de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 10 décembre 2016

230- Congé parental



Après avoir étudié la création du Centre Culturel Hellénique de Lyon et la manière dont la communauté hellénique a fonctionné entre la loi 1901 et la loi 1905, il faut maintenant faire un bond dans le temps jusqu'au mois de septembre 2010 et le départ du père Athanase Iskos de Lyon. Départ dont on nous jurait qu'il serait avantageusement compensé par la venue du père Nicolas Kakavelakis.

L'une des premières préoccupations du père Nicolas fut de s'assurer la prise de contrôle de l'association, au travers du Conseil d'Administration. Après avoir été élu au poste de président, dans des conditions contestables et contestées, il tenta de mettre en avant le caractère purement cultuel de cette association.

À ceci près qu'il ne disposait pas de l'autorisation préfectorale indispensable à l’obtention de cette reconnaissance, dont la dernière avait pris fin en décembre 2007. Il subordonna l'appartenance à la communauté hellénique à des conditions d'exclusivité cultuelle, au mépris de sa tradition et sans prendre en compte la multiplicité des activités pratiquées au sein de l'association (école, voyages, fêtes, etc.).

Ce faisant, il s'enfermait, et tentait par là-même de nous enfermer également, dans un communautarisme que nous ne pouvions accepter.

Le refus de ce communautarisme est la raison principale de la procédure en justice engagée par plusieurs membres de cette communauté, afin de rendre à l'association l'ouverture qu'elle a toujours revendiqué. Je n'ai aucun doute sur le fait que le tribunal de grande instance de Lyon annulera jusqu'à l'élection de monsieur Kakavelakis, et tout ce qui en a découlé.

Le refus de ce communautarisme est également la raison première de la scission de l'école grecque de Lyon. L'une des parties de cette école a pris son indépendance au travers de l'association I Milia. L'autre est restée à l'association Communauté Hellénique de Lyon, avec le père Nicolas Kakavelakis dans le rôle de l'enseignant.

En effet, malgré le fait qu'il fit tout ce qui était en son pouvoir pour cantonner la Communauté Hellénique de Lyon à son seul aspect cultuel, le père Nicolas est un fonctionnaire de l'État grec, ayant le titre d'instituteur et rémunéré comme tel. Il fit donc tout ce qu'il pouvait pour que le fonctionnement exclusivement cultuel de l'association qu'il revendiquait pour les autres ne s'applique pas à lui.


Après que les Grecs aient massivement refusé, par référendum, l'application d'un nouveau plan d'austérité, Alexis Tsipras, qui avait pourtant convoqué ce référendum, décida de passer outre la volonté du peuple et de céder aux créanciers de la Grèce. Il s'aperçut vite que l'aile gauche de son parti n'allait pas le laisser trahir ainsi son mandat et son peuple, et décida de s'en débarrasser. Pour ce faire, il convoqua de nouvelles élections législatives pour le mois de septembre 2015. Était notamment visée la présidente du parlement, Zoé Konstantopoulou, qui restait opposée de toutes ses forces aux plans d'austérité.

Entre le résultat du référendum et ces élections, Tsipras prit des mesures d'urgence pour satisfaire ses créanciers. Il obtint le départ de Yánis Varoufákis, fit voter en urgence de nouveaux mémorandum d'austérité, etc.

Dans les mesures peu connues, il y eut le rappel des prêtres-enseignants sur leur lieu d'affectation. 

En Grèce, les prêtres et les enseignants sont fonctionnaires et dépendent du même ministère : le ministère de l'éducation et des cultes.

Et lorsqu'un prêtre est également enseignant, il a deux fonctions et perçoit donc un double salaire. C'était du moins le cas jusqu'à ce que les mesures d'austérité les obligent à renoncer à l'une de ces deux rémunérations. Et lorsque l'enseignant est expatrié, il perçoit une prime en supplément.

Le père Nicolas Kakavelakis, à Lyon, fait partie de ces prêtres-enseignants. Il fut visé par la mesure de Tsipras qui le réaffectait en Grèce, durant l'été 2015. 

Mais la place à Lyon est bonne, comme nous le verrons prochainement. Aussi tenta-t-il de se soustraire à ce rappel pour ne pas avoir à retourner en Grèce. Pour cela, il demanda un congé parental en urgence et l'obtint.

Mais le clergé grec était actif. Malgré la détermination affichée de Tsipras de se couper de son influence, il finit par céder et annula la mesure de rappel qui touchait les prêtres-enseignants.  

Le père Nicolas Kakavelakis avait déjà obtenu son congé lorsque Tsipras retira son ordre de rappel. Durant un an, il allait continuer à percevoir une large part de son salaire, sans travailler, suivant les règles du droit grec. Le principal étant néanmoins qu'il pourrait rester à Lyon.

Un autre enseignant fut nommé pour le remplacer : madame Maria Charitaki. Elle n'allait percevoir aucune prime d'expatriation pour occuper ce poste. L’État grec y trouvait d'autant plus son compte qu'un seul enseignant allait assurer les cours des deux écoles grecques de Lyon.

Ce fut cette année-là que je décidais de reprendre des cours de grec à l'école de la Communauté hellénique de Lyon. Madame Charitaki allait être mon enseignante.

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