de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

jeudi 1 mars 2012

27- Origène



Bienheureux les affamés et assoiffés de justice, car ils seront rassasiés (Matth. 5, 6). Ces mots du Christ montrent que, quoi qu'il arrive, la justice divine n'est pas négociable et finira par trouver son accomplissement. 

Origène a formé les plus grands pères de l’Église, au IIIè siècle. Et il aurait certainement pu être reconnu comme l'un d'eux s'il n'avait eu certains excès. L'un des points de son enseignement qui ont été contestés par ses propres disciples est l'Apocatastase.

Origène considérait que Dieu est amour, certes, mais que dans la mesure où il dépasse tout ce que l'homme peut connaître, nous ne pouvons avoir de véritable compréhension de ce qu'il peut vraiment faire par amour. Pour Origène, cet amour au-delà de tout ce que l'on peut connaître ne pouvait conduire qu'à une seule chose : sauver toute la création, même le plus mauvais d'entre nous, y compris les anges déchus et Satan, avec ou sans repentir. L'Apocatastase est cette théorie de la rédemption universelle de la fin des temps. Michel Polnareff l'a reprise, de façon certes un peu nunuche, dans sa chanson On ira tous au Paradis

Origène a été condamné par l’Église car cette théorie conduisait à rendre mensongères de très nombreuses paroles du Christ. Celle sur la Justice par laquelle nous avons commencé, mais aussi celles sur la Parousie et le Jugement final où l'on voit un partage se faire entre les hommes (Matth. 25, 31-46). Or le Christ a dit que pas un iota de ses paroles ne passera : Tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. (Matth. 5, 18) Les Pères ont conclu que l'amour de Dieu est tel qu'il pousse effectivement à des folies, et le fait que Dieu meure sur une croix en est une, mais que l'amour ne peut pas s'imposer, il ne peut que se partager. La liberté de l'homme est donc ce qui donne un sens à cet amour que l'on accepte ou non, que l'on partage ou non.

On s'attend donc naturellement à ce que l'évêque, qui rend présents les mystères du Christ au travers des sacrements, soit quelqu'un de particulièrement juste et compatissant. Ne pas soutenir le père Evangelos sur des questions financières (cf. message précédent) peut donc laisser perplexe ; tout comme soutenir le père Nicolas sur les problèmes que nous avons soulevés.

Admettons que ces deux cas soient particuliers car dénaturés par l'argent : il est plus facile de soutenir quelqu'un duquel on attend des revenus, que quelqu'un qui nous en demande. Parlons donc un peu de quelqu'un qui a géré correctement sa paroisse et qui ne demandait rien à la métropole : le père Athanase. Au moment de son départ, j'ai entendu des personnes qui disaient que l'évêque s'était débarrassé de lui pour essayer de se rapprocher d'Alice. Quand j'ai parlé de ces bruits à l'évêque, dans le second courrier que je lui avais adressé, le père Arsénios m'a téléphoné et a vivement démenti, disant que si le père Athanase voulait revenir demain, il serait le bienvenu. J'ai donc creusé cette question.

Au moment des problèmes avec Alice, le père Athanase a voulu partir et il a proposé sa démission à monseigneur Emmanuel. Celui-ci ne l'a pas acceptée : il a soutenu le père Athanase et a fait un procès à Alice. Mais il a perdu son procès en première instance et en appel. Le père Athanase a été très marqué par les problèmes qui eurent lieu à ce moment-là et il avait dit qu'il partirait au moment de sa retraite d'instituteur.

Lorsqu'il a reçu la lettre du gouvernement grec l'informant de sa date de mise en retraite, il en a envoyé la copie à la métropole. Il n'a eu aucune réaction à ce courrier qu'il avait envoyé. Un jour où il se trouvait à Saint Étienne, le père Constantin lui a dit : " J'ai appris que tu avais un remplaçant. " C'est ainsi que se terminaient trente-quatre ans de présence à Lyon : pas un appel pour essayer de le retenir, pas un appel pour l'informer de son remplacement, et pas un appel depuis son départ.

D'après ce que certains proches du père Athanase m'ont dit, il y avait une très forte envie de partir en lui à cause de tous les problèmes qu'il a rencontrés. Mais l'envie de rester était toute aussi forte car l'attachement qu'il nous portait était grand. Un soutien marqué de son évêque lui aurait fait changer d'avis, tout comme il avait déjà changé d'avis lors des problèmes qu'il avait eus avec Alice. Cela n'aurait pas été facile de convaincre Xanthi, qui languissait de revoir la Grèce, ses enfants et ses petits-enfants, mais il existe des mots pour convaincre. J'ai déjà évoqué ces mots que le père Nicolas avait utilisés avec moi pour me proposer de devenir prêtre : " Tu sais où est ton cœur ; vois-le comme un appel ; c'est là qu'est ta place ; l'heure du repos n'est pas encore arrivée... " Le père Athanase aurait été plus facile à convaincre que moi, car c'est ce qu'il attendait à ce moment-là pour avoir la force de poursuivre sa tâche.

Si le père Athanase n'était pas soutenu par sa hiérarchie, après trente-quatre ans de dévouement, est-ce que j'allais l'être moi si j'acceptais de devenir prêtre ?

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