de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

samedi 2 juin 2012

51- Œcuménisme institutionnel

Les dictons populaires sont souvent remplis de sagesse. Il en est pourtant un que je déteste : La curiosité est un vilain défaut est en effet le pire des dictons qui soit ! Le Christ dit : Cherchez et vous trouverez (Matth. 7, 7). La curiosité est donc l'une des plus grandes vertus. C'est elle qui pousse l'homme dans toutes ses quêtes, y compris celle de Dieu. Sans elle, pas de sciences, pas de médecine ni d'inventions. 

La curiosité est censée nous conduire, même si c'est souvent à travers des détours, vers la vérité. C'est pour cela que les Pères de l’Église ont tant insisté sur les définitions dogmatiques, lors des querelles des premiers siècles : Dieu s'est incarné pour que l'homme acquière la connaissance de la vérité. Le Christ a dit de lui qu'il est la Vérité, le Chemin et la Vie (Jn 14, 6). Il a lié ces choses en montrant par cette phrase que la vérité est le chemin qui conduit à la vie. 

Professer une foi erronée revient donc à prendre un chemin qui nous éloigne de la vie, au lieu de nous en approcher. Les Pères des conciles œcuméniques ont eu à cœur de protéger la vérité contenue dans le message du Christ, qui nous est parvenu à travers les évangiles.

C'est sur cette notion que se sont cristallisées toutes les divisions. Toutes les divisions sont arrivées lorsque des doctrines ont revendiqué la place de la vérité. C'est en revendiquant la possession de cette notion que le pape de Rome a voulu imposer aux autres Églises que l'on ne pouvait accéder à la vérité sans passer par lui et qu'il a voulu asseoir sa primauté.

Aujourd'hui, nous nous retrouvons donc dans une situation où d'innombrables mouvements revendiquent tous la vérité, créant par là-même une immense confusion. Au-delà de toutes ces querelles, le chrétien croit que la vérité est manifestée aux hommes par Dieu lui-même qui s'est incarné pour nous la transmettre et ramener l'homme vers lui, source de toute vie. 

La vérité donnée aux hommes est contenue dans l’Évangile. C'est lui qui est la mesure de la vérité que nous cherchons et que nous défendons. Lorsqu'Arius a affirmé que le Christ n'est pas Dieu, l’Évangile a été la référence pour nous rappeler que : Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu (Jn 1, 1) ; ou encore : Après moi vient un homme qui m'a précédé, car il était avant moi (Jn 1, 30).

On peut ne pas être chrétien et ne pas croire que la vérité soit contenue dans l’Évangile, mais on ne peut pas être chrétien sans chercher à se conformer au message que le Christ nous a laissé.
 
C'est là qu'intervient l'œcuménisme. L’Église sait que le nom grec diavolos, diable, veut dire diviseur. Elle a donc à cœur de rester unie. Et lorsque des divisions apparaissent, elle garde toujours l'espoir que ces divisions soient surmontées.

Pour autant, l’Église n'est pas un parti politique. En France, les Verts peuvent décider de s'allier aux socialistes pour prendre le pouvoir en abandonnant une partie de leurs idéaux (par exemple l'intransigeance sur l'abandon du nucléaire). Une telle vision de compromis est impossible dans l’Église. Il y a la vérité et nous la défendons car elle nous conduit à la vie. Nous ne cherchons pas du pouvoir qui pourrait justifier des concessions ; nous cherchons la vie éternelle qui ne dépend pas de ce que nous affirmons, mais de notre proximité à la vérité.

Saint Pierre et saint Paul, au premier siècle, se sont affrontés sur cette question. Saint Pierre disant que c'est la foi qui sauve, et saint Paul disant que ce sont nos œuvres. Ils se sont réconciliés car, au-delà des mots, les deux notions sont indissociables. La foi sauve parce que la foi nous permet de toucher la vérité que Dieu nous donne et qui conduit à la vie. Et la vérité trouve toute sa plénitude dans l'amour suivant cette parole : celui qui aime connaît Dieu, [...] car Dieu est amour (1Jn 4, 7-8). L'amour conduit obligatoirement à pratiquer des œuvres bonnes suivant cette parole : lequel de vous donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain (Matth. 7, 9) ? 

Si je donne du pain à mon fils quand il m'en demande (et souvent plus des bonbons que du pain), ce n'est pas que je sois obligé de le faire, mais c'est que l'amour que j'ai pour lui fait que je ne peux pas lui donner autre chose que de bonnes choses. La foi et les œuvres sont donc indissociables, et c'est lorsqu'ils l'ont compris que saint Pierre et saint Paul se sont réconciliés.

L’œcuménisme est une bonne chose, mais pas dans la vision politique à travers laquelle la regardent parfois les évêques. L’œcuménisme n'est pas un discours qui permet de chercher le meilleur compromis possible pour satisfaire tout le monde. Il est le moyen pour chacun de prendre conscience de ses erreurs, d'y renoncer, et de revenir à la plénitude de l’Évangile qui seule peut nous unir. 

J'entends parfois que l'humanisme peut nous unir tous. L'humanisme peut nous faire vivre ensemble, car c'est une valeur commune à de nombreuses cultures, mais il ne peut pas nous unir. L'humanisme est l'une des facettes du christianisme, mais le christianisme ne se résume pas à cette seule notion. Quand j'entends le pape de Rome, au congrès d'Assise, le 27 septembre 2011, rendre hommage aux humanistes athées (§ 10 de cet article, par exemple), aux côtés des Juifs qui ne reconnaissent pas le Christ, et des musulmans, j'espère pour lui qu'il ne considère pas que l'humanisme soit la base de l'union vers laquelle l’œcuménisme tend !

Le christianisme est bien plus que cela. Les orthodoxes en ont conscience et ne demanderont jamais autre chose que de s'unir sur la base de l’Évangile et de l'héritage que les sept conciles œcuméniques nous ont laissé, en abandonnant ce que chacun a voulu rajouter au fil des siècles pour asseoir son influence.

Le père Athanase, qui a longtemps présidé, en tant que doyen, les réunions œcuméniques à Lyon, me disait, quelques mois avant de partir en Grèce, que c'est cette vision-là qu'il avait défendue.

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