Nous avons vu, précédemment, que le père Nicolas Kakavelakis avait prétendument informé l'ensemble de la Communauté de la tenue d'une assemblée générale, le 22 mars 2015, laquelle était censée renouveler les membres du conseil d'administration. Or les conditions d'organisation étaient contestables, et la plupart des membres de l'association, au surplus, n'avaient pas été informés de la tenue de cette assemblée.
Le jour venu, lors de la liturgie dominicale, et bien qu'étant candidat à cette élection, je ne savais ni où ni à quelle heure elle devait avoir lieu. Il fallut attendre les annonces finales, vers 13 heures, pour apprendre que l'AG débuterait à 14h30. C'était court pour se préparer, et plusieurs autres personnes, candidates comme moi à cette élection, n'eurent pas l'information.
Avec 3 amis, Stélios K., Jean-Paul C. et Dimitri L., nous nous retrouvâmes à 14h15 afin de ne pas être en retard. En arrivant, nous eûmes la surprise de voir, postés devant le portail de notre salle paroissiale, deux vigiles ! Il était peu probable qu'ils fussent là pour déjouer un attentat, ni qu'ils eussent pour mission d'empêcher d'entrer les quelques privilégiés qui avaient été informés de l'heure de l'AG.
Une forme de prescience nous convainquit qu'ils avaient été postés là pour nous... Mais il ne fallait pas risquer de confondre prescience et autosuggestion. Cette dernière est en effet un frein puissant et l'instrument de l'autocensure. Nous décidâmes de ne pas nous en tenir à ce ressenti et nous dirigeâmes vers la salle.
Nous avions déjà vu l'un des vigiles en décembre, lorsque le père Nicolas avait tenté de bloquer l'accès de l'église à certains des membres de notre communauté. Le vigile avait dû abandonner son poste suite à l'intervention du commissaire Corridor. Nous ne l'avions pas revu depuis, mais il nous connaissait autant que nous le connaissions.
En passant devant les vigiles, nous les saluâmes et ils nous rendirent la salutation. Puis nous entrâmes dans la salle où devait se tenir l'AG. C'était presque trop facile... Il avait dû y avoir un bug...
Une fois entrés, tous les regards se portèrent sur nous. Une gêne palpable se mêlait à la consternation de certains. Mais personne ne nous parla directement.
Les vigiles nous suivirent de peu et Vassilia S. leur demanda, dans un reproche mêlé de colère : Qu'est-ce qu'ils font là ?
Ce à quoi elle se vit répondre : On est désolés, on n'a pas fait attention. Il devenait soudain clair que la prescience pouvait exister, et il était d'autant plus légitime qu'elle se manifeste que nous étions dans l'enceinte d'une église. Une force bienveillante nous avait protégés des desseins malveillants du père Nicolas, afin que ce qui devait suivre pût s'accomplir.
Un homme s'agita. C'était la première fois que je le voyais, mais il se dégageait de lui une autorité qui manifestait de toute évidence qu'il dirigeait les opérations. Il demanda aux vigiles de nous faire sortir. Mais ceux-ci répondirent qu'ils ne le pouvaient pas. Ils étaient là pour veiller à ce que tout ce passe bien, et tout se passait bien... Ils ne pouvaient en aucune manière user de force ou de violence.
Nous profitâmes de ce moment de flottement pour aller saluer quelques amis présents, chacun de notre côté, et attendîmes que le président veuille bien commencer l'AG.
Tel le général Grouchy arrivé en retard à la bataille de Waterloo, un troisième vigile arriva pour garder l'entrée du lieu. Mais il n'y avait plus rien à garder. Je doute que nos trois compères aient pu compter sur le généreux pourboire qu'ils avaient été en droit d'espérer de la part des religieuses personnes qu'ils avaient pour mission de protéger.
Nous profitâmes de ce moment de flottement pour aller saluer quelques amis présents, chacun de notre côté, et attendîmes que le président veuille bien commencer l'AG.
Tel le général Grouchy arrivé en retard à la bataille de Waterloo, un troisième vigile arriva pour garder l'entrée du lieu. Mais il n'y avait plus rien à garder. Je doute que nos trois compères aient pu compter sur le généreux pourboire qu'ils avaient été en droit d'espérer de la part des religieuses personnes qu'ils avaient pour mission de protéger.
L'homme qui dirigeait s'approcha de moi et se présenta en disant : Je suis avocat ! Il ne précisa ni son nom, ni la personne morale ou physique qu'il représentait. Mais étant données les circonstances, je déduisis de son intervention qu'il était l'avocat de la Communauté et chargé de superviser le déroulement de l'assemblée générale.
S'ensuivit un échange technique avec un homme qui me connaissait bien mieux que je ne le connaissais. Il avait lu tout mon blog et se rappelait certains détails que j'avais moi-même oubliés. Il réussit à me prendre en défaut sur divers points de nos statuts que je n'avais pas lus. Statuts censés établir, du coup, qu'il fallait être coopté par le recteur pour pouvoir prétendre à la qualité de membre de l'association (art. 4 § C des statuts). Il insistait également sur le fait que j'aurais dû avoir sur moi ma carte de membre de l'association, si je l'étais vraiment.
J'affirmais quant à moi qu'étaient membres toutes personnes fréquentant la paroisse (art. 1 § C des mêmes statuts), que l'était même, plus généralement, toute personne se reconnaissant dans les valeurs de notre Communauté Hellénique de Lyon, que le titre de membre était reconnu à tous, en leur temps, par les anciens prêtres, et que le nouveau n'avait jamais pris officiellement la décision de retirer la qualité de membre à ceux qui l'étaient précédemment. Je crois que le sujet est trop important pour le réduire à une simple affirmation d'appartenance ou non. Je l'ai déjà évoqué au regard de notre tradition d'ouverture, et j'invite chacun à lire ou relire, là-dessus, Les identités meurtrières d'Amin Maalouf.
Un ami me disait récemment que le rôle d'un avocat est de montrer que le blanc est noir, et le noir blanc. Je nuancerai en disant que, dans un procès, à propos des faits que les juges tentent d'établir, l'un des avocats a ce rôle, tandis que l'avocat adverse est chargé de montrer que le blanc est plus blanc que blanc, et le noir plus noir. Quoi qu'il en soit, l'avocat n'est pas le juge et, en cas de divergence d'interprétation, les affirmations de mon interlocuteur n'engageaient que lui, et éventuellement son client non identifié.
J'étais un membre incontesté de l'association, notamment par diverses charges qui m'avaient été confiées. Je n'avais jamais été exclu, ce qui m'aurait ouvert les voies d'une contestation de la décision en question. La cotisation était irrégulière au regard de nos statuts, car prise hors du cadre prévu par l'article 5. L'avocat les connaissait mieux que moi. Par conséquent il était normal que je n'aie pas la carte fournie en même temps que la cotisation. J'avais sur moi le récépissé de ma candidature à l'élection du CA. Ma présence était donc prévisible et légitime.
L'avocat me dit que j'avais été exclu et qu'il était en mesure de produire la décision. J'affirmai que c'était faux, et il partit chercher la décision en question ainsi que la preuve de sa notification. Je le vis discuter avec le père Nicolas, qui monta à l'étage. Il en revint avec un papier qu'il présenta à l'avocat. Celui-ci n'eut pas l'air très convaincu par ce qu'il voyait et dut alors comprendre qu'il n'y avait de décision d'exclusion ailleurs que dans l'esprit du père Nicolas.
Il prit son téléphone et sortit appeler la police. Il revint se placer en face de moi tout en disant au policier en ligne que je refusais de sortir d'un lieu privé. Puis il me passa le combiné. Le policier au bout du fil, de permanence pour répondre au 17, s'enquit de ce qui se passait mais ne voyait pas l'urgence qu'il y avait à appeler la police. Je réaffirmai ma position, à savoir que j'étais membre d'une association et étais présent pour l'AG de cette association.
Le policier voulut savoir où j'étais. La question était formulée de telle manière que je crus qu'il me demandait ma domiciliation. Je lui répondis Francheville. Il me dit que ça ne le concernait pas, parce que Francheville dépendait de la gendarmerie, et je raccrochais.
Dépité, l'avocat me demanda pourquoi j'avais raccroché. La conversation était terminée et il était normal que je coupe. Il rappela la police en sortant de la salle, et obtint qu'une patrouille intervienne. Mais, Oh surprise ! lorsque la patrouille arriva, elle dit qu'il n'y avait pas d'infraction, que c'était un lieu privé, qu'ils étaient armés et n'avaient pas le droit d'entrer.
Nous avions donc des personnes présentes dans une salle d'où l'avocat voulait les voir sortir, ainsi que 3 vigiles qui disaient qu'ils n'étaient pas en droit de les expulser et, hors de la salle, 3 policiers non autorisés à entrer. Le dilemme était cornélien, ce qui était un comble pour les membres d'une association qui avaient décidé d'en bannir tout ce qui n'était pas grec.
L'avocat vint me dire que la police voulait me parler et me pria de sortir. Je savais que si je quittais la salle, il ne me serait plus possible d'y revenir, mais il semblait utile d'aller discuter avec les forces de l'ordre. Je suivis l'avocat et reconnus l'agent qui était intervenu dans l'église pour la venue du père Athanase, au motif dérisoire d'empêcher de filmer l'une des nombreuses personnes qui le faisaient.
J'affirmais quant à moi qu'étaient membres toutes personnes fréquentant la paroisse (art. 1 § C des mêmes statuts), que l'était même, plus généralement, toute personne se reconnaissant dans les valeurs de notre Communauté Hellénique de Lyon, que le titre de membre était reconnu à tous, en leur temps, par les anciens prêtres, et que le nouveau n'avait jamais pris officiellement la décision de retirer la qualité de membre à ceux qui l'étaient précédemment. Je crois que le sujet est trop important pour le réduire à une simple affirmation d'appartenance ou non. Je l'ai déjà évoqué au regard de notre tradition d'ouverture, et j'invite chacun à lire ou relire, là-dessus, Les identités meurtrières d'Amin Maalouf.
Un ami me disait récemment que le rôle d'un avocat est de montrer que le blanc est noir, et le noir blanc. Je nuancerai en disant que, dans un procès, à propos des faits que les juges tentent d'établir, l'un des avocats a ce rôle, tandis que l'avocat adverse est chargé de montrer que le blanc est plus blanc que blanc, et le noir plus noir. Quoi qu'il en soit, l'avocat n'est pas le juge et, en cas de divergence d'interprétation, les affirmations de mon interlocuteur n'engageaient que lui, et éventuellement son client non identifié.
J'étais un membre incontesté de l'association, notamment par diverses charges qui m'avaient été confiées. Je n'avais jamais été exclu, ce qui m'aurait ouvert les voies d'une contestation de la décision en question. La cotisation était irrégulière au regard de nos statuts, car prise hors du cadre prévu par l'article 5. L'avocat les connaissait mieux que moi. Par conséquent il était normal que je n'aie pas la carte fournie en même temps que la cotisation. J'avais sur moi le récépissé de ma candidature à l'élection du CA. Ma présence était donc prévisible et légitime.
L'avocat me dit que j'avais été exclu et qu'il était en mesure de produire la décision. J'affirmai que c'était faux, et il partit chercher la décision en question ainsi que la preuve de sa notification. Je le vis discuter avec le père Nicolas, qui monta à l'étage. Il en revint avec un papier qu'il présenta à l'avocat. Celui-ci n'eut pas l'air très convaincu par ce qu'il voyait et dut alors comprendre qu'il n'y avait de décision d'exclusion ailleurs que dans l'esprit du père Nicolas.
Il prit son téléphone et sortit appeler la police. Il revint se placer en face de moi tout en disant au policier en ligne que je refusais de sortir d'un lieu privé. Puis il me passa le combiné. Le policier au bout du fil, de permanence pour répondre au 17, s'enquit de ce qui se passait mais ne voyait pas l'urgence qu'il y avait à appeler la police. Je réaffirmai ma position, à savoir que j'étais membre d'une association et étais présent pour l'AG de cette association.
Le policier voulut savoir où j'étais. La question était formulée de telle manière que je crus qu'il me demandait ma domiciliation. Je lui répondis Francheville. Il me dit que ça ne le concernait pas, parce que Francheville dépendait de la gendarmerie, et je raccrochais.
Dépité, l'avocat me demanda pourquoi j'avais raccroché. La conversation était terminée et il était normal que je coupe. Il rappela la police en sortant de la salle, et obtint qu'une patrouille intervienne. Mais, Oh surprise ! lorsque la patrouille arriva, elle dit qu'il n'y avait pas d'infraction, que c'était un lieu privé, qu'ils étaient armés et n'avaient pas le droit d'entrer.
Nous avions donc des personnes présentes dans une salle d'où l'avocat voulait les voir sortir, ainsi que 3 vigiles qui disaient qu'ils n'étaient pas en droit de les expulser et, hors de la salle, 3 policiers non autorisés à entrer. Le dilemme était cornélien, ce qui était un comble pour les membres d'une association qui avaient décidé d'en bannir tout ce qui n'était pas grec.
L'avocat vint me dire que la police voulait me parler et me pria de sortir. Je savais que si je quittais la salle, il ne me serait plus possible d'y revenir, mais il semblait utile d'aller discuter avec les forces de l'ordre. Je suivis l'avocat et reconnus l'agent qui était intervenu dans l'église pour la venue du père Athanase, au motif dérisoire d'empêcher de filmer l'une des nombreuses personnes qui le faisaient.
église grecque orthodoxe de Lyon, le 23/11/2014, intervention de la police durant l'office |
Je lui fis remarquer qu'ils ne s'étaient pas tant gênés pour entrer dans l'église, en novembre. Il me répondit que, depuis, ils s'étaient faits taper sur les doigts et avaient pour consigne de ne jamais entrer dans un lieu privé. Je suppose que l'intervention du commandant Massoko n'était pas étrangère à ce rappel aux règles. Cette consigne avait été faite à toutes les forces de police de Lyon et nous n'étions pas prêts de revoir la BAC dans ses œuvres.
La discussion revint sur le motif du jour et l'organisation de l'AG. L'avocat avait sa version, et j'avais la mienne. Si nous ne pouvions pas régler ce genre de problèmes inhérents au fonctionnement d'une association lors de l'AG, quand pourrions-nous le faire ? Empêcher le débat ce jour-là revenait à prendre un abonnement pour bénéficier à tout propos de l'usage des patrouilles de police.
Le policier annula l'intervention d'un officier supérieur qu'il avait demandée pour débloquer la situation : un officier non armé chargé de parlementer. L'une de ses collègues lui demanda : C'est tout ? Tu annules l'intervention ? On ne l'embarque pas ? Ce à quoi elle se vit rétorquer : Et tu veux l'embarquer pour quoi ?
Le vigile qui connaissait déjà les lieux dit à ses collègues : Moi j'comprends plus rien ici. Mais avait-il déjà compris quelque chose auparavant ? Et ses employeurs l'avaient-ils engagé pour comprendre les choses ? Il revint à de plus justes considérations et me bloqua la porte de la salle pour que je ne puisse plus y entrer à nouveau. Une forme de seconde chance qui s'offrait à lui et qu'il mit à profit pour tenter de faire oublier la désastreuse nonchalance dont il avait fait preuve précédemment.
Mais trois autres étaient encore à l'intérieur. Qu'allait-il advenir d'eux ?
La discussion revint sur le motif du jour et l'organisation de l'AG. L'avocat avait sa version, et j'avais la mienne. Si nous ne pouvions pas régler ce genre de problèmes inhérents au fonctionnement d'une association lors de l'AG, quand pourrions-nous le faire ? Empêcher le débat ce jour-là revenait à prendre un abonnement pour bénéficier à tout propos de l'usage des patrouilles de police.
Le policier annula l'intervention d'un officier supérieur qu'il avait demandée pour débloquer la situation : un officier non armé chargé de parlementer. L'une de ses collègues lui demanda : C'est tout ? Tu annules l'intervention ? On ne l'embarque pas ? Ce à quoi elle se vit rétorquer : Et tu veux l'embarquer pour quoi ?
Le vigile qui connaissait déjà les lieux dit à ses collègues : Moi j'comprends plus rien ici. Mais avait-il déjà compris quelque chose auparavant ? Et ses employeurs l'avaient-ils engagé pour comprendre les choses ? Il revint à de plus justes considérations et me bloqua la porte de la salle pour que je ne puisse plus y entrer à nouveau. Une forme de seconde chance qui s'offrait à lui et qu'il mit à profit pour tenter de faire oublier la désastreuse nonchalance dont il avait fait preuve précédemment.
Mais trois autres étaient encore à l'intérieur. Qu'allait-il advenir d'eux ?
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