de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

vendredi 9 mars 2012

31- L'heure du choix



Nul n'est prophète en son pays (Mc 6, 4). C'est sur ces mots que le Christ, désabusé, quittait Nazareth dans l'indifférence générale.
 
Outre le fait que je ne sais pas chanter, que je ne parle pas grec, que je n'ai pas le niveau d'instruction suffisant, que je ne sais faire preuve d'aucune diplomatie, il aurait fallu que je quitte Lyon si j'avais accepté de devenir prêtre. Cela aurait été une conséquence lourde pour mes enfants. Le père Nicolas m'a bien proposé de m'occuper de Pont-de-Chéruy, ou de prendre la paroisse du père Antoine. Il m'avait dit que le père de Pont-de-Chéruy allait bientôt partir, même si ce n'était pas encore connu. Et puis le père Antoine n'est pas très bien vu du métropolite depuis le procès contre Alice...
 
Pour représenter une personne morale (la métropole en l’occurrence) devant la justice, il faut un mandat des administrateurs de cette personne morale. Monseigneur Emmanuel avait donc réuni les représentants de toutes les paroisses de France pour avoir le mandat de les représenter en justice dans le procès qu'il voulait intenter à Alice pour récupérer la maison de retraite et le foyer d'étudiants. Le père Antoine s'est abstenu lors du vote. Monseigneur Emmanuel a donc eu la majorité de son conseil pour saisir la justice, mais pas l'unanimité. Je ne me prononce pas sur le bien-fondé de ce procès car les échos que j'ai eus des deux côtés permettent d'avoir une idée de ce qui s'est passé, mais pas d'en appréhender vraiment la vérité. Je sais juste que le père Antoine est aimé dans sa paroisse et que je ne vois pas ce que j'aurais apporté à le remplacer.
 
Reprendre une paroisse de Lyon n'était pas envisageable. Obéir à un évêque auquel j'aurais été soumis ne l'était pas davantage. Il est vrai que cela limite beaucoup les chances de réussite d'un tel projet !
 
Et puis, plus généralement, on ne peut aller vers quelque chose que lorsque l'on a mis à jour ses propres affaires. Sinon, on retrouve ses problèmes là où l'on va. C'est le principe de sagesse de construire sur des fondations solides (Matth. 7, 26). Il me reste beaucoup de choses à mettre en ordre dans ma vie avant de me présenter aux autres comme un modèle.

Je m'imposais donc de ne prendre aucune décision et d'observer attentivement ce qui se passait pour ne pas avoir à regretter mon choix, quel qu'il soit. L'année 2010 se terminait et avec elle passait la date avant laquelle le père Nicolas voulait me marier. Les travaux du presbytère se poursuivaient avec leur lot de problèmes à gérer. Les élections du comité étaient fixées pour février. Nous continuions à  parler de la meilleure façon de procéder pour que le père Nicolas soit entouré d'un comité qui le soutienne. Il y a de nombreuses façons pour y arriver.

Le père avait identifié ceux qui s'étaient le plus opposés aux travaux et ceux qui avaient le plus d'autorité. Ces personnes-là devaient être minoritaires dans le nouveau comité, ou accepter sans réserve sa façon de procéder. Il s'agissait de S. à cause de son tempérament fort et du fait qu'il était respecté, de N. qui voulait renouveler son mandat de président et qui était très attaché au père Athanase, de L. à cause de l'influence possible de sa mère, de V. à cause de son ambition et du fait qu'elle s'était opposée à changer les fenêtres de son appartement et la cuisine, et de A. à cause du fait qu'elle avait inscrit plusieurs fois à l'ordre du jour du comité, en tant que secrétaire, un point sur les travaux de réfection sous la dénomination désidérata du père. Ces personnes-là pouvaient potentiellement s'opposer aux modifications de statuts qui étaient le but principal de la venue du père Nicolas.

A leur place, il fallait mettre le plus de jeunes possibles (moins de caractère et plus influençables), ou bien des personnes sans lien avec les familles influentes. Seule ma cousine lui semblait indispensable à cause du soutien que l'évêque lui apportait et de sa docilité à l'institution. Je reviendrai dans un autre message sur ce soutien, car il faudrait approfondir la quasi faillite de la métropole et le limogeage de monseigneur Jérémie pour le comprendre.

Le père ne pouvait pas dire ouvertement de voter pour un tel plutôt que pour un autre, mais il pouvait multiplier les candidatures de personnes plus faciles à gérer, et faire circuler le message de voter pour des jeunes. 

Comme je l'ai écrit dans le roi de l'Ouganda, je ne voyais pas encore que le père Nicolas avait des discours différents suivant les personnes auxquelles il s'adressait. J'ouvrais les yeux pour voir comment des paroissiens se comportaient avec leur prêtre, parce que cela pouvait me concerner, je voyais certaines choses chez le père qui commençaient à me mettre mal à l'aise, mais je continuais à suivre ce qu'il demandait.

Caroline s'occupait de la chorale des enfants, des manifestations œcuméniques, elle chantait dans le chœur. Moi je faisais les travaux, le catéchisme pour les adultes et l'accueil des classes scolaires.

Le dimanche 30 janvier 2010, le père a réuni 4 personnes : V., M., Caroline et moi. Il nous a expliqué que les élections approchaient, qu'il avait bien réfléchi, et que je ne devais pas me présenter. Qu'il avait interdit à sa femme de se présenter également. Que Caroline devait se présenter pour rester près de lui et l'aider. Que moi, la métropole ne voulait pas m'exposer pour ce que je savais (la prêtrise). Que j'étais son ami et que, s'il le fallait, il pouvait convaincre la métropole de changer sa position.

Cette conversation m'a mis très mal à l'aise. D'abord parce que V. était restée longtemps en tête de sa " liste noire " des personnes ambitieuses qui pouvaient le gêner, et qu'il semblait qu'elle voyait son rôle dans les différentes associations comme un tremplin pour devenir consul à la place du consul. Il ne l'avait mise dans son futur organigramme que lorsqu'il avait eu l'assurance qu'elle suivrait ce qu'il demanderait.

Ensuite, je savais qu'il mentait en disant qu'il m'interdisait de me présenter au même titre qu'il l'avait interdit à sa femme parce que celle-ci m'avait dit, lors d'un café qui suivait la liturgie, que le père avait fait tout ce qu'il pouvait pour qu'elle se présente aux élections, mais qu'elle avait refusé. C'était la première fois qu'il m'appelait son " ami " et ça ressemblait plutôt à un coup de poignard dans le dos. J'ai compté les 5 fois qu'il a utilisé ce qualificatif dans les jours qui ont suivi.

Depuis que je suis en âge de voter, je n'ai jamais voté aux élections du comité, et me suis encore moins présenté pour être élu. J'ai simplement aidé quand on me disait qu'il y avait besoin. Je devais me présenter lors de ces élections à la demande du père Nicolas Kakavelakis. Il avait vu que j'étais un soutien et que j'avais refait son appartement tel qu'il l'avait voulu, et subitement il s'opposait à ce que je me présente, qui plus est en mentant. Quelques temps plus tôt il me parlait de choses confidentielles et là il ne prenait même pas la peine de m'avertir de sa décision de m'exclure lorsque nous étions seul à seul.

Les statuts disent que n'importe quel membre de la communauté peut se présenter, mais que l'élection est soumise à la validation de l'évêque. J'aurais donc pu me présenter contre la volonté du père, et voir ensuite ce qui allait se passer. Mais je ne convoitais rien en ayant accepté de me présenter à ces élections. Par contre, ce qui a créé en moi un très grand désir, c'est de savoir quelles étaient les véritables motivations du père Nicolas.

Est-ce qu'il agissait de lui-même ? Était-ce pour faire plaisir à quelqu'un ? Qui croyait être suffisamment influent pour m'empêcher de faire quelque chose ? Est-ce que c'était pour avoir toujours dit que je n'accepterais pas qu'il y ait un prix sur les sacrements ? Est-ce que cela venait de l'évêque, comme il l'a dit à quelques personnes ? Est-ce que l'évêque n'était au contraire qu'un faire-valoir, au même titre que le comité n'avait été qu'un faire-valoir durant les travaux ? Est-ce qu'il agissait pour garder sa liberté de mouvement envers les jeunes filles ? Certains sont même allés jusqu'à dire que sa femme avait trop d'admiration pour la façon dont son appartement avait été refait, et qu'il voyait d'un mauvais œil les compliments qu'elle faisait.

Je n'ai pas la réponse à ses véritables motivations, mais j'ai détesté qu'il fasse allusion à la prêtrise ce jour-là. Il me la présentait comme une carotte destinée à faire passer la pilule d'une éviction ; comme un lot de consolation. J'ai pour la prêtrise un très grand respect. Ce n'est pas une chose dans laquelle je m'engagerais par moi-même et je n'allais certainement faire aucune concession sur ma manière de fonctionner pour garder une chance de devenir prêtre. C'était même plutôt un soulagement d'avoir alors la conviction que ce n'était pas ma place.

Le père a su dans l'heure qui suivait que je ne courais pas après ce genre de carotte et que lui devait arrêter de croire qu'il pouvait jouer avec. Malgré tout ce qu'il y avait de négatif à cette réunion, j'ai invité le père à venir manger à la maison le lendemain soir. C'était le repas décrit dans un repas arrosé.

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