Ces dernières semaines, le père Nicolas Kakavelakis s'en est pris plusieurs fois au souvenir de personnes suicidées. Ses propos confus, fruits de la sagesse pastorale que nous lui connaissons, ne permettaient pas de savoir s'il était lui-même tenté de mettre fin à ses jours, ou s'il visait un autre but.
L'histoire me rappela le magnifique poème de Victor Hugo sur La conscience, qui tourmenta Caïn par-delà la tombe. Aussi, en hommage à ces deux personnages, le poète glorieux et le prêtre misérable, je dédie les vers qui suivent.
Possédé des désirs d'une vie désœuvrée,
Et mu par les passions dont il était hanté,
Déguisé en prêtre, arriva Kakavel,
À Lyon dont il devait desservir la chapelle.
S'octroyant le beau rôle et bercé d'illusions,
Il croyait maintenir ses ouailles en prison.
Attirant une fille dans son lit d'amoureux,
Il tenta par un film de subjuguer ses yeux.
Il tenta par un film de subjuguer ses yeux.
Tel un sot sans cervelle, il apprit après coup,
Qu'on ne saurait cacher ce qu'on fait par-dessous.
Ni menaces ni pressions, ni violences ni chantages
Ne purent étouffer l'histoire du volage.
Pris dans la tourmente, et telle sa conscience,
Il vit, par devant lui, dressée, une présence.
Comme Caïn jadis en avait fait le vœu,
Il voulut lui aussi se soustraire à ces yeux.
Sa conscience agissait. Et se trompant de cible,
Il crut la faire taire en la passant au crible.
Ne cessèrent jamais mensonges, calomnies,
Toujours il s'obstinait, abîmé dans sa nuit.
Ses manœuvres sournoises, violentes, arbitraires
Firent mieux voir encor son sacré caractère.
Par toutes ces bassesses c'est toujours plus près d'eux,
Qu'au lieu de s'éloigner, il butait sur ces yeux.
Le jour où le tombeau se fermera sur lui,
Léguant aux souvenirs les heures de sa vie
À quiconque sera en pleurs ou en prière,
Trop inquiet de son sort ou naïvement fiers,
À qui demandera s'il est enfin en paix,
Ou bien souhaitera qu'il le soit en effet,
Tel Caïn tourmenté par son crime envers Dieu,
Il dira voir encore et toujours ces deux yeux !
Rien que lucidité peut du cœur apaiser
Les tourments dévorant la conscience outragée.
Ni de nouvelles fautes, pas plus qu'aucune fuite,
N'effaceront jamais les erreurs de conduite.
Réparant ses écarts par un regret fervent,
C'est par une vie juste qu'on apaise le tourment.
Car alors cet impie, soudain devenu pieux,
Percevra la sagesse au tréfonds des deux yeux.
Père N. Kakavelakis - Dessin agiographique - Noël 2010 |
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