de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 30 mai 2015

169- Excommunications publiques



La peur est une notion omniprésente dans les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Elle apparut dès les origines de la Création, lorsqu'Adam se cacha, après qu'il eut mangé du fruit défendu et qu'il se fut rendu compte qu'il était nu. Cette peur était certes liée à la conscience de son erreur, mais manifestait surtout l'éloignement de Dieu qui prenait corps.

Paradoxalement, la crainte apparaît très vite comme une manifestation de la présence de Dieu dans les cœurs : Je traiterai avec eux une alliance éternelle, je ne me détournerai plus d'eux, je leur ferai du bien, et je mettrai ma crainte dans leur cœur, afin qu'ils ne s'éloignent pas de moi (Jr 32, 40). Il est cependant à noter que la crainte dont il est ici question est une notion très éloignée de la peur.

La crainte est alors l'aiguillon qui rappelle à l'homme sa condition devant le Très-Haut, et le pousse à se purifier en s'améliorant. Les Pères prennent souvent l'image de l'enfant qui obéit d'abord parce qu'il craint ses parents, avant de leur obéir parce qu'il les aime.

C'est de cette crainte que parlait le larron sur la croix lorsque, s'adressant à son compère, il lui dit : Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même condamnation ? (Lc 23, 40).

 Pourtant, ne pas craindre devient vite, dans l’Évangile, la marque de la manifestation divine. C'est ainsi que l'ange prit la parole, et dit aux femmes : Pour vous, ne craignez pas ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié (Matth. 28, 5). Ou encore que Jésus dit [à ses disciples] : Ne craignez pas ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront (Matth. 28, 10).

Dans l'un de ses plus beaux textes, saint Jean écrira : La crainte n'est pas dans l'amour, mais l'amour parfait bannit la crainte ; car la crainte suppose un châtiment, et celui qui craint n'est pas parfait dans l'amour (1Jn 4, 18).

Les pères disent à cet égard que l'un des moyens de distinguer une manifestation divine d'une manifestation démoniaque est la paix qui se manifeste alors, et non le trouble. Lorsque Marie vit l'ange Gabriel lui apparaître, elle fut d'abord troublée. Mais l'ange la rassura et lui dit : Ne crains pas (Lc 1, 30).

C'est ainsi que, la première fois où le métropolite Emmanuel Adamakis m'écrivit, il n'y avait dans ses mots de menaces que la volonté de faire peur, d'intimider, d’insuffler le trouble et la crainte. D'après l'expérience spirituelle qu'avait tenté de m'enseigner le père Placide Deseille, cela ne laissait aucun doute sur les esprits qui habitaient notre brave métropolite... Il est vrai que ses vacances estivales avaient peu de chance de le rapprocher de la paix qui vient de l'Esprit-Saint.


Le dimanche 22 mars 2015, nous avions notre dernière assemblée générale, de laquelle fut exclu Stélios K., élu en titre qui venait présenter son bilan. Le lendemain, l'avocat lui téléphona et ils convinrent de se retrouver le mercredi 25 mars pour discuter.

Le vendredi 27 mars 2015, après l'office des salutations à la Mère de Dieu, le cinquième vendredi du Grand Carême, l'avocat était présent dans l'église, et ce n'était pas en tant qu'enfant de chœur... Le père Nicolas Kakavelakis sortit du sanctuaire et se dirigea vers Stélios K. Il lui dit alors Pardonne-moi ! C'était si exceptionnel d'entendre dans sa bouche une parole de sagesse que le moment aurait mérité d'être immortalisé.

Mais Stélios avait déjà entendu deux fois ces mots dans la bouche du père Nicolas, et les deux fois, ils n'avaient servi qu'à faire oublier certaines erreurs, sans qu'il change quelque chose à son comportement. Stélios gardait vivant en lui les mots très durs que le père Nicolas lui avait adressés le 22 décembre 2014, en hurlant après lui, prêt à le frapper, qu'il aille au diable. Et son exclusion de l'AG ne datait que de 5 jours.

La manœuvre semblait plus destinée à prévenir la contestation de son exclusion, qui n'allait pas manquer de se manifester, que d'exprimer un réel repentir. L'avocat n'avait rien d'un confesseur chargé de veiller à la bonne exécution de la pénitence qu'il venait d'infliger à la brebis égarée qui venait de se confier à lui. Mais même si ses mots avaient un sens stratégique, je pense pour ma part que c'était une bonne stratégie. Il est dommage qu'il n'ait fallu qu'un instant au père Nicolas pour s'en écarter.

Car à peine ces mots de repentance prononcés, et avant même que Stélios K. n'ait eu le temps de réfléchir à l'attitude qu'il allait adopter, le père Nicolas lui dit : Mais toi aussi, tu dois me demander pardon. Et tu dois le faire avant Pâques. Sinon je ne te donne pas la communion pour Pâques !

Nous allons bientôt aborder le thème du repentir et du pardon, aussi ne m'y étalerai-je pas outre mesure ici. Mais je peux dès à présent relever que nous n'étions pas ici dans une attitude de contrition. Nous étions dans la seule volonté de neutraliser Stélios afin qu'il délaisse ses demandes de réparation concernant les fautes commises par le Conseil de notre association.

Le manipulateur qui venait de l'exclure arbitrairement, après avoir usé de violence à son égard, lui demandait maintenant de venir s'excuser... Et pour quel motif devait-il le faire ? La question resta en suspens.

Mais il fallait plus qu'un petit présomptueux inconsistant pour intimider Stélios. Et plus qu'une maladroite tentative de prise de contrôle psychologique pour lui faire perdre le sens des valeurs qu'il défendait. Il se contenta de renvoyer l'arrogant et se prépara à affronter les menaces qu'il venait d'entendre.

C'est ainsi que le jeudi 9 avril, dit jeudi de la Passion, ou jeudi Saint, Stélios se prépara pour aller communier, comme il le fait tous les ans. Ce jour-là, l’Église fête l'instauration de la communion par le Christ, lors du dernier repas qu'il partagea avec ses disciples dans le cénacle.

Cène - Léonard de Vinci

Goran Sekulovski revient sur la communion ou non de Judas dans la Tradition, et notamment dans l’œuvre de saint Jean Chrysostome. Il montre que, dans ses plus belles homélies, Jean Chrysostome estime que le doute n'est pas permis et que Judas a bien communié ce jour-là, des mains de celui qu'il allait trahir. 

Ayant sous les yeux les exemples du Christ, miséricordieux envers tous, et de Judas, ce n'est malheureusement pas celui du Christ que choisit de suivre le père Nicolas Kakavelakis. Et lorsque Stélios s'avança pour communier, le père Nicolas s'en tint à la rancœur qui le rongeait de l'intérieur et refusa à notre vénérable doyen la communion à laquelle même Judas avait eu accès.
 



Ce faisant, le père Nicolas s'appropriait une chose qui ne lui appartenait pas. Il n'était plus l'indigne vecteur utilisé par Dieu pour dispenser ses dons aux hommes, mais le mur dressé qui empêchait cette miséricorde d'agir.

À la manière des fondamentalistes islamistes, qui estiment qu'eux seuls détiennent la vérité et ont droit de vie et de mort sur les autres à leur convenance, le père Nicolas utilisait l'habit qu'il portait comme moyen de pression psychologique sur des interlocuteurs qui avaient depuis longtemps compris la vraie nature des agissements de cet imposteur. Et au lieu d'obtenir la reddition escomptée, c'est à une nouvelle révolte qu'il dut faire face.

Je laisse à chacun le soin d'apprécier les commentaires savoureux de la vieille dame surprise de ce à quoi elle assiste. Son langage est cru et je ne peux décemment le reproduire, mais nous lui pardonnerons ce cri qui vient du cœur et qui exprimait si bien ce que pense la Communauté de son prêtre.

Le père Nicolas s'estima piégé par cette vidéo qui se répandit dans la Communauté. Mais avait-il été piégé lorsqu'il avait agit de même avec Dimitri, Caroline, Évangelia, moi et bien d'autres ? Quelqu'un l'a-t-il jamais forcé à agir ainsi ? Pourquoi donc la manifestation publique de ses agissements le mettait-il mal à l'aise ? Pourquoi n'était-il pas gêné d'avoir usé des mêmes moyens de pression psychologique dignes du Moyen-Âge sur une vieille dame pieuse de 80 ans à laquelle il demandait de retirer une lettre qu'elle avait adressée au métropolite Emmanuel ? Le moyen de pression qu'il utilisait serait-il devenu légitime s'il ne s'était trouvé de vidéo pour immortaliser l'instant ?

Encore une fois, le père Nicolas en oubliait l’Évangile, si tant est qu'il l'ait jamais lu, notamment celui de Jean : Et ce jugement c'est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises (Jn 3, 19). La lumière n'a jamais été un problème. Et la vidéo ici n'était pas le problème. Mais le problème était les œuvres mauvaises qui étaient manifestées. 

Le prêtre indigne n'avait pas l'autorité canonique pour décider seul d'excommunier quelqu'un. Et pourtant, même s'il est possible que le métropolite Emmanuel Adamakis ne l'avait pas autorisé à agir ainsi, jamais ce même métropolite n'intervint pour condamner les agissements de son prêtre, se plaçant de fait au même niveau d'indignité que lui.

Stélios ne se démonta pas. Il savait que cela devait arriver et s'y était préparé. Il demanda au père Nicolas de dire à tous, à haute voix, pourquoi il agissait ainsi, et quelles manigances il voulait dissimuler en cherchant à le faire taire. Et il ponctua son intervention par : Nous n'avons pas peur de toi !

Ce disant, il s'inscrivait dans la grande tradition du christianisme, agissant pour défendre ses amis, sa communauté, ses valeurs, dans la recherche de la vérité et de la justice, avec douceur et fermeté, mais sans peur. Jamais...
 

Stélios écrivit au père Nicolas pour répondre à ce qu'il avait dû subir autrement que par quelques phrases improvisées. Le père Nicolas reçut cette lettre le 18 mai 2015. Elle est reproduite ci-dessous.

 

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