de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mercredi 12 novembre 2014

141- ...et État judaïque

On raconte parfois que l'État d'Israël se conduit avec les Palestiniens comme Hitler s'est conduit avec les juifs durant la seconde guerre mondiale. Durant la campagne présidentielle de 2012, la candidate Eva Joly affirmait partager le point de vue de Nathalie Arthaud sur le fait que Gaza n'était qu'un immense camp de concentration. Elle y avait été et parlait en connaissance de cause. Et tout cela bien avant la guerre qui rasa cette petite bande de terrain qui résiste encore et toujours à l'envahisseur.

Pourtant, je ne partage pas cette opinion. Je ne pense pas que ce soient les Israéliens qui se conduisent comme Hitler, mais plutôt qu'Hitler a copié les méthodes décrites dans la Torah. Dans un article très détaillé, Wikipedia nous rapporte qu'Hitler associait l'occultisme, l'ésotérisme, et le paranormal et une philosophie de l'histoire qui est un messianisme sécularisé. Prenons donc le temps de relire le texte abordé dans le précédent message.

Quand tu t'approcheras d'une ville pour la combattre, tu lui feras des propositions de paix. Si elle te répond : " Faisons la paix ! ", et si elle t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouve sera astreint à la corvée pour toi et te servira. Mais si elle ne fait pas la paix avec toi, et qu'elle engage le combat, tu l'assiégeras ; le Seigneur ton Dieu la livrera entre tes mains, et tu frapperas tous ses hommes au tranchant de l'épée. Tu garderas seulement comme butin les femmes, les enfants, le bétail et tout ce qu'il y a dans la ville, toutes ses dépouilles ; tu te nourriras des dépouilles de tes ennemis, de ce que le Seigneur ton Dieu t'a donné. C'est ainsi que tu agiras à l'égard de toutes les villes qui sont très éloignées de toi, celles qui ne sont pas parmi les villes de ces nations-ci.
Mais les villes de ces peuples-ci, que le Seigneur ton Dieu te donne comme patrimoine, sont les seules où tu ne laisseras subsister aucun être vivant. En effet, tu voueras totalement à l'interdit le Hittite, l'Amorite, le Cananéen, le Perizzite, le Hivvite et le Jébusite, comme le Seigneur ton Dieu te l'a ordonné, afin qu'ils ne vous apprennent pas à imiter toutes les actions abominables qu'ils font pour leurs dieux : vous commettriez un péché contre le Seigneur votre Dieu. (Deut. 20, 10-18)

Ce texte n'est pas le seul à avoir pu servir d'inspiration à la folie d'Hitler. Ceux qui voudront creuser la question pourront également lire, sans que cela soit limitatif : nb 21, 21-25 ; nb 21, 33-35; nb 33, 4 ; nb 31, 7-9 ; nb 31, 13-18 ; nb 33, 50-56 ; deut 2, 24-37 ; deut 3, 1-7 ; deut 3, 21-22 ; deut 6, 10-13 ; deut 7, 16-24 ; deut 31, 1-8 ; Jos 2, 8-13 ; Jos 6, 16-17 et 20-21 ; Jos 8, 1-2 ; Jos 8, 20-27 ; Jos 10, 28-40 ; etc.

Lorsqu'Hitler répond à Roosevelt, dans un discours du 28 avril 1939, il dresse la liste des pays pour lesquels l'Amérique souhaite un engagement de non agression. Par des formules allemandes subtiles et ironiques, il transforme cette liste en pays qu'il va agresser. Il répond ainsi à Roosevelt que celui-ce n'a rien à craindre, au moins pour lui-même, puisqu'il est loin. Il reprend en cela la terminologie du Deutéronome, en remplaçant les noms des Hittites, des Amorites, des Cananéens, des Perizzites, des Hivvites et des Jébusites (Deut. 20, 18), par ceux des Polonais, des Lituaniens, des Estoniens, des Danois, des Belges... Josué dressa une liste de 31 rois et leurs nations à exterminer (Jos. 12, 7-24).

Hitler fondait le pangermanisme sur l'annexion de terres qu'il considérait comme lui revenant de droit, tout comme Al Baghdadi aujourd'hui, ou les israélites du temps de Josué et de David.

Pourtant, ce droit, intimement lié à la conscience que nous nous forgeons de notre unicité, n'a rien de juridique. C'est pour cela que, pour tenter de le justifier au regard des autres, il ne reste que l'octroi divin, l'appartenance à un peuple élu ou supérieur, qui pourrait, lui, revendiquer la possession des terres convoitées.

Mais de même que les descendants d'Al Baghdadi ne seront jamais légitimes sur les terres qu'ils volent aux Irakiens, aux Syriens et peut-être bientôt aux Libanais et aux Turcs, ni demain, ni dans mille ans, les descendants de Josué n'ont jamais été légitimes, ni il y a mille ans, ni aujourd'hui, pour revendiquer une terre promise qu'ils auraient conquise il y a plusieurs millénaires. Ou, du moins, pas tant que les descendants des peuples qui étaient présents sur ces terres bien avant eux continueront à les défendre et les revendiquer. S'il est vrai que je ne suis pas généalogiste, il me semble que les Palestiniens d'aujourd'hui poursuivent la même lutte que les Philistins du temps du roi David. Wikipedia donne une carte frappante de ce qui était déjà la bande de Gaza résistant aux conquêtes de ce roi.

Carte d'Israël sous la monarchie unifiée lors des règnes de David et Salomon (à partir du récit qu'en fait la Bible, « de Dan à Beer-Sheva »). En rouge, le cœur du royaume est le territoire historique de la tribu de Juda ; en rose, les territoires peuplés par les Israélites ou sous administration royale directe.


David a étendu les conquêtes, mais n'a pas eu le droit de construire le Temple de Dieu, à cause du sang qu'il avait sur les mains. David dit à Salomon : " Mon fils, j'avais l'intention de bâtir une maison au nom de l'Éternel, mon Dieu. Mais la parole de l'Éternel m'a été ainsi adressée : 'Tu as versé beaucoup de sang, et tu as fait de grandes guerres ; tu ne bâtiras pas une maison à mon nom, car tu as versé devant moi beaucoup de sang sur la terre' ". (1Ch. 22, 7-8).

C'est Salomon, parce qu'il n'avait pas versé de sang, qui fut digne de construire le Temple.

Pourtant, malgré le désaveu de David par Dieu, les dirigeants actuels d'Israël continuent de croire qu'ils servent ce Dieu en menant leurs guerres de conquêtes. Ils continuent de croire qu'ils peuvent les conduire suivant les principes du Deutéronome : asservir ceux qui veulent la paix, ou anéantir ceux qui refusent de se soumettre (Deut. 20, 10-12).

C'est ainsi qu'aujourd'hui, Mahmoud Abbas négocie une paix qu'il n'aura jamais, en poursuivant des pourparlers que Yasser Arafat avait entamés il y a 50 ans. Si l'intention de ces dirigeants est pieuse, elle n'en reste pas moins naïve car, dans l'esprit des Israéliens, le seul but de ces négociations est de traîner en longueur pour asservir ceux qui pourraient croire en cette paix. Et si l'on regarde ce que ces négociations ont apporté, on ne voit qu'occupation, annexions de terres, nouvelles colonies, expropriation des habitants, vol de leurs terres, vol de leur eau, mise sous tutelle des comptes bancaires de leur autorité, contrôle de leurs frontières et des déplacements de leurs dirigeants, arrestations arbitraires, emprisonnements sans procès...

Abbas n'a fait que perdre les territoires qu'il déclare être siens et se plier à l'armée d'occupation pour voir les colonies s'étendre. Il se retrouve à faire le gendarme des occupants avec une police dont le seul pouvoir est d'arrêter les Palestiniens, mais jamais les Israéliens. Il ambitionne de défendre un territoire avec une armée qui n'a pas d'armes.

Le Hamas, au contraire, et bien que je sois généralement opposé à l'idéologie des Frères Musulmans et à leur action dans d'autres pays, est ici dans le rôle du résistant qui refuse cet asservissement. C'est ainsi que la dernière guerre de Gaza avait pour but d'éradiquer son influence par l'extermination de ses membres. Netanyahou leur attribua la responsabilité du crime de trois jeunes hommes, sans enquête ni procès, suivant le dicton : quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage. Il bombarda leurs villes, leurs écoles, leurs hôpitaux et leur population, reprenant en cela le précepte du Deutéronome recommandant de tous les frapper du tranchant de l'épée.

Et c'est dans cette action que se situe la différence entre le judaïsme et le sionisme. Le judaïsme vient de la croyance dans le Dieu unique qui s'est manifesté à Abraham. Ce Dieu se présenta sous la forme de trois hommes qu'Abraham accueillit. Ils lui annoncèrent que sa femme Sara, âgée et stérile, allait enfanter. Ces hommes qu'il avait nourris lui annoncèrent qu'ils partaient détruire Sodome et Gomorrhe. Malgré la corruption qui gangrenait ces villes, Abraham essaya de les sauver en convaincant ces hôtes de renoncer à leur projet (Gn. 18).

Si c'est à moi que ces trois hommes étaient apparus, je les aurais simplement remerciés pour leur bénédiction et je les aurais laissés aller, en me disant que le sort de Sodome et Gomorrhe ne me concernait pas. Ou peut-être même les aurais-je encouragés dans leur action en leur souhaitant bon voyage. Ou bien leur aurais-je dit qu'il y a longtemps qu'on attendait que Dieu se décide enfin à prendre des mesures. Ou encore leur aurais-je dressé une liste complémentaire de villes qu'ils avaient oubliées et dont il serait judicieux qu'ils s'occupent par la même occasion.

Mais Abraham, sachant pertinemment, pour vivre à proximité, quelle était la corruption de ces villes, chercha à les sauver. Et c'est en cela qu'il se distingua aux yeux de Dieu.

Les Israéliens d'aujourd'hui ne pourront jamais prétendre être dignes d'Abraham tant qu'ils se réjouiront de la destruction des villes qu'ils n'ont pas pu conquérir. Ni tant qu'ils chanteront : Gaza est un cimetière, il n'y aura pas d'école demain, on a tué tous les enfants !



Le message du Christ, longtemps plus tard, ne reprendra rien d'autre que le message qui se cachait dans cette intercession d'Abraham. Et c'est encore ce même message qui se manifestait chez les Prophètes.

A l'origine, il n'y avait pas de roi pour gouverner les tribus d'Israël. Seul un juge était chargé de régler leurs différends. Ils occupaient une terre qu'ils avaient conquise et s'étaient partagée, mais n'étaient pas organisés en nation. Et lorsqu'ils demandèrent un roi pour les gouverner, Dieu dit au prophète Samuel : Ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi qu'ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux (1Sam. 8, 7). C'est pour cette raison qu'aujourd'hui encore, une grande partie des juifs religieux refusent l'existence de l’État d'Israël, qu'ils considèrent comme un éloignement des préceptes de Dieu.



Lorsque Dieu se manifesta au prophète Élie, Il dit : Sors, et tiens-toi dans la montagne devant l'Éternel ! Et voici, l'Éternel passa. Et devant l'Éternel, il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : l'Éternel n'était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre : l'Éternel n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : l'Éternel n'était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger. Quand Élie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, il sortit et se tint à l'entrée de la caverne. (1Rois 19, 11-13).

Nous pourrons toujours faire, au nom de Dieu et de ses commandements, toutes les guerres que nous voudrons, détruire des peuples ou les asservir, Dieu ne sera jamais dans le fracas de nos armes, ni dans la fureur de nos cris. Il a toujours été et sera toujours dans le murmure doux et léger qui s'adresse au cœur et lui fait ressentir sa paix. Tout le reste n'est qu'illusions.

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