L'île
de Lesbos fait
partie des trésors de la Grèce. Elle est également appelée Mytilène, du nom de sa
capitale. Chaque été, elle attire à elle, tant les touristes en quête
d'exotisme, que les habitants qui ont quitté l'île pour aller travailler de par
le monde. Y viennent également des touristes heureux d'y retrouver les lieux où
vécut l'antique poétesse Sappho,
personnage par lequel le nom de Lesbos entra dans le langage courant pour
donner le nom commun lesbienne.
Une
pieuse famille grecque partit, comme chaque année, passer ses vacances sur
cette île où elle a gardé sa maison familiale et ses origines.
Il
y a quatre jours, le 22 juillet, ils décidèrent d'aller au restaurant Avlaki,
tenu par des membres de leur famille. A cela rien d'étonnant car, comme l'a
très bien remarqué Goscinny : en Grèce, tout le monde est cousin.
Le soir était calme et le restaurant se remplissait. Ils s'assirent donc à
une table et discutèrent.
Au bout d'un moment, à 20h15 heure de Grèce, un jeune homme arriva. Il
avait la vingtaine, blond aux yeux bleus, d'allure efféminée. Il portait une
chemise légère rayée de bleu. Le serveur le plaça à une table voisine de cette
famille.
Un autre homme, que l'on pourrait qualifier de nettement plus âgé, le
suivit de peu. Vêtu d'un tee-shirt bleu ciel rentré dans le pantalon, il attira
beaucoup plus le regard de notre famille, car il portait un chapeau de paille
de type trilby et des lunettes noires. L’accoutrement
était curieux à cette heure où le soleil avait disparu.
Devant
les serveurs et les familles de locaux, qui parlaient grec, ils optèrent pour
la discrétion et se mirent à parler en français. Ils ne réalisèrent qu'au cours
du repas que leurs voisins de table parlaient un français impeccable.
L'un
des convives fit davantage attention et reconnut, après que son voisin eut
enlevé ses lunettes noires pour prendre ses aises, le visage de MonseigneurEmmanuel Adamakis, Métropolite de France et membre du Corps Diplomatique de
l'Ambassade de Grèce à Paris.
Contrairement
à ce que nous pensons tous au premier abord, Monseigneur ne parlait pas à ce
jeune homme de son édification spirituelle...
Gênés
par la présence de cette famille, qui ne leur permettait pas la discrétion
qu'ils semblaient rechercher, Monseigneur et son jeune hôte parlèrent alors
anglais. Langue qu'ils maniaient avec moins d'aisance. Mais, très vite, on
sentit que cette proximité inopportune d'une famille qui l'avait reconnu avait
gâché le repas et la soirée du Métropolite. La mine déconfite, Monseigneur
avait perdu l'aspect enjoué qu'il avait en arrivant et que nous ne lui
connaissions pas.
Le
repas fut vite expédié, dans un quasi silence, lui faisant sans doute regretter
le monastère qu'il n'aurait pas dû quitter, si tant est qu'il y eût jamais mis
les pieds.
Fait
curieux, le Métropolite avait rasé sa moustache et son petit bouc
caractéristique, qu'il porte depuis des dizaines d'années, et avait enlevé tout
signe vestimentaire qui aurait pu rappeler sa fonction. S'il convient de rappeler
que les canons de l’Église interdisent au clergé orthodoxe de se couper la
barbe, il n'en ressort pas moins que cela lui donnait une fraîcheur peu
coutumière : il devrait se raser plus souvent !
Le repas passant, la famille s'agita davantage et se dit, sans trop de discrétion, qu'il fallait faire une photo.
A
ces mots, le Métropolite prit son téléphone et se tourna. Puis il demanda
l'addition et partit sans tarder avec son compagnon (de restaurant).
Il
prit néanmoins la peine de demander une facture. Peut-être pour se faire
rembourser ses frais de déplacement par des âmes généreuses, heureuses de
participer ainsi au rayonnement de l'Orthodoxie.
La
famille faisant partie des lecteurs de mon blog, cette histoire me fut racontée
sans délai et sans intermédiaires.
Sollicitée
pour confirmer ou démentir cette information, la Métropole Grecque de Paris
s'est refusée à tout commentaire.
Si
d'aventure elle voulait contester ce récit, je reste à sa disposition pour
organiser une confrontation entre les témoins et le Métropolite, en présence
des représentants de la Métropole. Mais il existe un moyen beaucoup plus simple
pour que cette histoire discrédite totalement les témoins et m'oblige à
apporter un démenti : le bouc et la moustache du Métropolite ! En quatre jours,
ils n'ont pas pu repousser. Si donc le Métropolite apparaît maintenant avec ses
addenda pileux, c'est qu'il aura été victime d'un fâcheux concours de
circonstances.
Un
selfie serait également un
élément probant qu'il pourrait apporter.
Pour
ma part, connaissant la probité des témoins, je reste persuadé que personne ne
reverra le Métropolite jusqu'à ce qu'il puisse à nouveau donner l'illusion des
apparences. Je ne tirerai pourtant aucune conclusion hâtive visant à expliquer
pourquoi le Métropolite Emmanuel a toujours soutenu le père Nicolas
Kakavelakis, lorsqu'une jeune étudiante s'était plainte
à la police du comportement
de ce dernier.
Alors que penser de tout ceci ?
Il convient d'abord de relever que si le Métropolite Emmanuel vise vraiment le poste d'Archevêque des États-Unis, pour se rapprocher des réseaux qui lui ouvriront les portes du Patriarcat de Constantinople, il a tout intérêt à faire des progrès en anglais.
La tradition orthodoxe, dans la continuité de la loi juive de l'Ancien Testament, considère l'absence de tonsure comme une marque de consécration à Dieu. C'est pourquoi notre clergé est censé ne pas se raser les cheveux et la barbe. Même lorsque, comme sur la photo ci-dessous, il s'agit de prêtres mariés vivant dans le monde.
Nous pensions généralement que les prêtres qui ne
gardaient qu'une barbe symbolique avaient une tendance moderniste
pro-occidentale relevant davantage d'un problème de rasoir que d'un signe de
consécration à Dieu.
Mais
force est de constater que le Métropolite est un petit futé qui a trouvé un
avantage très personnel au port d'une barbe courte : on peut la raser
facilement, passer des vacances anonymes en toute tranquillité, et la
laisser repousser dix jours avant de reprendre le boulot.
On
peut encore considérer que les îles grecques ont un grave défaut : elles sont
pleines de Grecs ! Il n'est jamais très aisé d'assurer sa discrétion au milieu
d'une population susceptible de nous reconnaître. Même lorsque, comme c'est le
cas à Avlaki, les lieux sont davantage fréquentés par des touristes que par des
Grecs. Gageons que le Métropolite préfèrera changer de destination pour ses
prochaines vacances et optera, par exemple, pour la Thaïlande, les Philippines
ou le Maroc. Lieux tout autant pleins de soleil et de beaux paysages.
J'espère
également qu'il se sera lavé les mains le jour où je retournerai la lui
embrasser...
Plus
sérieusement, j'espère enfin que cette anecdote rappellera au clergé qu'il
représente le Christ, qui a dit : Il n'y a rien de caché qui ne doive être
révélé, ni de secret qui ne doive être connu (Lc 12, 2). Sans doute
est-il temps qu'il commence à y croire et, pour certains, qu'ils démissionnent
de postes qu'ils souillent par leur présence.