L'Église en général, et celle de Rome en particulier, revendique d'être guidée par le Christ depuis le jour de son ascension jusqu'à la fin du monde : Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde (Matth. 28, 20).
L’Église aime s’approprier ce dont elle n'est que la garante. Ainsi, nombreux seront les commentateurs qui appliqueront cette parole du Christ, non à chacun des disciples pris individuellement, mais à l’Église sous sa forme institutionnelle. Église institutionnelle qui n'existait pas au moment où ces paroles furent prononcées.
Le pape de Rome fonde son infaillibilité sur la parole du Christ disant à Pierre qu'il a prié pour que sa foi ne défaille pas (Lc 22, 32). Pierre en vint à renier le Christ malgré cette prière. La prière dont les hommes bénéficient est un soutien, mais elle ne saurait en aucune manière se soustraire à leur liberté de choisir entre le bien et le mal.
Nous avons ici deux situations dans lesquelles le Christ annonce clairement l'assistance qu'il porte aux hommes. L'une de ces paroles sera déformée et conduira au dogme de l'infaillibilité du pape. L'autre ne bénéficiera pas du même traitement, ce qui permettra aux papes de conclure que l’Église, guidée par le Christ jusqu'à la fin du monde, est faillible.
Ainsi, Jean-Paul II demandera pardon pour les fautes de l’Église lors de son discours du 12 mars 2000.
De nombreux journaux affirmèrent que Benoît XVI avait également demandé pardon pour les fautes de l’Église lors de son discours du 11 juin 2010. Mais les mots étaient tournés de telle manière que l'on pense à un acte de contrition, sans réellement l'évoquer. Un langage juridique plus que pastoral.
Je ne suis pas ici pour ôter leurs dernières illusions à ceux qui veulent encore croire désespérément que le pape serait infaillible, ou qui voudraient préserver la blancheur immaculée de l’Église institutionnelle. Ce qui m'intéresse est le rapport de l’Église à la victime et celui qui la lie au bourreau.
L’Église est le mot grec pour désigner la Communauté. Tout comme le mot Synagogue, utilisé par les Hébreux.
Si la Communauté est prise dans son sens de personne morale, la faute commise par cette Communauté ne pourra être traitée de la même manière si elle blesse l'un de ses membres, ou quelqu'un qui lui est étranger.
La Communauté - quelle qu'elle soit - peut se repentir collectivement pour un mal commis envers un étranger. Mais elle ne peut pas le faire pour l'un de ses membres.
Si la Communauté se repend du mal commis envers l'un de ses membres, cela revient à considérer que le membre se demande pardon à lui-même pour cette faute qu'il a dû subir, puisque la victime est une part indivise de la personne morale repentante.
Ce point est encore plus vrai lorsque l'on parle de l’Église, que saint Paul considère comme un corps mystique unique au sein duquel chacun remplit une fonction, tels les différents membres d'un corps physique.
Les excuses plus ou moins sincères des évêques envers les victimes des prêtres pédophiles - pour ne citer qu'elles - n'ont aucun sens au regard de la spiritualité chrétienne. Un membre d'un corps ne peut pas demander pardon à un autre membre du même corps pour le mal qu'il subit.
De telles excuses reviennent à considérer que la victime ne fait pas partie de ce corps. Ainsi, lorsque monseigneur Barbarin, ou le pape de Rome, demandent pardon aux victimes, ils les excluent de fait de l'appartenance à ce corps.
Pire. Ils estiment qu'ils sont un avec le pervers au nom duquel ils demandent pardon, mais pas avec la victime.
Si la prise de conscience était sincère et réellement fondée sur le principe de l’Église, corps mystique du Christ, alors le clergé devrait sentir la douleur de la victime, comme étant la sienne propre. Comme Marie, Mère de Dieu, sentit la douleur du Christ sur la croix qui lui transperçait l'âme.
Alors, c'est le bourreau qui ne sera plus perçu par ce corps mystique comme étant l'un de ses membres, mais comme une maladie qu'il faut éradiquer. Le corps, uni à la victime de manière indivisible, s'attachera à guérir en faisant disparaître la maladie. Il consultera les meilleurs médecins et tranchera la cause de sa gangrène, suivant cette parole du Christ : Il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
Aujourd'hui, malheureusement, le clergé catholique fait partie de la maladie. Il la protège, l'entretient et la fait croître. Ainsi, ce n'est pas la victime qu'il coupe de l'appartenance au corps mystique du Christ, mais lui-même. En s'associant à la maladie pour la protéger dans son œuvre de destruction du corps, il se rend indigne de cette appartenance et devient celui pour qui cette parole du Christ est destinée : En vérité, je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.
S'ils connaissaient l'amour autrement que par la description donnée dans les livres de leurs études au séminaire, les membres du clergé sauraient ce qu'est l'amour d'une mère qui protège ses enfants. Ils sauraient ce que fait une mère lorsque son petit est attaqué. Ce n'est alors plus le pervers qu'ils protégeraient en cherchant à étouffer les victimes sous une chape de silence. La victime serait défendue envers et contre tout, quoi qu'il en coûte, et elle saurait qu'elle fait vraiment partie du corps mystique qu'est l’Église. Et le bourreau saurait aussi que le temps de l'impunité est terminé pour lui.
L’Église aime s’approprier ce dont elle n'est que la garante. Ainsi, nombreux seront les commentateurs qui appliqueront cette parole du Christ, non à chacun des disciples pris individuellement, mais à l’Église sous sa forme institutionnelle. Église institutionnelle qui n'existait pas au moment où ces paroles furent prononcées.
Le pape de Rome fonde son infaillibilité sur la parole du Christ disant à Pierre qu'il a prié pour que sa foi ne défaille pas (Lc 22, 32). Pierre en vint à renier le Christ malgré cette prière. La prière dont les hommes bénéficient est un soutien, mais elle ne saurait en aucune manière se soustraire à leur liberté de choisir entre le bien et le mal.
Nous avons ici deux situations dans lesquelles le Christ annonce clairement l'assistance qu'il porte aux hommes. L'une de ces paroles sera déformée et conduira au dogme de l'infaillibilité du pape. L'autre ne bénéficiera pas du même traitement, ce qui permettra aux papes de conclure que l’Église, guidée par le Christ jusqu'à la fin du monde, est faillible.
Ainsi, Jean-Paul II demandera pardon pour les fautes de l’Église lors de son discours du 12 mars 2000.
De nombreux journaux affirmèrent que Benoît XVI avait également demandé pardon pour les fautes de l’Église lors de son discours du 11 juin 2010. Mais les mots étaient tournés de telle manière que l'on pense à un acte de contrition, sans réellement l'évoquer. Un langage juridique plus que pastoral.
Je ne suis pas ici pour ôter leurs dernières illusions à ceux qui veulent encore croire désespérément que le pape serait infaillible, ou qui voudraient préserver la blancheur immaculée de l’Église institutionnelle. Ce qui m'intéresse est le rapport de l’Église à la victime et celui qui la lie au bourreau.
L’Église est le mot grec pour désigner la Communauté. Tout comme le mot Synagogue, utilisé par les Hébreux.
Si la Communauté est prise dans son sens de personne morale, la faute commise par cette Communauté ne pourra être traitée de la même manière si elle blesse l'un de ses membres, ou quelqu'un qui lui est étranger.
La Communauté - quelle qu'elle soit - peut se repentir collectivement pour un mal commis envers un étranger. Mais elle ne peut pas le faire pour l'un de ses membres.
Si la Communauté se repend du mal commis envers l'un de ses membres, cela revient à considérer que le membre se demande pardon à lui-même pour cette faute qu'il a dû subir, puisque la victime est une part indivise de la personne morale repentante.
Ce point est encore plus vrai lorsque l'on parle de l’Église, que saint Paul considère comme un corps mystique unique au sein duquel chacun remplit une fonction, tels les différents membres d'un corps physique.
Les excuses plus ou moins sincères des évêques envers les victimes des prêtres pédophiles - pour ne citer qu'elles - n'ont aucun sens au regard de la spiritualité chrétienne. Un membre d'un corps ne peut pas demander pardon à un autre membre du même corps pour le mal qu'il subit.
De telles excuses reviennent à considérer que la victime ne fait pas partie de ce corps. Ainsi, lorsque monseigneur Barbarin, ou le pape de Rome, demandent pardon aux victimes, ils les excluent de fait de l'appartenance à ce corps.
Pire. Ils estiment qu'ils sont un avec le pervers au nom duquel ils demandent pardon, mais pas avec la victime.
Si la prise de conscience était sincère et réellement fondée sur le principe de l’Église, corps mystique du Christ, alors le clergé devrait sentir la douleur de la victime, comme étant la sienne propre. Comme Marie, Mère de Dieu, sentit la douleur du Christ sur la croix qui lui transperçait l'âme.
Alors, c'est le bourreau qui ne sera plus perçu par ce corps mystique comme étant l'un de ses membres, mais comme une maladie qu'il faut éradiquer. Le corps, uni à la victime de manière indivisible, s'attachera à guérir en faisant disparaître la maladie. Il consultera les meilleurs médecins et tranchera la cause de sa gangrène, suivant cette parole du Christ : Il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
Aujourd'hui, malheureusement, le clergé catholique fait partie de la maladie. Il la protège, l'entretient et la fait croître. Ainsi, ce n'est pas la victime qu'il coupe de l'appartenance au corps mystique du Christ, mais lui-même. En s'associant à la maladie pour la protéger dans son œuvre de destruction du corps, il se rend indigne de cette appartenance et devient celui pour qui cette parole du Christ est destinée : En vérité, je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité.
Le saint abbé Pierre disait, au sujet des membres du clergé de son Église, qu'ils feraient mieux de plus faire l'amour et de moins le prêcher, s'ils voulaient éviter de continuer à être déconnectés de la réalité, révélant que lui-même avait eu des relations sexuelles en diverses occasions.
Il touchait là du doigt l'inadéquation totale entre les mots du clergé catholique et ses actes. Actes qui conduisent à révoquer sans délai un prêtre qui vit avec une femme, mais à maintenir dans la prêtrise des pervers de toutes sortes.
Dans sa lettre apostolique motu proprio du 4 juin 2016, intitulée Comme une mère aimante, le pape François rappelle que l'Église catholique aime tous ses fils, mais soigne et protège avec une affection toute particulière les plus faibles et les sans défense. C'est pourquoi, ajoute le pape, ses pasteurs, et notamment ses évêques, doivent faire preuve d'une particulière diligence dans la protection des plus faibles parmi les personnes qui lui sont confiées. Le seul problème étant que le pape ne sait pas ce que fait une mère à celui qui attaque ses enfants. Il n'a de l'amour maternel qu'une vision simpliste et édulcorée déconnectée de la réalité.
Dans sa lettre apostolique motu proprio du 4 juin 2016, intitulée Comme une mère aimante, le pape François rappelle que l'Église catholique aime tous ses fils, mais soigne et protège avec une affection toute particulière les plus faibles et les sans défense. C'est pourquoi, ajoute le pape, ses pasteurs, et notamment ses évêques, doivent faire preuve d'une particulière diligence dans la protection des plus faibles parmi les personnes qui lui sont confiées. Le seul problème étant que le pape ne sait pas ce que fait une mère à celui qui attaque ses enfants. Il n'a de l'amour maternel qu'une vision simpliste et édulcorée déconnectée de la réalité.
S'ils connaissaient l'amour autrement que par la description donnée dans les livres de leurs études au séminaire, les membres du clergé sauraient ce qu'est l'amour d'une mère qui protège ses enfants. Ils sauraient ce que fait une mère lorsque son petit est attaqué. Ce n'est alors plus le pervers qu'ils protégeraient en cherchant à étouffer les victimes sous une chape de silence. La victime serait défendue envers et contre tout, quoi qu'il en coûte, et elle saurait qu'elle fait vraiment partie du corps mystique qu'est l’Église. Et le bourreau saurait aussi que le temps de l'impunité est terminé pour lui.
Mais ce temps n'est pas arrivé et les bourreaux ont encore de beaux jours devant eux, jouissant du soutien indéfectible des institutions qui leur garantissent l'impunité.
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