de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

mercredi 15 janvier 2014

97- Fascisme moderne

Lorsque nous avons vu sur ce blog avec quel autoritarisme sectaire le métropolite Emmanuel et le père Nicolas Kakavelakis avaient falsifié des documents, commis de nombreuses irrégularités, exclu les élus qui demandaient des comptes, exclu les familles qui n'acceptaient pas ce qui se passait, pris le pouvoir sur les finances et les biens de la communauté par des décisions irrégulières... il restait cependant un espoir de rectifier ce qui devait l'être par les règles de notre société de droit : la Justice

C'est ainsi que les actions nécessaires ont été entreprises et que nous aurons à en reparler lorsque le moment sera venu. Pourtant, la justice ne peut pas fonctionner sans deux notions indissociables : l'égalité et l'impartialité. Ce qui s'est passé ces derniers jours en France autour de Dieudonné a été en ce sens un véritable fiasco pour notre pays, et il faut y revenir ici, car cela risque de bouleverser les fondements mêmes de notre droit.

Si Dieudonné était venu à Lyon, [il aurait fallu aller] le voir pour le soutenir, [et] tous ceux qui font vivre la culture à travers cette pièce. C'est notre devoir. Ne pas être là, c'est une absence qui est insupportable à mes yeux !

Ces mots sont exagérés au regard de la polémique suscitée ? C'est pourtant Manuel Valls qui les as prononcés lorsqu'il est allé voir Golgotha Picnic, pièce de théâtre ouvertement anti-chrétienne. 


De la même façon, Ardisson a défendu de toute sa verve la liberté d'expression lors des caricatures de Mahomet, même si cela blesse des millions de musulmans, car c'est ça la liberté. Mais quand il s'est agi de Dieudonné parodiant un rabbin, son raisonnement était complètement inversé et il s'est opposé à la liberté d'expression au motif qu'il ne faut pas blesser inutilement. Il est même allé jusqu'à reprocher à Dieudonné de ne pas avoir présenté d'excuses pour avoir fait son sketch. Un très bon montage comparatif des deux émissions est visible ici.

La malhonnêteté intellectuelle du personnage relève malheureusement autant de la manipulation médiatique que de son manque de consistance déontologique. Arrêt sur Image a montré dans cette vidéo que son livre plagiait à 50 % d'autres auteurs, bien au-delà de la condamnation judiciaire qui avait été prononcée contre lui. Si sa responsabilité d'homme public est grande dans ses propos et l'exemple qu'il donne, elle l'est cependant moins que celle de notre ministre de l'intérieur.
 
La séparation des pouvoirs est l'un des fondements de la Révolution qui garantit que tout le monde soit traité de manière équitable et égale. Or Valls, qui est l'un des principaux acteurs de ce mécanisme par son poste de ministre de l'intérieur, nous montre jour après jour à quel point il est partial. Sa partialité remet en cause tout l'équilibre de la République alors qu'il vient de briser cette barrière de séparation des pouvoirs.

Dessin de Plantu pour le journal Le Monde

Plusieurs points de droit ont été inadmissibles dans le traitement de l'affaire Dieudonné.

1) D'abord le fait de vouloir faire interdire le signe de la quenelle, que la justice n'a jamais assimilé à un geste ou à un acte antisémite et alors que le salut nazi n'est pas interdit.  L'appel à la haine, le racisme, l'antisémitisme... sont punis par la loi, mais pas le salut nazi en tant que tel. Les lois existent déjà et sont applicables à tous, sans qu'il y ait besoin d'interdire tel ou tel signe.

2) Ensuite le fait de faire interdire un spectacle alors qu'aucun ne l'a été depuis Molière.

Même si je trouvais Golgotha Picnic inutilement blasphématoire, les règles de mon pays  sont claires depuis les idées de la Révolution et Voltaire qui disait : Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. Valls se trompait en disant que l'absence est insupportable. L'absence est le droit de ceux qui ne sont pas d'accord avec les propos tenus. Ce qui est insupportable, c'est de faire taire au motif que l'on n'est pas d'accord.

3) Déformer la vérité, qui est que Dieudonné est un humoriste faisant un spectacle, pour le présenter comme un homme politique qui ferait un meeting, et ainsi détourner le droit applicable.

4) Ensuite, et les choses deviennent plus complexes à ce niveau-là, l'abus du risque de trouble à l'ordre public. Les Américains avaient inventé la guerre préventive. Nous avons tenté de les imiter avec la censure préventive. Pourtant, le droit pré-Vallsien voulait qu'on ne puisse punir qu'une chose ayant été produite, et non la crainte qu'elle puisse arriver. Cet arrêt du Conseil d’État a déjà pris le nom d'arrêt Minority Report.

5) Le droit punit le fauteur de trouble, et non celui par qui le trouble arrive. Prenons un exemple simple. Si Jean-Marc Ayrault prévoit d'instaurer l'éco-taxe et si les portiques destinés à prélever cette taxe sont détruits, faut-il interdire à Ayrault de s'exprimer et d'exercer sa fonction, lui par qui le trouble à l'ordre public arrive, où faut-il condamner celui qui commet le trouble et détruit le portique ? 

Le droit pré-Vallsien voulait que ce soit le casseur qui soit puni. Le nouveau droit que Valls vient d'instaurer veut maintenant que l'on poursuive Ayrault qui est celui par qui le trouble arrive tout comme il interdit Dieudonné en lieu et place des manifestants qui commettraient des actes illégaux.

Le député Belge Laurent Louis, connus pour ses positions parfois excessives mais toujours portées par une grande intégrité, a fait une très bonne analyse de cette situation.


6) Un autre point dramatique par ses conséquences est l'appel d'Arno Klarsfeld à créer du trouble à l'ordre public pour que le spectacle de Dieudonné soit interdit. Pour reprendre l'exemple précédent, c'est comme si j'appelais aujourd'hui à détruire tous les portiques éco-taxe et que j'annonce que je vais le faire pour qu'Ayrault soit limogé et condamné. Qui devrait-on alors condamner ? Ayrault contre lequel j'ai appelé à la sédition, ou moi qui suis l'auteur de cet appel ? C'est d'une débilité sans nom et cela traduit un comportement manipulateur particulièrement pervers. Dans le cas présent, c'est Klarsfeld qui mérite d'être condamné et de perdre son poste au Conseil d’État et non Dieudonné.


7) Car c'est un autre point totalement surréaliste dans cette affaire : celui qui appelle à créer le trouble pour que Valls puisse annuler le spectacle est le même qui siège au Conseil d’État, ce même Conseil d’État qui a annulé la décision du juge des référés de Nantes autorisant le spectacle.

Le devoir de réserve qui aurait dû être le sien lui imposait de ne pas prendre position publiquement sur une affaire sur laquelle il pouvait être amené à se prononcer. Tout comme Sarkozy n'avait pas à se prononcer sur le Conseil Constitutionnel où il siège lorsque celui-ci était amené à juger de la légalité de ses comptes de campagne. Un juge se doit d'être impartial et de ne pas se prononcer d'une quelconque façon, et ce d'autant plus s'il a un conflit d'intérêt manifeste.

8) Une autre des règles de droit bafouées par Valls est celle de la représentation d'un accusé par un avocat. La Cour Européenne des Droits de l'Homme a estimé qu'un mis en cause, quel qu'il soit, doit pouvoir bénéficier de l'assistance d'un avocat, et ce dès sa première heure de garde à vue. La France a été condamnée à ce propos, si bien qu'elle a dû libérer de nombreux criminels à qui elle avait refusé le droit à un avocat. Pourtant, connaissant le droit, Valls a convoqué le Conseil d’État pour que l'avocat de Dieudonné ne puisse pas être présent. L'avocat était à Nantes à 15h pour le délibéré du juge des référés, et il ne pouvait pas être à Paris à 17 heures devant le Conseil d’État, ignorant d'ailleurs que l'audience serait fixée aussi rapidement.

Le délai extrêmement court de deux heures entre les deux audiences est totalement surréaliste quand on connaît les délais habituels de ce genre de procédure. C'est ce point qui a manifesté le plus la rupture entre la séparation des pouvoirs, car les juges n'auraient jamais dû accepter la convocation de Valls, en refusant de fait à Dieudonné de pouvoir être défendu par son avocat qui connaissait le dossier.

J'espère que ce dossier arrivera devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme, car il ne peut qu'aboutir à une condamnation de la France. Cela ne semble pourtant pas effrayer nos politiques...

9) Enfin, ce qui me gêne le plus, c'est le lapsus de Klarsfled disant qu'il fallait faire interdire Dieudonné parce que c'étaient les consignes d'Israël : On tourne la Shoah en dérision ? Bon… les consignes d’Is… les… les, euh… les éléments sont requis... Cela s'appelle de l'intelligence avec une puissance étrangère, et c'est passible d'une peine de prison de trente ans, suivant les dispositions de l'article 411-4 du code pénal relatif aux crimes et délits contre la nation.

Cet article dit que le fait d'entretenir des intelligences avec une puissance étrangère [...] en vue de susciter des hostilités ou des actes d'agression contre la France, est puni de trente ans de détention criminelle et de 450000 euros d'amende. En l’occurrence, appeler à créer du trouble à l'ordre public est un acte d'agression contre la France, tout comme porter atteinte à sa Constitution qui garanti la liberté d'expression. Le tout à la demande de l’État d'Israël.


Même Jean-Marie Le Pen n'aurait sans doute jamais osé faire au droit français ce que Valls vient de lui infliger. Si bien que ce dernier s'est aujourd'hui enfermé dans un rôle de fasciste totalitaire comme l'on vu les médias du monde entier et, par exemple, La Tribune de Genève du 10 janvier.


Alors, que Monseigneur Emmanuel et le père Nicolas se rassurent ! Dans le nouveau droit arbitraire qui vient de s'installer en France, celui où le plus influent se permet d'inventer ses propres règles, ils ont une chance de gagner les procès auxquels ils vont être confrontés.

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