de l'intérieur d'une communauté

Quels que soient les groupes sociaux, on ne voit souvent d'eux que la partie « marketing ». Celle qui est bien présentable et que l'on souhaite mettre en évidence, au mépris souvent de la réalité. Ce blog, qui se revendique comme un blog d'information, va tenter de présenter la vie de la communauté hellénique de Lyon par ceux qui la vivent de l'intérieur.
J'ai connu deux hommes qui ont dignement représenté la communauté hellénique : monseigneur Vlassios et le père Athanase Iskos. Ils n'ont jamais eu à rougir de ce qu'ils ont fait ou dit et ont laissé une communauté respectée et respectable. Le contraste pourra paraître saisissant entre les 50 ans qui viennent de s'écouler et ce qui se passe depuis plus de six ans, mais si l'on veut rester fier de ce que l'on est, il ne faut pas hésiter à prendre ses distances lorsque ce que l'on voit s'éloigne de nos idéaux.
Dans un premier temps, je vais raconter une histoire au travers de courriers échangés et de documents, qui seront tous reproduits. Dans un second temps, je débattrai autour des questions qui seront posées à mon adresse mail : jeanmichel.dhimoila@gmail.com .
La communauté hellénique de Lyon étant une association cultuelle, loi 1905, les références au culte seront nombreuses et indispensables pour comprendre le sens de ce qui est recherché, et malheureusement parfois ses dérives.

Bonne
lecture à tous

dimanche 22 janvier 2012

10- Choix de conscience



Nous en étions restés à l'application concrète du Notre Père. Malheureusement, le père Nicolas est resté sur son idée d'appeler la police quand j'étais dans la salle ce matin. Quand ils sont arrivés, ils ont vu une communauté partagée et ont discuté avec plusieurs personnes qui trouvaient inadmissible que le père les appelle. Ils étaient bien évidemment d'accord  car c'était la première fois qu'un prêtre les appelait pour mettre quelqu'un dehors !

Dans les choses dites par le père Nicolas, dans sa colère, il y avait le fait que monseigneur Emmanuel aurait pris une décision pour m'excommunier dans toutes les paroisses de la métropole. J'attends bien sûr une confirmation pour supprimer le conditionnel de cette affirmation. Quoi qu'il en soit, une excommunication ne peut m'interdire ni l'entrée de l'église, ni l'entrée de la salle. En effet, monseigneur Barbarin et tous les catholiques sont toujours excommuniés au regard de l’Église Orthodoxe et pourtant ils ont toujours été les bienvenus tant dans l'église que dans la salle. Le Patriarche les avait lui-même invités lors de sa venue à Lyon et nous sommes toujours fiers de les accueillir au mieux quand ils viennent. Monseigneur Barbarin a soutenu les habitants  de la Croix-Rousse contre un  projet d'antennes  relais de  l'église du  Bon Pasteur ; le projet a fini par être abandonné par SFR et la Ville de Lyon grâce à son intervention. Je sais, pour avoir côtoyé monseigneur Barbarin à cette occasion, que c'est un homme juste qui essaye d'accomplir sa tâche du mieux qu'il peut.

Une excommunication ? Pourquoi pas. Mais certainement pas pour avoir une base légale à ce que je ne vienne plus. A moins de fermer la porte à tous les non-orthodoxes, ce qui n'est pas la tradition d'ouverture de l’Église.

Le père Arsénios, vicaire de monseigneur Emmanuel, a été nommé métropolite d'Autriche le 30 novembre dernier. Nous parlerons donc de lui en tant que monseigneur Arsénios, et non plus comme père Arsénios.

Je suis resté très perplexe sur la façon d'appréhender monseigneur Arsénios. Il a incontestablement de la maturité et de l'intériorité. Il a été le seul, au sein de la métropole, à essayer de chercher la vérité en mettant en confiance mademoiselle P. et en réussissant à lui faire dire ce qu'elle avait vécu. Il a bravé les consignes officielles en m'appelant deux fois et en se posant en père spirituel et non en politicien de la religion. Il a enfin été le seul à proposer une solution qui aurait pu mettre un terme à tout ceci : une confrontation entre les différents protagonistes.

Pourtant, il n'est pas allé au bout et je ne sais pas s'il a dû courber la tête devant son évêque ; s'il a essayé de protéger son ami d'études (il a fait ses études avec le père Nicolas) ; s'il a réellement cru que tout étouffer était une solution ; s'il a eu peur pour sa promotion (on ne découvre pas que l'on va être nommé métropolite une semaine avant son ordination, mais on est préparé longtemps avant l'annonce officielle) ; s'il est sensible à la franc-maçonnerie ; s'il a juste voulu faire plaisir à la secrétaire du patriarche... Autant de questions sans réponse.

Un autre point me pose problème. Il y avait autour de la communauté une jeune fille qui venait aux cours de grec. Elle était charmante et avait beaucoup de sympathie pour la Grèce qu'elle avait visitée plusieurs fois. En novembre 2010, pour la fête annuelle grecque, j'étais à la table de la femme du père Nicolas, en compagnie de Caroline. Cette jeune fille était dans la salle et, à un moment, elle est venue se joindre à nous. Le père est aussitôt arrivé et l'a présentée comme la meilleure amie de Caroline auprès de sa femme. La conversation était enjouée. Le père, puis cette jeune fille ont fini par s'éloigner. La femme du père a alors demandé à Caroline : Ça me surprend que ce soit ta meilleure amie ! Caroline lui a répondu : Je ne sais pas pourquoi le père a dit ça, c'est seulement la troisième fois que je la vois. Il y eut alors un silence gêné.

Un jour, vers la fin décembre, cette fille a tout quitté : l'église où elle venait depuis septembre, et les cours de grec où elle avait pourtant payé une inscription. Au bout de deux mois, je lui ai téléphoné et lui ai demandé si tout allait bien puis, de fil en aiguille, si quelque chose l'avait mise mal à l'aise. Elle m'a dit qu'elle ne venait plus parce qu'elle ne supportait plus le regard du père sur elle et ses avances pour l'inviter. Qu'elle avait suffisamment de problèmes dans sa vie pour ne pas en rajouter et qu'elle avait préféré s'éloigner. Quand j'ai parlé du problème de mademoiselle P. à la métropole, et voyant qu'ils ne faisaient rien, j'ai évoqué le cas de cette fille en demandant s'il était normal qu'elle quitte la communauté plutôt que d'avoir à supporter la présence du père. Elle était d'accord de parler au père Arsénios s'il y avait une enquête, mais comme un simple témoignage et non comme une plainte.

Une heure après, la fille m'a téléphoné en me demandant pourquoi c'était la femme du père Nicolas, et non le père Arsénios, qui venait de lui téléphoner. Elle était outrée contre moi qui lui avait vanté la sagesse du père Arsénios et le fait qu'il essayerait certainement de lui demander ce qui s'était passé pour mieux comprendre la situation à Lyon, tout en protégeant son intimité. Elle a changé de numéro et on ne l'a plus revue. Je lui demande pardon de l'avoir mal orientée.

On pourrait naïvement croire qu'un évêque sert le Christ à travers l'application de l’Évangile, mais le Christ n'a jamais cautionné une injustice. Alors, cher Monseigneur Arsénios, n'oubliez jamais que c'est maintenant le jugement de ce monde (Jn, 12, 31) et restez droit dans vos actions et votre recherche de la vérité. Il y a toujours un moment où, quelles que soient nos erreurs passées, on doit choisir pour dire la vérité ou non.

Je vais espacer un peu la publication des messages pour laisser le temps à ceux qui suivent l'histoire d'assimiler ce qui est écrit et de consulter les documents.

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