Le père Nicolas Kakavelakis avait décidé que je n'entrerais pas dans l'église pour Noël, fût-ce en usant de moyens illégaux et violents, et s'était organisé en conséquence.
Le décor était planté, l'équipe en place et les spectateurs au premier rang. Le père Grigorios Ioannidis, vicaire du métropolite Emmanuel Adamakis, s'était positionné pour ne rien rater du spectacle ; les acteurs - vraisemblablement trois Albanais, un Grec et un Géorgien - prêts à jouer leur rôle.
J'avançai d'un pas déterminé, sans prêter attention à ces cinq personnes. Mais, comme dans un goulot d'étranglement, elles avancèrent vers le portail pour m'en interdire l'accès. Certaines d'entre elles ne parlaient pas le français, je ne les avais jamais vus, mais on sentait qu'elles avaient été conditionnées pour remplir une mission divine.
Les tentatives d'explication dégénérèrent vite en altercation sur la voie publique. Alertés par le bruit, des habitants sortirent sur leurs balcons et menacèrent d'appeler la police. À ces mots, l'ardeur de ces zélés partisans fut freinée.
Là-dessus Jean-Paul C., un ami de longue date, arriva pour l'office. Il discuta avec le commando en expliquant en grec qu'il y avait un malentendu et qu'ils se faisaient manipuler par le père Nicolas. La crainte de la police aidant, le commando finit par nous laisser entrer, en précisant bien qu'il ne devait pas y avoir de trouble à l'intérieur. Mais le seul à créer du trouble était déjà dedans.
Le père Grigorios, qui avait tout regardé sans intervenir, nous précéda à l'intérieur.
Il devait être peu après 9 heures 30. Bien qu'ayant dû commencer son office à 9 heures, le père Nicolas n'avait toujours pas commencé. Lorsqu'il nous vit entrer tous ensemble, il comprit que ses manœuvres n'avaient pas fonctionné comme prévu.
Il ne pouvait plus se cacher derrière des abrutis manipulables, à qui sa fonction de prêtre lui permettait de faire exécuter à peu près n'importe quoi sans se poser de questions. S'il voulait une chose, il allait devoir l'obtenir par lui-même.
Il ne put contenir sa rage plus que quelques instants et se précipita en criant vers Jean-Paul C. En fait, non ; orné de ses vêtements liturgiques il ne criait pas, il hurlait. Je ne compris pas les mots échangés en grec.
Après avoir ainsi invectivé Jean-Paul, il se mit à remobiliser les cinq hommes de son commando et les entraîna à sa suite en se dirigeant droit vers moi.
Je m'étais installé dans des stalles, contre le mur, à droite en entrant. Tout en vociférant, le père Nicolas tenta d'arracher ma main gauche à la stalle que je tenais. Un autre fit de même à droite pendant que les autres se massaient autour.
Là, l'un des Albanais, dans l'élan de cet assaut général, me porta plusieurs coups au visage. Mais j'étais décidé à assister à la messe de Noël : je continuais à tenir les stalles qui glissaient doucement vers la sortie avec moi en même temps que la meute me tirait.
Les quelques personnes présentes à cette heure matinale n'intervinrent pas. Il y avait les chantres, le vicaire du métropolite, qui s'était à nouveau positionné pour regarder ce qui se passait, une dame de Vienne, Jean-Paul, impuissant à faire plus qu'il n'avait déjà fait, et Christos Koutsiouris.
Ce dernier intervint, non pas pour m'aider, mais pour empêcher que les stalles ne tombent et mieux me forcer ainsi à me faire lâcher prise.
Je fus finalement éjecté. Jean-Paul me suivit et nous nous rendîmes au commissariat du 7ème arrondissement de Lyon.
Vu l'état de mon visage, les policiers s'enquirent de ce qui s'était passé. Ils envoyèrent une patrouille à l'église pour tenter d'interpeller les agresseurs.
Aucune patrouille du 7ème n'était disponible, si bien que ce fut une patrouille d'un autre arrondissement qui se déplaça. Les policiers nous prièrent de rester dans les locaux du commissariat jusqu'au résultat de leur intervention. Si les agresseurs n'avaient pas quitté les lieux, il y aurait une confrontation en flagrant délit dans la foulée.
La patrouille trouva les agresseurs devant l'église et releva leurs identités. Mais personne ne fut arrêté. Des ordres étaient venus du commissariat central pour qu'il en fût ainsi.
Quinze à vingt minutes après être entrés au commissariat, les policiers, gênés, nous dirent qu'en raison du plan vigipirate, ils devaient nous fouiller. J'étais déjà allé au commissariat dans les semaines précédentes et je n'avais pas été fouillé. Et si la fouille se justifiait par le plan vigipirate, elle aurait dû se dérouler au moment où nous sommes entrés dans le commissariat.
Je suppose que les policiers avaient reçu des ordres pour voir si nous avions sur nous des éléments qui auraient pu nous caractériser comme étant les agresseurs et tenter d'inverser ainsi la réalité des faits qui venaient de se produire.
Nous obtempérâmes. Les policiers ne trouvèrent rien sur nous de clairement répréhensible, ni même d'objets dont l'usage aurait pu être détourné à des fins violentes : ni clés, ni téléphone, même pas un stylo, rien. Rien qui aurait pu laisser croire que le père Nicolas avait agi en se sentant menacé.
Puis ils nous dirent que, finalement ils ne pourraient pas prendre ma plainte car leur ordinateur était en panne. Du fait de cette panne, ils ne feraient pas de rapport sur l'incident. Il faudrait que je repasse dans la semaine pour enregistrer ma plainte aux heures ouvrées.
Pendant ce temps, le père Nicolas poursuivait son office comme si de rien n'était, bien que les choses ne se fûssent pas passées comme il les avaient prévues. Dimitri Théodoropoulos n'était pas venu le matin, alors qu'il devait être le sixième homme de son commando et que c'est dans son restaurant que le plan d'intervention avait été peaufiné la veille.
Dimitri arriva vers la fin de l'office et s’avança pour prendre la communion. Le père Nicolas la lui refusa ostensiblement pour le punir de sa désobéissance. Il allait falloir qu'il fasse pénitence pour ne pas m'avoir agressé. Le clergé ne reculait décidément devant rien pour s'approprier des choses qui ne lui appartenaient pas ; pour appeler le bien mal et le mal bien ; pour conditionner les esprits faibles dans le but de les manipuler.
En quittant le commissariat, je me rendis aux urgences de l'hôpital Saint Luc. Le médecin constata un traumatisme crânien, des plaies au visage et aux mains, ainsi qu'une douleur à l'épaule droite. Le père Nicolas était l'auteur direct de certaines de ces lésions et l'instigateur de toutes.
Le médecin certifia ses constatations par écrit et reconnut 3 jours d'ITT.
Il recommanda un scanner pour déceler l'origine des douleurs à l'épaule. Celui-ci fut pratiqué le 24 janvier 2017 et décela une fissuration interstitielle des tendons sous-scapulaires. En gros, une déchirure partielle des tendons de l'épaule. Lésion qui se produit suite à un étirement violent. Ce scanner conduisit le médecin urgentiste à revoir son diagnostic et à porter l'ITT à 6 jours.
Bien qu'étant alors très proche de Saint Luc, je n'avais pas l'impression que nous étions réunis, en ce jour de Noël 2016, pour chanter Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il agrée (Luc 2, 14). Ou, du moins, si la Vérité s'incarnait en ce jour, ce n'était pas au sein de l'église dans laquelle j'étais quelques heures plus tôt qu'il fallait la chercher.
Il allait falloir redoubler d'efforts pour nettoyer ces écuries d'Augias et il semblait acquis que tous les représentants de l’État n'allaient pas travailler dans le même sens pour y parvenir.
J'avançai d'un pas déterminé, sans prêter attention à ces cinq personnes. Mais, comme dans un goulot d'étranglement, elles avancèrent vers le portail pour m'en interdire l'accès. Certaines d'entre elles ne parlaient pas le français, je ne les avais jamais vus, mais on sentait qu'elles avaient été conditionnées pour remplir une mission divine.
Les tentatives d'explication dégénérèrent vite en altercation sur la voie publique. Alertés par le bruit, des habitants sortirent sur leurs balcons et menacèrent d'appeler la police. À ces mots, l'ardeur de ces zélés partisans fut freinée.
Là-dessus Jean-Paul C., un ami de longue date, arriva pour l'office. Il discuta avec le commando en expliquant en grec qu'il y avait un malentendu et qu'ils se faisaient manipuler par le père Nicolas. La crainte de la police aidant, le commando finit par nous laisser entrer, en précisant bien qu'il ne devait pas y avoir de trouble à l'intérieur. Mais le seul à créer du trouble était déjà dedans.
Le père Grigorios, qui avait tout regardé sans intervenir, nous précéda à l'intérieur.
Il devait être peu après 9 heures 30. Bien qu'ayant dû commencer son office à 9 heures, le père Nicolas n'avait toujours pas commencé. Lorsqu'il nous vit entrer tous ensemble, il comprit que ses manœuvres n'avaient pas fonctionné comme prévu.
Il ne pouvait plus se cacher derrière des abrutis manipulables, à qui sa fonction de prêtre lui permettait de faire exécuter à peu près n'importe quoi sans se poser de questions. S'il voulait une chose, il allait devoir l'obtenir par lui-même.
Il ne put contenir sa rage plus que quelques instants et se précipita en criant vers Jean-Paul C. En fait, non ; orné de ses vêtements liturgiques il ne criait pas, il hurlait. Je ne compris pas les mots échangés en grec.
Après avoir ainsi invectivé Jean-Paul, il se mit à remobiliser les cinq hommes de son commando et les entraîna à sa suite en se dirigeant droit vers moi.
Je m'étais installé dans des stalles, contre le mur, à droite en entrant. Tout en vociférant, le père Nicolas tenta d'arracher ma main gauche à la stalle que je tenais. Un autre fit de même à droite pendant que les autres se massaient autour.
Là, l'un des Albanais, dans l'élan de cet assaut général, me porta plusieurs coups au visage. Mais j'étais décidé à assister à la messe de Noël : je continuais à tenir les stalles qui glissaient doucement vers la sortie avec moi en même temps que la meute me tirait.
Les quelques personnes présentes à cette heure matinale n'intervinrent pas. Il y avait les chantres, le vicaire du métropolite, qui s'était à nouveau positionné pour regarder ce qui se passait, une dame de Vienne, Jean-Paul, impuissant à faire plus qu'il n'avait déjà fait, et Christos Koutsiouris.
Ce dernier intervint, non pas pour m'aider, mais pour empêcher que les stalles ne tombent et mieux me forcer ainsi à me faire lâcher prise.
Je fus finalement éjecté. Jean-Paul me suivit et nous nous rendîmes au commissariat du 7ème arrondissement de Lyon.
Vu l'état de mon visage, les policiers s'enquirent de ce qui s'était passé. Ils envoyèrent une patrouille à l'église pour tenter d'interpeller les agresseurs.
Aucune patrouille du 7ème n'était disponible, si bien que ce fut une patrouille d'un autre arrondissement qui se déplaça. Les policiers nous prièrent de rester dans les locaux du commissariat jusqu'au résultat de leur intervention. Si les agresseurs n'avaient pas quitté les lieux, il y aurait une confrontation en flagrant délit dans la foulée.
La patrouille trouva les agresseurs devant l'église et releva leurs identités. Mais personne ne fut arrêté. Des ordres étaient venus du commissariat central pour qu'il en fût ainsi.
Quinze à vingt minutes après être entrés au commissariat, les policiers, gênés, nous dirent qu'en raison du plan vigipirate, ils devaient nous fouiller. J'étais déjà allé au commissariat dans les semaines précédentes et je n'avais pas été fouillé. Et si la fouille se justifiait par le plan vigipirate, elle aurait dû se dérouler au moment où nous sommes entrés dans le commissariat.
Je suppose que les policiers avaient reçu des ordres pour voir si nous avions sur nous des éléments qui auraient pu nous caractériser comme étant les agresseurs et tenter d'inverser ainsi la réalité des faits qui venaient de se produire.
Nous obtempérâmes. Les policiers ne trouvèrent rien sur nous de clairement répréhensible, ni même d'objets dont l'usage aurait pu être détourné à des fins violentes : ni clés, ni téléphone, même pas un stylo, rien. Rien qui aurait pu laisser croire que le père Nicolas avait agi en se sentant menacé.
Puis ils nous dirent que, finalement ils ne pourraient pas prendre ma plainte car leur ordinateur était en panne. Du fait de cette panne, ils ne feraient pas de rapport sur l'incident. Il faudrait que je repasse dans la semaine pour enregistrer ma plainte aux heures ouvrées.
Pendant ce temps, le père Nicolas poursuivait son office comme si de rien n'était, bien que les choses ne se fûssent pas passées comme il les avaient prévues. Dimitri Théodoropoulos n'était pas venu le matin, alors qu'il devait être le sixième homme de son commando et que c'est dans son restaurant que le plan d'intervention avait été peaufiné la veille.
Dimitri arriva vers la fin de l'office et s’avança pour prendre la communion. Le père Nicolas la lui refusa ostensiblement pour le punir de sa désobéissance. Il allait falloir qu'il fasse pénitence pour ne pas m'avoir agressé. Le clergé ne reculait décidément devant rien pour s'approprier des choses qui ne lui appartenaient pas ; pour appeler le bien mal et le mal bien ; pour conditionner les esprits faibles dans le but de les manipuler.
En quittant le commissariat, je me rendis aux urgences de l'hôpital Saint Luc. Le médecin constata un traumatisme crânien, des plaies au visage et aux mains, ainsi qu'une douleur à l'épaule droite. Le père Nicolas était l'auteur direct de certaines de ces lésions et l'instigateur de toutes.
Le médecin certifia ses constatations par écrit et reconnut 3 jours d'ITT.
Il recommanda un scanner pour déceler l'origine des douleurs à l'épaule. Celui-ci fut pratiqué le 24 janvier 2017 et décela une fissuration interstitielle des tendons sous-scapulaires. En gros, une déchirure partielle des tendons de l'épaule. Lésion qui se produit suite à un étirement violent. Ce scanner conduisit le médecin urgentiste à revoir son diagnostic et à porter l'ITT à 6 jours.
Bien qu'étant alors très proche de Saint Luc, je n'avais pas l'impression que nous étions réunis, en ce jour de Noël 2016, pour chanter Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu'il agrée (Luc 2, 14). Ou, du moins, si la Vérité s'incarnait en ce jour, ce n'était pas au sein de l'église dans laquelle j'étais quelques heures plus tôt qu'il fallait la chercher.
Il allait falloir redoubler d'efforts pour nettoyer ces écuries d'Augias et il semblait acquis que tous les représentants de l’État n'allaient pas travailler dans le même sens pour y parvenir.