Un dogme est une affirmation considérée comme fondamentale, incontestable et intangible par une autorité politique, philosophique ou religieuse.
Dans l’Église orthodoxe, il n'existe que trois dogmes :
- Dieu est Un en Trois Personnes, Père, Fils et Saint-Esprit ;
- Le Christ, Fils de Dieu, est pleinement Homme et pleinement Dieu ;
- Marie, Mère de Dieu, est toujours vierge.
Nous avons vu dans le précédent message que l’Église catholique a dogmatisé des idées qui relèvent de sa souveraineté, ou de l'application de sa politique, mais pas de sa foi. Le dogme de l'infaillibilité du pape n'étant que l'un d'eux.
Mais il n'est pas besoin d'être un grand théologien pour considérer que le fait, en somme, de placer sur un même plan l'infaillibilité du pape et la divinité du Christ pose problème. En posant ce dogme, la papauté n'a fait qu'imiter l’Égypte antique, qui divinisait ses pharaons. Une méthode efficace pour asseoir un pouvoir sur une population donnée, mais une méthode qui vient du paganisme et non du christianisme.
Les orthodoxes considèrent que ce qui a été cru partout, par tous et en tout temps est la marque de l'Esprit-Saint qui guide l’Église. C'est pour cela que les décisions qui touchent l’Église ne peuvent être prises qu'à l'unanimité de l'ensemble des Églises du monde. C'est dans ce sens qu'est préparé le prochain concile panorthodoxe. L’Église pourrait donc ainsi, d'une certaine façon, être considérée comme infaillible, bien qu'il ne s'agisse pas d'un dogme, mais d'une conception spirituelle.
Mais il n'est pas besoin d'être un grand théologien pour considérer que le fait, en somme, de placer sur un même plan l'infaillibilité du pape et la divinité du Christ pose problème. En posant ce dogme, la papauté n'a fait qu'imiter l’Égypte antique, qui divinisait ses pharaons. Une méthode efficace pour asseoir un pouvoir sur une population donnée, mais une méthode qui vient du paganisme et non du christianisme.
Les orthodoxes considèrent que ce qui a été cru partout, par tous et en tout temps est la marque de l'Esprit-Saint qui guide l’Église. C'est pour cela que les décisions qui touchent l’Église ne peuvent être prises qu'à l'unanimité de l'ensemble des Églises du monde. C'est dans ce sens qu'est préparé le prochain concile panorthodoxe. L’Église pourrait donc ainsi, d'une certaine façon, être considérée comme infaillible, bien qu'il ne s'agisse pas d'un dogme, mais d'une conception spirituelle.
En juin 2010, Benoît XVI demandait pardon pour les fautes de l’Église. Ce faisant, il considérait que l’Église, guidée par l'Esprit-Saint et le Christ (Matth. 28, 20 ; Jn 15, 26), pouvait être faillible, tout en revendiquant que lui-même ne l'était pas. Il se plaçait ainsi au-dessus de l’Église. Il induisait ainsi que l'Esprit le guidait lui, mais ne guidait pas toujours l’Église...
Si certains dogmes relèvent ainsi de la politique, d'autres relèvent de la croyance, comme le Filioque, adjonction au dogme de la Trinité, ou l'Immaculée conception. Si le Filioque est un dogme ancien et puise sa source dans les écrits de saint Augustin, l'Immaculée conception ne date que du 8 décembre 1854. Tous ces ajouts, dont certains sont plus que douteux, ne font que dresser des barrières entre les hommes, sans les rapprocher de la Vérité.
Venant expliciter les dogmes, la doctrine de l’Église est définie par les conciles, qu'ils soient œcuméniques ou non. Elle s'inspire souvent des écrits des Pères de l’Église et évolue dans son application pour prendre en compte les changements de la société. Nous avons vu que le concile de Moscou avait fixé la doctrine sociale de l’Église russe à la fin de l'ère communiste. La doctrine est fixée suivant les préceptes de l’Évangile, mais également, bien souvent, par l'enseignement des spirituels qui la nourrissent de leur expérience, ainsi que par la culture des pays. Dans l’Église catholique, la doctrine est généralement fixée par le pape, au travers de ses encycliques, sortes de décrets d'application.
L'une des divergences entre l'Orient et l'Occident vient de ce rapport à l'héritage des Pères. En Orient, nombreux sont les penseurs sur lesquels s’appuient la doctrine de l’Église, ce qui permet de compléter, d'approfondir, ou d'enrichir la pensée de tel ou tel Père par celle d'un autre.
Ces Pères ne sont pas cantonnés à une région, même si la Cappadoce en a vu naître de nombreux. Ils ne sont pas davantage limités à une époque, qui aurait pris fin il y a fort longtemps. Basile le Grand, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome, communément appelés les trois saint Hiérarques, sont des Pères cappadociens du IVème siècle, mais Grégoire Palamas, Maxime le Confesseur, Isaac le Syrien et bien d'autres parsèment l'histoire de l'orthodoxie.
En Occident, la théologie d'Augustin d'Hippone sert de fondement pour la doctrine catholique. L'œuvre de saint augustin est certes colossale, mais l'Occident s'est enfermé en faisant abstraction de tout ce qui venait à son encontre. Le Filioque, par exemple, trouve ses origines dans les écrits d'Augustin, et jamais la papauté n'accepta de prendre en compte la pensée orientale lorsqu'elle décida d'ériger cette réflexion métaphysique en dogme.
L'une des divergences entre l'Orient et l'Occident vient de ce rapport à l'héritage des Pères. En Orient, nombreux sont les penseurs sur lesquels s’appuient la doctrine de l’Église, ce qui permet de compléter, d'approfondir, ou d'enrichir la pensée de tel ou tel Père par celle d'un autre.
Ces Pères ne sont pas cantonnés à une région, même si la Cappadoce en a vu naître de nombreux. Ils ne sont pas davantage limités à une époque, qui aurait pris fin il y a fort longtemps. Basile le Grand, Grégoire le Théologien et Jean Chrysostome, communément appelés les trois saint Hiérarques, sont des Pères cappadociens du IVème siècle, mais Grégoire Palamas, Maxime le Confesseur, Isaac le Syrien et bien d'autres parsèment l'histoire de l'orthodoxie.
En Occident, la théologie d'Augustin d'Hippone sert de fondement pour la doctrine catholique. L'œuvre de saint augustin est certes colossale, mais l'Occident s'est enfermé en faisant abstraction de tout ce qui venait à son encontre. Le Filioque, par exemple, trouve ses origines dans les écrits d'Augustin, et jamais la papauté n'accepta de prendre en compte la pensée orientale lorsqu'elle décida d'ériger cette réflexion métaphysique en dogme.
On pourrait évoquer de très nombreux autres points de divergence entre les catholiques et les orthodoxes. Citons-en quelques-un à titre d'exemple.
Au point de vue ecclésiologique :
- il faut deux évêques pour en ordonner un troisième (O), alors qu'aucun évêque ne peut exercer sans la désignation du pape (C) ;
- le peuple valide l'élection d'un clerc et peut s'y opposer (O), mais n'a pas son mot à dire chez les catholiques. Je ne parle ici que de la théorie, et reviendrai sur le cas du métropolite Emmanuel Adamakis et le Daru-gate une autre fois ;
- les règles - dont beaucoup sont reprises dans la doctrine de l’Église - servent à guider les hommes, mais les pères spirituels ont une grande liberté pour les adapter à l'évolution spirituelle de chacun (O), alors qu'elles s'imposent aux croyants (C) ;
- du point précédent découle une approche divergente sur les cas de divorce et de nombreuses questions de société.
Au plan liturgique, on peut relever :
- le baptême par immersion (O), ou le baptême par aspersion (C) ;
- un prêtre ne peut pas célébrer d'office s'il n'y a pas au moins un fidèle orthodoxe avec lui (O) ; alors qu'un prêtre catholique peut célébrer même s'il est seul ;
- la communion se fait sous les deux espèces (O), ou sous la seule forme du pain (C) ;
- le pain liturgique est fait avec du levain (O), ou il il est azyme, comme le pain des juifs (C) ;
- la transsubstantiation se fait au moment de l'élévation (O), ou au moment de la prononciation des paroles du Christ (C) ;
- le prêtre prie face à l'autel et face à Dieu (O), ou face à au peuple depuis Vatican II (C) ;
- que le Christ te pardonne est la formule utilisée pour l'absolution (O), plutôt que je vous pardonne tous vos péchés (C) ;
- le baptême, la confirmation et la première communion sont liés et possibles dès la naissance (O), ou seulement par étapes qui ponctuent la vie de l'enfant (C) ;
- un divorce est l'annulation du mariage (O), ou la nullité du mariage - le mariage est alors réputé n'avoir jamais existé, même s'il y a eu des enfants entre temps (C) ;
- les mariages ou les baptêmes sont des offices immuables (O), ils peuvent être composés à la demande par les laïcs (C) ;
- après la mort, le sort de l'âme est le mystère de Dieu dans l'attente du Jugement (O), alors qu'elle est condamnée à expier ses fautes dans le purgatoire, sorte de salle d'attente avant le jugement dernier (C).
Au plan culturel :
- les symboles ne sont jamais représentés sur les icônes (O), alors qu'ils gardent une place dans la peinture religieuse (C) ;
- place des icônes (O), ou des statues (C) ;
- port de la barbe chez les clercs (O), ou non (C), même si, sur ce point, le métropolite Emmanuel Adamakis a déjà commencé à prêcher l'union ;
- le signe de croix se fait de droite à gauche (O), ou de gauche à droite (C) ;
- absence d'instruments de musique dans les offices (O), ou possibilité de leur présence (C).
Je suis toujours très embêté lorsqu'on me demande quelles sont les différences entre les orthodoxes et les catholiques. Des hommes très savants ont écrit des livres entiers sur chacun de ces points de divergence, et sur bien d'autres encore.
La plupart des divergences énumérées ci-dessus restent néanmoins facilement surmontables, car pouvant légitimement cohabiter au sein d’Églises réunifiées, et n'étant pas dogmatisées. Aucun de mes enfants n'est pareil, et je commettrais une faute grave si je voulais les plaquer sur le même modèle que j'aurais fixé au préalable. Il est légitime que chaque homme ait ses particularités propres, et cela vaut aussi bien pour les groupes humains et les Églises.
Les véritables problèmes viennent de ce qui a été dogmatisé, ainsi que des flots de sang qui ont coulé à travers l'Histoire chaque fois que l'Occident a voulu écraser les autres nations non soumises et leur imposer sa façon de penser.
Quelles que soient les unions, évidemment souhaitables, entre des institutions qui s'affrontent depuis presque aussi longtemps qu'elles existent, et je dirais même quelle que soit la part de vérité qu'elles prêchent, n'oublions jamais que, en tant que chrétiens, ce n'est pas l'appartenance à l’Église qui fait notre valeur, mais le respect et l'application du message du Christ. Et, à ce propos, ses paroles furent sans appel. Le Christ dit en effet à la Samaritaine, considérée par les juifs de son époque comme une hérétique : Femme, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l’adorent l’adorent en esprit et en vérité. (Jn 4, 21-24)
Laissons donc les égarés à leurs propres anathèmes et faisons attention à rester justes dans ce que nous faisons, en gardant à l'esprit que la recherche de la Vérité est le Chemin qui conduit à la Vie. C'est sur ce principe que nous pourrons réellement être unis, bien au-delà des catholiques et des orthodoxes, dans l'amour plus que dans les textes.
Laissons donc les égarés à leurs propres anathèmes et faisons attention à rester justes dans ce que nous faisons, en gardant à l'esprit que la recherche de la Vérité est le Chemin qui conduit à la Vie. C'est sur ce principe que nous pourrons réellement être unis, bien au-delà des catholiques et des orthodoxes, dans l'amour plus que dans les textes.
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