger des tentations qui l'accablaient et qui l'empêchaient de le servir correctement s'était vu répondre par le Christ : Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. Et saint Paul poursuit en disant : Je me glorifierai donc bien plus de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ repose sur moi (2Cor. 12, 9). C'est par la faiblesse des Blues Brothers que Dieu protège l'orphelinat face au mercantilisme de l'évêque.
Cette histoire n'est qu'une parodie qui ne repose sur rien ? Demandez aux Grecs de Marseille ce qu'il est advenu de leur foyer pour personnes âgées, et vous pourrez ainsi juger si l'histoire de sœur Marie Stigmata et de son évêque est vraiment caricaturée.
Ce film pose la question de savoir quelle est vraiment la place que nous avons tous, et quelle légitimité nous avons à cette place. C'est cette question que nous allons aborder dans les prochains messages, tant au regard de questions d'actualité, qu'au regard de la Tradition.
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